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1.2. L A COMPLEXITE DANS LA FORMATION ET L ' INFORMATION

1.2.4. Favoriser l'approche complexe: les outils de la didactique

1.2.4.7. Modèle allostérique et environnement didactique

Prenant appui sur ce travail de mise à jour des conceptions des apprenants, les recherches les plus récentes en didactique des sciences montrent que la transmission des savoirs dépend d'un processus complexe faisant intervenir plusieurs éléments. Si le modèle constructiviste proposé par Piaget (1967) situait l'acquisition d'un savoir nouveau dans le prolongement des acquis antérieurs par "assimilation" et "accommodation", le modèle allostérique, développé par Giordan et de Vecchi (1987) ajoute à cette vision l'idée d'une rupture avec eux ou plus exactement d'une transformation245. Il faut donc commencer par “démonter” les façons de

penser de l’apprenant, car il est impossible de les “détruire” directement. Ce dernier en a besoin, il s’y accroche puisqu’elles sont les seuls outils à sa disposition pour appréhender son environnement. Il faut donc faire “avec” pour aller à “l’encontre” de celles-ci, tout en conservant à l’esprit que l’apprenant ne peut construire qu’au travers de ce qu’il déconstruit. "Comme le montre le modèle allostérique, construction et déconstruction ne peuvent être que

des processus interactifs246". Or, cette phase, primordiale dans le processus d'apprentissage, ne peut apparaître que si l'apprenant perçoit la nécessité de modifier sa conception initiale. Tant que celle-ci lui suffit pour comprendre ou interpréter son environnement, cette dernière perdure. La contextualisation du savoir est donc indispensable. Giordan (1999) parle donc d'élaboration de savoir par l'apprenant ou du moins d’une transformation, faite à partir d’intégration (et non d’assimilation) d’apports externes, interprétés par une structure interne, la structure de pensée de l’apprenant. Cette dernière, au travers de processus d’organisation et de régulation progressifs se métamorphose, évolue, s'adapte en fonction des besoins de l'apprenant au niveau de son système explicatif. Il est donc primordial de parvenir à comprendre le fonctionnement des mécanismes de pensée du public auquel on s'adresse pour lui offrir, à travers les moyens de médiation, des approches susceptibles de répondre à ses besoins personnels en matière d’apprentissage. Ces approches sont constituées d'une part d'un "réseau interactif de paramètres" et d'autre part, d'un "système d'éléments à mettre en scène", appelé "environnement didactique" (Giordan & de Vecchi, 1987).

244 CNUED (1993) Action 21, Nations Unies, New-York, p. 202

245 Il est difficile de décrire ou de qualifier la transformation. Celle-ci peut être comparée à une intégration ou une appropriation, mais les mécanismes cognitifs qui y conduisent sont complexes et variés, dépendant très fortement de la nature et du statut de la conception à transformer.

Tableau I/XVIII

Le modèle allostérique: un environnement didactique favorisant l'acte d'apprendre

sensibiliser

transformer les conceptions

faire "avec" pour aller "contreÓ

intentionnalitˇ-sens

aides penser mobilisation du

savoir

perturbations

savoir sur le savoir concepts organisateurs accompagnement confrontations favoriser - lÕesprit critique, - la confiance en soi, - la curiositˇ, - lÕouverture, etc. - lesdˇmarches d'investigation favoriser - la communication, - le travail en rˇseau, - la mobilitˇ de la pensˇe, etc. questionner

interpeler

concerner motiver

proposer et/ou faire ˇlaborer des rep¸res: - notionnels - ˇpistˇmologiques - mˇtacognitifs diversifier les outils didactiques diversifier les approches pˇdagogiques crˇer un climat de confiance

param¸tres favorisant lÕacte dÕapprendre les r™les de lÕenseignant / mˇdiateur

ˇbranler le syst¸mecognitif crˇer

des dissonnaces

D'après Giordan (1999)

Tous ces éléments doivent parvenir à déstabiliser les conceptions des apprenants de manière à ce que ceux-ci remettent en question leurs acquis. "Ces perturbations créent une tension qui

rompt ou déplace le fragile équilibre que le cerveau du visiteur-apprenant a mis en place. Cette dissonance fait progresser; sans celle-ci, ce dernier n'a aucune raison de changer d'idée ou de façon de penser.247" Par la suite, l’environnement didactique doit lui fournir les éléments

nécessaires à la reconstruction d'un savoir nouveau, plus élaboré, mieux adapté à son "nouveau" système de pensée. Ces éléments sont, d’une part, une mise en scène suscitant une interpellation et donnant du sens au thème proposé, différentes possibilités de mobiliser le savoir et des approches du savoir sur le savoir et, d’autre part, des perturbations, des confrontations allant dans le sens du conflit sociocognitif ou de la coaction, des mises à plat de certains concepts organisateurs ainsi que des aides à penser sous forme de schémas, modèles, simulations, etc. Toutes ces mises en situation interfèrent les unes avec les autres, offrant ainsi différentes démarches pour que chaque apprenant puisse y trouver du sens. Il convient également d’envisager les éléments de cet environnement comme des “objets” malléables, qui se laissent modeler par la démarche et les intentions de l’utilisateur (Bradburne, 1998).

247 GIORDAN, A. (1996) Nouveaux modèles pour sensibiliser et apprendre: conséquences sur les musées des sciences et des techniques in

1.2.5. C

OMPLEXITE ET EDUCATION INFORMELLE

Militant quotidien de l'inhumanité Des profits immédiats, des faveurs des médias (…)

J'adore les émissions à la télévision Pas le temps d'regarder mais c'est moi qui les fais On crache la nourriture à ces yeux affamés Vous voyez qu'ils demandent, nous les savons avides De notre pourriture, Mieux que d'la confiture A des cochons Noir Désir, 1996, L'homme pressé

Si les recherches sur le milieu scolaire foisonnent, l’université ne s’est jamais penchée de manière approfondie sur l’éducation informelle (Friedman, 1998). Alors, parler de la complexité dans ce champ de diffusion de connaissance semble une véritable expédition en “terra incognita”. Pourtant, ce questionnement fait l’objet d’une remise en question dans une certaine frange de la formation journalistique, par exemple. Et si elle n’est pas abordée en tant que telle, la complexité se retrouve dans certains thèmes, proposés tant par des expositions, et des musées, que par la presse écrite ou télévisée, les nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC), que par des ONG.

Aborder un thème complexe peut se faire de manières très différentes et aucune étude actuelle ne nous permet de savoir jusqu’à quel point des démarches allant dans ce sens se sont développées ni quels sont les paramètres mis en place pour favoriser son apparition.

Nous nous contentons d’observer que le thème du développement durable est actuellement repris par plusieurs organisations non gouvernementales de protection de l'environnement et d'entraide sociale dans la mise en place de séminaire de réflexion, d'activités parascolaires et de camps, et que plusieurs brochures destinées au grand public proposent tant une explication de certains phénomènes y relatifs que, par exemple, des buts de randonnées pédestres ou cyclistes pour voir, "in situ", des actions participant à ce processus248.