Impacts passés et en cours des changements climatiques sur les sports d'hiver et des

sports d’hiver sur le cli�at : Le cas de la Tarentaise

"Du fait de �es �t�oites �elatio�s ave� l’e�vi�o��e�e�t et le climat lui-même, le tourisme est considéré �o��e u� se�teu� ��o�o�i�ue e�t���e�e�t se�si�le au �li�at, au ���e tit�e �ue l’ag�i�ultu�e, les assu�a��es, l’��e�gie et les t�a�spo�ts. Les �a�ifestatio�s ��gio�ales du �ha�ge�e�t �li�ati�ue so�t très importantes pour les destinations touristiques et pour les touristes, et elles exigent une adaptatio� de l’e�se��le des p�i��ipales pa�ties p�e�a�tes au tou�is�e." Source : OMT, PNUE, OMM,2007, "Changement climatique et tourisme : Faire face aux défis mondiaux", Résumé Octobre 2007, p7

Les liens entre tourisme et climat sont extrêmement importants, les comportements des touristes évoluent dans le temps ; d'une fréquentation majoritairement estivale, l'attractivité actuelle de la montagne devenue essentiellement hivernale (Bourdeau, 2009). Les changements climatiques en corrélation avec les transformations socioculturelles et économiques peuvent avoir comme conséquence des attraits touristiques différents. Le climat se définit correctement par une relation étroite entre précipitation et température (Loubier, 2004). Ces éléments vont particulièrement nous intéresser, puisqu'ils sont également les facteurs principaux de la constitution du manteau neigeux. Les changements climatiques auront également des répercussions sur les paysages, notamment par la fonte des glaciers.

L'enneigement passé et actuel

Nous avo�s �o�t�� �o��e�t les �ha�ge�e�ts �li�ati�ues da�s les statio�s de spo�ts d’hive� tels �ue �o�st�uits pa� l'OCDE o�t �t� �e�t��s su� la p�o�l��ati�ue de l’enneigement. Dans le cadre d'une évaluation des effets des changements climatiques il nous faut questionner la mesure de l’e��eige�e�t. Celui-�i est le ��sultat de l’�t�oite �o��i�aiso� e�t�e la te�p��atu�e et les précipitations. Il nous faut dans un premie� te�ps �ous i�t��esse� à l’�volutio� des te�p��atu�es. « E� �o�e��e, su� l’e�se��le des postes ��t�o�ologi�ues �tudi�s �Alpes du No�d et Suisse�, le réchauffement des températures atteint +1,7°C depuis 1900, voire +2°C sur les hauts versants bien exposés. Depuis 19��, la hausse des te�p��atu�es est g����alis�e su� l’e�se��le de l’a���e �su�tout

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e� hive� et e� �t��. Depuis 19��, o� �el�ve �ue la fi� de l’hive� et le p�i�te�ps se t�aduise�t pa� u� plus fort réchauffement. Enfin, les températures minimales ont plus augmenté que les maximales durant la seconde moitié du siècle dernier. Depuis 25 ans, on constate que les maximales sont à leur tour en fortes hausses ». (Livre blanc du climat en Savoie, p20).

À partir de ce point il est intéressant de noter que la d�fi�itio� de l’hive� au se�s �li�atologi�ue �e �o��espo�d pas à l’��helle te�po�elle du tou�is�e (Cf. ta�leau n°7). Nous reviendrons sur ce point lo�s�ue �ous �ett�o�s e� ava�t les diff��e�tes p��iodes au sei� d’u�e saiso� d’hive� puis�ue les impacts sont différenciés.

Tableau n°7

Mise en regard de la saison climatologique par rapport à la saison touristique

Saison climatologique Saison touristique

Hiver Janvier, Février, Mars Décembre, Janvier, Février, Mars, Avril

Printemps Avril, Mai, juin Mai, Juin

Été Juillet, Août, Septembre Juillet, Août

Automne Octobre, Novembre, Décembre Septembre, Octobre, Novembre

Extrait n°18

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Des tendances à long terme sont visibles, l'augmentation en tendance linéaire des températures est bien marquée malgré les variations interannuelles (Cf. extrait n°18), ce qui a déjà des répercussions sur la constitution du manteau neigeux. Second élément rentrant en ligne de compte pour l'enneigement : les précipitations. Il est plus difficile de mettre en avant des tendances, cependant une baisse des précipitions est quand même perceptible.

