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1.2. L A COMPLEXITE DANS LA FORMATION ET L ' INFORMATION

1.2.4. Favoriser l'approche complexe: les outils de la didactique

1.2.5.1. Caractéristiques de l'éducation informelle

L'éducation informelle, ou non formelle (Don Adams, 1972), comme toute éducation d'une manière générale, fait partie de la culture dans laquelle elle s'inscrit. Elle ne peut donc se définir qu'en relation intime à cette dernière, laquelle transmet nos manières de percevoir, penser, sentir, évaluer et agir (Hutmacher, 1994). Nos références en la matière tiennent compte de cette contrainte. Les sources sur lesquelles nous nous appuyons proviennent donc d'environnements culturels similaires ou proches à celui de la Suisse.

L'éducation informelle se différentie fortement de l'éducation scolaire de par sa structure, mais aussi de par ses objectifs. Néanmoins, nous pouvons dire que si, d'une manière générale, l'éducation informelle "refuse" le modèle scolaire (Gautier, 1989), elle s'inspire directement des recherches en psychologie appliquée ainsi que de modèles pédagogiques et didactiques. Elle se situe donc dans la continuité de l'éducation formelle, et en complémentarité des actions d'éducation péri- et parascolaires. En d'autres termes, le but formateur de l'éducation informelle se situe plus vers une communication socio-pédagogique, c'est-à-dire qui participe

à l'éducation à des problèmes liés à la vie sociale, qu'à la pédagogie qui, elle, relève d'une véritable volonté d'enseigner (Peraya, 1993).

Guichard (1998) redéfinit l’éducation informelle par le terme de “médias” pour désigner “toute situation socialement organisée et techniquement outillée mettant en rapport des

destinataires avec un savoir ou des représentations sociales. En ce sens une exposition, tout comme un livre, une revue, un CD-ROM, une représentation théâtrale, un film, une émission de télévision, un musée ou une exposition sont des médias249". Nous ne retiendrons pas cette terminologie, la définition ne permettant pas de distinguer le terme de “médias” dans son acception courante de “support d’informations” (télévision, journaux, radio, revues, etc.) de cette forme d’éducation. D’autre part, le milieu scolaire pouvant tout à fait s’inscrire dans cette définition, nous préférons conserver des termes peut-être plus "communs", mais qui permettent une différenciation plus aisée.

Les principales caractéristiques de l'éducation non formelle prise dans son sens le plus global sont:

- Un public non captif, qui accède à cette forme d'éducation en fonction de son bon vouloir et de son intérêt.

- Le fait que l’apprentissage fait en situation d’éducation informelle n’est validé par aucun examen et n’est donc pas socialement reconnu.

- La volonté de transmettre un message.

- Le fait que, si nous faisons abstraction de certains musées et autres lieux d'exposition, l'éducation informelle doit survivre, financièrement, de manière autonome.

Nous définissons donc l'éducation informelle comme un moyen de communication, dans le sens où celle-ci suppose un échange entre l'émetteur et le récepteur, visant tant à distraire, à informer qu'à instruire et ceci dans un contexte qui n'est ni celui de l'école, ni celui de la famille.

Grâce à son statut, l'éducation informelle est libre de choisir ses contenus, ses méthodes et ses objectifs, sans tenir compte de contraintes autres que celles que le contexte spécifique à son émergence lui impose. Elle peut donc s'inspirer de la pédagogie, de la didactique, tout autant que des techniques de marketing utilisées par les médias ou la publicité qui, elles-mêmes sont issues des recherches faites en psychosociologie. N'oublions pas que l'assistance à l'éducation informelle n'étant pas obligatoire, elle doit savoir attirer, plaire, séduire son public.

1.2.5.2. Différentes formes de l'éducation informelle

L'éducation informelle étant ainsi définie, nous pouvons dire que, bien que nous parlions de celle-ci au singulier, elle adopte des formes multiples, puisque, entrent dans cette définition: - Les expositions, les musées, les centres de culture scientifique, technique et industrielle, les inventomobiles,

- Les associations, les groupes d'intérêts, les clubs, les ONG,

- Les médias (quotidiens, hebdomadaires, revues, télévisions, radio),

- La publicité (communication publique et privée), quelle que soit son support, - Les nouvelles technologies de l'information et de la communication (NTIC),

249 GUICHARD, J. (1998) Vers une "médiatique" des sciences: actions et problèmes. Notes d'habilitation à diriger des recherches, Université Paris Sud, Didactique des disciplines, Ed. Association Tour 123, Lirest, Cachan, p. 8

- Les lieux publics tels que bibliothèques ou médiathèques, - Les lieux publics de débats et de conférences,

- Les spectacles (théâtre, concerts, cinéma, etc.).

Cette diversité de supports implique des publics, des objectifs et des stratégies spécifiques à chacun d'eux.

"Si l'importance d'une question se mesure aux efforts de recherche qui lui sont consacrés, la

diffusion extrascolaire des savoirs n'est manifestement pas un enjeu digne d'attention. (…) Nul ne s'interroge non plus sur le bilan cognitif réel des différentes voies et modes d'accès à la connaissance250". Cette citation de Bertrand Labasse (1998) résume bien l'état actuel de connaissance que nous avons concernant l'éducation informelle et confirme les observations faites à ce sujet par Friedman (1998). Pourtant, quelle que soit la forme qu'elle adopte, elle joue un rôle social indéniable comme interface entre le savoir et le public. Elle participe donc d'une façon tout à fait directe à la culture d’une société, par l’information, la formation continue et l'autodidaxie et influence ainsi les modes de vie et de penser.

Néanmoins, parmi les différentes formes que prend l’éducation informelle, nous différencions les structures qui permettent une relation directe entre médiateur et apprenant251 et celles où

l’apprenant n’a aucun lien avec le concepteur des messages qui lui sont divulgués. Ce type de relation est caractéristique des médias, mais également de la présentation muséale sous toutes ses formes. Une fois l’article écrit, l’émission enregistrée, l’exposition montée, l’utilisateur de ces moyens de diffusion de savoirs n’est plus qu’un consommateur qui ne peut intervenir sur ceux-ci qu’en refermant le journal, en éteignant son poste de radio ou de télévision ou en quittant l’espace muséal. Dès lors, il nous a paru intéressant de voir si des messages ou des concepts complexes sont compatibles avec la notion d’information.