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Depuis de nombreuses années déjà, les différentes (ONG) proposent aux enseignants un matériel abondant et varié en matière d'éducation à l'environnement. Sous forme de stages de sensibilisation destinés tant aux formateurs qu'aux élèves, de brochures diverses ou de matériel pédagogique (jeux, dossiers pédagogiques, films, mallettes, etc.), elles tentent tant bien que mal d'investir le milieu scolaire. Malgré l'effort considérable fourni, une étude sur l'apprentissage global menée par l'OFEFP auprès d'enseignants suisses, montre qu'en ce qui concerne "le matériel proposé par les ONG, ils souhaitent une information moins foisonnante,

plus accessible et facilement utilisable". De plus, "le problème est que seuls les enseignants

déjà sensibilisés le connaissent (le matériel offert par les ONG) et s'en servent, alors qu'une majorité reste fidèle à des cours traditionnels.103"

Mais le travail des ONG ne s'arrête pas à l'éducation pour l'environnement. Depuis la conférence des Nations Unies de Rio en 1992 le développement durable est devenu le cheval de bataille de plusieurs d’entre elles qui ont uni leurs forces, notamment pour présenter l'étude demandée par l'association "Amis de la Terre internationale104". Ainsi, au printemps 1996, le

WWF, Pro Natura, Greenpeace Suisse, la SPE, La FSE, la Déclaration de Berne et la communauté de travail regroupant Swissaid, Action de Carême, Pain pour le prochain, Helvétas et Caritas publient un bilan intitulé "Sur un trop grand pied, chiffres et objectifs pour une Suisse durable". “L'étude "Au-dessus de nos moyens - chiffres et objectifs pour une Suisse

durable" devrait relancer la discussion sur le développement durable et fournir une base solide quant au débat sur ce sujet auquel participeront les organisations environnementales et d'entraide et des représentants(es) de l'administration, des partis, de l'économie, des sciences, des syndicats, ainsi que les organisations de consommateurs et consommatrices. Les

100 Nations Unies: Commission du développement durable, septième session (1999) http://www.agora21.org/cdd7/ 15.09.1999 101 Ce point sera plus spécifiquement développé à la page XXX

102 Nations Unies: Commission du développement durable, septième session (1999) http://www.agora21.org/cdd7/ 15.09.1999 103 OFEFP (1996) Passeport pour le futur, p. 18 et 19

104 En Europe, les "Amis de la Terre international" et "Wuppertal Institut für Klima, Umwelt, Energie" proposent un projet intitulé "Europe durable". Une première phase fut la rédaction d'études concernant la situation environnementale de trente-trois pays européens ou proches de l'Europe. Cette étude effectuée par les organisations de protection de l'environnement des dits pays décrivent la situation actuelle et définissent les objectifs à atteindre. Ces travaux ont servi de base à la création d'un scénario européen présenté à l'Assemblée générale des Nations unies en 1997.

organisations mandantes attendent du Conseil Fédéral qu'il présente un plan d'action concret, basé sur l'étude en question et dans lequel il s'engage à appliquer les décisions de Rio.105

Cette étude montre donc, chiffres à l'appui, le paysage suisse en matière de consommation, d'environnement, d'énergie et de matières premières. Les chiffres avancés sont à eux seuls de véritables remises en question de l'ensemble de notre mode de vie actuel. Néanmoins, si elle met en avant les conséquences d'un développement non durable et les objectifs qu'il faudrait se fixer, elle attend du gouvernement qu'il prenne les rênes de la mise en place du processus même.

Cette première synergie des ONG stimula les différentes associations suisses de protection de l'environnement. En mai 1997, donc après la parution du "Plan d'action pour la Suisse" proposé par le Conseil du développement durable et de "Stratégie" du Conseil Fédéral, Pro Natura, la SPE, le WWF et l'ATE s'unissent pour éditer une brochure intitulée "Environnement-Economie-Société: 18 thèses au sujet du développement durable, une contribution au débat". Quittant leurs positions exclusivement écologistes, ces associations élargissent leur champ d'action et offrent avec ce document une base de discussion nouvelle, certes moins percutante que l'étude présentée précédemment, mais intéressante dans l'approche novatrice que procure cette mise en commun. Ainsi, bien que leur discours reste centré sur le pôle écologique, une ouverture sociale et économique est fortement mise en avant. Nous retiendrons aussi que l'implication individuelle de chaque citoyen est l'un des objectifs principaux qui se dégage de ces thèses. “Le développement durable doit être reconnu comme

un projet ou un défi impliquant l'ensemble de la société. Tous les acteurs de cette société sont donc interpellés et appelés à agir dans le cadre d'un processus d'apprentissage, de recherche et de création ayant pour finalité de développement durable.106

D'autres associations, axées celles-ci sur l'aide humanitaire, ont également fusionné dans un projet commun. Sous le nom de "Campagne Nord-Sud pour le développement durable", on retrouve ainsi les associations de Swissaid, Action de Carême, Pain pour le prochain, Helvetas et Caritas. Cette campagne publie, le 30 janvier 1997, un manifeste contenant 21 thèses qui définissent le rôle de la Suisse par rapport au monde. Ainsi, si elle reste principalement tournée vers un pôle social, cette campagne met en avant des actions écologiques telles que l'initiative énergie et environnement ou l'initiative solaire présentées par le WWF et aborde également tout ce qui touche le développement économique. “Le développement - durable

surtout- est un processus intégral englobant non seulement une dimension économique, mais également des composantes écologiques, sociales et culturelles. Ce n'est ni le marché ni la concurrence qui doivent être prépondérants mais bel et bien l'homme; la société civile avant tout doit être une force agissante tirant parti d'un développement durable.107

