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CHAPITRE III :LE PILOTAGE DES FLUX

III.4 Différentes approches du pilotage des flux

III.5.1 Les méthodes de pilotage par renouvellement de consommation

consommation ne se réalise. C’est le cas des méthodes de pilotage par les besoins futurs.

Ainsi, la définition des flux poussés et flux tirés diffère en fonction du repère qui est pris pour déclencher la production. Les flux peuvent être tirés par la demande, la consommation ou les prévisions. Pour notre part, lorsque nous parlerons de flux tirés, nous désignerons les flux tirés par la commande du client, soit le pilotage à la commande.

III.5 Les méthodes de pilotage des flux

Dans la section précédente, nous avons présenté les modes (ou approches) de contrôle de flux existantes. A chacun de ces modes correspondent plusieurs méthodes de pilotage telles que la gestion des stocks, la méthode MRP,… Nous présentons ici les principes de chaque méthode.

III.5.1 Les méthodes de pilotage par renouvellement de

consommation

Quand l’information sur la demande n’est pas connue à l’avance ou n’est pas assez précise pour être exploitable, le gestionnaire de flux réagit à la demande au fur et à mesure qu’elle se produit. C’est le pilotage par renouvellement de consommation, qui repose sur le principe de déclenchement de la production et des approvisionnements en se basant sur le comportement passé de la demande. On trouve deux principales méthodes dans ce mode et qui sont : la gestion de stock et le kanban.

III.5.1.1 La gestion de stock

Dans cette méthode, on s’intéresse à la gestion d’un stock alimenté par un système d’approvisionnement qui peut être composé d’un ensemble d’activités de production et de transport. A certains moments, des commandes sont passées pour réapprovisionner les stocks. L’intervalle de temps séparant le moment où une commande est passée et la réception des produits est en général appelé délai de réapprovisionnement (que nous

noterons L). Il correspond au délai engendré par le lancement de la commande, la fabrication des produits et le transport.

Figure III-7 : Principe de la gestion de stock

Pour décider quand et combien commander, il est nécessaire de connaître l’état du stock. Pour cela deux types de gestion existent :

- Le suivi continu : le suivi de l’état du stock se fait de manière continue et la décision de réapprovisionnement peut intervenir à tout instant.

- Le suivi périodique : le suivi de l’état n’est fait que de manière périodique et la décision de réapprovisionnement ne peut intervenir qu’à ces instants. Ce type de gestion est plus simple à mettre en œuvre que le premier mais il est moins réactif à l’évolution des stocks.

Les politiques de gestion de stock s’attèlent à répondre aux deux questions fondamentales : quand commander ? Combien commander ? Deux politiques de base existent :

- Système à point de commande : une quantité fixe Q est commandée chaque fois que la position du stock atteint un seuil minimum appelé point de commande (ou stock d’alerte) et noté r : c’est ce qu’on appelle dans la littérature la politique (r, Q). Ce mode se caractérise par une quantité de commande fixe et un intervalle de réapprovisionnement variable. L r L Q Q t Niveau de stock Stock net Position du stock

Figure III-8 : La politique (r, Q)

Système Demande

Stock Commande

Délai de Réapprovisionnement (L)

- Système à recomplètement périodique : toutes les T unités de temps, une quantité variable est commandée de manière à ramener la position du stock à une valeur donnée, appelée niveau de recomplètement ou encore stock nominal et noté S. Ce mode est appelé politique (T, S). Il se caractérise par une quantité variable et un intervalle de réapprovisionnement fixe. Niveau de stock L Q2 t T S L Q1 T Stock net Position du stock

Figure III-9 : La politique (T, S)

D’autres politiques existent en combinant des réponses différentes aux questions « Quand ? » et « Combien ? ». Se référer par exemple à [Baglin et al., 2001] pour une description de ces politiques.

Une politique de gestion de stock efficace est une politique qui assure un service objectif au client à un coût minimal. Il est donc important d’identifier les coûts d’une politique de gestion de stock. En général, on considère quatre types de coûts : le coût d’acquisition, de détention, de passation de commande et le coût de rupture.

