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Chapitre 1. Des terrains et entretiens de la thèse

1.1. C ONDUIRE UNE ENQUETE A P ARIS AUPRES DE MIGRANTS ORIGINAIRES DE LA

VALLEE DU

S

ENEGAL

Pour Stéphane Beaud et Florence Weber (2010), la situation d'enquête est une relation sociale artificielle inédite, qui oscille entre la bienséance et le remue-ménage de questions incessantes. C'est alors qu'il faut jouer sur des mécanismes de réciprocité pour se sortir d'un malaise sous-jacent aux rôles sociaux revêtus et inhérents aux situations d'enquête. Aussi, les deux enquêtes de terrain que j'ai mené, n'ont-elles pas été aisées à saisir et à circonscrire. Loin de l'idée d'une ethnologue propulsée au cœur du bocage mayennais (Favret-Saada, 1977) et donc loin de son milieu social habituel, j'ai mené mes deux enquêtes de terrain en bas de chez moi et/ou dans le « quartier d'à côté ». Pour cause, le lieu de la première enquête a été l'association « Autremonde », située dans le 20ème arrondissement de Paris, arrondissement limitrophe à mon arrondissement d’habitation, le 11ème arrondissement de Paris. Etant donné l’important nombre de Foyers de Travailleurs Migrants (FTM) à proximité de cette association, j’y ai vu l’opportunité d’une proximité avec mon objet d’étude qui a été nécessaire à la conduite de ma recherche. Quant à la deuxième enquête, elle a été menée à l'Union Locale (UL) du 19ème arrondissement de Paris de la Confédération Générale du Travail (CGT). Il m'a alors fallu identifier au fil des enquêtes les éléments qui supplantaient ma vie ordinaire, trouver les interférences dans mon quotidien, questionner également ma démarche scientifique pour savoir si je ne faisais pas au final une « ethnologie du proche » (Beaud et Weber, 2010 : 109).

Dans les lignes qui vont suivre, je vais m'attacher à décrire les deux enquêtes de terrain que j'ai mené et qui m'ont permis de rencontrer les personnes que j'ai interrogées plus tard en entretien. Je montrerai comment j'ai abordé la population ici étudiée, en soulignant les biais possibles et

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notamment en dégageant une rétrospective sur mon engagement associatif et militant. Je tiens, par ailleurs, à souligner que les deux enquêtes de terrain ne relèvent pas à proprement parler de l'observation participante, du fait que je ne participais pas au même titre que mes interlocuteurs à l’activité sociale en train de se faire, mais elles s'y approchent plus ou moins (Schwartz, 2011). Les ateliers de français de l’association « Autremonde »

C’est en mars 2011 que j’ai commencé mon activité de bénévole à l’association « Autremonde »48. Cette associationa pour principal activité la création de liens sociaux pour des publics qu’elles qualifient d’ « accueilli.e.s », soit des personnes définies en situation de précarité et de rupture de liens sociaux, des « apprenant.e.s », soit des populations migrantes ne maîtrisant pas ou partiellement la langue française à l’oral et à l’écrit. Aussi, trois pôles président-ils à l’établissement d’un lien social à destination de ces publics. Il y a le « pôle culturel », transversal aux deux autres pôles. Ce pôle propose des sorties culturelles et des ateliers d'activités diverses, comme du théâtre ou de la danse, à toutes les personnes fréquentant l’association. Il y a le « pôle de lutte contre la précarité » qui comprend trois missions différentes : l'accueil de jour à l'association, au Café dans la Mare (1), des accueils en camions qui sont postés en certains lieux stratégiques comme à la Gare de l'est (2), et des maraudes (3). Toutes ces missions visent à apporter boissons chaudes et défini comme tel par l’association, un brin de causette au public des « accueilli.e.s ». Enfin, le troisième « pôle insertion des migrant.e.s » est celui au sein duquel j'ai fait mon bénévolat qui m’a permis de réaliser ma première enquête de terrain. L’activité majeure de ce pôle est l’« alphabétisation » de publics migrants – appelés « apprenant.e.s » – au travers d'ateliers sociolinguistiques (ASL) requalifiés en ateliers de français49. Ces ateliers, durant de mon bénévolat, se sont déroulés dans cinq lieux différents et ont lieu pour la plupart dans de Foyers de Travailleurs Migrants (FTM)50. À cette activité centrale, s'est ajouté des activités connexes. Pour exemple, depuis mai 2011, le projet Français à Objectifs Spécifiques

