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Création du modèle des stations de 3 ème génération et évolution de la stratégie touristique

II- a Les problèmes financiers et stagnations des départs aux sports d’hiver

Les années 1970 annoncent la fin des Trente Glorieuses, les deux chocs pétroliers de 1973-1979 vont �ale�ti� l’��o�o�ie �atio�ale et i�te��atio�ale. Cela va se t�adui�e, pou� l’o�jet qui nous occupe ici, par un ralentissement des ventes d’appa�te�e�ts en station ; o� �o��e �ous l’avo�s �o�t�é, la base financière des stations reposent sur la vente de résidences secondaires. Après avoir testé le modèle de 3ème g����atio� e� Ta�e�taise, les se�vi�es de l’État vo�t le d�veloppe� dans tous les massifs français. De nombreuses faillites financières vont s’e� suiv�e et les de��ie�s projets comme Val Thorens auront bien du mal à trouver des promoteurs intéressés. L’o� �la�� �o��e��e à �o�t�e� ses limites à partir de la fin des années 1970. Cependant de nombreuses communes, sous l’i�pulsio� du SEATM, se so�t e�dett�es pou� le d�veloppe�e�t des spo�ts d’hive� auprès de la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC), �ui a �t� l’u� des ���a��ie�s les plus i�po�ta�ts.

La difficulté de vendre les appartements en résidence secondaire va ralentir les projets d’a���age�e�t, sa�s pou� auta�t les stoppe�. Bie� au �o�t�ai�e, le marché va trouver un autre type de commercialisation, tel que les résidences de tourisme (Cf. chapitre 1), afin de continuer

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l’u��a�isation de la montagne, seule solution envisagée pour faire face aux problèmes financiers. Cela va se traduire par la poursuite des constructions, pour les stations qui en ont la possibilité. Ce modèle économique impose une fuite en avant dans les constructions neuves et dans les investissements nécessaires aux remontées mécaniques, ce qui va entraîner un endettement très fort de nombreuses communes.

De multiples exemples de faillites économiques illustrent parfaitement la problématique de la crise financière et immobilière. Pierre Schnebelen, après avoir été le promoteur de la station de Tignes dans les années 1960-1970, se lance alors dans la construction de Val Thorens, où il fera faillite en 1986. Cette station est un bon exemple de projets avortés : le glacier de Chavière qui devait être aménagé ne le sera pas, le nombre de lits sera réduit par rapport au projet initial. Cela n'empêchera pas le promoteur de vouloir se lancer dans un projet démesuré de domaine skiable en Maurienne, La Croix-du-Sud, qui sera directement avorté après sa faillite au vu du gigantisme du projet. R. Knafou met en avant les possibles difficultés financières dès 1979 alors que celles-ci prendront toute leur ampleur à la fin des années 1980, début des années 1990 (Knafou, 1988). Cependant, cela ne sonne pas la fin de l'urbanisation en montagne, c'est un ralentissement de la construction et non un arrêt de l’i��o�ilie� de loisi�s, d’où la diffi�ult� de savoi� si l’o� pa�le d'u�e ��ise ou d'u� palie�. La question est bien de comprendre comment le modèle s'est renouvelé : pour les stations de haute altitude, c'est par la création des résidences de tourisme que celui-ci a réussi à se maintenir, par la fuite e� ava�t ve�s de l’i��o�ilie� de loisi�s « haut de gamme ». La compréhension de ce renouvellement éclaire la situation présente, les résidences de tourisme connaissent des sorties de baux, c'est-à-dire la transformation de lits marchands en lits non marchands (lits froid), ce qui amplifie les problématiques actuelles des stations de spo�ts d’hive� �o��e��a�t la ���ovatio� de l’h��e�ge�e�t tou�isti�ue.

Les a���es ���� vo�t voi� les p�o�l��es s’a��e�tue� sous l’effet de la �o�jo��tu�e ��o�o�i�ue �o�diale, puis�u’u�e aut�e diffi�ult� va ve�i� s’ajouter à la vente des appartements : la stagnation des départs en vacances d’hive�, particulièrement à partir de 1984 (Wosniak, 2002). C’est da�s le rapport Lorit, Les diffi�ultés fi�a��i�res des �ommu�es statio�s de sports d’hiver de novembre 1993, commandé par le Ministère de l'Intérieur de l’�po�ue pou� l’I�spe�tio� G����ale de l’Administration, que cette problématique apparaît. Ce do�u�e�t �et e� �vide��e le su�e�dette�e�t d’u� �o���e important de communes : cinquante sont particulièrement exposées, résultant de la création de stations de spo�ts d’hive�. C’est la �ise e� ava�t des �o�s��ue��es fi�a��i��es de l’i�pla�tatio� des statio�s de spo�ts d’hive�. Les statio�s de haute altitude de Ta�e�taise �e so�t pas tou�h�es pa� le surendettement, néanmoins des questions financières se posent. La stagnation du taux de départ en vacances va les pousser à renforcer leur modèle, pa� la �e�he��he d’u�e nouvelle clientèle souvent

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internationale et issue de pays émergents et de nouveaux modes de commercialisation : les Tours Op��ateu�s. E� effet, l’hiver 1983-1984 qui connaît le taux le plus élevé des départs aux sports d’hive�, se�a suivi d’u�e stag�atio� de la de�a�de. Il �ous faut p���ise� i�i la diff��e��e e�t�e taux d�pa�t aux spo�ts d’hive� (�ui tou�he�a à so� �axi�u� ��% de la populatio� f�a�çaise), et le taux de départ en vacances, qui lui atteindra 64,6% en 2004 (INSEE, taux de départ en vacance).