Extrait n°19

Source Rapports et Études : Observatoire savoyard du Changement Climatique, note 28, hiver 2013-2014, p2

La température et les précipitations ont eu un effet direct sur l'enneigement. L'extrait n°19 où l'on voit clairement une diminution de l'enneigement, nous permet de voir les évolutions depuis 1959 concernant de la fiabilité de l'enneigement.

Extrait n° 20

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Le cumul de neige en tendance linéaire a donc diminué depuis les années 1960, mais on se rend également compte d'une diminution graduelle à partir au milieu des années 1980 (Cf. extrait n°20). La �uestio� �ui va se pose� d’u�e �a�i��e glo�ale et �o� plus si�ple�e�t de �a�i��e ph�si�ue ou climatique (puisque les données proviennent de Peisey-Nancroix à 1350 mètres), est de savoir si une saiso� e��eig�e fai�le�e�t da�s les a���es ���� (�o��e l’hive� ����-1984) avait les mêmes ��pe��ussio�s �u’u� fai�le e��eige�e�t da�s les a���es ����-2012. Autrement dit, la fiabilité de l’e��eige�e�t �e peut pas �t�e considérée pour elle-même, elle doit se comprendre dans sa relation avec la rentabilité économique de la station. Pour pallier à la diminution de l'enneigement les entreprises de remontées mécaniques ont mis au point des technologies de plus en plus performantes, notamment pour la production de neige de culture. Celle-ci nécessite cependant des températures négatives : « Les installations d'enneigement sont généralement programmées pour démarrer la production de neige lorsque la température humide est inférieure ou égale à -4°C » (Paccard, 2010, p154). Cependant, les réseaux de neige de culture, le profilage des pistes, le travail de damage pour assurer la rentabilité de la station sont de plus en plus importants et demandent de lourds investissements. Cette p�essio�, plus i�po�ta�te aujou�d’hui �ue da�s les a���es ��7�, �e�fo��e les logi�ues de �o��e�t�atio� des spo�ts d’hive�. Il e� est de ���e suiva�t la saiso� à laquelle nous abordons le sujet des changements climatiques. En effet, sensibiliser les professionnels du tourisme comme la population locale aux effets des changements climatiques une année de fort e��eige�e�t ou à la suite de deux saiso�s peu e��eig�es �’au�a pas les ���es ��pe��ussio�s. Ce g�aphi�ue est u� outil i�t��essa�t d’aide à la d��isio�, pour comprendre que malgré la variabilité i�te�a��uelle de l’e��eige�e�t u� ph��o���e de fo�d est visi�le, et �gale�e�t pou� �ett�e e� avant le fait que ce sont les pressions écono�i�ues exercées sur l’enneige�ent �ui lui conf�re sa

caractéristique de fiabilité ou non.

La fabrication de la neige de culture nécessite du froid mais aussi, de la ressource en eau. Nous allons nous pencher sur le bilan hydrique. Comment a-t-il évolué depuis les années 1960 ? Une station météo à Bourg-Saint-Maurice permet de suivre son évolution pour la vallée de la Tarentaise.

73 Extrait n°21

Source Rapports et Études : Observatoire savoyard du Changement Climatique, Bilan hydrique 2012/2013, note 25

La quantité des précipitations actuelles serait la même que pour les périodes climatiques 1961-1990 et 1987-2010 (Cf. extrait n°21), �e ph��o���e s’expli�ue�ait esse�tielle�e�t pa� le ���hauffe�e�t des printemps et des étés « qui a mécaniqueme�t fait �o�te� les valeu�s d’ET » (Observatoire savoyard du Changement Climatique, Bilan hydrique 2012/2013, note 25).

Le réchauffement des températures est surtout visible au printemps, ce qui va se répercuter sur le prolongement de la saison touristiques hivernale. Les graphiques n°3 ont vocation à montrer : 1- La corrélation entre enneigement et température.

2- De �ett�e e� ava�t l’i�pa�t des �ha�ge�e�ts �li�ati�ues su� l’e��eige�e�t, �ui est essentiellement visible pendant le printemps.

Cette donnée est fondamentale puisque, nous le verrons dans la deuxième partie de ce travail, de �o���euses aut�es �o�t�ai�tes vo�t ve�i� se g�effe� su� les statio�s de spo�ts d’hive� du�a�t les printemps.

74 Graphique n°3

L’enneigement (en cm) et la température moyenne (en °C) en Tarentaise suivant les périodes de la saison hivernale

Source : A. Bonnemains. Données : MDP 73/Météo France

Mois comptabilisés : Novembre à Avril

Mois comptabilisés :

Novembre décembre ^{Mois comptabilisés :}

Janvier-Février

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Il existe quelques essais de prospective concernant l'enneigement, formalisés par l'Observatoire savoyard du Changement Climatique.

