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Chapitre 3 Compréhension et réception des mesures encadrant le partage de la parole

3.1. Profil des répondantes et répondants

J’ai d’abord envisagé de présenter un résumé du parcours et du point de vue de chacune des personnes ayant participé à l’étude pour permettre au lecteur, à la lectrice, de déceler plus aisément les fils conducteurs dans les propos de chaque personne. Compte tenu de la petite taille du milieu sur lequel je me suis penchée, j’ai toutefois jugé que cela aurait risqué de permettre l’identification

des répondants et répondantes. Afin de préserver la confidentialité des données, j’ai donc choisi de présenter des graphiques regroupant les participantes et participants selon quelques critères choisis afin de donner un aperçu de leurs profils.

De plus, afin d’assurer la confidentialité des données, à quelques reprises, j’ai supprimé des détails factuels qui auraient rendu les personnes (celles qui ont participé à la recherche ou celles dont parlent les répondants et répondantes) trop facilement identifiables. Lorsque j’ai procédé à des coupures dans le texte, pour des raisons de confidentialité ou pour alléger la lecture, la modification est indiquée à l’aide de crochets ([…]). Enfin, tous les prénoms des répondants et répondantes ont été remplacés par des pseudonymes.

Figure 1 : Âge des répondantes et répondants à leur arrivée à l'ASSÉ

18 ans et moins 19 à 21 ans 22 à 24 ans 25 ans et plus

Figure 2 : Niveau scolaire des répondantes et répondants au moment

de l'entrevue (diplôme obtenu ou non)

Collégial Baccalauréat Maitrise Doctorat

Figure 3 : Domaine d'études des répondantes et répondants

Arts, lettres et philosophie Sciences humaines et sociales Secteur technique

Figure 4 : Classe socioéconomique des répondantes et répondants

Classe ouvrière / précaire Classe moyenne

Classe moyenne supérieure / aisée

Note explicative : Pour parvenir à ce classement, j’ai demandé aux participantes et participants d’identifier à quelle classe sociale ils et elles jugeaient appartenir. J’ai ensuite uniformisé les catégories pour assurer une cohérence d’ensemble. Il s’agit de catégories présentées à titre indicatif puisque, dans plusieurs cas, les personnes ont offert une réponse détaillée, tenant compte de leur classe d’origine (complexe, dans certains cas), de la relative précarité du statut étudiant et de leurs perspectives d’avenir.

Figure 5 : Région d'implication des répondantes et répondants

Montréal Québec

Québec et Montréal

Note explicative : Dans les cas où deux villes sont indiquées, la deuxième correspond au lieu d’implication au moment de l’entrevue.

Comme on peut le constater à la lecture de ces graphiques, les douze répondants et répondantes présentent des profils assez homogènes. Même s’il n’existe pas de données fiables sur le profil des membres actifs et actives de l’ASSÉ (à savoir, des personnes qui participent aux congrès ou qui s’impliquent dans l’équipe nationale), je crois que les personnes interrogées sont, jusqu’à un certain point, représentatives de l’homogénéité soulignée à plusieurs reprises par les participantes et participants, laquelle a également été soulevée dans plusieurs textes sur l’ASSÉ et observée lors du congrès auquel j’ai assisté. Outre les catégories présentées dans les tableaux, deux des personnes interrogées s’identifient comme étant des personnes racisées, les dix autres se qualifiant de blanches ou blancs. Six s’identifient comme hommes cisgenres et six comme femmes cisgenres. Comme mentionné plus haut, je n’ai pas réussi à m’entretenir avec des personnes ayant une autre identité de genre. Les personnes interrogées avaient entre 18 et 31 ans au moment de l’entrevue. Comme le nombre d’années écoulées depuis le début de l’implication de chacun et chacune variait beaucoup, j’ai jugé pertinent de préciser l’âge de chaque personne au moment du début de son implication.

Sur les douze répondantes et répondants, cinq hommes et cinq femmes ont occupé des postes élus dans l’équipe nationale de l’ASSÉ. Une des femmes et quatre des hommes ont occupé ou occupent toujours des postes au sein du comité exécutif. Parmi les six femmes interrogées, quatre ont occupé un poste élu dans le Comité femmes pendant au moins quelques mois. La durée de l’engagement dans les différents comités pour chaque personne varie de quelques mois (démission en cours de mandat ou arrivée tardive dans l’année pour une fin de mandat) à plusieurs mandats d’un an d’affilée. Quant à la durée de l’engagement à l’ASSÉ, tous types d’implication confondus (participation aux délégations d’association étudiante locale, poste sur l’équipe nationale, implication dans les instances régionales), elle varie d’un peu plus d’un an (au moment de l’entrevue) à cinq ans.

Comme mentionné plus haut, j’ai inclus dans mon canevas d’entrevue des questions permettant aux répondantes et répondants de donner un aperçu de leur vision des inégalités de genre dans la société québécoise actuelle. Dans l’ensemble, les répondants et répondantes s’entendent pour affirmer que les inégalités de genre sont toujours d’actualité. À noter que toutes et tous ont compris cette question comme faisant référence aux inégalités entre les hommes et les femmes59

59 De manière générale, les répondantes et répondants ne précisaient pas l’étendue de ces catégories. Je ne peux présumer de la place accordée, ou non, aux personnes trans dans leur conception des inégalités de genre, mais personne n’a abordé le sujet explicitement et spontanément en répondant à cette question.

alors que je l’avais formulée pour laisser la porte ouverte à une compréhension plus large de la notion de genre60.

Toutes les personnes interrogées offrent aisément des exemples de sexisme vécu ou observé dans leur vie personnelle, ou encore des exemples d’asymétrie entre les hommes et les femmes dans le partage des tâches ou dans la représentation dans les médias et les postes de pouvoir. Bien que certains aient plus de difficulté à répondre à ma question sur la source de ces inégalités, l’ensemble des répondantes et répondants met de l’avant une sensibilité aux enjeux féministes. Toutes les femmes se définissent comme étant féministes, certaines y ajoutant un qualificatif (« radicale » ou « intersectionnelle »). Les répondants, quant à eux, sont moins affirmatifs par rapport aux termes qu’ils utilisent pour se situer par rapport aux luttes féministes. Ils fournissent dans l’ensemble des réponses assez détaillées dans lesquelles ils prennent soin de ne pas s’approprier l’expérience ou l’expertise des femmes autour de ces questions. Louis, par exemple, mentionne : « J’aime pas me dire féministe parce que je suis pas un acteur dans la lutte des femmes », tandis que Sébastien juge que le féminisme, « C’est une lutte des femmes pis… Je ne suis pas une femme, je pourrais jamais comme comprendre ce qu’elles vivent, pis le vivre, tu sais. Pis non plus, ressentir… Je pourrais pas comprendre… » Tous deux tracent des parallèles entre leur positions d’hommes face aux luttes féministes et leur point de vue de personnes blanches face au mouvement Black Lives Matter. Je reviendrai plus loin sur cette relation parfois paradoxale qu’entretiennent les hommes de l’ASSÉ avec les luttes féministes. Je me contenterai pour l’instant de noter que, sur les six répondants, un s’identifie comme « allié », quatre comme « proféministes », et un répondant n’offre pas de réponse claire :

– Est-ce que tu t’identifies comme féministe, comme proféministe, quelque chose dans cet ordre d’idées là?

– Je dirais oui, je sais pas quel terme… exactement. Je suis en faveur de l’égalité des hommes et des femmes, je soutiens la lutte féministe. Après ça… (Marc)

3.2. Facteurs influençant la prise de parole et l’inclusion des