Extrait n°43

Ext�ait �appo�t Lo�it su� la stag�atio� des d�pa�ts aux spo�ts d’hive�

Source Rapports et Études : Rapport Lorit, 1993, p15

La diminution puis la stagnation de la demande touristique vont avoir des répercussions importantes. Les d�pa�ts aux spo�ts d’hive�, après avoir atteint 10% de la population française vont se stabiliser à 8,5% (Rapport Lorit, 1993, p15), ce qui selon le rapport mentionné indique une diminution de 21% en cinq ans sur les longs séjours qui représentaient 7,9% des taux de départ en vacances (Rapport Lorit, 1993, p16). Cela nous permet de mettre en avant un autre aspect de la construction des stations uniquement tou���es ve�s l’off�e : aucune �tude de �a��h� �’avait �t� faite avant leur création. Les discours véhiculent à cette époque un taux de départ projeté allant jusqu'à 20% des Français aux spo�ts d’hive�. « Si le SEATM fonde sa politique d'aménagement de la montagne sur des données de l'INSEE estimant la croissance du nombre de skieurs, il ne lance en revanche aucune étude sur la définition des attentes de la nouvelle clientèle des stations » (Wosniak, 2002, p9). La demande touristique devient donc une préoccupatio�, sa�ha�t �ue sous l’i�pulsio� du SEATM de très nombreuses stations ont vu le jour, la concurrence devient de plus en plus importante. Dans un premier temps le développement des stations est motivé pa� l’off�e, avec la volonté de refléter la modernité, ce qui a eu pour conséquence de créer des stations touristiques de type « fordiste » (Hatt, 2011�. O�, la so�i�t� des a���es ���� �’est plus la ���e �ue �elle des a���es ����, les

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attentes des touristes ont changé. « Les années 1950/1970 voient la naissance de nombreuses stations qui connaissent leur apogée dans les années 1980. Ensuite viennent la récession, la crise, « le sentiment de rupture du marché », la concurrence accrue par un marché arrivé à maturité. L'une des causes avancées alors serait l'inadaptation des stations au marché. On étudie ainsi les attentes de la clientèle afin de faire évoluer l'offre proposée par les stations. Cependant, ces études de marché n'interrogent pas le cadre et le produit « tout ski », mais les à-côtés » (Wozniak, 2002, p9). Le principe d’u�e off�e ti��e pa� la de�a�de tou�isti�ue va do�� s’i�pose� peu à peu pou� deve�i� do�i�a�t à partir des années 2000. La concurrence nationale et internationale va accentuer cet effet. Celle-ci prend deux formes :

1- Une concurrence e�t�e les statio�s de spo�ts d’hive�.

2- Le tourisme représente un modèle de développement rapidement accessible, les taux de départ en vacances �e �esse�t d’aug�e�te�.

De �o���euses ��gio�s et pa�s vo�t do�� se la��e� da�s l’a��ueil de la �lie�t�le dans tous les se�teu�s tou�isti�ue (� �o�p�is pou� les spo�ts d’hive��, a�a�t pou� �o�s��ue��e d’aug�e�te� l’off�e touristique, rendant cette industrie extrêmement concurrentielle.

Ces difficultés financières des stations montrent que le modèle économique à l’o�igi�e de la construction de celles-ci pose problème (Cf. extrait n°44).

Extrait n°44

Ext�ait �appo�t Lo�it su� l’i�dust�ialisatio� de la �o�tag�e via les �e�o�t�es ���a�i�ues

Source Rapports et Études : Rapport Lorit, 1993, p17

C’est �ie� la �uestion du fonctionnement sur le taux de fréquentation qui est posé, les taux de remplissage des stations diminuant, le rembou�se�e�t des e�p�u�ts s’av��e �o�pli�u�. Il est

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cependant fondamental de noter que les stations étudiées, caractérisées par une altitude élevée, une vocation internationale pensée dès leur construction et un important domaine skiable, ne sont pas perçues �o��e �ta�t e� g�a�de diffi�ult� fi�a��i��e. C’est do�� la logi�ue de �o��e�t�atio� �ui va �o�ti�ue� à s’i�pose�, renforçant les stations de haute altitude et les logiques de groupe. À l’oppos�, de nombreuses petites stations de proximité et de basse altitude vont fermer.

Nous avons montré les changements dans la demande touristique, le modèle fordiste ne serait plus celui souhaité (Hatt, 2011).

Dans un même temps, un nouveau type de station naît dans les années 1990 : la station de 4ème

génération. Ce sont des stations de plus petite taille, avec une architecture néorégionale, qui serait plus en accord avec les nouvelles représentations sociétales. Néanmoins, le modèle urbanistique est le même, les seuils de rentabilité sont identiques à ceux des stations de 3ème génération. En témoigne la dernière station des 3 Vallées construite en 1990, La Tania, et une des stations de moyenne altitude de Tarentaise, Sainte-Foy-Tarentaise. Ces stations connaîtraient un développement moins �apide, issu d’u�e de�a�de de la populatio� lo�ale ���e si �e �’est pas toujou�s le �as (Vl�s, 2004). Ces statio�s se�aie�t �gale�e�t plus �espe�tueuses de l’e�vi�onnement, ce �ui est l’u� des aspe�ts importants de la contestation contre les stations de 3ème génération.

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