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Portrait de la migration sud-asiatique récente au Québec 1 Caractéristiques sociodémographiques

Conclusion et ouverture

CHAPITRE 3 – APPROCHE MÉTHODOLOGIQUE ET MISE EN CONTEXTE ETHNOGRAPHIQUE

14 entrevues « ouvertes » autour des récits de vie, concentrées sur les expériences

3.2 La population sud-asiatique au Canada 1 Préambule : notes à propos de la désignation et de

3.2.3 Portrait de la migration sud-asiatique récente au Québec 1 Caractéristiques sociodémographiques

Comme nous l’avons vu ci-dessus, la migration sud-asiatique au fils des années s’intensifie au Québec et change selon le type d’immigration. Lors de l’Enquête nationale auprès des ménages (ENM) de 2011, 91 400 personnes se sont déclarées d’origine ethnique sud- asiatique, alors qu’au moment de l’ENM de 2006 ce chiffre correspondait à 76 990, soit une croissance de 19%, encore plus grande que celle identifiée entre les recensements de 2001 et 2006. Dans l’ENM de 2006, la grande majorité (83,5 %) des personnes de la communauté sud- asiatique âgées de 15 ans et plus sont nées à l’étranger et donc des immigrants de « première génération ». Les périodes d’installation sont en effet relativement récentes, ce qui correspond aux portraits historiques succinctement décrits ci-dessus par rapport au parcours migratoire de

41 En 1972, par exemple, l’Ouganda expulse tous ses ressortissants d’Asie du Sud et le Canada en

accueille 7000 en tant que réfugiés politiques (Buchignani, 2010).

42 Les données sont tirées des recensements de Statistiques Canada 2011 et 2016 ainsi que d'un

cette communauté au Canada et au Québec : un cinquième (19,8 %) des personnes immigrées d’origine sud-asiatique s’est établi au Québec avant 1986, 25,6 % durant la période 1986-1995, 33,7 % entre 1996 à 2005 et 21,0 % s’y sont installés entre 2006 à 2011.

La quasi-totalité (96,2%) des membres de cette communauté déclarait au recensement de 2011 appartenir à un groupe de minorités visibles et il existe une assez grande diversité confessionnelle. Ainsi, alors que l’hindouisme est la confession professée par un tiers (34,2 %) des membres de la communauté sud-asiatique, on compte également une proportion importante de musulmans (29,9 %) puis, dans des proportions un peu plus faibles, mais tout de même significatives, des catholiques (11,5 %) et sikhes (10 %). On compte encore, mais dans des proportions plus minimes, des bouddhistes, des juives, luthériennes, pentecôtistes, baptistes. La pluralité d’appartenances religieuses des Sud-Asiatiques au Québec révèle la diversité de cette population installée sur le territoire, ce qui diffère d’autres régions d’établissement au Canada où les groupes sont souvent plus homogènes. Par exemple, en

2001, 9 Sud-Asiatiques sur 10 vivant à Abbotsford (BC) sont des sikhs. D’après Tran, Kaddatz

et Allard (2005) ces données réfléchissent les premiers schémas d’établissement et l’existence de lieux de culte et de célébration mis en place. D’autre part, dans le cadre de l’ENM de 2011, seulement 6,1 % des Sud-Asiatiques au Québec déclarent n’avoir aucune appartenance religieuse.

Concernant les langues, le français est connu par environ la moitié de la population (52,3 %) tandis que l’anglais est connu par une plus grande proportion de la population sud-asiatique au Québec (87,3 %). Une minorité (5,4 %) déclare une connaissance unique du français tandis que 46,9 % déclarent savoir à la fois l’anglais et le français. D’autre part, un peu plus de la moitié (51,2 %) des personnes d’origine sud-asiatique parlent une autre langue que le français ou l’anglais le plus souvent à la maison et 29,0 % parlent le plus souvent l’anglais à la maison. Notons aussi que 7,2 % de personnes sud-asiatiques ne connaissent ni l’anglais ni le français et la proportion de femmes qui ne connaît aucune de ces deux langues est quasi deux fois plus importante que celles des hommes (9,2 % contre 5,1%). La faible connaissance linguistique de la langue officielle au Québec a des répercussions importantes sur les parcours d’intégration socioprofessionnelle et influence fortement l’expérience féminine dans la mesure où ces lacunes linguistiques sont susceptibles d’accroître l’isolement social des femmes, de compliquer leur insertion économique et d’accroitre diverses dépendances au réseau communautaire et familial au Québec (Fiore, 2010).