48 « Autremonde » est une association de quartier, située dans le 20ème arrondissement de Paris et qui regroupe

environ 250 bénévoles, 7 salarié.e.s dont un.e délégué.é général.e, un conseil administratif de 11 administrateur/rices et un bureau. L'association est soutenue financièrement par l'État, les collectivités territoriales et différents partenaires tels que la fondation Orange, la fondation Picard, etc. Cette association a été créée en 1994 par de jeunes gens au retour d’un voyage au Rwanda.

49 À l'époque où j'étais bénévole à Autremonde, il y avait une réflexion au sein du pôle sur le devenir des ateliers et

la direction à leur donner. Ne pouvant plus correspondre totalement à la définition des ASL, car ceux-ci ont lieu le plus généralement en journée pour permettre des visites.

50 Il s’agit des FTM de Bellièvre, de Petite Pierre, de Masséna (Vincent Auriol), de Fontaine au roi, auxquels

s’ajoute un autre lieu, celui du Café dans la Mare même au siège de l’association. Tous les ateliers, tenus en FTM, ont lieu le soir sur deux créneaux horaires quand le nombre de bénévoles le permet : de 19 heures à 20 heures 30 et de 20 heures 30 à 22 heures. Quant aux ateliers de français qui ont lieu au Café dans la mare, ceux- ci ont le plus souvent lieu en journée à des horaires variables d'une année sur l'autre.

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(FOS), devenu le projet Français à Visée Professionnelle (FVP), a été mis en place51.

Observations et analyses : où situer les ateliers de français ?

L'enquête de terrain au sein de l'association « Autremonde » a duré de mars 2011 à Juin 2014, soit trois ans. Les ateliers de français sont, comme je l’ai dit plus tôt, majoritairement inscrits dans l'univers des « Travailleurs Migrants », puisque la plupart ont lieu dans une des salles communes des FTM. Trois niveaux de langue répartissent les « apprenant.e.s » en plusieurs groupes en trois niveaux : le niveau débutant, le niveau intermédiaire et le niveau avancé52. Les inscriptions à ces ateliers se font en septembre où les futur.e.s bénévoles accueillent les « apprenant.e.s » et leur font passer un test de langue orale et écrite, pour ceux et celles qui savent un peu écrire et lire. À partir de là, les bénévoles essayent au plus près d'homogénéiser le niveau linguistique des groupes53. Selon le nombre de bénévoles, il peut y avoir plusieurs ateliers pour un même niveau de langue. Conformément aux principes de l'association et en vue de prévenir des absences des bénévoles et d'alléger le rythme soutenu des ateliers, tous les ateliers de français sont animés en binôme. Les ateliers ont lieu durant toute l'année scolaire, à raison d'une heure et demie chaque semaine ; aucune période de vacances n'étant décrétée officiellement. Pour ce qui est de la préparation des ateliers, quelques formations sont dispensées au cours de l'année sur différentes thématiques comme par exemple celle de la gestion de l'hétérogénéité des niveaux de langue dans un même groupe de niveau. Toutefois pour le gros de l’organisation, il s’agit là de la responsabilité des binômes et les ateliers sont généralement abordés sous l'angle de thématiques. Par exemple, la thématique de La Poste sera traitée sur plusieurs séances durant lesquelles des éléments de vocabulaire, de grammaire et/ou de conjugaison seront abordés.

J'ai commencé mes premiers ateliers au Café dans la Mare. J'animais, en binôme, tous les mardis de 14 heures à 16 heures, un atelier de français. Le public, contrairement à celui que j'allais rencontrer par la suite, mêlait différents niveaux de langue française et était composé de

51 Ce projet propose à des personnes d'un niveau de langue « avancé » trois modules d'apprentissage du français

basés sur la description d'activités professionnelles dans les secteurs du bâtiment et des travaux publics, du nettoyage industriel et de la restauration. Ces trois modules forment des sessions allant de 5 à 6 semaines, à raison de deux heures de formation par semaine. À la fin des sessions, des certificats de formation sont délivrés mais qui n'ouvrent cependant pas la voie à l'accès l’emploi. Ils attestent plutôt d'une préparation au milieu professionnel et à l'exercice des conditions de travail par une bonne maîtrise de la langue française. C'est un projet auquel j'ai participé à la mise en place de sa phase pilote et à la première session.

