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Le rôle central que joue la confiance dans les échanges commerciaux a amené les historiens à s’interroger sur les conditions dans lesquelles deux marchands séparés par une grande distance et disposant de peu de moyens pour contrôler leurs comportements respectifs, pouvaient se fier l’un à l’autre. L’abondante historiographie suscitée par cette question a distingué différents systèmes qui ont coexisté dans l’histoire afin de permettre aux acteurs commerciaux de se livrer à la pratique du commerce à distance avec la garantie que les agents auxquels ils confiaient leurs intérêts ne se montreraient pas déloyaux avec eux. L’étude comparative menée par Avner Greif sur les pratiques de deux groupes de marchands ayant joué un rôle actif dans l’animation des échanges méditerranéens à la fin de l’époque médiévale, les Génois et les marchands juifs du Maghreb, décrit par exemple les deux types de réseaux que mirent en œuvre ces marchands pour échanger des biens et des informations dans des conditions optimales566. Alors que les marchands juifs du Maghreb évoluaient dans des réseaux fermés, culturellement homogènes, au sein desquels les relations étaient fondées sur des rapports de réciprocité, chaque marchand pouvant tour à tour être agent ou principal des autres membres du réseau, les Génois adoptèrent un système à la fois plus ouvert et plus hiérarchisé, dans lequel le recrutement des agents ne se limitait pas à l’entourage proche mais

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GREIF A., « Théorie des jeux et analyse historique des institutions. Les institutions économiques du Moyen Age », op. cit.

privilégiait plutôt des individus modestes, en situation de dépendance par rapport à leur employeur. Dans les deux cas, l’établissement de la confiance entre l’agent et le principal repose sur le principe de l’intérêt partagé, qu’Avner Greif met en valeur en utilisant un raisonnement fondé sur les principes de la théorie des jeux : le marchand juif, lorsqu’il est agent, n’a pas intérêt à trahir les intérêts qui lui sont confiés car il s’exposerait à être trahi à son tour lorsqu’il se trouverait en position de principal ; de même, l’agent génois a plus à gagner en servant loyalement un marchand pendant plusieurs années qu’en le trahissant une fois, sans espoir d’être réemployé ensuite, étant donné que sa basse condition sociale ne lui offre aucune alternative. En revanche la sanction encourue par l’agent malhonnête diffère d’un système à l’autre : en cas de comportement déloyal, le marchand juif verra sa réputation ternie au sein du réseau et s’en trouvera exclu, alors que l’agent génois, qui est lié à son maître par un contrat formel définissant ses obligations, s’expose à une sanction judiciaire. Avner Greif conclut en soulignant la supériorité du système génois, et au-delà du modèle institutionnel et individualiste occidental dont il incarne les principes, sur le système communautaire des marchands juifs du Maghreb qui apportait finalement plus de contraintes que d’avantages pour une pratique optimale du commerce.

L’étude de la morphologie des réseaux internationaux auxquels étaient intégrés les négociants français révèle qu’ils évoluaient au sein de configurations bien distinctes des deux modèles décrits par Avner Greif. L’absence de rapports de sujétion vis-à-vis de leurs partenaires naturels et le caractère non-exclusif des rapports commerciaux qui les lient à eux les différencient du modèle maison-mère/filiale qui a été décrit par l’auteur américain à propos des marchands génois de l’époque médiévale, par Savary pour rendre compte de la situation des établissements français de Cadix de la fin du XVIIe siècle et, plus généralement, par tous les historiens qui ont étudié le phénomène des colonies marchandes européennes dans l’aire méditerranéenne567. D’un autre côté, contrairement aux réseaux commerciaux des

marchands juifs du Maghreb, et plus généralement à ceux de toutes les grandes diasporas marchandes568, les négociants français de Cadix ne limitaient pas leurs échanges à leur milieu

567 Yvan Debbasch écrit par exemple, à propos des établissements français à Tunis : « L’acte juridique qui liera majeur et régisseur traduira naturellement la supériorité, la prééminence du premier sur le second » (La nation

française en Tunisie, Paris, 1957, p. 311). Charles Carrière, tout en niant qu’il s’agisse d’une clause léonine,

constate également que dans tous les contrats régissant les commandites des Echelles du Levant, il est interdit au régisseur de pratiquer le commerce pour son propre compte ou pour celui d’une tierce personne (Négociants

marseillais, op. cit., t. II, p. 890).

