La Bolivie s’étend au centre du continent sud‐américain, avec une forte inclinaison à l’ouest. Elle se trouve entre 9° 34’ et 22° 52’ de latitude S, et entre 57° 29’ et 69° 33’ de longitude O. Sa superficie est de 1 098 581 kilomètres carrés, avec une population d’environ 9,3 millions d’habitants. Le pays a des frontières communes avec le Brésil au nord et à l’est, l’Argentine au sud, le Pérou à l’ouest, le Paraguay au sud‐est, et le Chili au sud‐ouest. Il est constitué de dix départements répartis sur deux régions, l’une andine, l’autre orientale.
La Bolivie présente un indice de développement humain de 0,695. Plus de 23 % de la po‐ pulation de la Bolivie vit avec moins d’un dollar américain par jour et près de la moitié avec moins de deux dollars (PNUD, 2007). La population de la Bolivie comprend des eth‐ nies diverses, avec 66,2 % de la population d’origine indigène en 2001 (Cepal‐Celade, 2005), et le restant d’ascendance européenne ou métisse.
La Bolivie est un pays qui concentre une très grande biodiversité, car elle fait partie des 11 pays de la planète qui ont le plus grand nombre d’espèces de plantes et elle est le sixième pays d’Amérique du Sud qui compte plus de 14 000 espèces de plantes à graines. La flore de la région sud‐américaine est estimée à plus de 20 000 espèces. La faune la place parmi les dix premiers pays en nombre de vertébrés, avec environ 2 902 espèces, dont 398 es‐ pèces de mammifères et plus de 1 400 espèces d’oiseaux. Cette diversité biologique est possible grâce aux conditions environnementales qui combinent les facteurs d’altitude et de latitude (GEO Andino, 2003).
La zone andine occupe 40 % du territoire bolivien et les basses terres de l’Est le reste. Les grandes différences d’altitude expliquent les types de végétations très variés de la zone andine comparés à ceux des basses terres. La limite supérieure de la zone andine corres‐ pond pratiquement à la limite de croissance des forêts qui, dans les Andes, approchent 4 000 mètres au‐dessus du niveau de la mer, voire, dans des cas exceptionnels comme ce‐ lui de la forêt azonale de kewiña (Polylepis tarapacana) du Sajama, plus de 5 000 mètres (IUCN, 1993).
Altiplano, Bolivie
La cordillère des Andes est une chaîne montagneuse de 7 250 kilomètres de long et 240 kilomètres de large, parallèle à la côte du Pacifique. Elle possède les glaciers les plus hauts, qui sont à l’origine d’immenses bassins hydrographiques, comme ceux des fleuves Ama‐ zone et Orénoque. Ces territoires ont abrité des civilisations qui ont non seulement laissé un héritage culturel important mais ont aussi domestiqué des espèces végétales qui con‐ tribuent à l’alimentation mondiale, comme la pomme de terre et le maïs. D’après Montes de Oca (1982), et Ibisch et Merida (2003), la région andine de la Bolivie est divisée en quatre grandes zones physiographiques : ‒ la cordillère occidentale ou volcanique, caractérisée par la présence de nombreux volcans dont bon nombre sont éteints, et d’autres pour lesquels on ne peut affir‐ mer qu’ils sont réellement en activité, bien qu’ils émettent constamment des fu‐ merolles et du soufre. Cette cordillère présente différentes particularités ; par exemple le Nord héberge les volcans les plus hauts, comme le Sajama qui culmine à 6 542 m et abrite la plus haute forêt de Bolivie ;
‒ l’Altiplano ; avec une altitude moyenne de 3 700 m, il se situe entre la cordillère occidentale et la cordillère orientale. Sa superficie est de 130 000 km2, allant
d’Abra de la raya, au sud du Pérou, au volcan Llicancahur où commence la puna (zone d’altitude de la cordillère) d’Atacama au Chili. L’Altiplano se subdivise en deux zones assez différentes : l’Altiplano Nord qui se trouve entre les lacs Titicaca et Poopó, lesquels agissent comme thermorégulateurs, réduisant les extrêmes climatiques et concentrant l’humidité sur leurs pourtours, ce qui permet le déve‐ loppement de la végétation et de l’agriculture ; et l’Altiplano Sud, caractérisé par de grands marais salants et d’immenses pampas désertiques ; ‒ la cordillère orientale ; elle se situe en Bolivie à 14° 30’ de latitude S avec une di‐ rection NO‐SE (La Paz) et, à 18° de latitude S, elle prend la direction N‐S jusqu’à la frontière avec l’Argentine. Elle renferme les sommets les plus élevés de la cordil‐ lère des Andes boliviennes, comme le Illampu (7 010 m), et trois niveaux d’altitude : les bords de montagnes, caractérisés par la présence de nuages per‐ manents (de 3 500 à 2 500 m), la zone des Yungas, densément peuplée et cultivée (de 2 500 à 1 500 m) et le piedmont (de 1 500 à 1 000 m) ;
‒ la partie sous‐andine ; c’est une chaîne de montagnes parallèle aux Andes bien que de moindre altitude (de 500 à 2 000 m) (Mosetenes, Eslabon, Mataracu, Abapo et Aguarague, entre autres). Elle est caractérisée par son étroitesse, son pa‐ rallélisme et ses pentes escarpées. Cette chaîne se trouve entre la cordillère orien‐ tale et les plaines orientales, entourant des vallées larges ou étroites.
