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De nombreux établissements français de Cadix étaient unis par des liens organiques étroits avec d’autres compagnies commerciales implantées en France ou en Europe. Ces liens peuvent être mis en valeur par une étude précise des raisons sociales des compagnies exerçant à Cadix puisque l’expression « et Cie » adjointe, ou non, à leur raison sociale et les patronymes qui y figurent nous fournissent de précieuses informations sur leur statut juridique et leur insertion dans des réseaux familiaux transnationaux526.

Le relevé, dans les quatre listes consulaires de 1778, 1783, 1785 et 1791, des compagnies dont la raison sociale se termine par l’expression « et Cie », permet de dresser le tableau suivant :

525 Rappelons qu’une compagnie en commandite comprend deux types d’associés : d’une part, les commanditaires qui ne fournissent aucune participation active à la gestion de la société et dont la responsabilité est limitée aux fonds qu’ils ont apportés, et, d’autre part, les associés-gérants qui fournissent en plus de leurs fonds, une participation en travail et sont responsables de façon illimitée. Par opposition aux commandites, les compagnies générales ne comprennent que des associés-gérants. La filiale ne correspond à aucune réalité juridique précise : nous l’employons pour désigner un établissement dont le gérant est employé par une firme située dans une autre place marchande.

526 « Dans l’écrasante majorité des cas, la raison sociale n’est rien d’autre que le nom du ou des chefs actuels de la maison, parfois avec « compagnie » qui indique la présence de commanditaires » (LUTHY H., La banque

protestante en France, Paris, 1961, vol. 2, p. 244). De fait, nous constatons, parmi tous les exemples de

compagnies pour lesquels nous disposons d’informations précises, que la totalité des compagnies qui incluent, dans leur raisons sociales l’expression « et Cie » sont des commandites et que, à quelques exceptions près, toutes les commandites font figurer cette expression dans leur raison sociale.

Tableau 9 : Nombre de maisons françaises dont la raison sociale se termine par la formule « et Cie » (1778-1791)

Date Nombre de

compagnies recensées

Nombre de compagnies dont la raison sociale inclut l’expression « et Cie » (entre parenthèses, leur part en pourcentage)527

1778 70 23 (32,8 %)

1783 56 21 (37,5 %)

1785 53 20 (37,7 %)

1791 63 20 (31,7 %)

Source : OZANAM D., « La colonie française de Cadix », op. cit.

Au vu des informations reportées dans ce tableau, on constate que seul un tiers des compagnies françaises de Cadix étaient des commandites. Ce résultat doit cependant être reconsidéré en fonction de deux données complémentaires. Premièrement, la méthode retenue implique naturellement une sous-représentation des sociétés en commandite puisque nous avons souligné qu’un certain nombre de compagnies, pour lesquelles nous avons la preuve qu’elles disposaient de commanditaires résidant hors de Cadix, n’avaient pas ajouté la formule convenue à leur raison sociale528. En outre, la part des commandites est très élevée dans les deux premières classes de la nation alors qu’elle est beaucoup plus faible dans les suivantes et anecdotique dans le groupe des boutiquiers529. Or on peut estimer que les maisons des deux premières classes disposaient des deux tiers des capitaux employés par les maisons françaises de la place530. Ainsi l’importance des commandites, si elle doit être relativisée en termes strictement quantitatifs (un tiers seulement des établissements français est concerné), prend toute sa mesure lorsqu’on introduit des critères qualitatifs. L’aisance financière dont jouissait la colonie française à l’échelle de la ville, tenait donc pour une large partie à la solidité de liens organiques qui l’unissaient à des négociants résidant en France.

527 Le recoupement avec des sources complémentaires (protêts de lettres de change, procurations) a permis de rectifier quelques raisons sociales qui figuraient de façon abrégée dans les listes consulaires. Dans la très grande majorité des cas cependant, la raison sociale retenue par le consul était celle usuellement employée dans la pratique mercantile.

528 C’est le cas par exemple de la compagnie « David Rivet et neveux » dont seulement deux des cinq associés résidaient à Cadix en 1791, de la compagnie « Favar et Mahieu », commanditée par un banquier lyonnais, ou encore, de la compagnie « Malibran frères » dont nous savons que l’un des associés résidait à Paris. La compagnie « Dechegaray frères » pourrait également avoir été une commandite.

