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30 La région Sud du Brésil et particulièrement le bassin de l’Uruguay sont aussi des espaces profondément marqués par les implantations de grands barrages Historiquement la région

a accueilli les pionniers des usines hydroélectriques et plus de 120 ans après les premières expériences, les barrages sont encore bien présents dans le sud. (cf. Carte 1.4).

Le bassin de l’Uruguay est à l’ouest du bassin sud de la Côte Atlantique et fait partie du grand bassin versant de la Plata. Il totalise environ 385 000 km2 en Amérique du Sud (Argentine, Uruguay et

0 500 km océan Pacifiique Argentine Paraguay Uruguay Bolivie Brésil Uruguay océan Atlantique

bassin versant de la Plata bassin versant de l’Uruguay zone d’étude

31

Brésil), dont un peu moins de 175 000 km2 se situent au Brésil. Dans la partie brésilienne du

bassin, huit usines hydroélectriques sont construites ou quasiment terminées :

• UHE Itá : barrage vitrine de l’Eletrosul, qui fonctionne depuis 2001 et qui a fait déplacer une ville entière. Le barrage lance la nouvelle phase de construction des années 1990. Les principales différences par rapport aux précédents ouvrages sont la prise en compte des impacts environnementaux et la gestion des questions sociales. Capacité de production  : 1 450 MW. Population affectée : 3 560 familles environ32.

• UHE Machadinho : deuxième plus grande usine du sud du pays en terme de production d’énergie, après Itá. Sa retenue est très importante et son énergie est redistribuée dans tout le pays. Capacité de production : 1 140 MW. Population affectée : 2 076 familles environ. • UHE Barra Grande : barrage sur la rivière Pelotas qui a beaucoup fait parler de lui à cause

des importants impacts négatifs sur la forêt Atlantique. Capacité de production : 690 MW. Population affectée : 1 520 familles environ.

• UHE Passo Fundo : le plus ancien grand barrage du sud du pays, terminé en 1975. Situé dans le Rio Grande do Sul. Peu d’informations sont disponibles car peu d’études sont menées avant et après sa construction. Très grande retenue d’eau. Capacité de production : 226 MW. Pas d’information disponible sur la population affectée.

• UHE Monjolinho : aussi dans le RS, cette usine est récente (elle fonctionne depuis septembre 2009) et de moindre importance en taille et en capacité de production que les précédentes. Capacité de production : 74 MW. Population affectée : 217 familles environ.

• UHE Quebra Queixo : usine dans le Santa Catarina qui a une capacité de production de 121,5 MW. Population affectée : 90 familles environ.

• UHE Campos Novos  : cette UHE a connu un problème technique, avec des conséquences environnementales car le barrage s’est partiellement fissuré entrainant son assèchement. Après de longs travaux et diverses difficultés judiciaires, l’usine fonctionne à nouveau. C’est le troisième plus haut barrage au monde (202 mètres). Capacité de production : 880 MW. Population affectée : 283 familles environ.

La dernière usine est celle de Foz do Chapecó sur le fleuve Uruguay. Elle est en phase finale et devrait commencer à fonctionner à la fin de l’année 2010. Entre 2 400 et 3 000 familles sont affectées par le barrage, conformément à diverses sources de l’entreprise qui construit l’ouvrage. Actuellement, d’autres usines en construction n’en sont encore que dans leur phase initiale. Sur la carte ci-après, on note, dans le bassin de l’Uruguay, une concentration des barrages en activité dans sa partie nord. Ils sont dans le sous bassin que l’on nomme : Sous-bassin fleuve Uruguay – Section Haute. Cette section haute possède toutes les qualités physiques nécessaires à l’installation de grands barrages et d’usines hydroélectriques. C’est l’espace le plus propice de toute la région mais pas le seul. Ainsi, dans le sud du pays, d’autres zones accueillent des barrages et beaucoup de projets se matérialisent.

Beaucoup de pays dans le monde voient les usines hydroélectriques comme des sources d’énergie renouvelable et décident donc de s’appuyer sur elles. De ce fait, les projets de grands barrages sont nombreux à travers la planète. Il existe une difficulté pour recenser ces projets au niveau mondial. Deux tiers du potentiel hydroélectrique mondial resteraient à exploiter selon le WEC (World

32. Le nombre annoncé de familles affectées par les barrages est celui officiellement donné par les entreprises de construction. On remarque que pour avoir une estimation du nombre de personnes, on considère à cinq le nombre d’individus par familles.

32

Energy Council)33. L’EPE (Empresa de Pesquisa Energética)34 estime que 33 % des ressources

hydriques potentielles sont utilisées au niveau mondial et 49 % pour le Brésil (EPE, 2007). L’Asie compte particulièrement sur cette technologie pour s’approvisionner en électricité et soutenir sa croissance. Inversement, on remarque que l’Europe et les États-Unis ne projettent plus de construction. Deux raisons principales étayent cette constatation : les lieux propices aux barrages sont déjà occupés et les choix de politiques énergétiques évoluent et ne se tournent désormais plus vers les usines hydroélectriques.

L

’Amérique Latine est le deuxième continent en terme de projets d’UHE. Au Brésil, on trouve de plus en plus de projets en forêt amazonienne, notamment en Colombie et au Brésil. C’est 80 % du potentiel hydroélectrique qui serait encore exploitable en Amérique Latine (WEC, 2008), ainsi environ 300 projets seraient à l’étude ou en construction dans cette région (PINTO MARTINS, 2008). Le Brésil est un des principaux constructeurs de grands barrages pour le sous-continent. Ayant fait le choix de sa politique énergétique depuis déjà bien longtemps, le Brésil la valide par ses orientations et ses décisions récentes, notamment en terme d’investissements avec les deux PAC.

