Chapitre 2. La place des langues dans l’enseignement libanais
2.3 Enseignement-apprentissage du français langue seconde au Liban
Lors du « Sixième colloque international francophone du Canton de Payrac et du Pays du
Quercy », les intervenants se sont extasiés sur ce qu’ils ont appelé le « miracle libanais, sans
cesse renouvelé, en matière de Francophonie » (Jouve, Dreyfus, & Arbid, 1997, p. 11).
Miracle, puisqu’il s’agit d’un pays arabe
1où le français est toujours en expansion. Ils
précisent qu’un Libanais sur deux est capable de parler ou de comprendre la langue française.
La même idée est développée d’ailleurs par d’autres intervenants comme par exemple
Haquani qui ajoute que cette expansion est surtout observable chez les jeunes de quinze à
dix-neuf ans (Haquani, 1997).
Vinçon et Boyer (1997) soulignent quant à eux la place singulière que la langue française
occupe au Liban, due surtout à la présence ancienne et active de congrégations religieuses
qui dispensent un enseignement en français de qualité. Ils observent que la langue française
est « la langue d’enseignement dans 70% des établissements scolaires primaires, pour les
établissements privés qui scolarisent 3/4 des élèves, et dans le secondaire pour les
établissements publics » (p. 283). En effet, la langue française est considérée comme « l’outil
principal de la superculture au Liban, une langue de communication élevée, une langue de
civilisation commune au-delà des particularités » (Chamoun, 1997, p. 68).
1
Tous les pays arabes sont unilingues et quand ils sont bilingues, ils sont anglophones comme par exemple en
Egypte ou en Jordanie.
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Malgré tous les efforts fournis et contrairement aux idées reçues, l’acquisition de la langue
française n’est pas achevée à la fin des études scolaires. Elle continue à se parfaire durant le
cursus universitaire. L’apprentissage des langues comme le rappelle Garabédian (1996),
exige des efforts et du temps. Au Liban, si 26,2% des élèves du secondaire connaissent très
bien la langue française, ils sont 41,8% parmi les universitaires à en avoir une très bonne
connaissance (Abou, Kasparian, & Haddad, 1996, p. 41).
C’est ainsi que selon l’enquête « Anatomie de la francophonie libanaise » réalisée par une
équipe de l’Université Saint-Joseph de Beyrouth, sous la direction du Père Sélim Abou
(1996), et menée en 1996 auprès d’un échantillon statiquement représentatif de Libanais
adultes résidant au Liban, un Libanais sur trois parlait le français avant la guerre civile
(1975). Vingt ans après, il y en a désormais un sur deux. L’étude constate également, que les
anglophones, (trois Libanais sur huit le sont), arrivent loin derrière les francophones. Pour
ces chercheurs, le pourcentage des bilingues arabe-français demeurent prépondérant, mais ils
observent également une montée des trilingues qu’ils considèrent comme un résultat de
l’amélioration des techniques et des méthodes d’enseignement de l’anglais langue étrangère
dans les établissements francophones ; cela est aussi dû au nombre croissant de bacheliers
francophones qui changent de cursus et s’inscrivent dans les universités anglophones. Pour
cette raison, ils estiment que le plus fort pourcentage de trilingues se trouve dans la tranche
d’âge située entre 15 et 24 ans, âge du cycle secondaire et de l’université. Ils constatent
également que lorsqu’un enfant est francophone et qu’il est inscrit dans un établissement qui
dispense les études en français, les autres enfants de la fratrie le sont aussi. Pour cette raison,
un environnement familial francophone, même s’il ne l’est qu’à un degré minime, constitue
un trait caractéristique de la francophonie libanaise.
