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2 4 Les géographes et le paysage urbain

2.5. Quelques principes pour guider l’expérimentation sur les paysages urbains

L’examen des liens que la géographie entretient avec le paysage et particulièrement le paysage urbain suggère quelques pistes pour un travail d’expérimentation. La faiblesse théorique, l’absence de concept ou de notion sont compensés par la richesse des échanges disciplinaires possibles et les dimensions « pédagogiques » originales offertes par la géographie. Cette situation impose néanmoins une double obligation, celle de la rigueur méthodologique, se traduisant par la description des situations physiques et institutionnelles de l’observateur, puis celle de l’exigence éthique de toute pratique informative et pédagogique. L’absence de déontologie, alors que la géographie est souvent en lien avec les pouvoirs et fut parfois impliquée dans des aventures nationalistes, colonialistes, identitaires200…, nécessite une

grande vigilance face aux implications sociales et culturelles des différents travaux, surtout lorsque ceux-ci concernent le domaine incertain du paysage.

Les repérages effectués dans les pages précédentes ne proposent pas une chronologie, mais un inventaire non exhaustif des ramifications, des orientations, faisant du paysage parfois un outil, parfois un objet. Pour certains l’approche vise la connaissance du paysage, pour d’autres il n’est qu’un outil dans une démarche. De plus, la définition proposée par A. Berque montre bien la grande relativité du paysage qui varie avec les sujets, individuels et collectifs, même si certains grands mythes comme celui d’un « habitat idéal dans la prairie » traversent les civilisations. Cette variabilité du paysage constitue sans doute un de ses traits essentiels, mais n’empêche pas de l’utiliser comme outil, « pour mieux connaître » comme le suggèrent G. Bertrands ou G. Di Méo. Dans la perspective du travail d’expérimentation à développer il est possible de tirer quelques propositions susceptibles d’aider à la construction d’une méthode.

200 Avant 1914, la Société de Géographie de Paris fut sollicitée pour réaliser des arbitrages frontaliers,

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2. 5. 1. Il n’y a pas de cadre théorique ou de structure de concepts pour questionner le paysage, mais une définition pertinente et officielle

Aucun ensemble de notions ou de concepts, aucun système fondé rationnellement, n’existe pour interroger le paysage, car celui-ci est toujours un fait unique, non reproductible, et plus ou moins stable car les matérialités et les représentations qui le constituent évoluent. Dans certains cas, le paysage peut changer sans aucune transformation matérielle, par la simple vie des représentations, des changements culturels et sociaux. Dans tous les cas, matérialité et représentations relèvent de temporalités parfois entrelacées, parfois décalées, parfois autonomes. Cette situation est encore plus marquée en milieu urbain où les aménagements, les constructions, les projets eux-mêmes sont porteurs d’intentions et de représentations culturelles. Il y aurait comme une surdétermination du caractère instable du paysage urbain. Aussi, la connaissance finie du paysage n’est pas concevable, elle reste inachevée et partielle. Mais ce caractère insaisissable201 ouvre, aussi, bien des possibilités. Aucune discipline ne peut

s’approprier le paysage ou prendre la parole en son nom. Personne ne peut revendiquer seul la connaissance du paysage commun, mais il reste un lieu sur lequel des disciplines peuvent se retrouver, disciplines scientifiques traditionnelles, disciplines des sciences humaines ou savoir- faire de la conception.

Les travaux de nature théorique ou épistémologique sur la géographie, particulièrement lorsque l’objet relève des questions urbaines, n’identifient pas de ruptures exprimant des avancées dans la connaissance. Ils s’inscrivent dans une histoire de la discipline, démontrant sa forte dépendance au contexte technique, économique et politique, et montrent que la géographie s’attache à répondre aux attentes de l’époque, ce qui lui procure non seulement une part de sa légitimité, mais aussi les moyens de faire vivre ses laboratoires. Assurer une opérationnalité, faire en sorte que la connaissance puisse bénéficier directement, ou non, aux habitants, est la mission du géographe, qu’il travaille pour l’aménagement ou l’urbanisme ou bien plus largement pour une meilleure connaissance du monde. Dans ce cadre, le paysage demeure une interface reconnue, un terrain partagé avec d’autres disciplines.