Les formes du paysage local déterminent les conditions de formation des sols. En Bolivie, il est très difficile de réaliser une description générale des sols du fait des grandes diffé‐ rences d’altitude et de climat qui existent dans le pays ; ainsi il n’est possible que de dé‐ crire les principaux sols, conformément à un système de classement général. Les ressources hydriques proviennent des cordillères occidentale et orientale, à partir des eaux de pluie et de dégel. Dans la région andine de la Bolivie se trouvent les bassins ama‐ zonien, Plata et endoréique. Le bassin de la Plata s’étend du centre au sud‐est de la Bolivie, jusqu’à la ville de Tarija et une partie des départements de Santa Cruz, Potosi et Oruro, que traversent les fleuves ou rivières Bermejo, Pilcomayo et Paraguay. Le bassin de l’Amazone est au nord. Le bassin endoréique de l’Altiplano se trouve à l’ouest du pays, et couvre les départements de La Paz, d’Oruro et de Potosi, soit 13,2 % du territoire national ; bassin
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sans écoulement, il forme une unité géographique en légère pente N‐S. Il renferme des lacs importants, comme le Titicaca, le Poopó et le Coipasa, ainsi que des salants comme ceux d’Uyuni et de Coipasa (Montes de Oca, 1982).
Dans les conditions normales, la Bolivie présente une diversité de climats dont les varia‐ tions spatiales dépendent de l’altitude, de la localisation entre les tropiques, de la pré‐ sence de montagnes élevées, de zones plates, de la circulation des vents alizés et du phé‐ nomène El Niño. Ces régions sont caractérisées par des périodes de sécheresse très pro‐ longées, des pluies irrégulières avec des moyennes assez basses, des températures an‐ nuelles de 11 à 12 °C, et de fortes variations entre le jour et la nuit.
Les parties les plus froides de Bolivie se trouvent dans la région des volcans de la cordillère occidentale ; l’Altiplano central fait partie des terres gelées, avec une température moyenne annuelle de +2 à ‐0,2 °C. Le pourtour du lac Titicaca bénéficie des apports ther‐ miques de cette grande masse d’eau et, malgré l’altitude, les températures y sont plus éle‐ vées (de 2,5 à 5,4 °C) que dans l’Altiplano du Sud. Des zones plus ou moins grandes avec des températures intermédiaires se trouvent dans les vallées interandines de Cochabam‐ ba, Sucre et Tarija. Dans le sud de la Bolivie, l’influence extratropicale se fait déjà sentir, surtout par la présence de gelées.
En Bolivie les précipitations varient du nord au sud, avec une pluviosité plus importante pendant toute l’année dans le Nord, alors que dans le Sud, les précipitations sont de plus en plus saisonnières. Tout cela se reflète sur la végétation qui présente des forêts pluviales et saisonnières (Yungas) au Nord, et des régions plus arides, voire semi‐désertiques au Sud. De par ses caractéristiques physiographiques et sa position dans une zone de confluence de multiples régions écologiques et biogéographiques, la Bolivie renferme une grande diversité biologique. Il existe de nombreux classements des systèmes écologiques de ses régions qui, avec le temps, ont eu recours à différents critères : biogéographiques et écologiques (Montes de Oca et Brockman, 1971 ; Unzueta, 1975), physionomiques et de la flore (Ellen‐ berg, 1981), et écologiques et phytosociologiques (Navarro et Maldonado, 2002).
Actuellement, les critères de classement des écosystèmes sont nombreux et imprécis. Néanmoins, Ibisch et Merida (2003) ont établi un classement des régions écologiques fa‐ cile à comprendre et avec une délimitation de l’état actuel de la végétation dans les com‐ munes et communautés locales, soit : l’écorégion de la pre‐puna, la haute cordillère et l’Altiplano, l’écorégion de la puna du Nord, l’écorégion de la puna du Sud, dont les subdivi‐ sions sont également connues.
HISTOIRE
D’après certaines études, la civilisation des Andes boliviennes remonterait à 21 000 ans. Les cultures précolombiennes ayant eu la plus forte influence ont été celles de Tiahuanaco qui s’est développée autour du lac Titicaca entre 600 et 1200 apr. J.‐C., et des Incas, fonda‐ teurs d’un vaste empire qui comprenait la plus grande partie du Pérou, la Bolivie, l’Équateur et le nord du Chili. Les ruines qu’ils ont laissées dans ces lieux comme dans d’autres révèlent les connaissances avancées de ces civilisations, tout au moins en ce qui concerne l’architecture, l’ingénierie et l’astronomie.
Altiplano, Bolivie
Une partie de l’opinion scientifique affirme que le peuple Aymara est l’un des plus anciens du continent et très certainement le plus ancien de Bolivie. Il a bâti un immense empire s’étendant sur plus de 25 degrés géographiques.
