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4. La quatrième Assemblée mondiale du Conseil Œcuménique

4.1. La présentation de l’Assemblée

Du 3 au 19 juillet 1968 a eu lieu à Upsal (Suède), avec la participation de 700 délégués officiels représentant 233 Eglises chrétiennes, la 4ème Assemblée mondiale du Conseil Œcuménique des Eglises1. Le slogan qui a servi d’accroche à cette Assemblée fut le verset de l’Apocalypse :

Voici, je fait toutes choses nouvelles (Ap 21, 5). Les délégués se sont

penchés sur six thèmes particuliers traités dans six Sections : I –

L’Esprit-Saint et la catholicité ; II – Renouveau et mission ; III – Développement économique et social ; IV – Justice et paix ; V – Culte ;

VI – Vers de nouveaux styles de vie. Comme d’habitude, les comptes rendus des débats et les rapports de Sections ont été publiés dans un Rapport officiel2. Contrairement à l’Assemblée précédente – Nouvelle Delhi, en 1961, qui avait consacré beaucoup d’attention à la doctrine –, l’Assemblée d’Upsal a mis principalement l’accent sur la question de la coopération des Eglises dans divers domaines pratiques. Elle a également insisté sur le besoin de resserrer le lien entre la communauté chrétienne et la communauté humaine et la nécessité d’une plus large et plus profonde intégration des Eglises dans la vie des sociétés civiles. Ayant lieu en 1968 – une année qui a profondément marqué la culture occidentale moderne –, l’Assemblée d’Upsal s’est montrée particulièrement préoccupée par l’actualité mondiale3. Comme l’a dit Norman Goodall dans l’Editorial du Rapport officiel, c’est le monde qui

1

Sur le déroulement de l’Assemblée et ses événements marquants voir WENGER, A., Upsal, le défi du siècle aux Eglises, Paris, 1968.

2

GOODALL, N.,(ed.), The Upsala Report 1968 : Official Report of the Forth Assembly of the World Council of Churches, Geneva, WCC, 1968 (traduction française à laquelle nous nous référons : Rapport d’Upsal. Rapport officiel de la quatrième Assemblée du Conseil Œcuménique des Eglises, Upsal, 4-20 juillet 1968, Genève, COE, 1969. 3

Le Message de l’Assemblée en fait l’écho dès sa première phrase : Les espérances suscitées par les découvertes scientifiques, la contestation des révoltes étudiantes, l’émotion soulevée par des assassinats politiques, le vacarme des guerres : tels sont les faits marquants de l’année 1968 (Message de la quatrième Assemblée du Conseil Œcuménique des Eglises, introduction, dans GOODALL, N. Op. cit., 1).

a déterminé l’ordre du jour de la réunion1. Selon le Message des Eglises, les chrétiens voulaient se montrer solidaires des hommes de

toutes convictions, afin de combattre pour les droits de l’homme dans une communauté mondiale juste…, [de] travailler au désarmement et à l’établissement d’accords commerciaux équitables pour tous… et pour le développement2. Selon un participant, l’affirmation de la solidarité

des chrétiens avec l’humanité a été l’événement le plus important de cette Assemblée3. Cette insistance sur la relation entre l’Eglise et l’humanité, entre la communauté ecclésiale d’une part, et la communauté humaine d’autre part, devait désormais devenir une nouvelle perspective de la réflexion doctrinale sur l’unité au sein du Conseil dans les années qui ont suivirent Upsal4. L’Assemblée n’a publié aucune déclaration sur l’unité en se contentant de réaffirmer les conditions et les exigences de la communion ecclésiale établies par l’Assemblée de Nouvelle Delhi, et en recommandant son éventuelle réélaboration dans l’avenir à partir des commentaires des Eglises5. Seulement la Section I a entrepris un travail proprement doctrinal mais se limitant à un seul aspect de l’Eglise : sa catholicité. Appelée dans la phase préparatoire L’unité de l’Eglise dans un monde qui se rétrécit

sans cesse, cette Section est devenue par la suite L’Esprit-Saint et la catholicité. Elle a pris pour point de départ le texte La catholicité de l’Eglise, publié dans Avant-projets des documents de sections. Cette

étude initiale a été vivement critiquée lors de sa première présentation en plénum, tant par l’aile orthodoxe, que par l’aile protestante ; une nouvelle rédaction en a été demandée. Le texte a été profondément réélaboré à partir de remarques des délégués des Eglises, et avec prise en considération des propositions des observateurs catholiques6.

1

Upsal. Rapport, p. XIII. 2

Message, n°3, p. 2. 3

C’est l’opinion du pasteur J. Weller de l’Eglise congrégationaliste d’Angleterre (Upsal. Rapport, p. 19).

4

GASSMANN, G., « From Montreal 1963 to Santiago de Compostela 1993. Issues and Results of Faith and Order Work », in Crow, P. & Gassmann, G., Lausanne 1927 to Santiago de Compostela 1993. The Faith and Order World Conferences, and Issues and Results of the Working Period 1963-1993, Geneva, 1993, 15-16.

5

Rapport du Comité pour Foi & Constitution dans Upsal. Rapport, pp. 230-231. 6

Il convient d’ajouter ici que c’est à Upsal que des théologiens catholiques ont été officiellement accueillis, comme membres à part entière, dans la commission Foi & Constitution.

Cependant, par manque de temps, tous les amendements demandés n’ont pu être discutés, et la version finale – portant le même titre que le nom de la Section – a été jugée peu satisfaisante par la plupart des délégués1. En accord avec l’esprit général de l’Assemblée, le Rapport est marqué par la volonté de lier intimement le caractère catholique de l’Eglise avec le caractère universel de l’humanité. Des intervenants ont souligné qu’il y avait une interdépendance entre le caractère catholique de l’unique Eglise et le caractère universel de l’unique humanité, parce que l’Eglise vit insérée dans le monde, et que les membres de l’Eglise sont en même temps des membres de la société humaine ; l’universalité de l’Eglise correspondaant ainsi à l’universalité de l’humanité. Selon plusieurs participants, cela imposait à l’Eglise le devoir de se tourner toujours davantage vers le monde et à s’intéresser davantage des préoccupations actuelles des hommes2.