Extrait n°22

Source Rapports et Études : Observatoire savoyard du Changement Climatique, dossier spécial enneigement des Alpes, note 22

Les stations de sports d'hiver de Tarentaise vont devoir faire face à une diminution de l'enneigement à moyen et long terme (Cf. extrait n°22), ce qui demandera le renforcement de la production de neige de culture afin de continuer à vendre la « garantie neige ». Ces projections vont dans le sens d'un renforcement du modèle, puisque les stations de haute altitude ne seraient pas touchées à court terme.

Les changements climatiques pourraient aussi avoir comme conséquence une redistribution des flux tou�isti�ues (Du�ois, Ce�o�, �����. Si les �o�ditio�s �li�ati�ues d’u�e ��gio� �ha�ge�t, ou si elle cette région est touchée par des événements extrêmes, celle-ci peut-être désertée par une clientèle �’� �et�ouva�t pas les ��it��es souhait�s. « À l’i��e�titude su� l’app���iatio� du �ha�ge�e�t

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�li�ati�ue et de �es �o�s��ue��es il faut d’ailleu�s e� ajoute� u� aut�e �o��e��a�t les atte�tes des touristes eux-mêmes en matière de cli�at. Si l’o� se situe da�s u�e pe�spe�tive de lo�g te��e, à l’��helle des te�ps histo�i�ue, o� sait �ue �es atte�tes o�t va�i� » (Du�ois, Ce�o�, ����, p4�. C’est u�e des pistes d’�tude de �o���eux �he��heu�s su� les lie�s e�t�e �ha�ge�e�ts �li�ati�ues et tourisme. C’est da�s les a���es ���� �ue �o��e��e�t à ��e�ge� les �tudes su� les lie�s e�t�e le tourisme et les changements climatiques. Les touristes auraient une « exigence climatique » (Dubois, Ceron, 2003), le climat est un facteur clef de la demande tou�isti�ue. L’i�agi�ai�e de la �o�tag�e, comme pour toutes les destinations, est en partie lié à des aspects climatiques et environnementaux, le pa�sage �ota��e�t. De plus, l’existe��e de l’i�di�e �li�ato-touristique met en évidence le lien entre tourisme et climat, « Ces t�avau� o�t pou� poi�t �o��u� d’i�t�g�e� les diff��e�ts pa�a��t�es climatiques et de définir les conditions propices au tourisme comme étant celles où la dépense ��e�g�ti�ue de l’i�dividu pou� �ai�te�i� l’��uili��e the��i�ue de so� �o�ps �este proche de celle nécessitée par le fonctionnement métabolique de base du corps » (Dubois, Ceron, 2003, p111). Les exige��es et p��f��e��es �li�ati�ues des tou�istes peuve�t d’ailleu�s �t�e �lass�es sous deux g�a�des rubriques :

1- L’ag���e�t : le soleil le �iel �leu et l’a�se��e de p���ipitatio�.

2- Le confort : confort thermique ; d�pe�se u�e �ua�tit� �i�i�ale d’��e�gie (Du�ois, Ceron, 2006). L'indice climato-touristique ne peut cependant pas être utilisé dans le cadre des changements climatiques puisqu'il est basé sur des données difficilement projetables. Il est cependant possible d'émettre l'hypothèse que si les conditions climatiques ne sont pas remplies, la satisfaction de la clientèle sera moindre.

De plus, les changements climatiques peuvent �gale�e�t tou�he� les voies d’a���s aux sites touristiques, ce qui demandera des investissements supplémentaires pour assurer la venue des tou�istes. Les �ha�ge�e�ts �li�ati�ues �is�ue�t �gale�e�t d'affe�te� l’h��e�ge�e�t, les statio�s de spo�ts d’hive� par la multiplication des événements extrêmes (Müller et Weber, 2007). Dans leur étude prospective sur la Suisse en 2050, sur le versant tourisme en montagne, Müller et Weber mettent en avant les conséquences lourdes des changements climatiques en montagne :

1- Diminution de la sécurité2 de l’e��eige�e�t. 2- Fonte des glaciers.

3- Augmentation des événements extrêmes. 4- Dégel du permafrost.

77 5- Modifications du paysage.

