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Quelques maisons française, issues de l’élite de la colonie, maniaient donc des quantités considérables de lettres de change dans le cadre d’opérations dans lesquelles la nature bancaire de leur rôle ne fait aucun doute, qu’elles aient agi en qualité de commissionnaires ou d’arbitragistes. Méritent-elles pour autant d’être qualifiées de banques ? Peut-on considérer par ailleurs qu’il existe une « banque française » à Cadix ? Et plus généralement, la place de Cadix elle-même présente-t-elle les caractéristiques d’une place bancaire ? C’est en soulevant ces trois questions qui permettront de mieux situer le niveau des « banquiers » français de Cadix dans les contextes plus larges de la place et du continent, que nous terminerons notre analyse.

On doit à la monographie que Guy Antonetti a consacrée à la banque Greffulhe Montz de Paris, l’étude la plus complète réalisée sur un établissement bancaire à la fin de l’Ancien Régime372. Comment nous apparaissent les maisons françaises de Cadix à l’aune de ce modèle ? Si l’on s’en tient à l’importance de leur rôle dans la circulation des lettres à l’échelle du continent et à la nature des réseaux qui les lient à l’élite bancaire du continent, on peut être tenté de les situer au même niveau que les grands manieurs d’argents de Paris, Londres ou Amsterdam. Elles en diffèrent cependant en deux points d’importance fondamentale.

D’une part, elles sont beaucoup moins détachées du commerce que leurs homologues européennes. En effet, si Guy Antonetti insiste sur le fait que la banque Greffulhe Montz possédait des intérêts importants dans les secteurs de l’armement et de l’importation de denrées coloniales et si Herbert Lüthy est parvenu à un constat similaire au terme de son étude sur l’élite de la banque protestante, tous deux ont souligné que ces spéculations sur les denrées coloniales et les métaux avaient pour but principal de faciliter leurs opérations d’arbitrage. Or, pour les négociants français de Cadix, la situation semble inverse : ils mettent à profit les flux de paiement engendrés par leurs activités marchandes pour se livrer à des arbitrages et ils utilisent leurs réseaux commerciaux pour accomplir les diverses tâches bancaires qui leur sont confiées par leurs correspondants. C’est sous cet angle qu’il faut considérer leur insertion dans de vastes circulations monétaires qu’ils n’ont pas initiées, qu’il s’agisse d’avancer les fonds prêtés à la couronne en contrepartie des vales reales en 1779 ou de jouer à la baisse sur la livre tournois en 1793.

D’autre part il faudrait, pour appartenir à la même catégorie que les principales banques européennes, que les opérations des maisons françaises de Cadix ne se soient pas limitées à la circulation du papier commercial et qu’elles aient également joué un rôle significatif dans les domaines de l’acceptation et de la domiciliation des traites pour le compte de clients, ou encore dans celui de l’escompte. Or, il s’agit précisément de secteurs qui semblent avoir eu une importance marginale dans l’activité bancaire des négociants français. Nous n’avons relevé que deux traites domiciliées chez des négociants français dans les protêts dépouillés pour la période 1778-1780. L’échantillon est plus conséquent pour les protêts dressés au printemps 1793 puisque nous avons relevé 41 cas de traites domiciliées. Cependant l’étude détaillée de ces 41 traites ne laisse en rien supposer que des négociants français de Cadix aient pu jouer à l’échelle de l’Espagne, ou même de la seule Andalousie, le rôle que jouaient la banque Greffulhe Montz pour la France ou les banquiers madrilènes pour la péninsule ibérique. En effet, si les traites domiciliées se répartissent à l’intérieur d’un sous- ensemble régional qui pourrait être assimilé à l’hinterland bancaire de Cadix (Puerto de Santa María, Séville, Grenade, Malaga, Valence), ni l’identité des personnes désignées pour payer ces traites – des négociants de dimension modeste dans l’ensemble373 –, ni les sommes en jeu (rarement plus d’une dizaine de milliers de reales), ni les causes évoquées au moment des protêts374, ne permettent de déceler une seule maison qui aurait pratiqué à une échelle significative l’ouverture de crédits d’acceptation pour une clientèle régionale.