Dans la même étude, les chercheurs s’attardent sur le choix de l’établissement scolaire parce
que les meilleurs résultats concernant les connaissances du français proviennent d’élèves
ayant effectué toute leur scolarité dans les écoles privées religieuses, payantes. Les plus
faibles scores proviennent d’élèves ayant suivi un cursus scolaire entièrement dans une école
publique gratuite ou bien un cursus combiné école privée laïque, payante et école publique
gratuite. Par contre, les chercheurs constatent que les élèves ayant terminé leur cursus dans
une école publique, mais l’ayant commencé dans une école privée, religieuse, payante,
conservent leurs acquis linguistiques et le bénéfice d'une solide formation de base : leur
niveau de français est nettement meilleur que celui de ceux ayant effectué tout leur cursus
dans une école publique. Une autre étude également menée par une équipe de l’Université
Saint-Joseph, souligne le fait que presque la moitié de la population fréquente les
établissements privés, fondés par des missions religieuses françaises et bénéficient ainsi de
l’important équipement pédagogique acquis, au cours des XIXe et XXe s. (Gueunier,
Yazbeck-Haddad, & Aucagne, 1993). Dans son article « Où en est le français au Liban ? »,
Haddad précise que « l’école publique, qui regroupe 44% des scolarisés, ne donne pas des
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résultats similaires à ceux enregistrés par les écoles privées en ce qui concerne
l’apprentissage du français, alors que la francophonie est d’abord au Liban une question
d’apprentissage scolaire » (Haddad, 1997a, p. 211).
Dans « Anatomie de la francophonie libanaise », les auteurs soulignent encore une fois
l’importance de la scolarisation dans une école privée. L’option « école publique » est dictée
par des contraintes économiques et ne provient pas vraiment d’un choix pour les familles. La
première place revient aux établissements religieux privés qui attirent le plus grand nombre
d’enfants scolarisés quelle que soit leur confession (Abou et al., 1996). En effet, les
problèmes économiques causés par l’effondrement de la livre libanaise, l’augmentation du
chômage, l’inflation et de façon générale la chute du niveau de vie, qui ont envahi le Liban
durant et après la guerre civile, ont profondément touché les classes moyennes qui
fournissent les élèves des établissements scolaires privés mais également les établissements
eux-mêmes qui, devant le retard de paiement des frais de scolarité par les parents, se sont
retrouvés en déficit budgétaire et ont dû faire appel à l’aide extérieure (Blanc, 1997). Comme
le soulignent quelques chercheurs, la crise économique fait augmenter le nombre d’enfants
non, peu ou mal scolarisés et les établissements privés où l’enseignement est de meilleure
qualité par rapport au secteur public vu la faiblesse des structures de l’Etat, deviennent de
moins en moins accessibles aux enfants des couches moyennes et défavorisées. Par ailleurs,
les élèves provenant des milieux plutôt aisés et traditionnellement francophones sont devenus
moins nombreux du fait de l’immigration (Gueunier et al., 1993).
Dans le même ouvrage, les auteurs ajoutent que « le choix d’un établissement scolaire de
langue française est le fait des quatre cinquièmes de la population, et que ce choix demeure
remarquablement stable d’un cycle à l’autre ». Ils révèlent également une légère préférence
pour l’option « langue française » pour les filles. Mais elle est trop faible pour être vraiment
significative. Cependant, il ne faut pas oublier que les écoles francophones sont plus
nombreuses et que le choix dépend parfois de certaines commodités comme la proximité de
l’école ou les frais de scolarité (Abou et al., 1996, p. 47).
Un autre élément important de cette même enquête révèle que ce sont les mohafazats
1les
plus urbanisés qui obtiennent les meilleurs scores de la pratique de la francophonie,
qualitativement et quantitativement. Pour les chercheurs la raison en est que les régions les
plus urbanisées regroupent le plus grand nombre d’établissements scolaires de qualité qui
fournissent un solide enseignement au niveau de l’apprentissage en général et du français en
particulier. A cela s’ajoute le fait que ces régions offrent également la possibilité de
poursuivre des études universitaires de qualité en français et permettent ainsi aux apprenants
de réinvestir leurs compétences linguistiques dans une pratique quotidienne de la langue.
1
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Toujours dans la même enquête, les chercheurs s’interrogent sur l’efficacité de
l’enseignement scolaire du français. En effet, l’étude révèle que quand l’apprentissage
scolaire n’est pas combiné avec d’autres modes d’apprentissage, il n’a qu’une efficacité
relative. Elle souligne le fait que ceux qui ont appris le français à l’école et en famille
maîtrisent la langue française mieux que ceux qui l’ont apprise uniquement à l’école. En
effet, ces derniers obtiennent le score le plus bas et sont seulement 24,2% à avoir une bonne
connaissance du français contre 70,2% pour ceux qui l’ont apprise à l’école et en famille.