Les données relatives à la scolarité, l’emploi et les revenus sont révélatrices des conditions de vie et de l’intégration sociale de la communauté sud-asiatique au Québec dans son ensemble. Selon l’ENM (2011) la moitié (51,3 %) des personnes d’origine ethnique sud- asiatique âgées de 15 ans et plus n’a pas obtenu un diplôme d’études secondaires alors que le poids relatif que représentent les personnes détenant un grade universitaire est plus élevé au sein de cette communauté qu’il ne l’est dans l’ensemble de la population québécoise (23,8 % contre 18,6 %). Notons que ces contrastes en termes de niveaux d’études font écho aux données documentées au sein de cette recherche où nous avons pu rencontrer à la fois des femmes sans aucun diplôme scolaire et des femmes détentrices de diplômes de maitrises ou en cours d’obtention du degré de doctorat. Cette hétérogénéité dans les niveaux d’études fait également écho à la grande diversité socio-économique dans la communauté sud-asiatique au Québec (Fiore 2010). Alors qu’on peut identifier des personnes aux parcours migratoires réussis du point de vue de l’insertion socioprofessionnelle, il est toutefois important de souligner que cette population éprouve des taux d’activité (60,3 %) et d’emploi (51,9 %) inférieurs à ceux observés dans l’ensemble de la population québécoise (64,6 % et 59,9 % respectivement). Leur taux de chômage est également largement plus élevé (13,8 % contre 7,2 %). Cette situation plus précaire de la population sud-asiatique comparativement à l’ensemble de la population vivant au Québec en ce qui concerne l’employabilité peut contraster avec leur taux plus important de diplômes universitaires antérieurement cités. À cet égard, Fiore (2010) rappelle la difficulté des immigrants de faire reconnaitre leurs diplômes et leur expérience professionnelle. Les données relatives aux revenus complètent enfin le portrait socio- économique de la population sud-asiatique au Québec et contribuent à dévoiler leur situation défavorable comparativement à l’ensemble de la population québécoise. C’est ainsi ce que suggère fortement le revenu moyen des membres de cette communauté ($18 356 contre $36 352 dans l’ensemble de la population québécoise, ENM 2011). Ces revenus relativement faibles impactent donc l’ancrage géographique dans les quartiers montréalais plus modestes.

3.2.3.2 Ancrage géographique

Habitant très majoritairement la région de Montréal (94,9 % des personnes d’origine sud- asiatique vivant au Québec sont installés dans la Région Métropolitaine de Recensement (R.M.R.) de Montréal selon le recensement de 2016), les ressortissants du sous-continent indien ont la tendance à se concentrer dans certaines zones spécifiques. Les arrondissements montréalais qui regroupent le plus grand nombre de Québécois (ou migrants si ce sont tous

des migrants) d’origine sud-asiatique sont tout d’abord Villeray-Saint-Michel-Parc-Extension (23,4 % des personnes d’origine sud-asiatique vivant dans l’agglomération de Montréal), suivi de Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce (15,5 %), puis Pierrefonds-Roxboro (11,4 %) et Saint-Laurent (10,1 %). (ENM 2011, Statistiques Canada). De plus, on retrouve des concentrations de personnes d’origine sud-asiatique également dans le Grand-Montréal, par exemple à Dollar-des-Ormeaux ou encore Brossard.

Cette population est en majorité regroupée géographiquement, formant des communautés relativement isolées et ségréguées (Hou et Picot, 2004; Apparicio, Leloup et Rivest, 2006). Selon l’analyse de Fiore (2010), le faible revenu explique en partie leur concentration spatiale dans les quartiers plus modestes de Montréal, un autre facteur étant les difficultés d’accès au logement générées par des arrivées récentes et par le statut migratoire de demandeurs d’asile. En effet, Apparicio, Leloup et Rivet (2006) ont déjà caractérisé Parc-Extension comme un quartier d’accueil et d’installation des personnes originaires de l’Asie du Sud.

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