Il en va de même pour la pratique de l’escompte qui n’apparaît que très peu dans nos sources. En dépit du grand nombre de protêts dressés au printemps 1793, nous n’avons pu relever que 30 lettres de change endossées sur la place avant le terme de leur échéance, soit moins de 20 % des effets remis aux négociants français. La pratique de l’escompte semble en revanche avoir été beaucoup plus systématique pour les pagarés, puisque, sur les quatorze billets qui composent l’échantillon que nous avons déjà présenté375

, douze ont été escomptés. Parmi les porteurs des effets présentés à l’escompte, on trouve des profils très divers puisque n’importe quel négociant pouvait avoir besoin de ce service pour assurer le roulement de sa trésorerie. Ainsi, la hiérarchie de la colonie est entièrement représentée du sommet (Jugla Solier pour cinq lettres, Magon Lefer pour deux lettres et un pagaré, Lecouteulx et Cie pour

373 A l’exception de Jean Ségalas qui est domiciliataire de trois traites acceptées par Feliz Antonio Ruiz de Grenade (soit 23 000 reales), ni la boutique Blanchard Hermil, ni les négociants Jean-Pierre Lalanne, Pierre Lassaleta et Bernard Lacosta ne font partie des maisons que nous avons recensées comme développant des activités bancaires.

374 Dans la majorité des cas, les domiciliataires laissent protester les effets présentés « por falta de fondos del aceptante » et se refusent à les accepter pour l’honneur, ce qu’ils ne manqueraient pas de faire si les tirés des lettres étaient des clients réguliers en qui ils aient eu une totale confiance.

un pagaré) jusqu’à la base (Antoine Sedze, Pierre Bonnat, Jacques Lousteau, André Lacassaigne, François Sallenave). En revanche, l’identité des individus qui escomptent ces effets est beaucoup plus surprenante. Alors que l’on pourrait s’attendre à trouver aux côtés de la Caja de Descuento, les grands noms de la banque française, selon un schéma que Louis Bergeron a particulièrement bien mis en valeur pour Paris – le boutiquier se fait escompter par le banquier particulier, qui se fait réescompter par l’institution bancaire – force est de constater que ce n’est pas le cas. En effet, sur les 30 lettres qui composent notre échantillon, une seule a été prise par la Caja de Descuento et seulement huit par des banquiers français (quatre par Magon Lefer et quatre par Jean Ségalas). Le reste se répartit entre des acteurs français de second ordre376 et cinq négociants espagnols377. L’étude des douze pagarés escomptés nuance à peine ce tableau. En effet, si la Caja de Descuento semble être beaucoup plus sollicitée en la matière (elle prend sept des douze effets), les autres noms qui apparaissent parmi les escompteurs n’ont aucun relief bancaire : on y retrouve des boutiquiers (Marquis, Darhan, Coignet) et Jean-Laurent Lasserre, devenu directeur d’une société d’assurances depuis la faillite de sa compagnie commerciale. Ces données soulèvent deux problèmes : le rôle joué par la Caja de Descuento dans l’escompte des lettres de change et la position en retrait occupée par les négociants-banquiers français dans ce secteur.

Sur ce deuxième point, nous nous contenterons de formuler l’hypothèse suivante. Les profits de l’escompte sont modestes et ne peuvent être significatifs qu’à partir du moment où des masses considérables de papier sont manipulées, ce qui en contrepartie augmente les risques encourus quant à la solvabilité des clients. Ces mécanismes intrinsèques à la pratique de l’escompte expliquent les exigences des institutions sur la qualité du papier qu’elles prenaient (trois signatures, nantissement)378. De même, François Cabarrus, soucieux d’assurer une forte rentabilité au Banco de San Carlos (8-10 %) et de permettre ainsi un écoulement rapide des actions émises et le soutien de leur cours, prit soin d’obtenir pour l’établissement, la gestion de divers monopoles commerciaux (l’extraction des piastres et les fournitures aux armées) afin de compléter les revenus produits par la seule pratique de l’escompte379. Les négociants, ne disposant pas des facilités de ce type d’établissement, n’acceptaient donc d’escompter qu’à des taux fortement rémunérateurs. Ainsi, si François Sahuc déclare dans un

376 Jean-Laurent Lasserre et Dominique Béhic sont tous deux devenus directeurs de compagnies d’assurances suite à la faillite de leurs compagnies commerciales, Pierre-Bernard Cabanon et Jean-Baptiste Barnier sont courtiers, Pierre Touan et Jean Binalet sont de modestes négociants.