Tandis que ceux qui l’ont apprise à l’école, en famille et par l’environnement ont les
meilleurs résultats et sont 90,3% à maîtriser la langue française (Abou et al., 1996, p. 45).
Malgré le nombre d’heures consacrées à l’apprentissage de la langue française dans le cursus
scolaire au Liban (8 heures hebdomadaires en moyenne par niveau d’études), il est clair que
les élèves ont toujours des problèmes avec cette langue dans les quatre compétences visées :
la compréhension de l’oral et de l’écrit, la production orale et écrite. Il faut également
souligner le fait que plusieurs disciplines non linguistiques sont enseignées en français
notamment les sciences (biologie, chimie et physique), la technologie, l’informatique et les
mathématiques. Des recherches ont révélé la présence d’un grand nombre de Libanais, qui
après avoir étudié le français durant au moins dix ans, ne sont francophones qu’à ce titre et ne
maîtrisent pas bien cette langue (Barakat-Abou Assaly, 1994). Pour Barakat-Abou Assaly, il
ne s’agit pas uniquement d’une crise de l’enseignement de la langue française, mais d’une
crise qui touche l’enseignement des langues en général au Liban à cause de la survalorisation
des sciences survenues durant les années de guerre
1. Dans certains établissements scolaires
privés, la langue française est également imposée durant les heures d’activités sportives et
d’activités artistiques… Il semble un peu étonnant que les élèves ne parviennent pas à
maîtriser cette langue malgré tant d’années d’études, mais à y regarder de plus près, on
pourrait facilement déceler quelques éléments qui constituent des freins à l’apprentissage de
la langue française.
Certains éléments sont externes à l’école comme par exemple l’absence d’un bain
linguistique francophone en milieu familial : les élèves viennent d’un milieu qui est
majoritairement arabophone avec un grand nombre de familles ne sachant ni lire ni écrire. Du
coup, ces familles ne regardent que des films arabes ou des films doublés en arabe et des
clips et des chansons arabes. Les enfants quant à eux, sont plutôt enclins à entendre des
1
Certains établissements ont fermé la branche littéraire durant les années de guerre prétextant le manque
d’affectifs pour ces classes. Les élèves désireux de présenter un baccalauréat littéraire (Baccalauréat Première
Partie) ou Philosophie (Baccalauréat Deuxième Partie) devaient changer d’établissement. Même aujourd’hui,
avec les nouveaux programmes (en cours depuis 1998 - 1999), des établissements scolaires refusent d’ouvrir la
branche des Humanités en prétextant que leurs élèves préfèrent les branches scientifiques. A l’université, les
spécialisations les plus prisées sont la médecine ou la pharmacie, le génie (toutes spécialisations confondues) ou
la gestion.
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chansons arabes ou anglaises. Les panneaux publicitaires sont également en arabe ou en
anglais ainsi que les spots publicitaires à la télévision.
D’autres éléments sont plutôt internes à l’école et sont plus particulièrement liés aux
pratiques des professeurs dans leur classe et à leur comportement avec les élèves :
- les professeurs s’intéressent aux meilleurs, ceux qui sont susceptibles de fournir toujours
les bonnes réponses ;
- les professeurs se contentent d’avoir de la part des élèves des réponses en monosyllabes
ou composées d’un seul mot voire la moitié d’un mot (le professeur fournit le début du
mot, l’élève le complète) – effet Topaze ;
- les professeurs ne demandent quasiment pas aux élèves de justifier leurs réponses afin de
ne pas « perdre du temps » ;
- les professeurs interrompent sans arrêt les élèves lorsqu’ils répondent afin de corriger les
erreurs commises (blocage des élèves) ;
- les professeurs préfèrent poser des questions auxquelles les élèves pourront répondre sans
difficulté sous prétexte que « la répétition renforce les acquis des élèves ».
Les professeurs évaluent toujours les élèves négativement et les remarques et consignes
données en guise d’évaluation sont très vagues et ne leur permettent pas d’améliorer leur
production. Elles sont du type : « vous ne savez pas faire une recherche », « ce n’est pas
comme ça qu’on fait une présentation », « mais ce n’est pas un compte-rendu »… Ces
remarques négatives portent plutôt sur la non maîtrise des compétences par les élèves et
parfois même sur leurs aptitudes à apprendre; mais aucune orientation n’est donnée, aucun
effort n’est fourni pour aider les élèves à mieux apprendre, à leur fournir les outils leur
permettant de progresser vers la maîtrise des compétences incriminées.
