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CHAPITRE V : RECONCEPTION DE LA RELATION CLIENT/FOURNISSEUR

VI.2 Le point de découplage

VI.2.3 Problème de localisation du point de découplage

Nous allons étudier deux questions qui sous-tendent la problématique du ¨PDD :

- Une première question d’ordre stratégique est de positionner le PDD dans la chaîne logistique. Où doit-on localiser le PDD ?

- Une seconde question d’ordre tactique : une fois déterminée la position du PDD dans la chaîne logistique, comment utiliser l’information sur la demande pour piloter les activités en aval du PDD ? En particulier, à quelles dates doit-on lancer les activités pilotées à la commande ?

Nous allons définir plus précisément ces deux questions. Nous ferons appel à des formulations de probabilités qui nous aideront à apporter quelque éclairage à la problématique.

VI.2.3.1 Question stratégique : localisation du PDD

Nous avons vu dans le chapitre III, que la performance du pilotage de flux se mesure par la capacité à garantir un niveau de service au client tout en minimisant le coût. Dans le problème de localisation du PDD, nous nous intéressons donc à la question suivante :

Où localiser le point de découplage de manière à garantir l’objectif de taux de service pour le client tout en minimisant les coûts ?

Figure VI-3 : Le point de découplage

Fabrication 1 Fabrication 2 Assemblage Fabrication 3

Transport

Pilotage à la commande

Point découplage = ?

Plus le fournisseur décale le PDD vers l’amont et moins il a de stocks ce qui réduit ses coûts. Cependant, son taux de service diminue. A l’inverse, plus il déplace le PDD vers l’aval et plus son taux de service est important mais son coût s’en trouve augmenté. La recherche d’un contrôle optimal du pilotage est celle du meilleur compromis coûts / service.

Le niveau de service vis-à-vis du client se mesure par un taux de service qui représente généralement la proportion de demandes satisfaites dans un délai donné. La contrainte de niveau de service est exprimée en fonction d’un taux de service objectif négocié :

Proportion moyenne de demandes satisfaites dans le délai > taux de service objectif

Prenons les annotations suivantes :

-

β

obj : le taux de service objectif. Il représente le pourcentage moyen de commandes livrées dans le délai client ;

-

D

C : le délai du client, il est supposé constant ;

- DF : le délai du fournisseur, c’est le délai que met le fournisseur pour satisfaire une commande. C’est une variable aléatoire ; soient dF sa fonction de distribution et F sa fonction de répartition.

Une commande est servie dans le délai, si DF <

D

C . La proportion moyenne de commandes servies dans le délai client est : p = Probabilité (DF <

D

C).

Donc, la contrainte de taux de service peut être formulée comme suit :

(D

F

D

C

)

obj

P < >β

Ainsi à un point donné de la chaîne logistique, la faisabilité de la production à la commande dépend de la question suivante : est-ce que la probabilité de livrer les commandes dans le délai client est supérieure au taux de service objectif ? Si la réponse est oui, cela signifie que l’on peut localiser le PDD à ce point. En effet, le fournisseur peut produire à la commande tout en garantissant le taux de service objectif. Nous venons ainsi de caractériser la faisabilité technique du positionnement du PDD à un endroit donné de la chaîne logistique.

En considérant un point de la chaîne, le délai fournisseur est la somme des délais des étages pilotés à la commande depuis ce point et jusqu’à la livraison chez le client. La Figure VI-4 illustre le problème de localisation du PDD. Dans cet exemple, lorsque l’on considère le dernier étage aval, on voit que le fournisseur a un délai DF (représenté par une fonction de

derniers étages (1 et 2), on voit que le délai fournisseur est plus long. Il y a un risque de dépassement du délai client. Pour que le PDD puisse être localisé à cet endroit de la chaîne, il faudrait que la probabilité de dépasser le délai client, qui est représentée par l’aire hachurée sous la courbe, soit inférieure à 1 -

β

obj . Si l’on considère maintenant les trois étages 1, 2 et 3, on voit que le délai fournisseur dépasse souvent le délai du client et piloter à la commande à partir de ce point résulterait en un mauvais taux de service. Le PDD ne peut donc être localisé à cet étage. Nous venons de décrire la logique qui nous permet de statuer explicitement sur la possibilité de localiser le PDD à un point.

