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Chapitre 5. Cadre de références

5.3 Le travail en groupe

5.3.3 Développer l’autonomie

« Faire agir socialement » les apprenants c’est avoir recours au travail de groupe. Or

travailler en groupe ne s’improvise pas et il ne suffit pas de mettre des apprenants ensemble

ou face à face pour parler de travail de groupe. Il s’agit d’une technique à maîtriser, de tâches

à répartir entre les membres du groupe, du temps à gérer afin d’atteindre l’objectif final… et

surtout savoir négocier les différentes décisions importantes au sein du groupe. Dans notre

cas, il s’agit pour les apprenants de réaliser une tâche complexe et complète (recherche et tri

d’informations, reformulation, présentation…), en commun et en langue étrangère, le

français, afin de la présenter, comme nous l’avons déjà souligné, à un public réel, hors du

cadre de la classe. Cela nécessite évidemment une interaction entre les apprenants du même

groupe afin d’atteindre les objectifs assignés pour la réalisation de la tâche.

Mais quelles sont les conditions favorables permettant au travail de groupe de favoriser

l’apprentissage ?

Les comportements à développer ne concernent pas uniquement la prise de paroles mais

couvrent également les pratiques sociales et la dimension de communication comme le fait

de pouvoir exprimer et expliquer ses idées mais aussi « demander aux autres leur opinion » et

« permettre à chacun de contribuer ». Il convient de faire attention à certains élèves qui ont

plus d’aisance à s’exprimer et ainsi captent l’attention et dominent les échanges. C'est

pourquoi, il est important de pouvoir établir un réseau de communication au sein du groupe,

qui permette à chacun de présenter son point de vue, d’échanger avec les autres et de

contribuer ainsi à la réalisation de la tâche et à l’atteinte des objectifs visés. Dans ce cas, nous

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sommes bien dans un groupe qui donne à tous et à chacun la possibilité d’apprendre. Ce qui

ne signifie pas que l’évolution sera la même pour tout le monde ni que la qualité

d’acquisition des savoirs et des méthodes de travail sera identique pour tous les membres du

groupe et se développera selon le même rythme et la même efficacité.

Selon Meirieu, le travail de groupe suppose de responsabiliser l’élève et de le reconnaître

comme acteur de son propre apprentissage afin de le rendre plus autonome. Tout dépend

désormais de l’élève qui doit prendre l’initiative dans son apprentissage. Le professeur en

s’éloignant de la technique classique de la transmission des savoirs, doit rester vigilant afin

que son intervention permette à l’élève de structurer son apprentissage. Il aide les élèves à se

fixer des objectifs précis et à les réaliser, à faciliter la communication et l’échange d’idées

entre eux, l’organisation des activités, la prise de décision… afin que le groupe ne s’oriente

pas vers l’anarchie et le chaos et que son travail n’aboutisse pas à une impasse où il ne peut

ni avancer ni évoluer. Un rapport actif s’instaure alors entre l’élève et l’apprentissage

permettant aux apprenants de confronter leurs points de vue, de découvrir leurs erreurs et

d'en tirer des leçons afin de construire un apprentissage durable en se sentant impliqués et

concernés par le déroulement de l’activité. Cela signifie de briser en quelque sorte cette

« série de relations duelles et unilatérales » entre le professeur et l’élève qui caractérise la

classe traditionnelle (Meirieu, 2000a, p. 25). Cela signifie aussi de revoir les méthodes de

travail afin de recentrer l’acte éducatif sur l’élève puisque tout ne doit plus converger vers le

professeur ni émaner de lui.

Travailler en groupe permet à l’élève de mieux s'extérioriser, d'exprimer ses aspirations, et

transforme la classe traditionnelle : « là, où il n’y avait qu’une collection d’élèves isolés, il

devient possible d’établir une véritable association d’enfants, un lieu de relations plurielles

d’échange, où chacun puisse s’exprimer et être reconnu » (Meirieu, 2000a, p. 29). Grâce au

travail du groupe, l’apprentissage n’est plus une simple réception de connaissances et

d’informations fournis par le professeur mais un travail à concevoir en commun. Le

professeur doit faciliter et encourager la communication entre les différents membres et

dynamiser ainsi leur activité afin que chacun puisse construire son apprentissage et

l’améliorer par sa participation à la vie du groupe. Il est évident que, dans un tel cadre de

travail, le professeur ne supprime pas tout travail individuel et personnel parce qu’il est

indispensable. L’apprenant doit entreprendre une démarche intellectuelle personnelle qui lui

permette par la suite de participer activement au travail du groupe, de débattre ses idées avec

les autres et surtout d’aboutir en fin de parcours à une véritable autonomie. Pour Cohen, de

meilleurs résultats sont obtenus quand les apprenants réalisent une production individuelle et

une production de groupe (Cohen, 1994).