Pour les géographes, le paysage est parfois objet d’étude, souvent moyen d’accéder à la connaissance de structures ou de processus physiques ou culturels, parfois obstacle à franchir

201 Lors d’une de ses conférences à Nancy, il y a une vingtaine d’années, le professeur de droit G. Liet-Vaux

s’exprimait ainsi sur l’article R 111-21(A.N.) relatif aux paysages urbains et naturels : « c’est l’article le plus

184 et à contourner pour arriver à la connaissance202. Mais le paysage n’est jamais indifférent au

géographe qui, par le terrain, est dans le paysage sensible et s’efforce de trouver les points hauts physiques – ou intellectuels – lui permettant de prendre un recul. Il est à la fois dans le paysage et dans une dynamique de distanciation. Lors de l’observation morphologique ou sociale, par le regard ou l’écoute permise par l’enquête, il ne peut se départir d’une part d’affect, qu’il reconnaît et s’efforce de maitriser. Aucune discipline ne revendique aujourd’hui une capacité à produire un discours théorique cohérent sur le paysage, mais la géographie est sans doute la discipline qui a le plus réfléchi et expérimenté le terrain physique, matériel, support du paysage, et les paysagistes-concepteurs mobilisent souvent le savoir géographique acquis lors de leur formation pour analyser les sites et rendre compte de leur projet (Davodeau, 2016).

La définition « officielle »203 du paysage, confirmée par la loi de 2016, est un point de

départ pour engager le travail : « le paysage est à la fois ensemble d’éléments matériels et de

représentations ». Même le paysage géomorphologique est construit, les représentations à

l’œuvre sont celles des forces telluriques, des plaques terrestres, de l’érosion, de l’eau, du froid et du climat… Le géomorphologue n’est pas le géologue, qui s’appuie sur une démarche scientifique, car la forme visible est le fait de la rencontre et du croisement de processus différents qui demeurent, pour partie, fruit de hasard et d’accidents. Il y a toujours la question du pourquoi là ? Du pourquoi à ce moment ? Le paysage urbain, dans lequel les forces culturelles, économiques et sociales sont plus déterminantes que les conditions naturelles, est encore plus saturé de ruptures, d’effacement, de vides et d’intentions que le paysage naturel ou rural. Il conserve les traces des époques passées mais aussi des réinvestissements et des utopies partiellement abouties (Stébé, 2011) alors que des signes plus ou moins nombreux annoncent des processus non encore identifiés, voire des processus inconnus.

La dernière partie de la définition souligne que le caractère du paysage est « le résultat

des faits naturels ou humains et de leurs interrelations ». Ainsi la compréhension du caractère

est d’autant plus aisée que les diverses conditions dans lesquelles ce paysage est apparu sont connues et identifiées. Il faut alors articuler des connaissances produites par la géographie en connivence avec d’autres disciplines. Ces connaissances ne se cumulent pas simplement, il faut les mettre en situation de complémentarité. Le plus souvent elles s’acceptent et cohabitent, sans s’exercer au jeu pourtant légitime de la critique. À certaines époques, ces disciplines se

202 Le travail des paysagistes est souvent de réparer des lieux qui posent des difficultés, s’inscrivent dans des

conflits, combien d’arbres ont été plantés pour atténuer telle ou telle construction mal vécue par le voisinage. Un exemple nancéien des plus marquants est la plantation d’arbres pour masquer la façade de la nouvelle école d’architecture.