Pourtant, certains livres de gestion mentale se basent sur le développement d’une pédagogie
de la réussite et du projet et de ce fait, s’opposent à « l’idéologie fixiste et innéiste de
l’intelligence » (Grebot, 1995, p. 14). Cet objectif de la réussite met en œuvre le célèbre
« effet Pygmalion » qui souligne que le succès des élèves dépend en grande partie de l’attente
des enseignants. Cette attente exerce un effet de halo sur les élèves sur lesquels on sait ou on
croit certaines choses en rapport avec leurs performances, leurs aptitudes ou leurs
compétences. Cet effet influence la notation des enseignants jugeant des tests de leurs élèves,
mais également leur comportement face à l’apprentissage des élèves puisqu’ils l’influencent
sans le savoir, positivement ou négativement (Rosenthal & Jacobson, 1971).
L’évaluation porte souvent sur le savoir des élèves puisqu’il suffit de répéter, de mémoriser
puis de réciter. L’évaluation dans ce cas est assez aisée. La production orale se limite le plus
souvent à répéter des expressions, des locutions figées, des phrases ou des segments de
phrases mémorisés et à les réemployer dans un contexte précis. Il s’agit souvent de phrases
n’ayant aucun rapport avec le vécu des apprenants et surtout, qui échappent complètement à
29
leur entendement. De séance en séance, les apprenants répètent inlassablement les mêmes
phrases sans en comprendre le sens ou sans comprendre l’utilité de tel exercice puisqu’il
s’agit d’une tâche réalisée indépendamment de tout acte réel de communication (Abou Saleh
Prince, 1982). A cela s’ajoute le fait que les professeurs usent et abusent des exercices de
grammaire, de conjugaison, d’orthographe, de la récitation des règles apprises par cœur…
plus faciles à maîtriser et à corriger. Or il ne suffit pas pour apprendre une langue
d’emmagasiner des savoirs et du vocabulaire. Il est important que l’élève puisse atteindre une
certaine aisance et une certaine maîtrise lui permettant de l’utiliser dans des situations de
communications (Mangenot, 2002a). Selon Vecchi, l’intention des professeurs de proposer
aux élèves des séries d’exercices est louable mais les résultats sont décevants et les activités
« tournent à vide »
1. Il préconise donc une démarche permettant à l’élève non seulement de
faire évoluer son apprentissage mais également son état d’esprit puisque les « activités
doivent faire partie intégrante d’une démarche
2, d’un projet, dont chaque élève ressent la
nécessité et doit être partie prenante » (Vecchi, 2002, p. 44). Pour lui, les activités simplistes
et stéréotypées sont inutiles ; « un vrai savoir s’élabore dans des situations complexes, les
plus proches possibles de celles qu’on peut rencontrer dans la réalité
3» (Vecchi, 2002, p.
46).
Personne ne peut nier l’importance de la répétition et de la mémorisation dans
l’apprentissage. « Bien comprise et bien faite, la répétition est […] d’une importance
capitale, ne serait-ce que pour la correction phonétique et pour la mémorisation de certaines
formules ou structures ritualisées. Il est indéniable que la répétition de formules ritualisées ou
de segments qui ont un sens et dont on comprend l’utilité contribue grandement à leur
intégration (intériorisation) dans la mémoire à long terme et à leur récupération fonctionnelle
(réutilisation) en situation de communication authentique » (Cyr, 1996, p. 48). Or
précisément, les professeurs, pour « gagner du temps » ne prennent pas la peine de vérifier si
les apprenants ont compris le sens des phrases à mémoriser. Ce qui importe c’est de pouvoir
créer chez les élèves des automatismes dans l’apprentissage. Du coup, ces derniers effectuent
correctement tous les exercices proposés mais sont incapables de s’exprimer convenablement
à l’oral ou à l’écrit, de présenter et de défendre leur point de vue, d’argumenter, de
synthétiser… les professeurs évitent autant que possible de demander aux élèves d’analyser,
de synthétiser encore moins de faire de l’auto-évaluation pour éviter que l’élève ne soit
obligé de mobiliser des compétences qu’il ne possède pas et dont l’acquisition exige un
énorme investissement de la part du professeur et de l’élève. En effet, cette opération -
synthétiser, analyser… - exige de la part de l’élève une participation active et assez
importante. Développer l’esprit de synthèse de l’élève ou ses compétences à émettre des
jugements ne sont pas convenablement pratiqués parce qu’ils sont jugés par les professeurs
1
En italique dans le texte d’origine.
