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Création du modèle des stations de 3 ème génération et évolution de la stratégie touristique

II- c La problé�ati�ue de l’enneige�ent

Da�s �ot�e volo�t� de lie� les �volutio�s so�i�tales et �li�ati�ues, l’e��eige�e�t joue u� �ôle particulièrement important. Raymond Balseinte dans son article de 1958 met en évidence le fait que les hivers 1947-1948 et surtout 1948-1949, très peu enneigés, ont été un accélérateur de l’i�pla�tatio� des �e�o�t�es ���a�i�ues pou� les statio�s �ui e� avaie�t les �o�e�s financiers. Cette �o��u�te de la �o�tag�e pa� la �o�t�e e� altitude des statio�s de spo�ts d’hive� et les

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�e�o�t�es ���a�i�ues (Balsei�te, ��5�� a �t� i�puls�e pa� les p�o�l��ati�ues d’e��eige�e�t de la fi� des a���es ��4�. Il �tait d�jà �uestio� d’assu�e� la p�ati�ue du ski su� l’e�se��le de la saiso�. Les spo�ts d’hive� �o��e �od�le de d�veloppe�e�t o�t toujou�s �t� e� lie� ave� l’e��eige�e�t est do�� le �li�at, auta�t l’i�pla�tatio� d’i�f�ast�u�tu�es pou� leu� exploitatio�. Nous allo�s �eve�i� su� un graphique exposé dans le chapitre 2, afin de bien mettre en lumière les enjeux liés à l’e��eige�e�t.

Extrait n°46

Source Rapports et Études : Observatoire savoyard du Changement Climatique, note OsCC Bilans Climatiques n°29, Enneigement saison 2013/2014

Il est i�t��essa�t de �o�state� �u’au d��ut des a���es ��7�, il � a u�e suite d’a���es t��s peu enneigées (Cf. extrait n°46). R. Knafou souligne que ces quelques saisons avec un faible enneigement �a��ue�t le d��ut de l’utilisatio� de la �eige de �ultu�e (Knafou, 1987), qui sera accélérée à la fin des années 1980. En effet, le début des années 1990 va être marqué par une diminution de la fiabilité de l’e��eige�e�t (Cf. extrait n°46), rajoutant une difficulté supplémentaire pour les stations dont le seuil de �e�ta�ilit� fi�a��i��e �’�tait pas attei�t. Ce so�t su�tout les statio�s de �asse altitude �ui vo�t �t�e tou�h�es. Cepe�da�t, �o��e �ous l’avo�s �o�t��, les stations de haute altitude de Tarentaise se sont développées également par des satellites vers le bas, où la problématique de l’e��eigement a là aussi été ressentie. Les trois années avec un très faible enneigement vont donc avoir deux effets à plus ou moins long terme : le premier est la fermeture des stations de basse altitude, aux problèmes financiers déjà existants. Le deuxième, concernant les stations que nous étudions, va �t�e le �esoi� d’i�vestisse�e�ts encore plus importants dans le domaine skiable sous deux formes : l’i�pla�tatio� de �e�o�t�es ���a�i�ues de plus en plus en altitude, mais surtout le

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développement de la neige de culture. « Malgré des enneigements généralement supérieurs à la moyenne, ce sont les grandes stations qui ont les moyens de se lancer dans des politiques de création de neige artificielle, de manière à garantir des pistes skiables aux skieurs » (Knafou, 1987, p9). Là aussi les logiques de concentration vont jouer un rôle conséquent, la p�essio� su� l’e��eige�e�t va être de plus en plus forte, comme en témoigne la « garantie neige » vendue par les stations de haute altitude.

Dès 1990, Le rapport Lorit met en avant ces logiques de concentration, puisque 15 stations sur 410 stations représentent ��% de l’off�e glo�ale (Cf. ext�ait �°47). Cette logique ne va cesser de se renforcer avec la loi Montagne dans le cadre de la décentralisation.

Extrait n°47

Extrait du rapport Lorit sur la classification des stations françaises.

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Cette �o�statatio� de deux s�st��es d’off�e de spo�ts d’hive� au d��ut des a���es ���� est encore vala�le aujou�d’hui, �e �ui va avoi� pou� �o�s��ue��e « une nouvelle approche de l'économie de la haute montagne : par la priorité à l'économique sur le spatial, l'aménagement du territoire passe en second, derrière les nécessités de rentabiliser et d'exporter. Ce qui revient à dire : priorité au rentable sur le subventionné ; dès lors, on en revient à l'avantage des grandes stations sur les petites au développement encore incertain » (Knafou, 1987, p112). Ce qui va nous intéresser, c’est la façon dont les plus grosses stations vont se renouveler dans cette nouvelle approche purement économique. En effet, �’est à pa�ti� de �ette �po�ue �ue la s�le�tio� va se fai�e e�t�e �elles a�a�t les �o�e�s d’i�vesti� pou� ���e� u�e i�age de p�estige, deve�a�t des �arques (Knafou, 1987).