52 Le niveau débutant correspond à une non-connaissance et maîtrise de la langue française, le niveau intermédiaire

à une certaine maîtrise orale de la langue française mais non nécessairement écrite, et le niveau avancé à une certaine maîtrise de la langue française à l'oral et à l'écrit.

53 L'homogénéisation des groupes de niveau de langue est difficile à appréhender dans la mesure où d'une part, les

bénévoles ne sont pas des formateur/rices en Français Langues Étrangères (FLE), et d'autre part, les niveaux de langue sont assez généralistes et ne peuvent alors tenir compte des différents parcours scolaires.

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femmes et d’hommes, originaires d'Afrique, d'Asie et du Proche-Orient, etc. Parallèlement, j'ai participé, cette même année, en 2011, à la mise en place du pilote du projet FOS et à quelques activités culturelles dont la sortie à la mer, qui a lieu tous les ans au mois de juin. À la fin de l'année, au mois de juillet (l'association étant organisée sur la base de l'année scolaire), j'ai souhaité rallier un autre lieu d'ateliers de français, un de ceux se tenant dans les FTM, afin de rencontrer la population que je souhaitais étudier pour ma thèse. En effet, si mon bénévolat au sein de l’association « Autremonde » m’a permis de conduire ma première enquête de terrain, il m’a aussi permis d’affiner mon objet de recherche et de déterminer avec plus de précisions la population d’étude. Je tenais cette idée, d’étudier des populations d’origine africaine, aussi parce que dans le cadre de mon dernier master en Sciences de l’Education, en « Coopération Internationale en Education et Formation », fait à l’Université Paris Descartes, j’avais eu l’occasion de faire un stage au Burkina Faso. Ce stage m’avait ouvert de nouvelles perspectives de recherche que je ne voulais pas refermer, particulièrement en et sur l’Afrique de l’Ouest francophone. Je voulais aussi, intimement, devenir, me sentir un peu plus chaque jour « africaine ». Il est certain que mon sujet de thèse, et par ailleurs mes précédents travaux de recherche faits à l’Université de Nanterre et de Paris Descartes, ne sont pas sans lien avec certaines problématiques « identitaires » qui me bousculent dans ma construction en tant que personne : en tant que femme, originaire d’Afrique de l’Ouest, etc. et dans les manières dont j’essaie de me situer en tant que sujet.

Habitant non loin du foyer de la Fontaine au roi, il m'a semblé opportun de me diriger vers ce lieu. A cette époque, le foyer de la Fontaine au roi était en réhabilitation pour devenir une résidence sociale54, les ateliers de français étaient donc donnés rue Houdin à la régie de quartier de Belleville, dans le 11ème arrondissement de Paris. Cela a été ma deuxième année de terrain (et de bénévolat). Rue Houdin, j'ai été face à un public d'apprenant.e.s composé exclusivement d’hommes, originaires pour la plupart d’Afrique subsaharienne, vivant majoritairement en FTM et d’un niveau de langue française, considéré par l’association, comme « intermédiaire ». À la rentrée de septembre 2012, j'ai continué les ateliers du foyer de la Fontaine au roi et toujours pour le niveau de langue « intermédiaire » (et ce fut mon choix), mais avec une fonction supplémentaire de référente55. Cette année-là, les ateliers ont eu lieu dans un local de

54 Depuis une circulaire de 1995 voulant fondre les différentes sortes de foyers, les foyers de travailleurs migrants

ont pour but de devenir des résidences sociales. Voir à ce sujet les travaux de Jacques Barou, 1996, « Du foyer pour migrants à la résidence sociale : utopie ou innovation ? », in Hommes et Migrations, n°1202, pp. 6-13 ; 2000, « Foyers d'hier, résidences sociales de demain », in Écarts d'identité, n°94, pp.17-20.

