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LA NOUVELLE POLITIQUE DE LOGEMENT CHILIENNE : L’AMÉLIORATION DE LA QUALITÉ ET L’INTÉGRATION SOCIALE

EXEMPLES DE LA FRANCE ET LES ÉTATS-UNIS ET CONDITIONS DE GENÈSE AU CHILI

2. LA NOUVELLE POLITIQUE DE LOGEMENT CHILIENNE : L’AMÉLIORATION DE LA QUALITÉ ET L’INTÉGRATION SOCIALE

L’analyse qui précède sur les modèles français et états-unien d’action publique, se présente comme un cadre d’analyse intéressant pour examiner le cas chilien : le processus politique et économique chilien au cours de la période de transition vers la démocratie ou de post-dictature, affecte le rôle de la société civile, et évidement, de l’État. Pendant les années 90, l’État chilien cherche la décentralisation des attributions et des responsabilités aux municipalités, l’expansion des capacités et le renforcement de la participation sociale dans les programmes publics, en reconnaissant aussi qu’il n’est pas capable d’assumer toutes les responsabilités quant à la mise en œuvre des programmes. Il délègue des tâches de prestation de services et d’exécution des programmes à des ONG, à des associations, à l’Église, etc. Bref, d’une part, on observe des tentatives de décentralisation et d’empowerment qui visent à renforcer les capacités d’autonomie et de résolution des problèmes par des organisations privées à but non lucratif et à but lucratif ; et d'autre part, des processus de participation citoyenne sont créés et appelés par l’État, mais avec une tendance à l’instrumentalisation, comme l’a montré le cas français.

Le but de cette section est de passer en revue les principaux éléments dans l’évolution des politiques publiques contre la pauvreté, notamment urbaine, en étudiant la transition des politiques sociales vers des politiques socio-urbaines dans les décennies des gouvernements de la Concertation pour la démocratie (1990-2010), ainsi que l’apparition – toutefois graduelle et oscillante – de la participation citoyenne dans les politiques publiques liées à la ville. Nous allons nous focaliser sur les politiques de logement au Chili, afin d’introduire la question des germes d’une politique urbaine novatrice, à savoir, celle qui constitue l’objet de cette thèse : le programme chilien de réhabilitation des quartiers défavorisés Quiero mi Barrio.

2.1 Les changements dans les politiques publiques contre la pauvreté urbaine au Chili (1990-2010) : des politiques sociales aux politiques socio-urbaines ?

En premier lieu, il faut mentionner que les gouvernements de la Concertation pour la démocratie (1990-2010) ont maintenu l’économie de marché et l’ouverture à la mondialisation, adoptées par la dictature de Pinochet. Ils ont, toutefois, ajouté une série d’autres objectifs marquant des différences largement significatives par rapport au régime antérieur : une réaffirmation du rôle joué par l’État dans le domaine social. La relation entre la croissance économique et le développement social est redéfinie, en soulignant la complémentarité des deux processus. La décentralisation est étendue à la sphère politique et les gouvernements régionaux sont créés. Simultanément, on transfère de nouveaux pouvoirs et responsabilités aux municipalités, on appuie le développement de visions et de plans stratégiques pour les régions et les municipalités, et on observe une compréhension différente des objectifs prioritaires et au contenu de la politique sociale (Raczynski, 2002).

Ainsi, les politiques sociales que la Concertation a mises en œuvre ont eu deux objectifs principaux. Un premier objectif, qui répond aux politiques ministérielles, cherche à garantir un niveau de services et d’avantages pour toute la population (éducation, santé, sécurité sociale, logement,) contribuant à l’égalité des chances. Un deuxième objectif répond au développement de programmes orientés vers les segments pauvres et vulnérables de la société pour que ceux-ci puissent accéder et bénéficier des opportunités développées par le cœur de la politique sociale, ainsi que celles offertes par la croissance de l’économie, et de façon plus générale, par le processus de développement (Raczynski, 2002). Nous pouvons constater que, à ce moment-là, la teoría del chorreo ou l’idée de que la croissance économique pourrait propager ses bénéfices au reste de la population, a été très généralisée.

Dans le tableau suivant, nous présentons brièvement les politiques sociales des quatre gouvernements de la Concertation des partis pour la démocratie, entre les années 1990 et 2010. Dagmar Raczynski (2009), synthétise les approches de la pauvreté, les priorités dans la stratégie et la politique sociale mise en œuvre pendant chaque période présidentielle, ainsi que les initiatives emblématiques de lutte contre la pauvreté et l’indigence. Selon l’auteure, pendant la première période (président Aylwin, 1990-1994), les efforts se sont concentrés sur le fait de reconnaître la dette sociale et de prioriser la lutte contre la pauvreté, en accentuant les possibilités de promotion

sociale par le développement de programmes qui visent à fournir des outils et à développer des capacités des localités, des organisations sociales, et des micro-entrepreneurs. Pendant la deuxième période (président Frei, 1994-2000), l’objectif a été d’approfondir les mesures précédentes.

La troisième période (président Lagos, 2000-2006), a été caractérisée par l’abandon de l’approche territoriale et de la communauté, et l’entrée par les familles dans une situation d’extrême pauvreté (programme Chile Solidario) et les situations de personnes sans liens familiaux dans la pauvreté (attention aux personnes âgées vivant seules et programme de soutien pour les personnes sans-abri). Finalement, dans la quatrième période (présidente Bachelet, 2006-2010), l'inclusion sociale et l'équité sont les moteurs des politiques sociales : un système de protection sociale basé sur une approche des droits est créé (Red Protege) ; la rapidité et la qualité des prestations sont priorisées ; et l’attention aux secteurs sociaux plus larges – au-delà de la pauvreté et l’indigence – est la nouvelle orientation qui détermine plusieurs programmes, tels que le Quiero mi Barrio, ou d’autres situations de vulnérabilité (handicap, chômage, un faible revenu, maladies, etc.) (MIDEPLAN, 2010).

Tableau Nº10 : Évolution des politiques sociales pour surmonter la pauvreté au Chili pendant les gouvernements de la Concertation (1990-2010)

Période / Président

Approche de pauvreté Priorités dans la stratégie et la politique sociale

Initiatives emblématiques de lutte contre la pauvreté et l’indigence

1990-1994

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