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Considérations méta-juridiques sur les créations de la parfumerie

Section 3. Odeur et perception

23. Les molécules odorantes constituent la base chimique des parfums que nous percevons55. Les trois quarts de l’air inspiré n’atteignent cependant

45 Breesé,Contrefaçon,op. cit., p. 2.

46 Barbet et al., op. cit., p. 27.

47 Barbet et al., op. cit., p. 26.

48 Roudnitska,op. cit., p. 41.

49 Laszlo / Rivière,op. cit., p. 33.

50 Barbet et al., op. cit., p. 29.

51 Roudnitska,op. cit., p. 42, 43.

52 Roudnitska,op. cit., p. 42, 43.

53 Barbet et al.,op. cit., p. 28 et 32, estiment les matières premières théoriquement à disposi-tion à 3500 ; Breesé,Contrefaçon,op. cit., p. 2, articule le chiffre d’environ 3000 composants différents.

54 Jellinek,op. cit., p. 84, 85.

55 Laszlo / Rivière,op. cit., p. 11 et s.

jamais la cible olfactive, située au sommet des fosses nasales56. Une fois cap-tées par une alvéole réceptrice, les molécules odorantes sont dissoutes dans le mucus qui recouvre la muqueuse olfactive contenue dans les fosses nasales.

Elles parviennent aux cils olfactifs par diffusion57. Les cils olfactifs font partie du pôle périphérique (dentrite) de la cellule réceptrice de l’odorat qui est un neurone58. La perception de l’odeur est déclenchée par la fixation de la molé-cule de parfum sur une protéine réceptrice de l’un des cils, lesdites protéines étant placées dans la membrane des cils59.

24. Le message olfactif parvient au bulbe olfactif, à l’entrée du cerveau, par les millions d’axones dont est composé le nerf olfactif60. La captation d’odeur nécessite la mobilisation d’au moins la moitié des cellules nerveu-ses olfactives, car individuellement elles sont incapables de reconnaître une odeur61. Une personne ne sera capable d’identifier que trois ou quatre odeurs dans une composition, ce qui constitue une limite excessivement basse par rapport aux centaines d’éléments que peut contenir une fragrance62.

25. Le décodage de l’odeur se fait dans une partie du cerveau appelée bulbe olfactif63. Contrairement à la vue et à l’ouïe, les nerfs de l’odorat sont directement reliés à la partie du cerveau qui contrôle l’émotion, et non pas à celle où se forme la raison64. Selon une théorie dite « des trois cerveaux », les comportements innés de l’individu proviendraient du cerveau reptilien, tan-dis que le langage et la logique se développeraient dans le néo-cortex. Quant à l’olfaction, elle se situerait dans le cerveau limbique, siège des émotions et de la mémoire65.

26. L’émotion est provoquée par le souvenir : « Il n’y a pas de parfum sans mémoire.66» La mémoire liée à l’odorat, contrairement à celle des autres sens, grave l’information à vie67. La perception du parfum, capté par notre sens olfactif, n’est ainsi possible que par notre cerveau. Toutefois, contrairement aux autres sens, l’olfaction ne fait pas appel à la conscience, de sorte qu’il est possible de percevoir un parfum sans s’en rendre compte68.

56 Barbet et al., op. cit., p. 108.

57 Laszlo / Rivière,op. cit., p. 14.

58 Comité Français du Parfum,Parfum l’expo, p. 31.

59 Comité Français du Parfum,Parfum l’expo, p. 31.

60 Comité Français du Parfum,Parfum l’expo, p. 32.

61 Barbet et al., op. cit., p. 109.

62 Barbet et al., op. cit., p. 113.

63 Barbet et al., op. cit., p. 109.

64 Jellinek,op. cit., p. 18 ; de Barry / Turonnet / Vindry,op. cit., p. 96.

65 Barbet et al., op. cit., p. 129, 130.

66 de Barry / Turonnet / Vindry,op. cit., p. 90.

67 de Barry / Turonnet / Vindry,op. cit., p. 90 ; Barbet et al., op. cit., p. 129.

68 Barbet et al., op. cit., p. 135.

Section 3 – Odeur et perception

Chapitre 1 – Considérations méta-juridiques sur les créations de la parfumerie

27. Pour un créateur-parfumeur tel que Jean-Paul Guerlain : « C’est la forme la plus intense du souvenir.69» Notre cerveau analyse les parfums en fonction d’une palette préalablement enregistrée et répertoriée dans notre mémoire70. Ce constat fait dire à Roudnitska, un des plus grands parmi les compositeurs de parfums de notre temps71:

« Dans la composition des parfums, comme dans leur appréciation, ce n’est pas la sensibilité, la finesse de l’odorat qui compte le plus mais, comme dans tous les arts, l’activité cérébrale qu’entraîne la sensation. S’y ajoutera tout le contexte d’expérience, de connaissances esthétiques, d’éducation du goût, de sens artistique, que seuls le travail et la volonté peuvent apporter. Le mot

‹ nez › est bien pauvre pour enfermer tout cela.72»

28. S’il est vrai que l’anosmie est une forme d’insensibilité au parfum apparemment courante chez l’homme73, on ne saurait en déduire que le talent du créateur-parfumeur provient de son seul nez. Avec divers degrés d’inten-sité, il semblerait que nous sentons tous la même chose74. Si le compositeur de parfums doit certes avoir des qualités particulières, ses plus grands atouts sont son jugement et sa mémoire. L’apprentissage est dès lors un élément es-sentiel de l’olfaction chez un individu75. Par ailleurs, l’échec d’identification est souvent causé par une perte de mémoire76.

29. Un morceau de musique composé de notes déterminées ne sera pas perçu de la même manière selon la personne qui l’écoute. Il en est de même d’un parfum susceptible d’éveiller des sensations différentes en fonction des individus. Pour parvenir à une forme olfactive capable de toucher notre es-prit, un véritable travail intellectuel est nécessaire. Le créateur-parfumeur tend à nous faire revivre, par l’odorat, des émotions vécues. Une fragrance peut tout simplement paraître agréable, mais si elle crée l’émotion, elle de-viendra un véritable parfum perçu par sa forme olfactive.

69 Guerlain, Jean-Paul, propos recueillis par Simonnet, Dominique, « Un parfum c’est toujours une histoire d’amour », L’Express du 31 octobre 2002, sur Internet (dernière visite 28.10.2005) [www.

lexpress.fr], p. 2.

70 Barbet et al., op. cit., p. 61, relèvent que grâce aux réponses provoquées par le stimulus olfactif des fibres nerveuses, les neurologistes sont capables de réaliser une image topographique de l’odeur.

71 Barille / Laroze,op. cit., p. 37.

72 Roudnitska,op. cit., p. 18.

73 Laszlo / Rivière,op. cit., p. 16, 115 ; Barbet et al., op. cit., p.111, font remarquer que les cas sont assez rares par rapport à l’ouïe et à la vue.

74 Barbet et al., op. cit., p. 67, 262, 263 : « […] il semble exagéré de prétendre qu’une même odeur puisse être perçue de façon radicalement différente par deux personnes. […] Il semble toutefois que la principale difficulté provienne de l’absence de référentiel et de vocabulaire permettant aux sujets ‹ naïfs › (par opposition aux experts, selon la terminologie employée en analyse sen-sorielle), de décrire leur perception d’une fragrance. »

75 Barbet et al., op. cit., p. 123.

76 Barbet et al., op. cit., p. 126.