Le renforcement du modèle des sports d'hiver de haute altitude de Tarentaise par les problématiques d'enneigement

Il est possible d'identifier à travers la littérature, pour les périodes où il n'y a pas de relevé de cumul de neige, deux années avec un faible enneigement : 1931-1932, 1947-1948 (Gauchon 2009 et Balseinte 1958). Les indices d'enneigement (Observatoire savoyard du Changement Climatique) mettent en exergue une année avec un faible enneigement (1963-1964) et des successions d'hivers très peu enneigés 1971-1973 et 1988-1992 (dont nous avons parlé), et la diminution graduelle de l'enneigement à partir du milieu des années 1990 liée aux changements climatiques.

C. Gauchon dans son article Les hivers sans neige et l'économie des sports d'hiver : un phénomène récurrent, une problématique toujours renouvelée de 2009, met en avant les conséquences sur le modèle des sports d'hiver de trois hivers avec un faible enneigement : 1931-1932, 1993-1964 et1988-1989. Quant à R. Balseinte, il met en évidence les difficultés de l'hiver 1947-1948 et la réponse par le développement des remontées mécaniques au faible enneigement (Cf. chapitre 5, la phase de modernisation).

Ces analyses nous permettent de mettre en évidence la spécialisation du système, le rendant de plus en plus en plus rigide et de moins en moins adaptable aux problématiques d'enneigement (Cf. figure n°15, p186). « En se développant, le tourisme hivernal a perdu la souplesse qui lui permettait de �ri�oler des solutio�s d’urge��e fa�e à des situatio�s diffi�iles, mais il �e s’est pas �o� plus mis à l’a�ri des aléas météorologiques » (Gauchon, 2009, p200).

Les deux années avec un faible enneigement 1931-1932, 1947-1948 vont avoir pour conséquence la première vague de concentration spatiale des sports d'hiver. En effet, la localisation des stations de sports d'hiver va commencer à se réfléchir en altitude (Gauchon 2009) et amorcer le début des remontées mécaniques (Balseinte, 1958). Néanmoins, comme nous l'avons déjà mentionné, les sports d'hiver n'étant pas encore une industrie, les répercussions économiques sont moindres et le système est flexible (Gauchon, 2009). L'hiver 1963-1964 lui marque une transition vers un modèle

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plus spécialisé (Gauchon, 2009), le problème de l'enneigement est analysé par la presse d'une manière catégorielle sur certaines stations et reste très optimiste. En effet, malgré cette année avec un faible enneigement, le Plan Neige débute, et l'obtention par Grenoble des JO d'hiver de 1968 révèle un renforcement des sports d'hiver pour l'attractivité touristique de la France.

En ce qui concerne les années 1971-1973, R. Knafou souligne que c'est à la suite de ces années moins enneigées que les premières réflexions sur la neige de culture émergent (Knafou, 1987). Néanmoins, c'est le manque d'enneigement de la fin des années 1980, début des années 1990 qui va révéler la spécialisation du système et sa vulnérabilité, entrainant la deuxième vague de concentration des sports d'hiver en faveur des stations de haute altitude et l’aug�e�tatio� de la p�odu�tio� de �eige de culture. « C’est pour�uoi �es hivers sa�s �eige vo�t impulser u� tr�s fort mouveme�t de �o��e�tratio� �ui va �ara�tériser les vi�gt a��ées suiva�tes da�s l’i�dustrie des sports d’hiver. Déjà, lors de la saison 1987-19��, o� avait remar�ué �ue les gra�des statio�s d’altitude avaie�t �ie� tiré leur épi�gle du jeu, et avaie�t m�me augme�té leur �hiffre d’affaires �ua�d les statio�s plus �asses avaient dû cesser toute activité. Conjonction chronologique sig�ifi�ative, �’est au plus �reux de �et hiver sans neige, en janvier 1989, que la Caisse des Dépôts et Consignations crée la Compagnie des Alpes appelée à deve�ir u� a�teur majeur de l’é�o�omie des sports d’hiver da�s les Alpes du Nord » (Gauchon, 2009, p200).

La diminution graduelle de l'enneigement qui va suivre cette période va renforcer les stations de sports d'hiver de haute altitude de Tarentaise qui ont intégré la CDA, et vont avoir les capacités d'investissement dans les technologies permettant la production de la neige. La financiarisation de l'économie4 va avoir comme répercussion de diriger l'argent vers les stations déjà rentables (donc de haute altitude) au détriment des autres, spécialisant toujours plus le modèle et le rendant particulièrement vulnérable aux changements climatiques. C'est donc la troisième vague de concentration qui s'appuie sur les capacités financières des stations. De plus, les parcs de remontées mécaniques commencent à être vieillissants, ce qui demande d'autant plus d'investissements de la part des entreprises de remontées mécaniques.

La figure 15 reprend de manière synthétique, ces trois vagues de concentration.

186 Figure n°15

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