377 Laraviedra, Hemas, Mena, Aguebererre et le marquis de Casa Enrile

378 BERGERON L., Banquiers, négociants et manufacturiers parisiens du Directoire à l’Empire, Paris, 1978, p. 88.

courrier à la compagnie Roux frères pratiquer l’escompte, il le fait à un taux de 8 %, ce qui est très élevé pour une place du niveau de Cadix380. De même, le seul témoignage que nous possédons sur une maison française pratiquant systématiquement l’escompte, concerne la société Simon Lenormand et Cie. On apprend en effet par un pamphlet anonyme que son principal gérant, qui siégeait par ailleurs dans le comité exécutif de la Caja de Descuento, utilisait à son profit son influence sur celui-ci, selon un procédé dont Michel Zylberberg a rendu compte de la manière suivante : « il refusait sans motif du bon papier à l’escompte, le faisait escompter par sa maison à un taux de 7 à 8 % puis réescompter par la Caja à un taux de 5 % »381. En dehors de ce cas, probablement très particulier, la norme au sein de l’élite de la colonie française semble plutôt avoir été proche de la pratique des gérants de la maison Fornier qui se livraient à l’escompte de façon ponctuelle et sans stratégie définie. Ils se voyaient en effet reprocher par leur commanditaire nîmois tantôt d’immobiliser dans le secteur des capitaux qui auraient pu être valorisés de façon plus intéressante ailleurs, tantôt de ne pas faire fructifier ainsi leurs capitaux inutilisés382, ce qui, dans un cas comme dans l’autre, est assez loin d’une pratique bancaire systématique et rationnelle. On retiendra donc que, à l’exception de la maison Simon Lenormand et Cie, l’élite bancaire de la colonie française ne comprenait pas d’escompteur spécialisé. Il n’est donc pas surprenant que le créneau ait été occupé par des maisons de second ordre ne disposant pas des fonds nécessaires pour entreprendre des opérations plus rentables.

Le deuxième problème concerne le rôle de la Caja de Descuento dans l’escompte des lettres de change dont les négociants français étaient porteurs. A l’époque où Pierre Lenormand, le chef de la compagnie Simon Lenormand et Cie, siégeait au comité exécutif de la Caja, l’institution avait pourtant joué un rôle majeur dans l’escompte des effets commerciaux des maisons françaises, y compris celles qui étaient en difficultés, à tel point que la direction du Banco de San Carlos s’en était inquiétée. La liste des passifs laissés par les négociants français qui ont suspendu leurs paiements entre 1788 et 1790 est impressionnante383. La position de la Caja dans notre échantillon pourrait donc être une conséquence de la crise de confiance qui résulta de ces faillites et qui se traduisit par le départ de Pierre Lenormand du comité exécutif en 1789. C’est pourtant une hypothèse qui ne peut être retenue pour deux raisons. D’une part, Pierre Lenormand fut remplacé par un autre

380 ACCIM, Fonds Roux, LIX-843, 17/05/1782. 381

ZYLBERBERG M., op. cit., p. 293. 382 CHAMBOREDON R., op. cit., p. 577.