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Ainsi Frédéric Mauro attribue la réussite des marchands arméniens à la très grande solidarité qu’ils manifestaient les uns envers les autres, à l’intensité de leurs liens matrimoniaux et à l’existence d’un « informal system of arbitration » qui leur permettait de régler leurs litiges sans recourir à la justice institutionnelle des pays dans lesquels ils résidaient (« Merchant communities, 1350-1750 », dans The rise of merchant empires. Long-

identitaire et nouaient des contacts avec des individus ne partageant pas les mêmes références culturelles qu’eux – on pense ici aux échanges entretenus avec les marchands-fabricants de Silésie ou avec ceux des provinces anglaises avec lesquels ils n’avaient pas de liens familiaux et avec lesquels ils ne partageaient ni la langue ni la confession569. C’est donc à la frontière de ces deux logiques, libérale et individualiste d’un côté, communautaire de l’autre, qu’il faut rechercher les principes et les processus de construction des liens de confiance qui ont abouti à la configuration singulière des réseaux des négociants français de Cadix.

Des réseaux semi-ouverts

Les partenaires « naturels » des négociants français de Cadix, ce sont leurs parents ou leurs commanditaires qui exercent le commerce depuis les places hexagonales. Le concept de lien naturel permet cependant d’envisager, au-delà de cet entourage proche, les autres cercles identitaires au sein desquels un négociant pouvait choisir préférentiellement, ou exclusivement, ses partenaires. Parmi ces cercles, qui supposent l’existence d’un substrat culturel et moral commun propice à l’établissement de la confiance marchande, retenons celui de la patrie – au sens pré-révolutionnaire du terme : le village ou la province –, celui de la confession et celui de la nation570. Ce dernier retiendra davantage encore notre attention car le problème soulevé par la présence marchande française à Cadix est bien celui de savoir s’il existait, au XVIIIe siècle, un réseau marchand « français » en Europe comme il avait existé, dans les époques précédentes, des réseaux juifs, arméniens, lucquois ou hanséatiques, et si donc, à l’instar des Anglais et des Hollandais qui « ne se confient jamais qu’à eux-mêmes pour régir et gouverner leur commerce »571, les négociants français manifestaient une même préférence pour leurs semblables. C’est donc à une évaluation du poids relatif de ces quatre

D. Curtin lie également le phénomène des diasporas marchandes à la défiance naturelle qu’éprouvaient les marchands pour des étrangers ne partageant ni leur foi ni leurs valeurs (Cross-Cultural Trade dans World

History, Cambridge, 2002, [1ère éd. : 1984], p. 1). 569

Pour un point récent sur la question, nous renvoyons au dossier consacré aux réseaux marchands à l’époque moderne, publié en 2003 dans le numéro 3 de la revue Annales HSS, dans lequel différents auteurs invitent à dépasser les présupposés déterministes et culturalistes qu’ils associent à l’historiographie des diasporas marchandes, ainsi que ceux de la pensée économique néo-classique qui postulent l’existence d’une rationalité individuelle des agents les amenant à privilégier leurs stricts intérêts personnels, et invitent à prendre en considération les phénomènes de collaboration et d’interdépendance existant entre des réseaux marchands culturellement différents (cf. notamment STUDNICKI-GIZBERT D., « La "nation" portugaise. Réseaux marchands dans l’espace atlantique à l’époque moderne », p. 629-631 et TRIVELLATO F., « Juifs de Livourne, Italiens de Lisbonne, hindous de Goa. Réseaux marchands et échanges interculturels à l’époque moderne », p. 583-589).