O� le �ad�e e�vi�o��e�e�tal est u� fa�teu� d��isif de l’att�a�tivit� tou�isti�ue. O� peut donc p��sage� �u’u�e �odifi�atio� du pa�sage pou��ait avoi� u� i�pa�t i�po�ta�t su� la de�a�de touristique. Mais ces impacts ne seront pas uniquement négatifs, puisque toujours selon ces auteurs, la forte hausse des températures peut permettre une croissance de la clientèle en montagne. Les �ha�ge�e�ts �li�ati�ues �’au�aie�t pas u�i�ue�e�t des effets d�sast�eux e� te��es d’att�a�tivit� touristique ; pour ces auteurs, les stations de ski de haute altitude pourraient devenir des « stations climatiques ». L'histoire du tourisme nous montre que de tels changements ont déjà existé (Bourdeau, 2009).

Nous souhaitons mettre en avant un dernier domaine où les changements climatique et le tourisme vont s'exercer une forte pression sur les territoires de montagne : la biodiversité.

Liens entre le domaine skiable et la biodiversité dans un contexte de changement climatique

Il nous faut regarder maintenant quels sont les autres effets des changements climatiques sur les stations de sports d'hiver. Nous allons nous attarder sur les liens entre domaine skiable et biodiversité dans un contexte de changements climatiques, à partir des travaux de M. Loubier en ���4. L’auteu� atti�e �ot�e atte�tio� su� le fait �ue les �ha�ge�e�ts �li�ati�ues a��e�tue�o�t la pression sur la biodiversité dans un contexte où les pressions humaines seront également de plus en plus fo�tes su� le �ilieu, �e �ui peut e�t�ai�e� des �o�flits e�t�e p�ote�tio� de l’e�vi�o��e�e�t et aménagements touristiques. Ce phénomène pourra être accentué par les changements climatiques puis�u’ils vo�t a��e�tue� les p�essio�s su� la �iodive�sit�. C’est do�� u�e sou��e de �o�flit pote�tiel entre développement économique et protection de la nature.

« Pour les espèces végétales, l'évolution des facteurs écologiques liés au climat introduit de fait un déplacement latitudinal en plaine et altitudinal en montagne de leur optimum harmonique » (Loubier, 2004, p37). Les changements climatiques ont un impact sur le milieu de montagne sous deux aspects :

1- L'environnement physique (cryosphère, hydrologie, etc.). 2- Le vivant (écophysiologie, migration, etc.).

Les changements climatiques vont accentuer la compétition inter-espèce, qui se déroule sur un temps long puisque la biodiversité met entre 30 et 50 ans à se régénérer (Loubier, 2004). Ce temps long de la biodiversité est en inadéquation avec le temps court de l'économie touristique, nous avons donc deux systèmes (biodiversité et touristique) qui doivent « cohabiter » mais avec des temporalités différentes. Les investissements nécessaires à l'adaptation à la demande touristique et

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aux aléas naturels des domaines skiables sur un temps court risquent d'augmenter la concurrence inter-espèce. À terme, selon le chercheur, des conflits d'intérêts entre protection de la nature et aménagement du territoire risquent d'émerger. « En Tarentaise, le changement s'exprime de façon fo�te au p�i�te�ps et e� �t� ��ui so�t des p��iodes st�at�gi�ues pou� la v�g�tatio� �o�tag�a�de� �…� Certaines de ces zones (importantes pour la biodiversité) sont situées dans l'enveloppe du domaine skiable. En superposant les pelouses à risque avec les infrastructures de ces domaines, nous pouvons mettre en évidence des conflits d'intérêts potentiels élevés » (Loubier, 2004, p230). De manière plus précise, la �iodive�sit� de �o�tag�e �is�ue d’�t�e de plus e� plus st�ess�e pa� les �ha�ge�e�ts climatiques, ceux-ci ayant comme conséquence une remontée de la végétation en altitude. Les entreprises de remontées mécaniques quant à elles retravaillent les pistes d’a���e e� a���e pour garder de la neige le plus longtemps possible au sol. Loubier voit un potentiel de conflit entre p�ote�tio� de �ette �iodive�sit� et t�avail de pistes pou� l’a���age�e�t tou�isti�ue.

La pression sur l'enneigement est bien à comprendre dans son rapport avec l'économie du tourisme hivernal, les changements climatiques en sont le révélateur. Comme nous l'avons dit, le tourisme comme modèle de développement est influencé par les évolutions climatiques accentuant une pression toujours plus forte sur l'enneigement. Cependant ce modèle de développement est lui-même en partie responsable des émissions de gaz à effet de serre.