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En 1791, les sept maisons composant la première classe sont des commandites, elles sont onze (sur 19) dans la deuxième classe et plus que trois (sur 19) et deux (sur 17) dans les deux classes inférieures. Parmi les boutiquiers, seul l’établissement dénommé Simon Boudiguer et Cie semble avoir été une commandite. Les résultats des autres années concordent avec ceux de l’année 1791.

L’étude des liens familiaux existant entre les négociants français de Cadix et d’autres établissements commerciaux européens apporte un nouvel éclairage sur le niveau de dépendance des établissements français de la ville vis-à-vis de centres décisionnels extérieurs à la place. Une analyse patronymique des raisons sociales des compagnies françaises de Cadix fait ressortir que dans au moins 52 cas, les gérants des compagnies gaditanes disposaient de « parents » homonymes exerçant le négoce ailleurs en France, en Espagne, en Europe ou outre-mer531. Les situations sont cependant très diverses. Le cas des compagnies Lecouteulx qui sont implantées à Paris, Rouen et Cadix et qui constituent les trois pôles d’un système intégré532, ne trouve pas d’équivalent au sein de la colonie. Les compagnies Magon, Jugla Solier, Lenormand et Fornier s’inscrivent également dans des configurations tripolaires mais selon des modalités qui diffèrent nettement du cas des Lecouteulx, pour les deux premières tout au moins533. On relève également de nombreux exemples de familles qui ont privilégié une double implantation et qui ont une firme active dans le commerce de l’un des grands centres de production des marchandises destinées à la Carrera de Indias (la Bretagne, Lyon et Nîmes principalement) et une autre, implantée à Cadix534. Enfin certaines familles disposent de relais familiaux en Espagne même535 ou dans les territoires d’outre-mer536.

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La notion de « parent » pose évidemment problème : la seule homonymie ne saurait suffire à la définition d’un lien de parenté et ne fournit que peu d’informations sur la nature de ce lien. Nous avons donc procédé en deux temps : d’abord un relevé systématique des situations d’homonymie à l’aide des documents référencés dans la base de données que nous avons constituée à partir des protêts de lettres de change et des procurations octroyées à Cadix et en utilisant les index d’ouvrages qui contiennent des enquêtes prosopographiques d’envergure sur les milieux du négoce français (Lüthy, Antonetti, Zylberberg) ; puis, nous n’avons retenu que les homonymes pour lesquels nous disposions d’informations complémentaires prouvant l’existence de liens de parenté réels ou pour lesquels il existait une présomption forte (cas des négociants français originaires de villes ou villages où est localisé leur homonyme).

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L’intégration se situe à un double niveau, organique et fonctionnel, puisque les mêmes individus possèdent des fonds en commandite dans chacune des compagnies et que les dirigeants des trois sociétés, recrutés au sein de la même sphère familiale, avaient tous effectué un séjour plus ou moins long à la tête de la filiale gaditane avant de gagner la direction des maisons de Rouen et Paris (ZYLBERBERG M., Capitalisme et catholicisme dans la France moderne : la dynastie des Le Couteulx, Paris, 2001). Un tel système laisse supposer que la marge de manœuvre des gérants gaditans était restreinte et que ces derniers étaient soumis aux décisions prises en métropole.

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La rotation à laquelle se livraient les dirigeants de la grande compagnie huguenote Cayla Cabannes Solier Jugla et Cie a été décrite par Louis Dermigny : issue du Rouergue, la majorité des gérants de la société gaditane qui se sont succédé à Cadix au cours du siècle se retiraient, après un séjour plus ou moins long, avec le statut de commanditaires et devenaient citoyens du canton de Vaud. S’il y a sujétion, elle n’est donc pas vis-à-vis d’une autre compagnie marchande mais vis-à-vis de capitalistes retirés du négoce, ce qui, au niveau pratique, laisse une large autonomie de fait aux gérants de la compagnie gaditane (DERMIGNY L., Cargaisons indiennes. Solier et

Cie (1781-1793), op. cit., p. 29 et suivantes). La famille Magon est implantée à Paris, Saint-Malo et Cadix, mais

chaque pôle semble avoir joui d’une large autonomie par rapport aux deux autres (cf. infra, p. 199) et l’existence de liens organiques les unissant n’a jamais été prouvée. Dans le cas des Lenormand, qui sont implantés à Paris, Rouen et Cadix, l’intégration des firmes est très poussée et il est légitime de l’apparenter à celui des Lecouteulx (cf. infra, p. 183). Il en est de même pour les frères Fornier qui sont implantés à Cadix, Paris et Nîmes (cf. infra, p. 180).