570 Nous entendrons ici le concept de nation dans un double sens, à la fois politique – la communauté de destin, qui prend toute sa valeur au moment des guerres notamment, et qui recoupe la notion d’intérêt collectif – et culturel – la communauté linguistique et patrimoniale qui renvoie plutôt à la notion de valeurs communes. 571 SAVARY J., Le Parfait négociant, op. cit., p. 156-157.

types de liens naturels dans l’environnement professionnel des négociants français de Cadix que nous souhaitons nous livrer ici, en utilisant pour cela divers corpus de sources qui rendent possible, à l’échelle d’une compagnie ou de l’ensemble de la colonie, des représentations graphiques et cartographiques de la dominante identitaire de leurs réseaux572. Deux constats ont été établis, que nous présenterons successivement : les négociants français de Cadix entretiennent des relations privilégiées, ou préférentielles, avec leurs partenaires naturels mais ces relations ne sont ni systématiques, ni exclusives, ni contraignantes.

Avec les partenaires naturels : des relations privilégiées

Les fonds privés des maisons David Rivet et neveux, Prudent Delaville père et fils et Simon et Arnail Fornier et Cie, révèlent le choix exprimé par les gérants de ces trois compagnies de commercer dans toute la mesure du possible avec des partenaires auxquels ils étaient unis par des liens forts573. Ainsi parmi les cinq correspondants marseillais de la compagnie Rivet, celui avec lequel elle entretient le plus de relations, au vu du grand nombre de comptes qui les unit574, est la compagnie Douneault Rivet et Cie qui est probablement commanditée par les mêmes individus que l’établissement gaditan. De même parmi ses trois partenaires nantais, c’est avec une compagnie dénommée Rivet père et fils qu’elle possède trois comptes courants actifs ; à Rouen, c’est le comptoir de Bernard Cabanon, le fils d’un négociant de Cadix, qui a sa préférence et, parmi ses dix correspondants parisiens, le seul qui semble réellement compter est le banquier d’origine huguenote Delessert avec lequel elle est liée par quatre comptes différents. Le constat est le même pour la compagnie Delaville qui entretient des relations privilégiées avec sa ville d’origine : un sixième de ses créanciers et un

572 A l’échelle de la compagnie, nous avons utilisé les archives privées des trois compagnies Rivet, Delaville et Fornier. Qu’il s’agisse des bilans commerciaux ou des registres de correspondance, ces sources permettent d’analyser l’identité des partenaires commerciaux des trois compagnies et de déterminer ainsi le rôle que jouaient les liens naturels dans les réseaux au sein desquels elles évoluaient. Pour mener l’étude à l’échelle de la colonie, nous avons dû changer de perspective et centrer notre attention sur l’analyse de quelques types de relations commerciales, qui toutes supposent un niveau de confiance élevé entre deux partenaires – la relation armateur/consignataire, la relation mandant/fondé de pouvoir et le partenariat bancaire – et pour lesquelles les sources, suffisamment nombreuses, rendaient possible une approche globale et quantitative. Que ce soit à l’échelle des compagnies ou à celle de la colonie, l’identité nationale des partenaires a été définie, lorsqu’elle ne nous était pas connue par ailleurs, par la consonance des patronymes relevés. Ce choix dicté par des considérations empiriques, et dont nous mesurons les objections qu’il pourrait soulever, a cependant confirmé sa pertinence dans tous les cas où une information complémentaire était en mesure de confirmer, ou d’infirmer, l’identité nationale suggérée par le patronyme.

573 En matière commerciale, on peut définir les liens forts comme des partenariats établis sur la base d’une parenté, d’une religion, ou de toute considération autre qu’économique (MOLHO A., RAMADA CURTO D., « Les réseaux marchands à l’époque moderne », Annales HSS, 2003, n° 3, p. 577). Pour une étude plus précise de l’opposition lien fort/lien faible, nous renvoyons aux travaux de Mark Granovetter (« The Strengh of Weak Ties », American Journal of Sociology, 78, 1973, p. 1360-1380).

tiers de ses débiteurs résident à Nantes, parmi lesquels la compagnie d’Armand Delaville occupe une place de choix575. Quant aux frères Fornier, ils privilégient également leurs partenaires naturels dès que cela leur est possible (la banque Girardot Haller à Paris, la commandite familiale Vintimille et Cie à Marseille, leur frère Barthélémy Fornier à Nîmes et leur cousin André à Lyon)576.