55 Depuis deux ans, les coordinatrices du pôle « Insertion des migrants » ont décidé de mettre en place des

référent.e.s pour chaque lieu de cours et pour chaque niveau. Il s'agit d'un.e bénévole qui se doit de faire le lien entre l'association et les bénévoles, de pourvoir aux éventuels problèmes organisationnels et d'être une force de proposition notamment en termes d'activités hors du cadre des ateliers. Ce choix d’être référente fut le mien. J’ai

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l'association Feu Vert56 , qui l’a loué à l’association Autremonde pour un loyer symbolique. Enfin, lors de ma dernière année, c’est-à-dire en 2013, j'ai continué les ateliers au local de l'association Feu Vert pour le foyer de la Fontaine au roi, au niveau de langue « avancé », tout en continuant à être référente du niveau. Cette fois-ci, en plus de l'Afrique subsaharienne surreprésentée, il y avait dans les ateliers du foyer des origines plus différentes (comme un homme polonais et des hommes d’Afrique du Nord) et il y avait aussi une femme d’origine subsaharienne. Il est difficile de faire des statistiques sur la diversité des origines et des sexes tant il y a un turn over des apprenant.e.s. Cette question est par ailleurs problématique pour l'association et les bénévoles car, si les inscriptions aux ateliers se font au mois de septembre, il reste que tout au long de l'année les bénévoles sont face à de nouveaux et nouvelles arrivant.e.s temporaires ou permanent.e.s, venu.e.s prendre des cours de français par l'intermédiaire d'un proche ou d'une autre association.

Dans leur ouvrage sur la méthode de l'enquête de terrain, Stéphane Beaud et Florence Weber mettent en garde quant aux descriptions (notamment des lieux), pour lesquelles il ne faut pas négliger la part des interactions sociales : « […] les lieux et les objets sont à la fois le cadre

et le produit des interactions sociales » (2010 : 148). Dans le contexte des ateliers de français, il

m'a été premièrement difficile de savoir où porter l'attention, savoir quoi décrire. C'est ainsi que je me suis décidée, durant ces trois années, à reporter dans des carnets toutes les actions et attitudes observées dans les ateliers, qu'elles soient celles d'apprenant.e.s ou de bénévoles. Je me suis ainsi bornée à décrire, au travers des observations faites, les présences des un.e.s et des autres (les départs tout comme les arrivées), les activités et thématiques proposées, les interactions des un.e.s avec les autres (apprenants et bénévoles confondus), etc.

Observons l'extrait suivant, tiré d’un carnet de terrain. En gras figurent les réflexions que j’estime m’être personnelle, car j’ai bien conscience que là est un exercice difficile lorsque l'on songe que toute description a forcément une part de subjectivité. La scène qui suit se déroule au local de l'association Feu Vert. Ce local est composé de trois salles dont une arrière-salle, une salle d'ordinateurs et une salle de « cours ». Les bénévoles d'Autremonde ont accès à toutes les salles. Lorsque l'on rentre dans la salle de « cours », qui donne sur la rue par une porte vitrée floutée, il y a à côté une grande baie vitrée aussi floutée, sur la gauche un grand tableau blanc, en face duquel il y a des chaises et des tables, tantôt formant un « U », tantôt alignées les unes

voulu m’investir davantage dans cette association, personnellement. Nous verrons plus loin que cela n’a pas été sans effet sur la conduite de mon terrain.

56 Il s'agit d'une association (fondation) créée en 1957 par Robert Steindecker et reconnue d'utilité publique en

1977, qui a pour mission d'aider des jeunes et des familles en difficultés économiques, sociales et d'insertion professionnelle.

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derrières les autres, en rangs. Dans cette salle, il n'y a aucun bureau et les bénévoles restent debout, s'asseyent sur un coin de table ou retournent des chaises de manière à faire face aux personnes venues à l'atelier.

