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CHAPITRE III :LE PILOTAGE DES FLUX

III.3 Le pilotage des flux

Dans la hiérarchisation des niveaux de décision que nous avons présentée, le pilotage des flux concerne les décisions opérationnelles prises sur le court terme.

Définition 2. Le pilotage des flux consiste pour chaque entité qui traverse la chaîne logistique et à chaque étape à définir quand et en quelle quantité lancer l’activité [Dallery, 2000].

Nous entendons par entité l’ensemble des matières qui traversent une chaîne logistique, à savoir : matières premières, composants, encours, produits finis. Selon la nature du maillon de la chaîne logistique que traverse l’entité, l’activité concernée par la décision peut être une activité de fabrication, d’assemblage ou de transport (Figure III-2). La décision se matérialise le plus souvent par un ordre de lancement de l’activité (ex. ordre de fabrication, ordre de transport).

Horizon Décisions Conception (Investissements) Long terme Planification (Charge/Capacité) Moyen terme Pilotage de flux (Coordination) Court terme Ordonnancement Très court terme Niveau Stratégique Tactique Opérationnel

Figure III-2- Les décisions en pilotage des flux

III.3.2 Objectif

L’objectif du pilotage des flux est de gérer les flux de manière à garantir un niveau de service pour le client tout en minimisant les coûts.

Afin d’offrir un taux de service élevé, une solution serait de mettre en place des stocks importants, cependant le coût associé est aussi important. D’une manière symétrique, il serait aisé de réduire les coûts si on faisait moins attention au niveau de service offert au client.

La recherche d’un contrôle optimal en pilotage des flux est donc celle du meilleur compromis coûts / service.

Les coûts qui entrent en jeu dans le pilotage des flux peuvent être variés : coûts de fabrication, de transport, coûts de stockage, de rupture, coûts administratifs, etc.

Le niveau de service vis-à-vis du client se mesure par un taux de service qui représente généralement la proportion de demandes satisfaites dans un délai donné. Le gestionnaire prend en compte le niveau de service sous la forme d’une contrainte exprimée en fonction d’un taux de service objectif négocié :

Proportion de demandes satisfaites dans le délai > taux de service objectif

Nous utiliserons cette formulation de contrainte de niveau de service, dans nos travaux au chapitre VI. Ass 2 Ass 3 Ass 1 Fab Transp Décisions de fabrication Décisions d’assemblage Décisions de transport

III.3.3 Les types d’information sur la demande

Le pilotage des flux consiste à prendre des décisions en tenant compte des informations disponibles qui renseignent sur l’état du système. Ces informations peuvent être de diverses natures : l’information sur les niveaux de stocks et encours, les quantités de produit en cours d’approvisionnement depuis un fournisseur, l’information sur la demande,... Chacune des ces informations est connue avec plus ou moins de fiabilité. En particulier, l’information sur la demande joue un rôle clé. Nous allons nous y intéresser de près.

L’information dont on dispose sur la demande pour piloter les flux peut être de différentes natures :

- Les commandes fermes : ce sont des commandes définitives. Elles constituent une

information fiable tant sur les quantités que les dates de besoin. Elles représentent un engagement de la part des clients.

- Les prévisions sur la demande future, qui sont de deux types :

o les commandes prévisionnelles : ce sont des commandes transmises par le client mais qui comportent une incertitude sur la quantité et/ou la date des besoins. Elles fournissent une information anticipée plus ou moins fiable au fournisseur. Les commandes fermes viennent ensuite soit confirmer, soit ajuster les commandes prévisionnelles.

o les prévisions de la demande : ce sont des données provenant d’études prospectives de marketing ou obtenues à l’aide de méthodes quantitatives ou qualitatives de prévision.

- Pas d’information sur la demande future. Dans ce cas il n’y a pas d’information

disponible sur les demandes à venir. La seule information dont on dispose pour piloter les flux est le comportement de la demande passée.

Figure III-3- Visibilité sur la demande et incertitude

Les deux premiers types d’information, à savoir : les commandes fermes et les prévisions, constituent ce qu’on appelle une information anticipée sur la demande. Plus on

Temps Commandes

fermes Prévisions

Pas d’information avancée

Incertitude

Date du besoin

s’éloigne dans le temps de la date du besoin et plus l’incertitude sur la demande augmente.

III.3.4 Les contraintes et les aléas

Les décisions de pilotage de flux intègrent les contraintes physiques du système. Au niveau d’un étage de production, il peut s’agir de :

- Contraintes sur le process de fabrication (gamme de fabrication, temps process, les temps de reconfiguration pour passer d’un type de produit à un autre, …)

- Contraintes sur les capacités des ressources physiques (nombre de machines et leurs capacités) et des ressources humaines (nombre d’opérateurs).

Au niveau d’un étage de transport, les contraintes peuvent être des : - Contraintes sur les délais et fréquences de transport

- Contraintes sur les capacités des moyens (camions, …).

Par ailleurs, la chaîne logistique est soumise à différents types d’aléas qui perturbent les performances du système. Il s’agit par exemples des aléas de production (pannes des machines, problèmes de qualité, …) ou des aléas de transport (avances/retards de livraison).

Le pilotage des flux doit tenir compte des différents aléas en mettant en place des mécanismes pour sécuriser le système. Deux principaux leviers de sécurisation sont utilisés : les délais et les stocks. Nous aborderons ce point au paragraphe III.5.3.

III.3.5 Points de pilotage et décomposition en étages

Notons que les décisions de pilotage des flux ne sont pas prises systématiquement à chaque activité élémentaire d’une chaîne logistique. Elles sont prises à des points déterminés appelés points de pilotage. Ces derniers définissent une décomposition de la chaîne logistique en étages (ou mailles).

L’augmentation du nombre de points de décision accroît la finesse du contrôle mais en même temps elle augmente la complexité du pilotage. Il faut donc trouver le bon compromis et définir de manière judicieuse les points où décider du déclenchement des flux.

- en cohérence avec la décomposition physique du process de production ; - en amont d’activités à forte valeur ajoutée ;

- en amont d’activités impliquant une diversification des produits (différenciation physique) ou un partage de flux (différenciation géographique) ;

- en amont d’activités rendant les produits plus facilement périssables ou augmentant le risque d'obsolescence ;

- en amont de zones avec espaces de stockage physique limités.

Figure III-4- Les points de pilotage de flux

La mise en place d’un système de pilotage des flux consiste donc d’une part, à déterminer la localisation des points de contrôle du flux et, d’autre part, à choisir les règles de pilotage, c'est-à-dire les conditions de passage de l’entité à l’étape suivante. Ces règles sont définies dans le cadre d’approches et méthodes de pilotage, nous les présentons dans les sections suivantes.