203 Comme montré dans la première partie de ce travail, cette définition aujourd’hui validée par le législateur

185 rapprochent ou s’éloignent. Ainsi les liens de la géographie avec l’histoire qui marquent le XIXème et pratiquement tout le XXème siècle, se distendent peu à peu alors que la géographie

renoue des liens avec les sciences du vivant, accompagnant la montée des préoccupations écosystémiques (Chevalier, 2012). Les études de monographies urbaines, qui permettent d’« accumuler » des connaissances, rendent compte de situations et suggèrent des évolutions prévisibles à encourager ou à freiner ; mais la durée de pertinence du travail dépend du contexte général de transformations des organismes urbains, de la conjoncture économique ou de la démographie. Jusqu’à la fin du XIXème siècle, tant que l’urbain reste inscrit dans ses limites et

sa région, le site, la situation et les fonctions laissent penser à des stabilités autorisant la méthode monographique. Par contre, le XXème siècle, particulièrement après 1960 dans notre pays, est

marqué par l’explosion de la démographie des villes et l’étalement urbain. La forte dépendance aux contextes culturels, économiques et géopolitiques semble rendre moins pertinent le recours à la monographie. Il faut souligner que l’époque des monographies triomphantes est celle de l’entre deux guerres mondiales, moment de grande stabilité des villes. L’approche des paysages urbains doit donc aujourd’hui s’ouvrir largement à des histoires brèves, à des évolutions de quartiers, même si parfois ils ont disparu204 car ils continuent à marquer un territoire. Certains

fragments de paysages urbains relèvent d’histoires urbaines longues, au sens ou l’entendrait F. Braudel, mais aussi de géographies qui échappent des sites et des réseaux urbains pour s’attacher aux micro-événements qui peuvent expliquer la localisation de tel quartier, sa densité, ses liens avec l’environnement …

Point 1

En l’absence de structure théorique, l’observateur, le chercheur doit être particulièrement attentif à indiquer sa situation tant physique (d’où observe-t-il ?), qu’institutionnelle (qui commandite le travail et dans quel cadre ? Universitaire ? Associatif ? Maitrise d’ouvrage publique ? Et si c’est le cas quelle collectivité ?).

Point 2 :

Dans l’approche paysagère toute description physique, morphologique ou formelle doit être accompagnée d’un ou de plusieurs systèmes de représentations qui lui sont liés : représentations de l’observateur, des habitants, des maitres d’ouvrages ou des maitres d’œuvre

204 La ZUP de Mont-Saint-Martin 1954, construite dans les années 1960 dans la plaine éloignée du vieux village,

fut l’œuvre d’André Wogenscky, chef d’agence de l’atelier de Le Corbusier pendant plus de vingt ans. Il fut entre autres le dessinateur du plan de reconstruction de Saint-Dié.

186 intervenant sur le lieu, de la presse, des visiteurs lors d’une visite organisée, des artistes, contemporains ou passé ….

Point 3 :

L’analyse des paysages urbains exige la connaissance et l’énoncé d’éléments de contextes relevant de domaines et d’époques dont des traces matérielles ou symboliques sont perceptibles sur le site. Ces éléments offrent des éclairages partiels et d’intensité variable sur le paysage mais facilitent la compréhension de son origine, des étapes de croissance voire de décroissance.

2. 5. 2. L’approche paysagère s’enrichit par la dimension pédagogique de la discipline

« …la notion de paysage souligne la difficulté de distinguer en géographie méthode scientifique et démarche pédagogique »

(Tissier, 1990, In Dylan, 2013).

Sans doute en raison de cette faiblesse théorique, le géographe se doit à une grande clarté dans la présentation de son travail, son propos acquiert en crédibilité dans sa capacité à être compris, partagé et négocié. Aucun raisonnement ne peut garantir à lui seul les faits géographiques ; la transparence de la démarche et son explicitation concourent à la pertinence du travail. Comme le souligne J.-L. Tissier, l’accompagnement pédagogique conforte la démarche scientifique, ce qui est particulièrement vrai en matière de paysage. Le géographe doit observer, mais les informations acquises doivent être transmises et pour cela être représentées et commentées selon le triptyque proposé par Ph. et G. Pinchemel: observer, représenter, commenter. Les trois moments sont trois étapes d’un processus de production de connaissances, mais ne s’inscrivent pas dans une simple chronologie ; le travail de représentation nécessite souvent d’observer plus finement, et le commentaire exige parfois le réajustement des représentations. J’observe et je me représente à partir de mon expérience et de ma connaissance ce qui n’est pas directement visible, mais qui pourrait être en accord avec ce que j’observe. Je commente car je dois rendre compte de ce que j’ai représenté, mon travail ne prend alors sens que dans un récit, dans un discours qui raconte la découverte. Cette obligation de restitution devient formatrice. La double dimension de la connaissance géographique, cognitive et intuitive, procure un savoir-faire proche du quotidien. Le paysage, monde sensible,

