Chapitre 6. Les TIC à l’école : pratiques et motivation
6.2 Aspects motivationnels de l’intégration des TIC en milieu scolaire
6.2.1 Motivation en milieu scolaire
La motivation est un élément important dans tout acte, toute activité quel que soit l’individu
qui l’accomplit. Elle constitue un facteur important de réussite chez les individus, adultes
comme enfants, parce qu’elle les pousse vers l’accomplissement de leur but malgré toutes les
difficultés rencontrées. L’absence de motivation chez les jeunes influence négativement leurs
performances. Mais quelle est la dynamique fonctionnelle de la motivation scolaire ?
En s’inspirant des travaux de Schrauben, Schunk et Zimmerman et de leur approche
sociocognitive, Viau a défini la motivation en contexte scolaire en fonction de l’atteinte d’un
but : « La motivation en contexte scolaire est un état dynamique qui a ses origines dans les
perceptions qu'un élève a de lui-même et de son environnement et qui l'incite à choisir une
activité, à s'y engager et à persévérer dans son accomplissement afin d'atteindre un but »
(Viau, 1997, p. 7).
Les différents chercheurs sont d’accord pour distinguer deux types de motivation :
La motivation extrinsèque, provoquée par des éléments extérieurs à la personne
(promesse de récompense, menace de sanctions…).
La motivation intrinsèque qui dépend uniquement de la personne
Vecchi et Viau énumèrent plusieurs éléments qui motivent l’élève dans l’exécution de la
tâche (Vecchi, 2002; Viau, 1994, 1997, 1999). Pour Vecchi, il est primordial de prendre en
considération les conceptions ou les représentations mentales de l’apprenant concernant son
apprentissage : la manière dont il affronte les problèmes, les obstacles qui freinent son
apprentissage, les blocages qui l’empêchent d’évoluer…
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Ainsi, pour Vecchi, motiver l’élève exige une « démarche globale »
1qui impose de revoir
les méthodes pédagogiques en cours. L’auteur cite quelques points qu’il juge importants pour
la motivation de l’élève. A travers ces points, il insiste sur l’importance pour l’élève de
ressentir le besoin de réaliser une tâche ayant un sens pour lui et d’être une partie prenante
de la réalisation du projet. Il souligne également la nécessité pour l’élève de connaître les
objectifs du projet, les moyens dont il dispose pour arriver au résultat escompté ainsi que des
critères d’achèvement et d’évaluation. Il est aussi essentiel de lui présenter des situations de
résolution de problèmes afin de mieux le stimuler en créant des besoins nouveaux de
connaissances.
Vecchi reconnaît également à l’élève le droit à l’erreur. En effet, l’élève peut tâtonner,
explorer une nouvelle démarche ou appliquer de nouvelles techniques, se tromper puis
recommencer. Cela le rend responsable de son apprentissage et il devient « l’acteur de la
construction des ses propres savoirs ». L’élève doit être conscient du « savoir opératoire » ou
des moyens intellectuels qu’il met en œuvre pour résoudre un problème, comme il doit
prendre conscience de ses réussites (Vecchi, 2002).
Nous observons un glissement important du « processus transmissif » des connaissances vers
un « processus individuel d’apprentissage ». Ce qui prime désormais c’est « apprendre à
apprendre et apprendre à choisir parmi la profusion de dispositifs et de systèmes
d’information » (Vivet, 2000). Pour cela, il faut aider l’apprenant à réussir dans
l’accomplissement de la tâche et lui fournir les moyens pour cerner les difficultés rencontrées
pour mieux avancer dans l’accomplissement de la tâche. Il est également important que
l’apprenant change sa conception de l’intelligence considéré comme innée et qui lui renvoie
une image négative de lui-même et de ses capacités. Ce changement lui permet « un
investissement d’énergie renouvelé dans les activités d’apprentissage » (André, 1998, p. 21).
Finalement, il revient à l’enseignant de placer l’élève dans un environnement favorable à
l’apprentissage en créant une relation empathique entre eux.
On retrouve déjà certains de ces caractéristiques chez Viau qui souligne l’importance
d’ancrer la tâche dans des activités de la vie courante. Pour ce chercheur donc une activité
motivante doit :
- responsabiliser l’élève en lui permettant de faire des choix ;
- être pertinente sur les plans personnel, social et professionnel ;
- être de haut niveau sur le plan cognitif ;
- être productive ;
- représenter un défi pour l’élève ;
- permettre aux élèves d’interagir ;
- se dérouler dans une période de temps suffisante ;
- comporter des consignes claires (Viau, 1999, pp. 19-20).