L’élargissement du champ d’observation à l’ensemble de la colonie française montre que les enseignements tirés de l’analyse des réseaux marchands de ces trois compagnies n’ont rien de singulier. Les 51 actes maritimes enregistrés au consulat de Cadix entre 1779 et 1783, qui mentionnent à la fois les noms des armateurs français des navires entrés dans le port et ceux des maisons gaditanes chargées de leur consignation, présentent un intérêt majeur pour étudier la nature de la relation existant entre un armateur et le consignataire de navire qu’il désigne577. L’analyse des compagnies désignées par les dix armateurs qui ont fait appel à une maison française de Cadix à deux reprises au moins, révèle que les consignataires entretenaient tous des liens forts avec leurs commettants. Ainsi, Joseph Payan de La Ciotat utilise les services de ses anciens associés de Cadix qui ont continué leurs activités sous la raison Verduc Jolif Séré. De même, les maisons protestantes et languedociennes de Marseille, Rabaud et Solier, ont recours aux services de David Rivet et de Jacques Jugla également protestants et d’origine languedocienne. La maison Chaurand de Nantes fait armer un navire par la maison Delaville dont les gérants sont originaires de Nantes et les maisons Acevedo de Bordeaux et Batbedat de Bayonne optent pour leurs correspondants bancaires locaux, les Fornier pour les premiers, les Lecouteulx pour les seconds. A plusieurs reprises les partenaires français et gaditans relèvent même de liens organiques plus forts : les gérants de la maison Lecouteulx de Rouen utilisent les services de leurs parents de Cadix (Lecouteulx et Cie) et la société Douneault Rivet de Marseille s’adresse à la compagnie Rivet neveux de Cadix. Les conclusions de cette analyse menée à partir d’un échantillon restreint sont confirmées lorsqu’on étudie, à l’aide du bulletin maritime publié à Cadix, le Parte oficial de la Vigía de

575 Les deux compagnies Delaville sont liées par cinq comptes à demi. 576 CHAMBOREDON R., op. cit., p. 258 et suivantes.

577 A Cadix, chaque navire français entrant dans le port payait au consulat un droit relativement modeste dont le montant était réparti entre le consul et le budget de la nation française de la ville. Aucune archive relative au paiement de ce droit n’a été conservée. En revanche, nous disposons d’un corpus de 51 actes dressés lorsqu’un navire enregistré dans un port français était armé ou désarmé à Cadix. Les représentants locaux des armateurs devaient en effet effectuer un certain nombre de démarches réglementaires auprès du consulat : si le navire revenait des Antilles avec une cargaison de denrées coloniales destinée à la France, le consignataire devait s’obliger à payer, dans le port de destination, les droits dus au Domaine d’Occident ; s’il était armé à Cadix, le consignataire s’obligeait à payer les droits des invalides dans le port de destination ; et enfin, s’il était muni d’une licence lui permettant de pratiquer la course (commission en guerre et marchandises), le consignataire devait signer un certificat de cautionnement. Dans chacun de ces actes, les noms des armateurs du navire apparaissent car ils sont caution solidaire du consignataire pour l’acquittement de ces divers droits.

Cádiz, la nationalité des navires qui étaient consignés aux maisons françaises de la place. Il en ressort que les navires arborant le pavillon français sont le plus souvent consignés à des maisons françaises (dans une proportion des deux tiers) et que ces mêmes navires représentent l’essentiel de l’activité des consignataires français de Cadix (dans la même proportion des deux tiers)578.