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En Bretagne, outre les Magon, on relève les cas des familles Quentin, implantées à Cadix (Quentin frères et Cie) et à Saint-Malo (Quentin et Cie) et Delaville (Delaville et Cie à Nantes, Delaville frères et Cie à Cadix). A

Précisons enfin que toutes les commandites françaises de Cadix n’émanent pas de la sphère familiale et que l’on dénombre un certain nombre de compagnies qui étaient commanditées par des personnes totalement étrangères aux gérants en poste dans le port andalou537.

Ces deux premières études confirment donc l’importance des liens organiques qui unissent les établissements français de Cadix à des partenaires familiaux demeurés en France. Ces liens impliquent-ils cependant qu’il y ait sujétion de la firme gaditane à son homologue hexagonale ? Qu’il y ait d’un côté une « filiale » et de l’autre une « maison-mère », au sein de laquelle serait concentré le pouvoir décisionnel ? Pour traiter ces questions de façon plus précise, il est indispensable de changer d’échelle et d’analyser les relations de pouvoir et de dépendance existant au sein des maisons gaditanes pour lesquelles nous disposons d’une information suffisamment riche permettant de dépasser le simple constat de l’existence de ces liens de sang ou d’argent. Les cinq cas suivants, qui ont pu être reconstitués grâce aux études monographiques dont ils ont fait l’objet ou grâce à une documentation inédite, invitent à reconsidérer la nature des relations unissant les maisons de Cadix à leurs partenaires français.

Le premier cas est celui de la compagnie des frères Fornier, active à Cadix entre 1768 et 1786, qui est particulièrement bien connu en raison de la thèse que Robert Chamboredon lui a consacrée538. A priori tout semble inscrire cette compagnie dans la tradition des

Nîmes, les maisons Bruguière, Feyt, Abric et Fornier, disposent de parents exerçant dans le commerce de Cadix et il en va de même pour les compagnies François Debray d’Amiens, Bernard Cabanon et fils de Rouen, Bourt, Soubiron, Deschamps et Sedze d’Oloron-Sainte-Marie et Brethous Lasserre de Bayonne. A Marseille, on relève le nom de Honoré Lieutaud, ancien négociant de Cadix, qui a contribué à installer son neveu Joseph-François Lieutaud à Cadix et l’existence d’une compagnie Douneault Rivet et Cie qui apparaît à plusieurs reprises dans la documentation relative à la compagnie Rivet de Cadix. Mais ce sont les négociants lyonnais qui ont le plus privilégié ces implantations doubles. Nous avons identifié les 9 exemples suivants (le premier établissement mentionné est celui de Lyon, le second, celui de Cadix) : Veuve Rey et fils/Guillaume Rey et Brandembourg, Jean Chaix le jeune/Paul Chaix, Coignet Bouquerot et Cie/François Coignet, Demeure Cabaret et Cie/Jean- François Demeure et Cie, Veuve de Goiran l’aîné et fils/Barthélémy Goiran et neveux, Neel père et fils/Saturnin Neel, Pons père et fils/Pierre Pons et Cie, Joseph Terrasson/Amédée Terrasson, Linossier Fils aîné/Antoine Linossier.