33. Traduction : WEC – Le Conseil Mondial d’Énergie.

34. Traduction : EPE – Entreprise de Recherche Énergétique. Le gouvernement brésilien délègue à l’EPE le soin de la planification et de l’étude de l’avenir énergétique du pays.

Urugu ay Foz do Chapecó Machadinho Itá Monjolinho Campos Novos Passo Fundo Barra Grande 14 de julho Castro Alves Monte Carlo Passo São João Itapiranga Garabi Garibaldi Pai Querê Passo Real Jacuí Canastra Salto Pilão Bugres Dona Francisca Itauba Bracinho Palmeiras São José Quebra Queixo

Carte 1.5 - Grands barrages du bassin versant de l’Uruguay

bassin versant de l’Uruguay

limite d’état

réseau hydrographique barrage en cours d'étude barrage actif hors du bassin de l’Uruguay barrage construit ou en construction Argentine Brésil Uruguay 0 50 km

Rio Grande do Sul

Santa Catarina

Sources : FEAPM 2008 et ANEEL 2010.

33

Pour confirmer cette politique et la volonté de croissance du pays, les projets de construction d’usines hydroélectriques entrent dans les plans de développements35 portés par les gouvernements

du président Luiz Inácio Lula da Silva36. Le PAC 2 insiste sur la priorité qui doit être donnée à

une source d’énergie « compétitive, renouvelable et avec un faible taux d’émission de carbone »37. Entre

2011 et 2014, l’investissement concernant l’énergie sera de 461,6 milliards de reais, dont 281,9 pour le pétrole et le gaz et 113,7 pour la production d’énergie électrique. L’investissement dans l’énergie électrique sera utilisé à 90 % pour les usines hydroélectriques, validant ainsi les choix faits par le pays. L’EPE évalue que d’ici 2030, la capacité de production d’électricité installée sur le territoire sera multipliée par 2,4 par rapport à 2005. Elle devrait passer de 90,7 GW à 223,4 en 2030 (EPE, 2006). La part de l’énergie produite par les usines hydroélectriques devrait passer de 75 % (2005), à 70 % (2030), mais subissant une augmentation de puissance notable, passant de 68,1 GW à 156,3 GW.

L’ANEEL recense les projets en construction et ceux ayant déjà l’aval de l’IBAMA (Instituto Brasileiro do Meio Ambiente e dos Recursos Naturais)38 ou d’autres organismes d’états, en ce qui

concerne les licences environnementales39. Concrètement, ce sont onze usines hydroélectriques

qui ont reçu la validation entre 1998 et 2010 et 149 PCH. Parmi les UHE validées, la plus importante en terme de production (1 087 MW) est celle Santa Isabel, qui doit se construire sur la rivière Araguaia, à la frontière des états du Tocantins et du Pará. D’autres projets n’ont pas encore reçu l’aval de l’IBAMA mais sont déjà très connus et particulièrement médiatisés.

Le projet de barrage de Belo Monte est actuellement celui qui recueille le plus d’attention, à la fois au Brésil et aussi à l’étranger. L’usine hydroélectrique de Belo Monte (qui se divise en trois sites et trois retenues) doit se construire dans l’état du Pará, à la limite de la forêt amazonienne, sur la rivière Xingu. Les projets d’usines sur la rivière Xingu datent de plusieurs décennies40, mais sans effets jusqu’à 2005. Des études préliminaires commencent à planifier

l’implantation d’usines et étudient le potentiel hydroélectrique effectif. Les études préalables, de plus de 20  000 pages, sont faites pour l’obtention des licences environnementales et l’IBAMA donne son accord, sous certaines conditions. Mais de nombreux lecteurs extérieurs de l’étude critiquent les multiples effets du projet sur l’environnement et les populations indiennes, notamment les Kayapó. Les actions pour retarder la validation et la construction de l’usine viennent de diverses ONG (Organisations Non Gouvernementales)41, universités42,

personnalités43, etc. Il s’enclenche dès lors un conflit, plus ou moins violent, fait de déclarations,

35. PAC et PAC 2.

36. Il est le 35e et l’actuel président du Brésil. Son mandat a débuté en janvier 2003 et se termine à la fin de l’année

2010. On le nomme plus communément « Lula ».

37. Traduction : « competitivas, renováveis e de baixa emissão de carbono ».

38. Traduction : IBAMA – Institut Brésilien de l’Environnement et des Ressources Naturelles. C’est un organisme lié au ministère de l’Environnement (MMA – Ministério do Meio Ambiente) et qui a pour action de gérer les études environnementales et d’accorder des licences environnementales pour les ouvrages a portée nationale.

39. L’ANEEL classe les ouvrages : en fonctionnement, en construction et « accordés » (outorgados en portugais). 40. Par exemple, dans les années 1970 le projet d’une usine nommé Kararaô voit le jour puis disparaît suite à des modifications de priorités politiques. Sources disponible sur : <www.socioambiental.org/prg/xng.shtm>.

41. Parmi lesquels et de manière non exhaustive  : Greenpeace, Amigos da Terra-Amazônia Brasileira, Instituto Socioambiental, Movimento Pelo Desenvolvimento da Transamazônica e Xingu, Friends of the Earth, etc. Ce sont pour la plupart des ONG de défense de l’environnement ou des indiens.

42. Des biologistes, anthropologues, écologistes, etc. de diverses universités du Brésil (Unicamp (Université de Campinas), UFPA (Université fédérale du Pará), USP (Université de São Paulo), etc.) agissent pour stopper le projet. 43. On retrouve parmi les personnalités : James Cameron, J. M. G. Le Clézio, Sigourney Weaver, Sting, etc.

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