Chapitre 4. Introduction de l’informatique dans les établissements au Liban
4.5 Projets TIC dans un établissement d’enseignement secondaire au Liban
Plusieurs activités intégrant les TIC ont été menées dans cet établissement et cela depuis
plusieurs années, mais d’une façon très irrégulière et sporadique. Cela nous a empêché de
pouvoir juger de leur utilité et de leur importance dans le cadre scolaire malgré le grand
enthousiasme des élèves et l’intérêt qu’ils ont eu à leur égard. Pourtant, notre objectif premier
est d’améliorer nos pratiques pédagogiques en tant que professeurs et d’instaurer une
dynamique d’apprentissage se basant sur les TIC, l’interdisciplinarité, le travail de groupe.
A plusieurs reprises, cela nous a poussé à poser les questions suivantes : Pourquoi les élèves
se montrent-ils si motivés par les TIC ? Est-ce uniquement parce qu’il s’agit d’un outil
nouveau et qu’ils sont encore en phase de découverte ? Qu’arrive-t-il si on intègre les TIC
dans un cadre pédagogique, disciplinaire et interdisciplinaire, en délimitant des usages précis
et des activités variées ? Quel effet cela aura-t-il sur l’apprentissage des élèves ?
Afin de pouvoir répondre à ces questions, nous avons décidé de mener des activités intégrant
les TIC d’une façon plus régulière dans le cursus scolaire et d’observer les élèves à travers
trois activités consécutives afin de mieux évaluer l’impact des TIC sur leur apprentissage.
L’intégration des TIC dans l’établissement s’est effectuée progressivement et a posé des
problèmes d’ordre organisationnel au niveau des salles, de l’équipement, de la formation du
personnel. Tous les enseignants ne sont pas chaleureux et accueillants face aux TIC, certains
– surtout ceux d’un certain âge et parfois même les plus jeunes - s’y opposent même
farouchement en ne voyant aucun intérêt à son utilisation comme outil pédagogique surtout
s'’ils ne sont pas initiés à l’utilisation de l’informatique. Ils se complaisent dans leur routine
qui constitue un cocon protecteur pour eux et pour leurs pratiques pédagogiques axées
essentiellement sur le cours magistral et qui semblent fonctionner correctement. Et si l’on
71
constate un échec de l’apprentissage des élèves, ce ne sont pas eux qui sont à blâmer parce
qu’ils ont bien suivi le cursus officiel et ont fait le programme comme il se présente dans le
manuel scolaire adopté.
A cela s’ajoute le fait qu’ils sont surtout dubitatifs à l’égard de l’intégration des TIC en
milieu scolaire et sur son influence sur l’enseignement et l’apprentissage. Deux réunions
hebdomadaires ont eu lieu durant trois années entre les coordinateurs de différentes
disciplines d’une part et entre coordinateurs et professeurs, et ce dans le but d’améliorer le
cadre de l’enseignement-apprentissage dans l’établissement. En tant que
professeur-documentaliste, nous avons assisté à toutes ces réunions pour expliquer le rôle que le CDI
pourrait éventuellement chercher et le cadre de notre intervention dans les projets
interdisciplinaires. A travers leurs discussions, nous constatons que l’établissement n’est pas
encore prêt, l’investissement dans ce matériel est très coûteux pour un rendement qui reste à
prouver, les élèves sont trop faibles pour tirer un profit quelconque de cet outil qui sert plutôt
pour le jeu et les loisirs… en un mot, c’est une perte de temps et d’argent à investir dans un
usage à risque et qu’il vaut mieux pour les élèves se focaliser davantage sur le manuel
scolaire et leur apprendre quelques règles de grammaire et d’orthographe.
Cette attitude de rejet a, quand même, un peu changé au fil des années (depuis 1997)
probablement à cause des activités et projets que nous avons menés en tant que
professeur-documentaliste et l’aide que nous avons apportée aux professeurs qui ont bien voulu
participer à des projets interdisciplinaires se basant sur les TIC. Nous avons également pu
observer, surtout chez la nouvelle génération de professeurs, une légère évolution de leur
attitude - certains emploient d’une façon régulière les options de base du logiciel Word®
dans le cadre de leur préparation quotidienne et pour élaborer documents et compositions
mais sans mise en page significative - ils affichent, désormais, une certaine tolérance à
l’égard de l’irruption des TIC dans le cadre des activités menées au CDI, mais nous sommes
encore loin d’avoir une adhésion complète de leur part. Pour cela, il a fallu les convaincre de
l’utilité des TIC dans le cadre des projets pédagogiques et de la valeur ajoutée que cela
constitue pour leur enseignement. En plus, il a fallu notre présence continuelle en tant que
professeur-documentaliste durant toutes les séances puisque notre rôle a consisté à :
- animer les séances et proposer des pistes de travail et de réflexion aux élèves
- aider les élèves dans la manipulation des ordinateurs et les aider à trouver les options
dont ils ont besoin, à retravailler la mise en page…
- intervenir en cas de problèmes techniques
Cela a énormément influencé notre observation des élèves en action durant la réalisation des
projets.
Nous pensons toutefois que la manière d’intégrer les TIC dans le cursus scolaire et la nature
des projets montés jouent un rôle très important dans leur réussite et dans la performance
72
obtenue de la part des élèves. Mangenot souligne que l’intégration des TIC peut avoir deux
points de vue : pédagogique ou institutionnel (Mangenot, 2002b). L’intégration pédagogique
permet à l’enseignant d’insérer d’une façon cohérente l’utilisation des technologies dans une
« séquence pédagogique globale » (Bourguignon, 1994). Alors que l’intégration
institutionnelle permet de se poser des questions concernant le dispositif, les objectifs
attendus, les attentes des acteurs, la formation du personnel… (Mangenot, 2002b). Pour
certains chercheurs, l’intégration des TIC en milieu scolaire améliore la qualité de
l’enseignement-apprentissage à quatre conditions :
- Les enseignants doivent revoir leurs croyances concernant l’apprentissage et la valeur
de certaines activités pédagogiques mises en place
- La technologie doit être considérée comme un outil parmi tant d’autres et non une fin
en soi. Elle doit faire partie d’une structure pédagogique cohérente.
- Les enseignants doivent travailler dans un contexte facilitant la collaboration et le
perfectionnement continu.
- L’intégration des technologies doit être considérée comme une entreprise de longue
haleine (Haymore-Sandholtz, Ringstaff, & Owyer, 1998).
A la lumière de cette expérience professionnelle d’intégration des TIC, nous avons orienté
notre recherche vers la mise en œuvre de projets pédagogiques permettant aux élèves de
parfaire et d’améliorer leur performance plus qu’avec des méthodologies plus classiques, et
ce pour l’apprentissage disciplinaire, technologique ou linguistique.
73
Deuxième Partie. Cadre de références et hypothèse de
travail
Dans le document
Usages et effets des TIC dans l'enseignement-apprentissage du français langue seconde : Un exemple au Liban
(Page 71-74)