535 Parmi les familles qui jouissent de plusieurs implantations dans la péninsule ibérique, soulignons les cas les plus connus des Béhic, présents à Cadix et Séville et des Lousteau installés à Valence, Alicante et Cadix. On relève également la présence à Saint-Sébastien du négociant Joseph-Antoine Bourt, qui tire des traites sur la compagnie Bourt de Cadix en 1793 et l’existence d’un établissement dénommé Antoine-Félix Cette à Malaga en 1793 qui peut être lié à la compagnie Cette et Descoubet de Cadix. Enfin il n’est pas impossible que Pierre Douat qui exerçait à Cadix au sein de la compagnie Millet et Douat ait eu des liens de parenté avec les gérants de la société Douat frères de Bilbao.

536 Pour les établissements d’outre-mer, nous avons déjà évoqué les cas des établissements Ségalas, Mercy et Jugla, au Maroc, Lacaze Mallet, Champagne et Poey, aux Etats-Unis, et Darhan, Laffite et Lesca, aux Antilles (cf. supra, p. 85 et suivantes).

537 Les maisons gaditanes Favar et Mahieu et Godet Ségalas et Cie sont des commandites de Jean-Louis Grenus, la maison Galatoire frères et Cie est commanditée par la banque Grand de Paris.

commandites familiales gaditanes. Suite à la faillite, en 1767, de la compagnie Gilly frères et Fornier frères, provoquée par les manquements graves du sieur Gilly de Montaut qui, après s’être retiré de la firme gaditane, l’avait utilisée pour se soutenir dans ses affaires parisiennes, les frères Fornier, Simon et Jacques-Arnail, qui avaient rejoint leur oncle en 1748 et étaient devenus ses associés en 1756, demeurent à Cadix et reprennent les affaires familiales sous la raison Simon et Arnail Fornier et Cie539. Leur marge de manœuvre est cependant extrêmement réduite : le contrat prévoit de nombreuses clauses contraignantes pour les gérants de Cadix (interdiction des affaires particulières, obligation de tenir la comptabilité en partie double, interdiction du recours à la justice consulaire en cas de litige interne à la société540) et leurs principaux commanditaires français – leurs frères Arnail et Barthélémy qui sont respectivement banquier à Paris et négociant à Nîmes – exercent un contrôle extrêmement rigoureux sur la gestion de la compagnie. Ce sont eux, par exemple, qui recrutent les associés qui viennent seconder les deux gérants gaditans541. En outre, en entretenant une correspondance particulière avec chacun des associés en poste à Cadix, Barthélémy Fornier parvenait à se tenir au courant de tout ce qui s’y passait et à imposer à la compagnie ses propres vues dans la manière dont elle devait gérer ses affaires. La fermeté de ce contrôle, très efficace tant que la compagnie était dirigée par les frères de Barthélémy, s’est cependant relâchée assez vite, du fait de l’évolution des rapports d’influence entre les différents associés. En effet, suite au décès de Jacques-Arnail Fornier et au discrédit de Simon Fornier, l’essentiel du pouvoir décisionnel échoit, à Cadix, à un nouvel associé, Louis de Ribaupierre, qui avait su gagner la confiance des commanditaires lors d’un séjour en France, ce qui aboutit aux erreurs de gestion grossières – l’engagement de 60 % des actifs auprès de deux cargadores – qui ont provoqué la faillite de 1786542. La trajectoire suivie par la compagnie Fornier témoigne donc du pouvoir exceptionnel que les commanditaires pouvaient exercer dans les compagnies gaditanes, lié, en l’occurrence, à la combinaison de divers facteurs qui en font probablement un cas singulier543, mais aussi des limites de ce pouvoir qui

539 ibidem, p. 65 et suivantes. 540 ibidem, p. 155.

541

Honoré Lieutaud a été recruté comme commis à Cadix mais il a été promu associé après avoir rencontré les commanditaires lors d’un séjour en France. François-Etienne Meynier, Louis de Ribaupierre et Médard ont tous les trois été choisis par les commanditaires et François-Etienne Meynier, jugé peu sérieux, est « remercié » en 1777, après qu’ils ont donné leur avis.

542 ibidem, p. 643. 543

On remarque notamment qu’outre leur statut de commanditaires, Arnail et Barthélémy Fornier sont les frères des gérants, possèdent en plus des fonds en commandites, des sommes considérables en dépôt, ce qui renforce d’autant leur autorité, et sont, eux-mêmes, négociants, ce qui signifie qu’ils possèdent à la fois des connaissances techniques permettant de rendre plus effectif le contrôle qu’ils exercent et un réseau de correspondants qui leur permet de vérifier la réalité des informations qui leur sont communiquées par les gérants.

n’a pu s’exercer qu’à un moment particulier dans l’histoire de la compagnie et n’a pas résisté aux changements entraînés par le renouvellement de ses gérants.

