• Aucun résultat trouvé

CHAPITRE V : RECONCEPTION DE LA RELATION CLIENT/FOURNISSEUR

VI.3 Analyse des facteurs influant le délai fournisseur

VI.3.1 Pour un étage de production

VI.3.1.2 Les problèmes de qualité

Les problèmes de qualité se matérialisent par des défauts constatés sur les produits. Ils peuvent être dus à différentes causes : défaut de fabrication, défaut sur un composant provenant de chez un fournisseur externe, chute du produit,…

Afin d’appréhender les conséquences des problèmes de qualité sur le délai du fournisseur, revenons à notre cas d’étude. Dans les usines de mécanique, on classe communément les problèmes de qualité en trois catégories : Les rebuts, les retouches et les blocages de qualité. Nous allons analyser successivement l’impact de chaque type de problème sur le délai du fournisseur.

a) Les rebuts

Les rebuts sont des produits sur lesquels on a constaté un défaut de qualité non réparable (soit le défaut est irréversible, soit il entraîne un coût de retouche trop élevé).

Si l’on se trouve dans un mode de pilotage strictement à la commande, la conséquence du rebut d’un produit, est la relance en production d’un nouvel organe afin de remplacer le produit rebuté. Ainsi le produit commandé aura passé un temps d’écoulement qui est égal au temps d’écoulement nominal (temps process de la ligne) ajouté au temps additionnel lié au défaut qualité. Le délai additionnel correspond au temps de détection et de relance d’un nouvel ordre de fabrication plus le temps de parcours de la ligne par le produit relancé.

Le délai additionnel

D

adépend donc du temps de relance. Ce dernier peut présenter plusieurs cas de figures suivant les modes de fonctionnement en vigueur pour l’ordonnancement de la production :

- Si l’organisation en place a pour règle de relancer prioritairement un ordre de fabrication (OF) pour remplacer un produit rebuté, l’OF sera inséré en premier dans le film de fabrication et « doublera » les autres OF prévus dans le programme. Le délai supplémentaire subi par le produit rebuté sera approximativement égal à

D

n et son temps d’écoulement global sera égal à

D

n (il peut, en réalité, être inférieur à

D

n si le défaut est détecté avant la fin de la ligne).

- Si, en revanche, le traitement des ordres de fabrication pour produits rebutés n’est pas prioritaire, le délai attendu sera plus long puisqu’il faut rajouter le temps d’attente avant relance, ce qui est schématisé dans Figure VI-13 par une file d’attente où d’autres ordres de fabrication sont prioritaires. Ce cas peut se présenter par exemple pour les lignes produisant par lot, la relance d’un produit de type A doit se faire après avoir terminé le lot en cours du produit B. Faire un changement d’outil uniquement

pour lancer la pièce rebutée ne serait pas rentable dans le cas de temps de reconfiguration non négligeables. Ainsi le délai du fournisseur sera égal à

D

n

+D

t,

t

D

étant de délai passé dans la file d’attente.

En notant q le taux de rebut (égal à : 1/(nombre moyen de pièces entre deux rebuts)), les deux modes de fonctionnement sont schématisés par la Figure VI-12 et la Figure VI-13.

Figure VI-12 : Problème de rebut avec relance prioritaire

Figure VI-13 : Problème de rebut avec relance non prioritaire

Il est intéressant de noter que plusieurs facteurs peuvent contribuer au rallongement du délai additionnel causé par les rebuts :

- Le mode de relance des rebuts : d’après l’analyse précédente, la relance non prioritaire est moins avantageuse que la relance prioritaire ;

- La réactivité du temps de relance : Par exemple, si la ligne produit en 3 équipes, alors que le bureau de production qui gère le film de fabrication travaille en 2 équipes (équipe de nuit non travaillée), lorsqu’un rebut est détecté durant l’équipe de nuit, il faudra attendre l’ouverture du bureau de production le matin avant de pouvoir relancer un produit. C’est un délai additionnel non négligeable.

- Les contraintes de reconfiguration (tailles de lots).

b) Les retouches

Les produits retouchés sont les produits sur lesquels on a identifié un défaut de qualité

réparable. Il existe deux types de retouches : les retouches courtes et les retouches longues.

Les retouches courtes se font directement sur le poste de travail dans la ligne de production.

Cela consiste en général à refaire une opération qui ne se serait pas correctement déroulée la première fois et aurait généré le défaut. Le temps de retouche est dans ce cas faible (ne dépasse pas quelques minutes) et se limite en général à refaire l’opération ratée qui dure un temps de cycle. Les temps de cycle pour une ligne d’assemblage mécanique sont en général inférieurs à une minute.

q 1 - q Dn Dt q 1 - q Dn

On peut approximer le délai fournisseur par

D

n

+T

cy,

T

cyétant le temps opératoire de la machine, il représente le délai additionnel généré par une retouche courte. La Figure VI-14 illustre ce cas, q étant le taux de retouche.

Figure VI-14 : Problème de qualité – retouche courte.

Dans le cas des retouches longues, le produit est sorti du flux principal, à la fin de la ligne en général, pour subir une opération de retouche dans une zone dédiée. La retouche peut durer de quelques minutes à quelques heures en fonction de la nature du défaut et de l’organisation de la zone de retouche (fréquence de traitement des retouches, heures de travail, …).

En notant, q le taux de retouche longue, la Figure VI-15 représente le comportement du délai du fournisseur lorsqu’une retouche longue se produit. Le délai du fournisseur est égal à

D

n

+D

R, DRétant le temps additionnel de retouche.

Figure VI-15 : Problème de qualité – retouche longue.

c) Les blocages qualité

Lors de la détection d’un défaut de qualité jugé important et qui nécessite une expertise approfondie, le Service Qualité peut décider de bloquer le lot de produits concerné (voire arrêter la ligne de production si le problème est grave) durant le temps nécessaire à l’analyse du défaut.

Le délai additionnel (DA) se comporte de la manière suivante :

- Dans le cas du blocage d’un lot, le comportement est équivalent à une retouche longue ; à la différence que ce n’est pas un seul produit qui est concerné mais un lot de

N pièces. Le temps additionnel correspond au temps total d’expertise.

q 1 - q Tcy q 1 - q Dn DR

- Lorsque la mesure est prise de bloquer momentanément la machine, le comportement du système est similaire à celui d’une panne. La machine devient une ressource indisponible pendant le temps que dure l’expertise qualité. Ainsi, en plus du lot de pièces bloquées, les pièces arrivant devant la machine pendant qu’elle est arrêtée subissent aussi un retard.

Que le délai additionnel soit dû à une retouche, un rebut ou un blocage de qualité, il peut dans chaque cas être caractérisé par un taux d’occurrence et une distribution du temps additionnel, d’une manière similaire à ce que nous avons présenté pour les problèmes de pannes.

Leviers

En conclusion de cette partie, on voit que les problèmes de qualité ont un effet non négligeable sur le temps d’écoulement.

L’optimisation du délai fournisseur nécessite que soient mis en place des modes réactifs de gestion des problèmes de qualité. Pour les problèmes de rebuts, des leviers possibles sont : la mise en place de règles de relance prioritaire, des temps d’ouverture cohérents entre le service d’ordonnancement et l’atelier de production, la suppression des contraintes de reconfiguration (tailles de lots),… L’optimisation du délai du fournisseur passe aussi par des temps réactifs de retouche et d’expertise qualité.

Par ailleurs, une voie de progrès certaine est d’agir sur la source même du problème, en travaillant sur l’amélioration du niveau de qualité du système pour réduire le taux d’occurrence des problèmes de qualité.