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CHAPITRE III :LE PILOTAGE DES FLUX

III.2 Généralités sur la chaîne logistique

Le concept de chaîne logistique (traduction de Supply chain21) est apparu dans les années 1990 et s’est vite popularisé. Il repose sur une vision étendue et non plus partielle de l’entreprise dans la recherche d’une optimisation globale. L’avènement de la chaîne logistique est intervenu avec le changement des exigences du marché et la mutation des relations entre entreprises :

- D’une part, les entreprises se recentrent sur leur savoir-faire stratégique et confient les activités jugées moins fondamentales à des entreprises spécialisées (processus d’externalisation). Cela conduit à un phénomène de sous-traitance en « chaîne » : les fournisseurs et sous-traitants font eux-mêmes appel à d’autres fournisseurs et sous-traitants (en déléguant une partie de leur production) devenant à leur tour donneurs d’ordres, etc. Tout produit est le résultat du travail d’un ensemble d’entreprises organisées en un réseau plus ou moins structuré et plus ou moins étendu.

- D’autre part et afin d’être compétitives, les entreprises ont trouvé nécessaire de travailler à optimiser, outre leur activité traditionnelle de production, d’autres éléments tels que les approvisionnements et la distribution. Il s’agit de disposer d’une structure globale dont l’objectif est de satisfaire le besoin du client au moindre coût.

Définition 1. Le dictionnaire APICS22 définit la chaîne logistique comme l’ensemble des processus depuis l’acquisition de la matière brute jusqu’à la consommation du produit final en passant par les fonctions internes ou externes de l’entreprise et qui permettent à la chaîne de valeur de fabriquer les produits et fournir les services aux clients.

La chaîne logistique peut être vue comme une succession de relations client/fournisseur. Cette chaîne est étendue car d’un côté, les fournisseurs ont presque toujours des fournisseurs, et de l’autre côté on peut aller loin également, car une entité a

21 Chaîne logistique est la traduction la plus usitée de « Supply Chain », expression qui ne peut être littéralement traduite en français. Le terme supply veut en anglais dire à la fois approvisionner et fournir. D’autres traductions approximatives sont utilisées pour parler de supply chain, ex. chaîne étendue d’approvisionnement ou logistique globale.

22 APICS dictionary : dictionnaire terminologique de référence sur l’industrie et les services. Il est édité par l’APICS qui est un organisme à but non lucratif fondé aux Etats-Unis en 1957 par des praticiens de la gestion de production. APICS signifie ”American Production and Inventory Control Society”. Cet acronyme a ensuite

souvent elle aussi un client [Eymery, 1997]. A l’inverse, il y a de petites chaînes logistiques, locales, entre les différents ateliers d’une même usine par exemple, ces ateliers pouvant chacun être client et fournisseur les uns des autres. Des petites chaînes sont contenues dans des grandes.

Le grand intérêt du concept est de faire prendre conscience à chaque entité qu’elle s’inscrit dans un flux plus global qui dépasse son strict périmètre. L’environnement de chaque entité est constitué de trois pôles : ses clients, les conditions de ses opérations internes et ses fournisseurs. Il s’agit d’un regard sur l’activité qui ne se contente pas d’apprécier les choses à l’intérieur du seul périmètre de l’entreprise mais qui prend également en compte les clients et les fournisseurs pour trouver des solutions plus optimales du point de vue de l’ensemble de la chaîne logistique : meilleurs coûts, flexibilité, délais, qualité de service. C’est la prise de conscience que les performances des différents acteurs d’une chaîne logistique sont interdépendantes.

Ainsi la gestion de la chaîne logistique (Supply Chain Management) s’envisage comme une démarche de management des processus d’une chaîne étendue qui met en exergue une coopération et/ou coordination entre les différents acteurs.

III.2.2 Différents types de flux

Les flux qui traversent les maillons client/fournisseur d’une chaîne logistique sont de trois types :

- Les flux physiques : Il s’agit des flux de matières (matières premières, composants,

encours, produits finis ou semi-finis) qui parcourent la chaîne logistique dans le sens amont/aval. Il existe également des flux physiques qui parcourent la chaîne dans le sens aval/amont, par exemple, les emballages vides, les retours de produit, …

- Les flux d’information : Le flux d’information contient l’ensemble des données et

décisions échangées entre les acteurs de la chaîne. C’est un flux bidirectionnel. Dans le sens aval/amont, il se compose au minimum des différentes commandes envoyées par chaque client à ses fournisseurs. Dans le sens inverse, le fournisseur peut informer ses clients sur les retards de livraison, les quantités maximales qui pourront être livrées,…

- Les flux financiers : Ils consistent en les paiements des clients aux fournisseurs. Ils

sont la contrepartie des flux physiques et traversent la chaîne de l’aval vers l’amont. Dans le cadre de nos travaux nous nous intéressons principalement aux problématiques liées aux flux physiques et flux d’information. Nous n’aborderons pas les

aspects de transfert de flux financiers entre les acteurs. Nous tiendrons compte « indirectement » des flux financiers en intégrant les coûts des politiques de pilotage des flux dans nos analyses.

III.2.3 Différents niveaux de décision

Les problématiques de gestion des flux dans une chaîne logistique sont de nature complexe. Différents facteurs contribuent à cette complexité : complexité et variété des produits, nombre élevé d’acteurs intervenant dans une chaîne logistique, grande variété des décisions à prendre, environnement incertain, …

Il semble ainsi difficile de traiter les problèmes de la logistique industrielle avec une formulation unique pour répondre simultanément aux différentes questions. Pour cette raison, les problèmes sont souvent décomposés en sous problèmes et les décisions sont traitées dans une approche hiérarchique.

Cette approche nécessite une cohérence des modèles utilisés dans les différents niveaux. En particulier, un modèle de niveau inférieur doit intégrer les contraintes résultantes des décisions prises au niveau supérieur.

Les décisions sont classiquement hiérarchisées en trois niveaux :

- Les décisions stratégiques : correspondent à des choix qui impactent la politique à

long terme de l’entreprise. Il s’agit des décisions de conception, de choix de portefeuille de produits ou d’activités, d’investissement dans une nouvelle installation de production, etc.

- Les décisions tactiques : correspondent à un ensemble de décisions à moyen terme.

Parmi les décisions tactiques, on classe par exemple, la planification de la production qui va programmer les volumes à produire sur plusieurs mois.

- Les décisions opérationnelles : sont l’ensemble des décisions prises sur le court terme

pour coordonner les flux. Exemples : organisation d’une tournée de livraison, gestion de la production d’un atelier, …

Une décomposition en quatre niveaux est adoptée dans [Dallery, 2000]. Elle découle de la précédente en classant les décisions opérationnelles dans deux niveaux distincts :

- Le pilotage des flux : Il correspond à l’horizon court terme. Il s’agit des décisions de

lancement de production, commande de réapprovisionnement, …

- L’ordonnancement : Il impacte souvent le très court terme. Par exemple, la gestion

dynamique de l’affectation des machines, la définition de l’ordre de passage des produits sur une chaîne d’assemblage, …

Figure III-1- Niveaux de décision hiérarchisés

L’approche est générale. Elle doit cependant être adaptée au contexte industriel, en ce qui concerne la durée des horizons temporels qui peuvent différer selon l’étendue de la chaîne logistique, de la nature des activités et des politiques mises en place. A titre d’exemple, le long terme peut correspondre à un horizon de trois ans et plus. Les choix tactiques peuvent s’étaler de six à trente six mois. Le niveau opérationnel correspond à des durées d’un jour à six mois, voire quelques heures pour le très court terme.

III.3 Le pilotage des flux