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7. La septième Assemblée mondiale du Conseil Œcuménique

7.7. Les commentaires théologiques de la Déclaration

7.7.1. Un commentaire anglican

Dans son commentaire, G.R. Evans, de la Communion anglicane, révèle des similarités entre la Déclaration et le Quadrilatéral de Lambeth2. Rédigé en 1888, ce dernier document, pour la première fois dans

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Les articles sont publiés dans GASSMANN, G., et RADANO, J.A. (eds), The Unity of the Church as Koinonia. Ecumenical perspectives on the 1991 Canberra Statement on Unity, Faith and Order Paper 163, Geneva, WCC (non daté).

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EVANS, G.R., « An Anglican Perspective », dans GASSMANN, G., et RADANO, J.A. (eds), The Unity…, 10-13.

l’histoire de l’œcuménisme, proposait une base doctrinale minimale pour la réunification des chrétiens. Selon le Quadrilatéral, l’unité de l’Eglise devait être construite sur les quatre éléments suivants : les Ecritures, la foi, la vie sacramentelle et le ministère. Ils sont tous repris dans la déclaration de Canberra mais dans une perspective théologique nouvelle qui est celle de l’ecclésiologie de la communion. Pendant de longues décennies, le mouvement œcuménique a été marqué par une bipolarité qui opposait l’unité visible ou structurelle, à l’unité invisible ou spirituelle. L’émergence de l’ecclésiologie de communion au sein du mouvement œcuménique se présente comme une chance pour le dépassement de ce vieux dilemme. Selon l’ecclésiologie de communion, en effet, l’unité ne peut être que visible et spirituelle à la fois ; un aspect ne peut jamais être séparé de l’autre mais les deux doivent être tenus ensembles, car ils sont complémentaires en tant que les deux dimensions d’une unique réalité.

Cette unité est d’abord l’unité dans la foi apostolique que la majorité des Eglises reconnaissent dans le Credo de Nicée–Constantinople. Le fait que la même foi soit confessée par des communautés qui vivent en séparation pose le problème réel de la signification ecclésiologique de ce Credo. La vie sacramentelle qui commence avec le baptême et s’accomplit dans l’eucharistie, est présentée dans la Déclaration comme une réalisation et une expression de la koinônia entre les chrétiens. Le commentateur anglican estime que le document aurait pu introduire une distinction entre l’unité baptismale que nous partageons déjà et l’unité eucharistique à laquelle nous aspirons encore sans la vivre pleinement entre nos Eglises. Il remarque que le document manque de clarté sur la question de l’unité sacramentelle et ses différents degrés possibles. En plus, dans la Déclaration, la recommandation de pratiquer l’hospitalité eucharistique s’accompagne d’une remarque selon laquelle, les

chrétiens qui n’observent pas ces rites partagent l’expérience spirituelle de la vie du Christ (n° 3.2). Selon le théologien anglican, deux

problèmes sont confondus dans ce paragraphe : celui de la communion spirituelle dans le Christ et celui de la communion sacramentelle qui se noue à travers des rites célébrée dans la foi par la communauté. G.R. Evans estime qu’il est nécessaire de maintenir la distinction entre l’unité fondée sur la foi et l’unité fondée sur les sacrements. La façon de parler de la Déclaration soulève le problème de la signification et de l’efficacité réelles des rites sacramentels. Selon notre commentateur, il est dommage qu’aucune référence à l’épiscopat ne soit incluse dans la

section qui parle du ministère. Le Quadrilatéral de Lambeth parlait de l’épiscopat historique et cette forme de ministère demeure en vigueur dans une grande partie des Eglises. Il est certain qu’elle devra trouver une place au sein de l’Eglise réconciliée car, pour beaucoup d’Eglises l’unité visible ne pas envisageable sans l’épiscopat. A la différence du

Quadrilatéral, la Déclaration parle de la mission commune comme étant

une expression de la koinônia de vie de l’Eglise réconciliée. Une note positive est que le texte lie tout engagement de l’Eglise dans le monde – qu’il s’agisse des missions proprement dites ou de l’engagement en faveur des causes humanitaires et de la préservation de la création – à la vie sacramentelle qui doit en être la source et l’accomplissement. Il est positif également que l’unité de l’Eglise soit considérée dans le texte de Canberra à la fois aux niveaux local et universel. Cependant, le problème qui reste toujours sans réponse univoque dans le mouvement œcuménique, est celui des conditions d’ecclésialité d’une communauté locale. Différents corps ecclésiaux – une congrégation, un diocèse, une communauté de chrétiens de type national ou ethnique, etc. – peuvent- ils se voir accorder l’appellation de communauté locale ? Si c’est non, quel peut être leur statut ecclésial ? La reconnaissance réciproque d’ecclésialité entre les communautés appartenant aux différentes traditions historiques est cruciale pour l’établissement des structures communes permettant aux Eglises d’agir et de prendre des décisions ensemble. Est aussi à saluer la distinction faite, dans la Déclaration, entre la légitime diversité qui édifie et enrichit la koinônia et celle, illégitime, qui la détruit. Il aurait pourtant été utile de lier plus directement la diversité avec la localité. En effet, c’est dans les communautés particulières que la même foi apostolique est vécue de manières variées. C’est bien également que le texte de Canberra parle des degrés de communion, car une communion imparfaite demeure une communion réelle. Cependant, l’auteur trouve inapproprié l’expression

pleine communion, car la communion que les Eglises recherchent dans

le mouvement œcuménique ne devrait avoir aucun adjectif.