1
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Ces divers points se retrouvent déjà dans la pédagogie active et dans l’apprentissage par
résolution de problèmes. Lebrun considère que « dans les méthodes pédagogiques, les formes
«
pures
»se trouvent rarement et que, par ailleurs, la richesse pour l’apprentissage se trouve
dans la diversité des méthodes proposées, dans une même leçon, dans un même cours, dans
un même programme » (Lebrun, 2002, p. 149). En se basant sur Bourgeois et Nizet (1997),
Lebrun considère également que motiver les élèves dépend de la nature de l’activité
elle-même, en d’autres termes « une tâche plus proche de l’expérience personnelle ou de la vie
professionnelle future des élèves a plus de chance de conduire à un véritable engagement de
leur part » (Lebrun, 2002, p. 149).
Afin d’aider l’élève dans son apprentissage, Legendre considère qu’il est primordial de se
baser sur les connaissances antérieures qui sont « l’ensemble des informations, idées,
perceptions, concepts et images, ainsi que l’impact d’expériences émotionnelles, contenues
dans la mémoire à long terme de tout usager de la langue » (Legendre, 1993, p. 244). Les
connaissances antérieures, appelées également connaissances préalables, sont considérées par
nombre de chercheurs comme un élément important de l’apprentissage. L’importance de ces
connaissances tient au fait qu’elles permettent à l’élève de faire des liens entre ce qu’il sait et
ce qu’il apprend dès le début du cours et contribuent ainsi à le motiver à apprendre. Les
ignorer peut créer des problèmes majeurs et même infirmer l’enseignement.
Bertrand les rend responsables de tout apprentissage ayant un sens : « […] tout apprentissage
significatif est la résultante d’une activité d’un apprenant qui produit du sens à partir des
conceptions préalables mobilisées et en fonction des situations d’information qu’il possède.
Ces représentations constituent la grille de lecture de l’apprenant » (Bertrand, 1992, p. 76).
Malheureusement ce principe est souvent oublié par un certain nombre d’enseignants qui font
table rase des connaissances antérieures des élèves. Ces derniers ont souvent l’impression
qu’ils commencent toujours leur apprentissage à partir de zéro et sont incapables de donner
du sens à l’enseignement. Ce qui constitue un élément important de démotivation et de
décrochage scolaire.
Viau souligne deux points essentiels concernant la motivation des élèves. Le premier point
est lié à « l’effet de nouveauté » que l’intégration des TICE peut susciter. L’introduction d’un
nouvel outil en classe influence positivement la motivation des élèves et éveille leur
curiosité. Mais, cet effet est de courte durée et s’estompe vite quand les élèves sont habitués à
la présence et à l’utilisation de cet outil. La motivation des élèves décroît pour atteindre de
nouveau son niveau de départ. Selon Viau, il ne suffit pas de mesurer la motivation des
élèves suite à une courte utilisation des TIC, mais plutôt étudier l’effet de ces outils sur une
période plus importante afin de pouvoir déterminer si la motivation persiste ou si elle est
éphémère (Viau, 2007).
Pour le deuxième point, Viau souligne l’idée répandue parmi les chercheurs, selon laquelle la
motivation de l’élève à apprendre se manifeste par l’intérêt et le plaisir qu’il éprouve à
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accomplir une activité d’apprentissage. Pour ce chercheur, l’intérêt et le plaisir ne suffisent
pas comme indicateurs de motivation. Il y en a de plus intéressants et de plus pertinents
comme l’engagement cognitif et la persévérance. L’engagement cognitif se manifeste dans
notre cas par l’implication de l’élève dans la réalisation de la tâche que ce soit au niveau de la
recherche et de la restitution de l’information ou au niveau de la manipulation des
ordinateurs. L’élève engagé cognitivement ne s’attarde pas à examiner les illustrations et à
perdre ainsi un temps précieux pour la réalisation de la tâche. Sa persévérance est soulignée
par son attachement à exécuter une tâche et le temps qu’il consacre à la vérification des
informations. Souvent, les élèves sont démotivés à la rencontre de la première embûche et
hésitent longtemps avant de revenir à la source pour vérifier une information qui pose
problème. Ce travail de profondeur est un critère plus fiable sur le degré de motivation des
élèves qui utilisent l’outil informatique en contexte scolaire.
Dans le document
Usages et effets des TIC dans l'enseignement-apprentissage du français langue seconde : Un exemple au Liban
(Page 107-110)