Postérieures à la conquête quechua des petites nations indépendantes, reliques de l’ancien Empire aymara dont la capitale aurait été Tiahuacano, les victoires des armées de Cuzco finirent par consolider le territoire actuel de la Bolivie, sous le nom de Collasuyo, la rattachant ainsi à l’Empire inca. La conquête espagnole du pays a commencé en 1531, sous le commandement de Francis‐ co Pizarro. Les conquistadores ont avancé rapidement pour prendre possession d’un terri‐ toire qui quelques années après s’est appelé Haut Pérou. En 1544, des gisements d’argent ont été découverts dans la région de Potosi. La richesse engendrée par cette découverte a soutenu l’économie espagnole (et les extravagances de ses monarques) pendant plus de deux siècles. Toutefois, les conditions de travail des mineurs étaient terrifiantes, causant la mort des esclaves indiens et africains après quelques années de labeur.
La lutte pour l’indépendance face à cette administration espagnole dépensière a eu lieu grâce à l’adjoint de Bolivar, Antonio José de Sucre, qui se distingua notamment à la bataille d’Ayacucho en 1824. La République de Bolivie a officiellement été déclarée l’année sui‐ vante, le 6 août 1825. Le territoire bolivien, avec une superficie de plus de deux millions de kilomètres carrés, avait toujours été convoité par ses voisins.
Historiquement, le développement le plus significatif a eu lieu avec la formation populiste du Mouvement nationaliste révolutionnaire (MNR). En 1951, le MNR, dirigé par Victor Paz Estensoro, a gagné les élections, mais son gouvernement est tombé à la suite d’un coup d’État qui a provoqué une rébellion populaire armée, connue sous le nom de Révolution d’avril 1952. L’armée a été mise en déroute et Paz Estensoro a pu reprendre le pouvoir. La classe gouvernante au sein de l’État a alors laissé le pouvoir à une classe moyenne de travailleurs. Les changements les plus importants ont été la réforme agraire (« la terre ap‐ partient à ceux qui la travaillent ») et le suffrage universel. Toutefois, malgré les aspects positifs, la révolution a été entachée par la corruption et les intérêts personnels.
En 1964, une junte militaire, avec à sa tête le général René Barrientos, a renversé le gou‐ vernement du MNR. De nombreux régimes militaires se sont alors succédé, jusqu’aux élec‐ tions de 1982, qui ont porté au pouvoir Hernán Siles Zuazo, leader du Mouvement de la gauche révolutionnaire (MIR). Trois ans plus tard, Paz Estensoro a succédé à Siles Zuazo. Son objectif principal a été de réduire les niveaux astronomiques d’inflation (atteignant jusqu’à 35 000 % par an) et de mettre en place des mesures d’austérité.
Afin de renforcer ses liens régionaux, la Bolivie a soutenu la création d’un marché commun sud‐américain. Au début des années 1990, sa réputation de pays producteur de cocaïne a compromis ses relations avec les États‐Unis. Des tensions bilatérales ont entraîné une grave récession, avec un chiffre record de chômage de 20 % en 1999. Même si l’inflation n’est plus que de 4 % par an environ, les épisodes passés d’instabilité économique du pays dissuadent encore les investisseurs étrangers. Le problème structurel principal de la Bolivie réside dans la fracture gigantesque de la société avec, d’un côté, une population immergée dans le monde entrepreneurial du XXe siècle et, de l’autre, une population qui survit grâce à l’agriculture et au commerce.
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De nos jours, le mouvement paysan, dirigé par le Mouvement vers le socialisme (MAS), cherche à réduire l’influence des multinationales qui, depuis 1994, ont racheté les entre‐ prises nationales (lors du gouvernement de Gonzalo Sánchez de Lozada), ce qui entraîne d’importantes luttes sociales. La crise mondiale affecte aussi le pays, notamment en raison de la dette externe et de la hausse des taux d’intérêt qui absorbent une bonne partie des ressources nationales, même si les citoyens ne sont pas tous concernés.
Du temps des Incas, la région des hautes terres, qui comprend l’Altiplano, renfermait de nombreuses espèces animales et végétales utilisées sans exagération. Pendant la colonie, la mise en place de nouveaux intérêts a entraîné une transformation brutale de la struc‐ ture agraire et donc de l’utilisation et de la gestion des ressources. Par exemple, l’énorme demande en bois et en laine causée par l’euphorie minière de cette époque a conduit à la destruction accélérée des forêts de la Quehuiña, près de Sajama (Muñoz Reyes, 1980). D’autre part, l’introduction de nouvelles espèces de bétail (bovins, ovins, caprins et équi‐ dés), au sein de systèmes de production non contrôlés, a déstabilisé le fragile équilibre naturel des prairies et a causé l’extinction de nombreuses espèces végétales.
Il faut ajouter que, dans ces zones et à des époques très anciennes, toute une série de plantes autochtones ont été domestiquées, comme la pomme de terre, le quinoa, l’ulluque, la cañahua, le tarwi (Lupinus mutabilis), l’oca du Pérou, qui sont aujourd’hui con‐ sommées dans de nombreuses régions du pays et du monde.