La quantité économique est la quantité commandée qui minimise la somme des coûts des stocks. Elle résulte donc d’un compromis :

- Les coûts de détention augmentent avec la quantité, il faudrait pour les réduire, multiplier les petites commandes,

- Les coûts de passation de commande augmentent avec le nombre de commandes, il faudrait pour les réduire, ne passer que de grosses commandes.

III.5.1.2 La méthode kanban et ses extensions

Les approches japonaises développées depuis les années 1960 et reposant sur un mode de fonctionnement en Juste-à-Temps23 , ont donné naissance à un système de pilotage de flux appelé kanban. Cette méthode est également associée dans la littérature au concept

de flux tirés que nous avons évoqué au paragraphe III.4.2. Lire par exemple : [Ohno, 1989].

La méthode kanban repose sur la logique de base suivante : chaque étape de production ou d’approvisionnement n’est lancée que si une pièce a été consommée en aval de cet étage. Le système devient alors tiré par l’aval et s’apparente à un système de recomplètement de la consommation réelle des pièces.

a) Principe du kanban

La politique kanban associe à chaque ordre de fabrication ou approvisionnement une autorisation de production appelée kanban, traduction japonaise du mot étiquette. Les paramètres de contrôle de cette politique sont les nombres de cartes pour chaque étage i.

A l’état initial, le stock de l’étage i contient Ki pièces attachées à Ki kanbans. Lorsqu’une

demande se présente au dernier étage (étage 2, dans la Figure III-10), si une pièce avec une carte est présente dans le stock, la demande est satisfaite et la carte est détachée pour être transmise en amont. Cette carte propage la demande au point de contrôle précédent. A ce niveau, si une pièce est présente, sa carte est détachée. Elle est remplacée par la carte qui a transmis la demande et la pièce est lancée en fabrication dans le dernier étage. La carte détachée est quant à elle transmise en amont, propageant à son tour la demande. Ce mécanisme peut remonter ainsi toute la chaîne. Cependant, s’il arrive qu’une pièce ne soit pas disponible à un étage, aucune carte n’est transmise. Les cartes de l’étage en question s’accumulent et l’information qui déclenche la production est bloquée à ce niveau de la chaîne.

Cycles des cartes

Etage 1 Etage 2

K1 K2 Demande

Carte détachée Carte attachée

Stock de pièces avec cartes Accumulation de cartes

Accumulation de demandes non satisfaites Point de contrôle

Figure III-10 : Principe de la politique kanban

En comparaison avec la gestion de stock classique, la politique kanban permet une meilleure coordination entre les étages, n’autorisant la fabrication à chaque étage que si une pièce a été effectivement consommée en aval de cet étage. Une conséquence intéressante de ce mécanisme est que le nombre de pièces en encours de fabrication est

limité par le nombre de cartes de chaque étage. L’inconvénient de cette politique est qu’elle est moins réactive à la demande vu les lancements séquentiels de la production dans les différents étages.

Beaucoup de travaux traitant de la politique kanban ont été développés depuis son apparition. Une revue détaillée de la littérature est donnée par [Berkley, 1992].

b) La mise en œuvre de la méthode kanban

La méthode kanban ne peut être mise en œuvre qu’à un certain nombre de conditions. En premier lieu, la demande du produit doit être relativement régulière. Si la demande est erratique, le temps de réaction des boucles kanban ne permettra pas de satisfaire la demande sans délai. Il faut ensuite que le système de production puisse réagir rapidement puisque les stocks intermédiaires sont limités. Les temps de changements de série doivent être courts : une des conditions de réussite est donc d’associer des techniques SMED24 aux machines si les temps de reconfiguration le nécessitent. Il faut enfin organiser le système de remontée des informations : les étiquettes kanban doivent être transmises à l’étage amont dans un délai court afin de ne pas porter préjudice au temps de réactivité du système.

c) Extensions de la méthode

Certains travaux ont proposé des politiques qui sont des extensions de la méthode kanban : la politique kanban généralisé [Buzacott, 1989] et la politique kanban étendu [Dallery et Liberopoulos, 2000]. D’autres travaux ont aussi étudié des politiques hybrides de pilotage des flux qui combinent les politiques de gestion de stocks et les politiques basées sur le système kanban, lire [Liberoppoulos et Dallery, 2003].