383 Pour le rôle de Pierre Lenormand au sein de la Caja de Descuento, cf. ZYLBERBERG M., op. cit., p. 292- 293. La liste des passifs laissés à la Caja par les maisons françaises faillies en 1788-1790 a été publiée par Pedro Tedde de Lorca, dans El Banco de San Carlos, op. cit.

négociant français, Thomas de la Gervinais, le chef de la maison Magon Lefer, et aucun témoignage ne mentionne que les négociants français furent l’objet de discriminations particulières de la part de la Caja. D’autre part, les passifs laissés par les maisons françaises en 1788-1790, étaient principalement composés de pagarés qui avaient été escomptés par la Caja. Or notre échantillon prouve que la banque a continué à escompter les billets des négociants français. C’est donc plutôt au niveau des lettres de change que le problème se pose : pourquoi les négociants français ne faisaient-ils pas escompter auprès de la Caja les lettres qui leur étaient remises, alors même que l’on sait que les autres négociants étrangers de la place ne s’en privaient pas384

? Le silence de nos sources est d’autant plus surprenant que Pedro Tedde de Lorca explique la reprise à la hausse de la courbe de l’escompte de la Caja en 1793, après deux années plutôt atones, par l’afflux du papier que les négociants français ont présenté juste avant leur expulsion385. En fait, il faut pour expliquer ce silence rappeler le contexte du mois de février 1793 et les limites inhérentes à notre source. Il paraît en effet logique de considérer que dans les semaines qui ont suivi l’exécution de Louis XVI, les rumeurs de guerre entre l’Espagne et la France durent se multiplier et que la Caja refusa donc d’escompter les lettres tirées sur les négociants français qui lui étaient présentées. En revanche, elle a dû accepter sans difficultés les lettres sur les négociants espagnols et étrangers dont les Français étaient porteurs. Or, ce sont précisément les premières qui figurent dans notre échantillon et non les secondes qui n’avaient aucune raison d’être protestées au printemps 1793386. En dépit des lacunes de notre documentation, rien n’indique donc que la Caja de Descuento ait cessé de jouer un rôle central dans l’escompte des effets commerciaux des négociants français de la place.

Cette étude du rôle de la Caja de Descuento sur la place de Cadix amène à s’interroger d’une manière plus générale sur la structuration du marché financier local et à analyser la position qu’occupaient les négociants-banquiers français sur la scène bancaire aux côtés des autres acteurs, espagnols et étrangers, de la ville. La Caja, par exemple, ne se contentait pas

384

Le 21 février 1793, Juan André Prasca fait escompter trois traites tirées sur la compagnie Quentin frères, 48 jours avant leur terme et le 4 mars, il fait escompter 25 000 pesos de traites toujours sur cette compagnie (AHPC, Cadix, 4538-1350, protêt du 16/04/1793 et 4537-908, protêt du 16/03/1793). Le 12 janvier, Benito Patron avait fait escompter une lettre de 300 doublons tirée sur la compagnie Magon Lefer à 69 jours du terme (ibidem, 4537- 1104, 27/03/1793) et le 30 septembre 1793, c’est la compagnie Terry y cia qui a recours au service d’escompte de la Caja (ibidem, 4539-3033, 08/10/1793).

385 TEDDE de LORCA P., op. cit., p. 211.

386 Remarquons que la situation diffère fondamentalement pour les pagarés, qui sont en général tirés à des échéances bien plus longues et ont donc été présentés au comptoir de la Caja durant l’automne 1792, à un moment où rien ne pouvait laisser présager les événements du printemps.