L’histoire, en de nombreux points similaire – à l’exception de son issue –, de la maison Cayla Solier Cabannes Jugla et Cie, invite à des comparaison fructueuses entre ces deux compagnies issues de la même souche protestante et languedocienne. Installé à Cadix en 1720, Jacob Galibert, marchand originaire de Saint-Félix-de-Sorgues, emmène avec lui deux neveux pour le suppléer. S’organise dès lors le célèbre système de rotation, étudié par Louis Dermigny, qui amène les gérants gaditans à délaisser le commerce une fois fortune faite, à se retirer en Suisse avec le statut de commanditaires et à laisser la direction de la compagnie à leurs héritiers, fils ou neveux, formés dans des fonctions de commis pendant les années précédant leur départ544. En 1780, les huit commanditaires, qui résident tous à Genève à l’exception d’un, contrôlent ainsi les deux tiers du capital alors que le tiers restant se répartit entre les trois gérants de Cadix : Jean Solier, Jacques Jugla et Antoine Roque545. Louis Dermigny n’a pas prêté la même attention que Robert Chamboredon aux relations de pouvoir au sein de la société mais il nous informe des tensions qui marquèrent la période 1779-1782. Les pertes accumulées en 1779, en raison de l’entrée en guerre de l’Espagne, le comportement déviant de l’un des associés à Cadix – il se marie avec une Irlandaise catholique – et la montée en puissance de la compagnie Solier de Marseille constituent autant de facteurs qui altèrent les relations de confiance entre les gérants et leurs commanditaires genevois546. Certains veulent retirer leurs fonds (Mme de Boisy, l’héritière de Jacques « II » Solier, Marc Cabanes, qui est d’ailleurs le principal actionnaire de la société marseillaise), d’autres souhaitent liquider la compagnie et tous espèrent reprendre en main les jeunes gérants qui sont jugés irresponsables. Le rapport de force tourne cependant à l’avantage de ces derniers et la compagnie est reconduite en 1785 sous la raison sociale Jugla Solier et Cie avec exactement les mêmes gérants547. Elle est demeurée par la suite, sous la responsabilité de Jacques Jugla jusqu’en 1815 puis de son neveu François Demellet jusqu’en 1823, la première compagnie française de la place, témoignant ainsi de l’indépendance dont jouissaient les gérants locaux vis-à-vis de leurs commanditaires. Parmi les raisons qui peuvent expliquer

544 Cargaisons d’ indiennes, op. cit., p. 29 et suivantes. 545 ibidem, p. 30.

546 ibidem, p. 36.

547 Les bilans de 1785 et 1791 n’ont pas été conservés et l’on ne connaît donc pas l’identité des commanditaires des sociétés Jugla Solier et Cie et Jugla Solier Demellet et Cie qui ont couru pendant cette période. Tout porte à croire que les changements intervenus dans la raison sociale traduisent le départ de divers commanditaires. Mais, la compagnie semble avoir conservé un niveau de fonds similaire comme en témoigne son maintien au sein de la première classe. Il est donc fort probable que le retrait de certains commanditaires ait été compensé par une augmentation de la participation des associés-gérants gaditans.

cette indépendance, nous retiendrons les deux hypothèses suivantes : la réussite commerciale de la compagnie, qui a facilité l’accumulation des profits et lui a donc permis de se passer de la tutelle de certains commanditaires devenue contraignante, et l’exceptionnelle longévité de Jacques Jugla, qui en faisait un pilier irremplaçable.

Les litiges qui opposent les trois compagnies Lenormand de Paris, Rouen et Cadix offrent un autre exemple de la nature conflictuelle que pouvaient prendre les relations entre des parents supposés être des partenaires loyaux les uns envers les autres. Simon Lenormand, né en 1740 à Cadix d’un négociant français marié à une Espagnole, se retire en France en