Dans le travail de groupe, les élèves travaillent à leur propre rythme. Ils acquièrent petit à

petit leur autonomie en apprenant à travers leurs expériences et leurs erreurs. Le professeur

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doit savoir s’effacer et abandonner tout désir d’intervenir à tout moment afin d’orienter le

travail de groupe ou le réorienter vers une nouvelles perspective de travail ou de nouvelles

pistes, cela afin de permettre à chacun d’évoluer et de maîtriser son apprentissage. Il doit

également créer les conditions propices pour que l’apprenant puisse s’exprimer librement au

sein du groupe à travers des tâches et des situations de communication authentiques et de

s’approprier ainsi le langage. Ainsi, le travail de groupe permet à tous et à chacun de

s’exprimer, d’échanger les points de vue, de confronter sa façon de voir à celle d’autrui…

Chaque apprenant se retrouve dans l’obligation d’expliquer ses idées, d’expliciter sa pensée

afin de la transmettre à l’ensemble du groupe. Se développent ainsi chez l’apprenant des

aptitudes intellectuelles, l’écoute de l’autre, le respect et l’acceptation des différentes idées

tout en essayant de faire valoir sa pensée et son propre point de vue.

Le professeur doit accorder une attention particulière aux élèves en difficulté afin de les

épauler et de les aider dans leur progression et éviter ainsi de les laisser s'isoler. Il doit établir

le cadre nécessaire afin de leur permettre de s’exprimer librement, et chercher à ce que les

apprenants soient impliqués dans la réalisation et dans la gestion d’une œuvre collective. Le

groupe pour exister et fonctionner comme tel, doit élaborer un ensemble de règles de vie

permettant à chacun d’avoir une existence propre.

Pour aboutir à tels résultats, il est important que le groupe puisse fonctionner en autonomie et

qu’il puisse « assure(r) sa propre gestion » (Abric, 1996). Or, l’autonomie indispensable pour

un travail de groupe est presque toujours supposée comme acquise par les professeurs au

moment du lancement des activités et des projets, et nous observons souvent, que lorsqu’une

grande partie des discussions échangées au sein du groupe porte sur l’aspect organisationnel

du travail, cela « traduit un mauvais fonctionnement du groupe » (Nissen, 2003). Par contre,

un groupe qui fonctionne assez bien, canalise toute son activité sur la réalisation de la tâche

et se concentre davantage sur le projet en cours que sur l’aspect gestionnel. Pour cette raison,

mettre les apprenants ensemble et s’attendre à ce qu’ils apprennent ensemble ne suffit pas

pour parler de travail de groupe, il faut « que le groupe se crée, et des activités ciblées

peuvent l’y aider » (Nissen, 2003, p. 21).

Dans ce chapitre, nous avons présenté, dans ses grandes lignes, la conception

constructivisme qui favorise le développement des processus cognitifs et le conflit

socio-cognitifs dans l’apprentissage. Ensuite, nous avons décrit la perspective actionnelle telle

qu’elle est développée par le CECR. Il s’agit d’une approche qui se base sur l’utilisation de la

langue comme instrument d’action sociale. Elle vise à améliorer les interactions entre les

apprenants en langue étrangère dans un contexte social authentique. D’où l’importance de la

co-action entre apprenants et le travail en groupes restreints. Comme nous l’avons déjà

présenté, le travail de groupe est développé par plusieurs chercheurs et gagne de l’importance

avec l’intégration des TIC en milieu scolaire. C’est le mode de travail que nous avons retenu

dans le cadre de notre recherche.

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Il en ressort que tous les éléments choisis comme cadre de références se complètent et

s’imbriquent ensemble dans un tout cohérent : chacun se basant se l’autre pour se réaliser. Ce

qui va constituer un élément positif favorisant, comme nous l’espérons, l’apprentissage.

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