d’escompter le papier des négociants locaux, elle jouait également un rôle majeur dans la circulation et le recouvrement des traites payables sur Cadix. Parmi les 331 traites qui ont été tirées sur des négociants français et qui ont été protestées en 1793, plus du tiers ont été présentées par les directeurs locaux de la Caja de Descuento. Dans 83 % des cas (111 sur 133), ceux-ci s’étaient vu remettre les lettres par la direction du Banco de San Carlos, qui s’appuyait elle-même sur un réseau de correspondants disséminés dans les principales places européennes afin de drainer vers Madrid les lettres tirées sur des négociants de Cadix387. A une moindre échelle, la compagnie des Cincos Gremios Mayores et la Compagnie des Philippines constituaient également des acteurs majeurs du marché gaditan comme en témoigne la remarque des gérants de la société Simon Lenormand et Cie, qui déclarent dans un courrier adressé à la société Roux frères, être tenus de « suivre » le cours qui est orienté par les opérations « des Gremios et de la Compagnie des Philippines »388. En outre, une dizaine de négociants étrangers, issus des principales nations commerçantes de la ville, apparaissent de façon récurrente dans nos échantillons de protêts. Selon toute vraisemblance, ces individus devaient remplir des fonctions similaires à celles des banquiers français389. Parmi les Britanniques, se distinguent Guillermo Thompson, Eduardo Murphy, qui travaille essentiellement en partenariat avec la société Boehm y cia de Londres, et la compagnie Terry y cia qui pour sa part entretient des liens étroits avec la maison rouennaise Cabanon et fils et avec divers banquiers d’Amsterdam, Londres et Hambourg. Les banquiers d’origine italienne maintenaient également des liens étroits avec la France. Le comte de Prasca, héritier de la maison franco-génoise Arboré Prasca, entretient une correspondance avec des compagnies italiennes (notamment Prasca Zenoglio de Gênes) et avec des banquiers parisiens, et la maison milanaise Greppi Marliany, qui était par ailleurs l’un des principaux correspondants de la société Roux frères de Marseille, se trouve dans la même situation. Quelques

387 Manuel de la Torre, le représentant des Cincos Gremios à Londres, acquérait de très grandes quantités de lettres tirées en Angleterre sur Cadix et les expédiait à la direction du Banco de San Carlos qui en confiait ensuite le recouvrement à la Caja de Descuento. Pas moins de 54 protêts de notre échantillon portent sur des traites ayant suivi cette filière. A Gênes, le négociant Angel María Greco joue un rôle similaire à une moindre échelle (il apparaît dans 13 protêts).

388 Ils déplorent en effet dans un courrier du 29 janvier 1790, avoir dû négocier les remises sur Madrid à ¾ de perte, au lieu du demi habituel, en raison « des opérations des Gremios et de la compagnie des Philippines ... . Nous n’avons d’autre parti que de suivre le cours avec le nôtre » (ACCIM, Fonds Roux, LIX-826, 29/01/1790). Rappelons que la Compagnie des Philippines était une compagnie commerciale privilégiée dédiée au commerce avec les Philippines et les Cinco Gremios Mayores, une compagnie commerciale fondée par les principaux

gremios de marchands de Madrid. Du fait de l’importance des transactions auxquelles elles se livraient, ces deux

compagnies étaient des acteurs majeurs du marché des changes à Cadix.

389 Notons que pour l’année 1729, Michel Gutsatz et René Squarzoni décrivaient le marché cambiste gaditan de la manière suivante : « Les cambistes sont peu nombreux, une douzaine de maisons françaises, autant pour les Hollandais et Anglais réunis, et au-delà quelques Espagnols sans doute », dans Banque et capitalisme

compagnies nordiques (Böhl hermanos, Boom y cia, Gahn y cia) et espagnoles (Francisco de Mena, le marquis de Casa Enrile, Dionisio et Ascensio Ugarte, Thellechea y cia) figurent également parmi les principaux acteurs de la banque gaditane.

Au total, si les banquiers français de Cadix occupaient probablement les premières places sur la scène locale, ils ne semblent pas avoir joui d’une prépondérance écrasante vis-à- vis de leurs homologues espagnols et étrangers et la montée en puissance des institutions bancaires espagnoles (la Caja et les Cincos Gremios) a dû encore contribuer à réduire leur champ d’action. Aussi le témoignage des frères Fornier, qui décrivaient au début des années 1770 la domination qu’exerçaient quatre maisons françaises sur le change local, ne correspond-il plus vraiment à la réalité qui nous apparaît une vingtaine d’années plus tard.

Banquiers français, banque française, place bancaire ? Nous conclurons ce développement en soulignant les limites qu’il est indispensable d’apporter à l’emploi de ces termes.

Y avait-il des banquiers français à Cadix ? En dépit de l’usage que nous avons fait du terme de « banquier », il serait plus prudent de répondre par la négative. Si quelques maisons