187 occupe une place essentielle articulant ces deux domaines, celui des connaissances mémorielles organisées, structurées, et le sensible, le ressenti.

Au XIXème siècle plusieurs directives conseillaient aux instituteurs de se livrer avec leurs

élèves à l’approche de l’espace quotidien, de la cour de récréation, du village, puis du canton, car la connaissance de la « petite patrie » fera aimer la France205. La défaite de 1870 justifie le

recours à la géographie de terrain. « Les terribles enseignements de la guerre de 1870 ont eu

pour résultat d’imprimer en France un élan magnifique à l’étude des sciences de la terre, géographie et topographie.Partout des sociétés, des corporations se sont créées pour propager ces connaissances, et organisent des excursions périodiques pendant lesquelles les sociétaires s’exercent à la lecture et à l’emploi du terrain. (…) Les écoles civiles ou militaires ont introduit dans leur programme cette matière nouvelle ; le Dépôt de la guerre s’est associé au mouvement ; il a beaucoup produit et répandu à profusion dans le public les éditions à bon marché de ses magnifiques cartes. » (Moëssard, 1886). L’enseignement hésite en permanence

entre domaine d’acquisition mémorielle et développement de capacités intuitives, acquises essentiellement par la promenade et les travaux appliqués. La géographie à l’école primaire est ainsi fortement liée au contexte militaire de l’époque, mais son enseignement est aussi l’occasion de développer les capacités, en particulier intuitives des élèves de l’école primaire.

Lorsque M. Sorre est directeur de l’enseignement du premier degré, il participe à la rédaction de la circulaire du 10 août 1937, signée par le ministre J. Zay. Cette circulaire organise les activités dirigées et : « fait de l’analyse paysagère une méthode didactique » (Dylan, 2013, p. 256). L’activité dirigée, basée sur la promenade et l’observation, est un loisir actif qui permet d’accéder à une connaissance du milieu, l’élève s’exerce à la géographie. Les programmes actuels de CM 1 et CM 2 comportent une approche sensible du milieu, le paysage urbain est utilisé pour aider à se situer mais aussi pour illustrer des notions de base. Les instructions officielles de l’éducation nationale pour 2002 sont décrites ainsi par A. Bouchut : « Au cours

élémentaire, l’étude de l’environnement immédiat est privilégiée, dans une démarche qui part de « l’ici » pour aller vers « l’ailleurs » permettant comparaisons, réflexions et peut-être généralisation. Les paysages (milieu naturel) et les activités des hommes (activité humaine, composantes économiques et sociales) sont les deux composantes de cette étude (…) »

(Bouchut, 2003, p. 47). Rendre compte des approches paysagères à toutes les échelles permet d’acquérir méthodes et connaissances, sous réserve d’être discutées et évaluées collectivement.

205 Dans les écoles maternelles, différentes activités permettent aux enfants de se situer dans le temps et l’espace

grâce à des récits d’itinéraires, la description d’objets permettant de se repérer et de construire une carte mentale de son environnement proche, alors que les chansons égrenant les jours de la semaine participent à cette prise en compte du temps.