2
En gras dans le texte d’origine.
3
30
comme une perte de temps. Les élèves également font preuve de manque de persévérance à
l’égard de ces activités dont la maîtrise exige de consacrer beaucoup de temps. Pour Viau, de
nombreux élèves pensent que l’apprentissage doit être rapide et ne requérir que peu de temps
(Viau, 1999).
Un élément également négligé dans l’enseignement c’est l’inférence qui consiste à « utiliser
les éléments connus d’un texte ou d’un énoncé afin d’induire ou d’inférer le sens des
éléments nouveaux ou inconnus ; utiliser le contexte langagier ou extra-langagier dans le but
de suppléer aux lacunes dans la maîtrise du code linguistique et afin de comprendre le sens
ou la signification, globale d’un texte ou d’un acte de communication ; recourir à son
intuition, deviner intelligemment » (Cyr, 1996, p. 50). Dans ce cas également, les professeurs
n’essaient pas de mettre en œuvre cette stratégie auprès des apprenants sauf dans des cas très
simples où ils sont quasiment sûrs que les apprenants reconnaîtront sans problème le sens du
mot ou de l’expression. D'ailleurs, les professeurs eux-mêmes méconnaissent cette stratégie
parce que, tout simplement, le système éducatif qu’ils ont connu ne les a pas habitués à
employer et à maîtriser cet outil quand il ne leur a pas carrément interdit d’émettre et de
formuler des hypothèses.
Afin de fournir aux apprenants un enseignement de qualité, certains établissements privés
interdisent d’avoir recours à la langue maternelle pour expliquer le sens de certains mots,
expressions ou locutions figées même si les apprenants sont incapables d’en appréhender le
sens
1. L’utilisation de dictionnaires bilingues est également interdite durant les heures de
cours. Expliquer le sens de certains mots devient une tâche assez ardue qui décourage
beaucoup de professeurs. Ces derniers, toujours dans un souci d’économiser le temps,
préfèrent passer outre.
Depuis la mise en application des nouveaux programmes (année scolaire 1998-1999), les
professeurs ont recours dans leurs classes au travail de groupe essentiellement parce qu’il
s’agit d’une compétence que les apprenants devraient maîtriser au cours de leur scolarité. Les
activités effectuées dans le cadre d’un travail de groupe représentent « d’excellentes
occasions de pratique fonctionnelle et significative en classe, encourageant l’apprenant à
adopter des attitudes appropriées face à lui-même et aux autres, et contribuent de façon
appréciable à son rendement » (Cyr, 1996, pp. 56-57). Malheureusement, les apprenants ne
sont pas conscients de l’utilité de telles pratiques et considèrent ces activités comme du
temps perdu. A cela s’ajoute le fait que durant ces moments, les apprenants sont laissés à
eux-mêmes pour découvrir seuls, sans aucun soutien, la démarche à suivre pour atteindre les
1
Une autre pratique largement répandue dans les établissements scolaires publics consiste à tout expliquer en
arabe (texte, consignes, exercices de grammaire, règle d’orthographe…) afin de permettre aux élèves de mieux
comprendre ce qu’on leur demande : durant les heures de langue, on utilise plus la langue arabe que la langue
française ou anglaise à enseigner.
31
objectifs visés. Du coup, les apprenants en difficulté sont lésés parce qu’ils ne savent
comment agir et passent leur temps à rêver ou à gêner ceux qui travaillent. D’ailleurs
beaucoup d’élèves ne participent pas activement à la réalisation de la tâche et se dérobent au
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Usages et effets des TIC dans l'enseignement-apprentissage du français langue seconde : Un exemple au Liban
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