En ce qui concerne l'information au public, chaque organisme propose à ses membres des revues, en général mensuelles. Celles-ci, en plus d'apporter certaines connaissances, permettent des suivis d'informations sur certains projets en cours, qu'il s'agisse d'enquêtes, de mise sous protection d'un site, de débats juridiques, etc. Elles permettent également de promouvoir les différentes actions dans lesquelles elles s'investissent, ainsi que les différentes

105 WWF, Pro Natura, Greenpeace Suisse, SPE, FSE, Déclaration de Berne, Swissaid, Action de Carême, Pain pour le prochain, Helvétas, Caritas (prinpemps 96) Sur un trop grand pied, chiffres et objectifs pour une Suisse durable, avant-propos

106 Pro Natura, SPE, WWF, ATE (mai 1997) Environnement-Economie-Société: 18 thèses au sujet du développement durable, p. 3 107 Campagne Nord-Sud pour le développement durable (30 janvier 97) Manifeste Nord/Sud pour le développement durable, p. 8

activités qu'elles proposent à leurs membres, activités principalement destinées aux enfants et aux écoles.

Le dynamisme dont elles font preuve, leur omniprésence dans des projets polémiques (Expo 01 et les JO de Sion en 2006 sont certainement les exemples les plus frappants de ces deux dernières années au niveau de la protection de l'environnement en Suisse et la réflexion quant à la compatibilité de tels projets et la mise en place du développement durable), et leur intransigeance à défendre leur position en font des organisations largement connues du grand public. Le nombre de membres "actifs" qu'elles rassemblent en est une preuve. Malheureusement, une récente recherche menée auprès d'adolescents genevois montre que, si la plupart d'entre eux reçoivent l'une ou l'autre brochure, peu la lisent véritablement.

1.1.3.7.1. L'exemple des associations de consommateurs

Il est intéressant de relever qu’avant même que le terme de “durable” ne soit “officialisé” par le rapport Brundtland, les associations de consommateurs l’ont utilisé pour sensibiliser ces derniers à une certaine forme de consommation. Ainsi, en 1977 déjà, la revue “Budget”, éditée par l’Union Fédérale des Consommateurs en France, titre dans son numéro d’avril: “A la

recherche d’un autre consommateur”. La Fédération Nationale des Coopératives de Consommateurs en France, au mois de mai 1978, élabore un dossier intitulé: “Consommer ou

gaspiller les biens durables?”.

Si, à cette époque, le terme de durable est défini par “la capacité dont les producteurs dotent

leurs produits, au moment de la conception et de la fabrication, de durer plus ou moins longtemps108”, la réflexion qui lui est sous-jacente dépasse la simple conception d’une

durabilité axée sur une certaine qualité matérielle. Ainsi, dans un article traitant de l’augmentation du prix des produits d’importation en provenance de l’hémisphère sud, nous pouvons lire: “Si pesantes qu’elles soient sur les prix de revient des biens que nous

consommons, ces hausses rapides ont au moins le mérite de poser quelques questions fondamentales à notre système économique. En effet (…) elles remettent en cause un certain ordre économique mondial, fondé, hier sur la colonisation et aujourd’hui sur des organisations internationales régentant, ou étant censées régenter les échanges de marchandises et de capitaux; elles mettent brusquement en lumière l’incompatibilité entre la boulimie des pays riches qui repose sur le gaspillage et le caractère limité des ressources naturelles; enfin elles soulignent la gravité du danger inflationniste dans un système monétaire international délabré. Et ces questions, les consommateurs d’un pays comme la France doivent se les poser.109

Si l’économie mondiale est ainsi mise en avant à travers le choix et surtout le prix des produits de consommation, l’aspect éthique de ce commerce n’apparaît que de manière sous-jacente. Il en va de même avec l’aspect écologique de la question. Si, en 1980, le Centre de Formation des Consommateurs propose un document devant favoriser une réflexion sur le gaspillage des matières premières et de l’énergie, sur la manière d’amener professionnels et consommateurs à une nouvelle conception de l’utilisation des produits durables en vue d’une meilleure qualité de vie (FNCC, 1980), l’aspect économique y reste prédominant.

108 Fédération Nationale des Coopératives de Consommateurs (1978) Consommer ou gaspiller les biens durables, dossier élaboré par le Centre de Formation des Consommateurs, Boulogne Billancourt, p. 25

Cette prédominance perdure aujourd’hui encore. Si les deux revues destinées aux consommateurs de Suisse romande (“J’achète mieux” et “Bon à savoir”) présentent régulièrement des thèmes liés au développement durable (labels et certifications, qu’est-ce qu’un produit bio, comment se retrouver dans la jungle des sigles, les OGM, etc.), leur discours reste très fortement axé sur la seule information, sans permettre au consommateur une véritable réflexion écologique ou éthique. Le rapport qualité/prix est prédominant, au détriment d’un rapport qualité de vie environnementale et sociale/prix.