Figure VI-4 : Le problème de localisation du PDD

En synthèse, le problème stratégique de localisation du point de découplage revient à déterminer le point de la chaîne logistique qui permet de piloter à la commande les étages en aval de ce point tout en vérifiant la contrainte de niveau de service :

P(D

F

<D

C

)>β

obj.

VI.2.3.2 Question tactique : la date de lancement

Une fois le point de découplage établi à un point, la question suivante qui se pose est de paramétrer le mode de pilotage à la commande, et notamment de définir les dates de lancement des activités.

Etage1 Etage2 Etage3 t t t Délai client DC Etage 1 Etage 1+2 Etage 1+2+3 Etage1 Etage2 Etage3 t t t Délai client DC Etage 1 Etage 1+2 Etage 1+2+3

d

1

d

1

+d

2

d

1

+d

2

+d

3 client

Considérons le PDD à un étage de la chaîne logistique, la question posée est : à quelle date

doit-on lancer l’activité à cet étage afin que la pièce soit livrée avec un coût minimum tout en garantissant le niveau de service objectif ?

Plus le fournisseur lance sa production tôt et plus il a de chance de respecter le délai client et donc il augmente son taux de service. Cependant, il augmente ses coûts de stockage par la même occasion. Afin de minimiser le coût, le fournisseur aura intérêt à lancer la production au plus tard, de manière à minimiser le délai de stockage des produits mais cela dégrade son taux de service. Ainsi pour optimiser sa performance, le fournisseur cherchera à lancer l’activité le plus tard possible sous contrôle du taux de service objectif à garantir.

Le fournisseur dispose d’un délai client

D

C. Afin de minimiser ses coûts de détention de stock, il ne va pas lancer la production dès réception de la commande, il va attendre un délai

L (délai de rétention) avant de déclencher l’activité de production au plus tard (Figure VI-5).

Figure VI-5 : La logique de production au plus tard

Le délai fournisseur est illustré par la Figure VI-6. L’aire hachurée sous la courbe est la probabilité que le délai total de mise à disposition (L+DF) soit supérieur au délai client. Le fournisseur va donc jouer sur L pour « déplacer » (latéralement) la courbe de telle sorte que (DC étant donné) cette aire soit égale à 1 - βobj. S’il augmente L alors le taux de service diminue; s’il baisse L, alors ses coûts de détention de stock augmentent.

Si DC étant donné, βobj augmente alors il devra déplacer la courbe vers la gauche, c'est-à-dire diminuer L et donc avancer la date de lancement.

Fab & transport

Cdes client

Dc L

DF

Fab & transport

Cdes client

Dc L

Figure VI-6 : La notion de date de lancement

Définir la valeur de L, permet d’établir la date de lancement. Le délai minimum nécessaire au fournisseur est celui qui lui permet de garantir tout juste le niveau de service :

) ( 1 min obj F F D =

β

E. VI-1

Le délai de rétention maximum Lmax est donc :

) ( 1 min max DC DF DC F obj L = − = −

β

E. VI-2

Donc, si T est la date de livraison au client. La date de lancement au plus tard est

min

F

D

T − ou encore

TD

C

+L

max, (

TD

C) étant la date de réception de la commande. Pour un objectif de service donné, nous venons de voir que les problèmes stratégique et tactique relèvent de deux paramètres principaux : le délai client et le délai du fournisseur. En particulier, l’augmentation du délai du client « tire » le PDD vers l’amont, l’accroissement du délai du fournisseur tire le PDD vers l’aval. Nous allons dans ce qui suit nous intéresser aux deux paramètres.