Les 150 procurations octroyées par les négociants français de Cadix à d’autres négociants résidant en France, relevées dans les actes de chancellerie du consulat français, apportent un autre témoignage sur l’importance des liens naturels dans l’établissement d’une relation de confiance entre deux marchands579. Parmi les 54 procurations octroyées à des négociants résidant en province les partenaires naturels sont particulièrement sollicités580.

578Notons que dans les deux cas, les exceptions faites à la règle de l’identité de nationalité entre le navire et son consignataire ne la remettent pas vraiment en cause. Ainsi parmi les 162 navires français entrés dans le port de Cadix, entre 1788 et 1792, qui ne sont pas consignés à une maison française, 52 le sont au capitaine lui-même si l’on en croit la terminologie employée par les bulletins maritimes (« a si mismo »). La caractéristique de ces navires par rapport à l’échantillon global réside dans la brièveté de leurs séjours dans la baie : sur les 28 cas pour lesquels nous connaissons les dates d’entrée et de sortie, 10 mouillages durent moins d’une semaine, 10 sont compris entre une et trois semaines et seulement 8 dépassent le cap des trois semaines. Il s’agit donc, selon toute vraisemblance, d’escales « techniques » et non commerciales, que les capitaines effectuaient à Cadix pour procéder à une réparation ou compléter leur ravitaillement et qui ne nécessitaient pas l’assistance d’un agent local. Les 110 autres navires, qui ne sont pas consignés à des maisons françaises, le sont majoritairement à des maisons italiennes et relèvent de deux cas de figure. Il peut s’agir de navires assurant des liaisons entre Cadix et la France, qui sont consignés à des maisons très liées aux intérêts français comme les maisons Prasca ou Greppi Marliany (la maison Prasca accueille à elle seule 34 de ces navires, dont 28 dans le cadre de liaisons avec la France et sur les 6 navires français consignés à la maison Greppi Marliany, 4 proviennent de France ; la première est une maison franco-italo-espagnole et toutes deux font partie des correspondants les plus assidus de la maison Roux de Marseille). Dans le second cas, il s’agit de navires français utilisés pour des liaisons avec l’espace italien, ce que l’on peut expliquer par le déclin de la marine italienne : les négociants de la péninsule conservent des postes importants dans l’animation des échanges européens mais faute d’une marine marchande compétitive, ils sont obligés d’avoir recours à des pavillons étrangers, parmi lesquels on retrouve naturellement le pavillon français. En ce qui concerne les navires étrangers qui sont consignés à des maisons françaises, il n’y a pas non plus de hasard. Ainsi la maison Rey et Brandembourg qui accueille plus de 50 navires arborant des pavillons nordiques est en fait une maison franco-germanique autant liée à l’Hexagone qu’à l’espace hanséatique. En outre, l’un de ses associés, Juan Federico Brandembourg, assume les fonctions de consul de Russie, ce qui renforce encore sa position vis-à-vis des armateurs de la Baltique. De même les navires espagnols consignés à des maisons françaises, sont pris en charge par des négociants bayonnais ou béarnais qui sont en général totalement intégrés dans les milieux d’affaires espagnols (le cas qui illustre le mieux cette catégorie est celui des gérants de la compagnie Joseph Bourt et neveux, qui en leur qualité de « directores de la Real Compañía Marítima » sont consignataires des six navires armés par cette compagnie privilégiée espagnole qui sont entrés dans le port de Cadix entre 1789 et 1791). Le cas anglais fournit un excellent contre-exemple puisque seuls douze navires arborant le pavillon britannique ont été consignés à des maisons françaises, ce qui reflète la difficulté pour les maisons des deux nations rivales, constamment en guerre, d’entretenir des relations de confiance.

579 Les procurations en blanc ont naturellement été écartées de cette étude, ainsi que celles octroyées à des particuliers n’exerçant pas le négoce (juriste, parent).

580 A Marseille, les maisons Delaville et Lecouteulx donnent leurs procurations à Honoré Lieutaud et Jean Payan,