Atelier du jeudi 30 mai 2013 : 20 heures 30 - 22 heures

Présents : Djbril, Diane, Mamadou, Gary, Siriman, Diadié, Souanding, Kanouté, Diaye et Bakary (qui est un nouvel apprenant du niveau débutant, une connaissance de Diaye)

Je suis arrivée en avance. Djibril est arrivé ensuite. Nous avons brièvement discuté ensemble. En entrant dans le local, nous avons croisé Abou [un apprenant qui circule de niveaux en niveaux] : nous étions tous contents de nous voir, cela faisait longtemps.

Quelques temps après, Kanouté est arrivé. Mamadou est ensuite arrivé. Je lui ai dit : « Ah t'as changé de sac ? » Il avait un sac noir ce soir à la place de son éternel sac LIDL. Diane a ri. Mamadou n'a pas compris ou voulu relever et s'est dirigé vers les toilettes, je dirai comme à son habitude.

Diadié est venu lui aussi : Migrapass [un projet de l’association pour convertir les compétences acquises au cours de la migration en compétences professionnelles. Il s’agit d’un partenariat européen] est fini et il peut à nouveau venir aux ateliers. Il n'est pas allé au concert [de soutien aux sans-papiers] avec nous parce que pour lui Migrapass (si ce n'est pas Migrafos maintenant) était plus important. Il a eu un certificat. « C'est bon ? », m’a-t-il demandé. Je ne sais pas, je pense que ce certificat ne vaut rien mais qu'il peut encourager certain.e dans leur recherche d'emploi. Je l'ai pressé de s'asseoir. Il m'a alors rétorqué qu'il fallait que j'attende qu'il s'installe, le temps d'enlever son manteau. [...]

Michelle [mon binôme] appelle souvent Gary, Gali (je crois qu'elle a du mal à prononcer son prénom). Cela m'a fait rire une fois de plus et à Djibril de dire que : « Ouais, c'est une fille ». […]

Sur l'exercice à faire à deux que Michelle avait préparé, Diane en binôme avec Mamadou, lui a demandé pourquoi il n’avait pas compris, puis elle a ajouté qu'elle allait le taper et a ri. [...] A un moment Mamadou a voulu écrire « marchons » et a regardé le tableau. Diane lui a dit que ce n'était pas écrit au tableau. Mamadou a fait une drôle de tête, l'air de dire « Tu dis n'importe quoi ! ». [...] A la fin du cours, Diaye m'a demandé mon aide pour lui faire un autre CV. Je lui ai dit de m'appeler jeudi.

Cet extrait permet de se rendre compte de la manière dont j'ai tenu mes carnets de terrain : tantôt sur le ton d'une description qui essaie d'être la plus objective possible, tantôt plus subjectivement, sur le ton de l'amusement, de l'énervement, de la condescendance, etc. En somme, j'y ai décrit, pas à pas, mon expérience de terrain et de bénévole. Relevons que l'indication du nombre de présents permet de souligner les appels faits57, au-delà des présences discontinues. Dans l'extrait, nous pouvons lire, par ailleurs, quelques véhémences de Djibril du fait que Diaye ne vienne pas régulièrement aux ateliers. Cela dit, et cela temporise les quelques tensions, si, tous les apprenants n'ont pas le même rythme de fréquentation aux ateliers, il y a néanmoins une certaine joie d’y venir. Je soulignerai ici que cela participe du lien social que bénévoles et apprenant.e.s tentent de créer au travers des ateliers de français mais aussi des sorties et soirées proposées. L'atelier faisant suite à un autre, nous avions l'habitude de nous

57 Et la place que chacun occupe dans l'espace. Les apprenant.e.s gardaient bien souvent la même place et se

plaçaient à côté de leurs ami.e.s ou loin de ceux ou celles avec qui ils n'avaient aucune affinité, de sorte que parfois cette configuration les empêchait de voir convenablement le tableau) et de noter la moyenne des apprenant.e.s par atelier (une dizaine en moyenne).

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saluer tous chaque fois. En outre, si ces liens sont aussi permis c'est parce que bon nombre de personnes se connaissent : elles vivent dans le même foyer, viennent du même village ou se rendent aux ateliers par affinité.

Ainsi, concernant les motivations de la population étudiée58 à venir aux ateliers, il est apparu au fil des ateliers qu’elle venait d’abord pour apprendre le français, ne maîtrisant pas bien

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