188 La transmission des connaissances géographiques s’établit selon différentes modalités, l’exposé classique, conférence scolaire ou universitaire ; l’ouvrage, manuel, revues professionnelles ou grand public, à dominantes littéraire ou photographique ; mais aussi dans la visite, promenade ou excursion. Quel que soit le mode retenu, la restitution du paysage n’est pas sans poser problème car la réalité appréhendée n’est pas facilement transmissible. Aussi le recours à des pratiques artistiques est présent dans de nombreux ouvrages géographiques. La description littéraire ouvre à l’approche sensible, le croquis dit plus que le schéma, la photographie déborde souvent de l’objet étudié… Ces approches ouvrent des perspectives, incitent à poursuivre le questionnement. La qualité littéraire des travaux des géographes du siècle passé permettait de restituer les impressions et ainsi aux lecteurs de se construire une image, une représentation du lieu. Certains géographes ont su développer une intimité avec la ville et le récit littéraire restitue la ville et ses paysages, tel J. Gracq à Nantes, alors que M. Roncayolo a préféré accompagner son dernier récit d’aquarelles.

Le support photographique est un outil essentiel du géographe depuis J. Brunhes qui a participé à la création de l’Atlas photographique de la planète voulu par A. Kahn. Mais le travail photographique a plusieurs usages possibles, c’est une prise de note numérique, l’illustration d’un phénomène, ou un support pédagogique. Dans ce dernier cadre, un nombre important de clichés dans des situations différentes permet de faire prendre conscience d’un phénomène particulier. Le géographe paysagiste J. Brinckerhoff, organise ses cours à partir de clichés nombreux, sans qualité particulière ni recherche esthétique, et se contente de les commenter. Même si ce qui est photographié parait très banal, voitures omniprésentes, garages, routes et mobile-home…, ces documents informent sur les paysages réels de l’Amérique. Ces photographies permettent, par leur nombre, le repérage et l’énoncé de phénomènes. Cette utilisation quantitative de photographies exige le commentaire qui précise les lieux et les conditions de prise de vue, et les enseignements que le géographe en retire.

La présentation des paysages urbains peut mettre en œuvre différentes ressources. Elle peut utiliser les représentations graphiques qui, quel que soit leur degré de réalisme, rendent compte des représentations des maitres d’œuvre et des maitres d’ouvrages. Elles peuvent apporter des éléments de compréhension et sont parfois même indispensables. Les différents cadastres, plan masse, schéma d’implantation, croquis d’insertion, volet paysager des permis de construire sont donc des sources d’information sur les réalités matérielles, mais aussi sur les représentations et les projets sur la ville. Les photos anciennes permettent de mesurer des transformations et d’identifier les processus en cours. Le public les considère toujours avec attention, il y retrouve une confirmation de la pérennité de son environnement quotidien, mesure les transformations et, en dépit de quelques nostalgies, s’approprie un peu plus son

189 paysage quotidien. Les décisions prises au jour le jour pour gérer la ville donnent lieu à de riches archives, même si les décisions relatives aux paysages sont peu explicitées, et c’est sans doute dans la presse que s’expriment les ressentis du grand public. À côté de cette transmission littéraire, graphique ou photographique, le géographe produit parfois des représentations figurées, des schémas, des cartes, mais aussi des représentations plus figuratives. Le bloc diagramme donne une matérialité à ce qui n’est qu’un schéma explicatif et sa pertinence est d’autant plus forte que le relief est significatif, mais il ne présente guère d’utilité pour expliquer une croissance urbaine tellement celle-ci s’est affranchie du relief et des sites206.

Dans cette approche du rôle de la pédagogie, il faut souligner l’importance de l’investissement des géographes dans les formations des premiers urbanistes au début du XXème

siècle. Comme le souligne J.-P. Gaudin, les géographes sont très présents dans la formation des premiers urbanistes : « …plusieurs d’entre eux vont appuyer Marcel Poëte dans sa tentative de

développement de l’Institut d’histoire, de géographie, et d’économie urbaines de la ville de Paris207 » (Gaudin, 1985, p. 42). L’auteur cite en particulier E. de Martonne et L. Gallois.

L’histoire de l’urbanisme contemporain a semble-t-il eu tort de négliger les travaux menés au début du vingtième siècle. Ils sont d’une grande richesse et soucieux d’une qualité sensible disparue avec les lois de 1943208 par lesquelles les préoccupations urbaines furent pour

l’essentiel portées au niveau de l’État, au détriment des questions paysagères très dépendantes