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EXCLUSION SOCIALE DANS DIFFÉRENTS CONTEXTES : POINTS COMMUNS ET DIFFÉRENCES

SOUTH SIDE CHICAGO – USA (ou Chicago selon l’indicateur)

4. LA VILLE DE SANTIAGO DU CHILI

4.2 Exclusion sociale dans la ville de Santiago : brève analyse empirique

Pour cette description sur l’exclusion sociale à la ville de Santiago, nous utilisons des données disponibles au Chili, mais non nécessairement travaillées à partir du concept d’exclusion. Néanmoins, la visualisation des cartes et la présentation de différents types de données permettent de combiner les informations et d’offrir une image la plus représentative possible en termes d’exclusion sociale urbaine. Pour bien organiser cette section, nous essayons de présenter des variables qui ont été mentionnées dans le chapitre précédent et qui sont liées au phénomène de l’exclusion sociale dans différents domaines (soit comme son accès, soit comme sa qualité) : droits urbains (espaces publics, mobilité, sécurité, services) ; éducation, santé, emploi, capacité de consommation, capital social, identité et culture.

Cependant, avant de décrire Santiago en termes d’exclusion, nous proposons une description générale de la Région Métropolitaine et/ou l’Area Métropolitaine de Santiago (AMS) – selon la donnée utilisée. Nous décrivons notamment son évolution en termes d’expansion urbaine, ainsi que le taux de croissance annuel moyen de la population et du nombre de logements. Ensuite, nous esquissons un portrait de cette ville socialement fragmentée, à partir de différentes données : la localisation spatiale des groupes socioéconomiques, la distribution spatiale de la pauvreté, et la concentration des inégalités en termes de qualité de vie et de qualité des services.

D’abord, dans l’Encadré Nº1 nous proposons une description générale de la ville de Santiago en termes démographiques, économiques et politique-administratives. La carte Nº1 montre la Région Métropolitaine, avec les routes principales (en rouge), les étendues d'eau (en bleu), et l’area urbaine en gris clair, au centre de la région. Les cartes Nº2 et Nº3 montrent les provinces de la Région Métropolitaine du Chili et les communes du Grand Santiago, respectivement.

Encadré Nº1 : Description générale de la ville de Santiago du Chili

Fondée en 1541, la ville de Santiago, capitale du Chili (ainsi que de la Région Métropolitaine, RM), englobe son agglomération qui forme le Gran Santiago, connue aussi comme « Área Metropolitana de Santiago » (AMS) qui est composée de 37 communes (zone grise de la carte Nº1). 26 communes sont complètement dans la zone urbaine et 11 avec une partie en dehors. 93% de la population vit dans les zones urbaines et 7% dans les zones rurales. L’essentiel de la métropole est situé dans la province de Santiago. 77,02% de la population de la RM vit dans la province de Santiago. La carte Nº3 montre l’AMS, composée de 37 communes de la Province de Santiago et 5 communes appartenant à d’autres provinces (Padre Hurtado, San Bernardo, Puente Alto, Pirque et San José de Maipo).

La RM a une surface d'environ 15.403,2 km² (2,4% de la surface du pays) ; selon le recensement de 2012 sa population totale est de 6.685.685 habitants (40,33% du total du pays), ce qui implique une densité moyenne de 435,58 personnes par km². Une croissance moyenne de 0,9 personne est estimée pour 100 habitants.

Santiago est la septième grande ville la plus peuplée en Amérique latine et est considérée comme une « ville globale » (GaWC, 2008). Santiago est le centre industriel et financier du Chili, et génère 45% du PIB du pays. La majeure partie de l'activité industrielle et commerciale du Chili est concentrée dans Santiago. Elle est facilitée par la proximité des centres urbains, par des communications de chemin de fer de ligne principale, et par le réseau routier régional le mieux développé au Chili. Certaines institutions internationales, telles que la CEPAL (Commission économique pour l'Amérique latine et les Caraïbes), ont leurs bureaux à Santiago.

La nouvelle phase de la modernisation capitaliste a commencé au Chili dans les années 70, pendant laquelle les processus de la mondialisation, l'informatisation et de l'externalisation ont donné le rythme de la restructuration de la base économique métropolitaine. Elle a été accompagnée par un ensemble de changements qui ont conduit à une transformation substantielle dans l'organisation, le fonctionnement et l'apparence de Santiago. Etant donné la profondeur et l'ampleur de cette transformation, il est possible d’affirmer qu’elle définit un nouveau moment de la métamorphose urbaine, comparable à celle déclenchée par le progrès de l'industrialisation (De Mattos et al, 2005).

Il n'existe pas de gouvernement métropolitain pour la ville. Chaque commune, gérée par un maire, est chargée des tâches administratives, de la fiscalité, des services, de la santé et de l'éducation.

Carte Nº1 : Santiago dans le contexte national et métropolitain

Source : élaboration propre à partir de données du Ministère du Logement et de l’Urbanisme, 2006 et du Ministère de Travaux Publics, 2006.

Carte Nº2 : Provinces de la Région Métropolitaine du Chili

Carte Nº3 : Communes du Grand Santiago (AMS)

Province Capitale Commune Chacabuco 1 Colina Colina 2 Lampa 3 Tiltil Cordillera 4 Pirque Puente Alto 5 Puente Alto

6 San José Maipo

Maipo 7 Buin

San Bernardo 8 Calera de Tango 9 Paine 10 San Bernardo Melipilla 11 Alhué Melipilla 12 Curacaví 13 María Pinto 14 Melipilla 15 San Pedro Santiago 16 Cerrillos Santiago 17 Cerro Navia

18 Conchalí 19 El Bosque 20 Estación Central 21 Huechuraba 22 Independencia 23 La Cisterna 24 La Granja 25 La Florida 26 La Pintana 27 La Reina 28 Las Condes 29 Lo Barnechea 30 Lo Espejo 31 Lo Prado 32 Macul 33 Maipú 34 Ñuñoa 35 P.A.C. 36 Peñalolén 37 Providencia 38 Pudahuel 39 Quilicura 40 Quinta Normal 41 Recoleta 42 Renca 43 San Miguel 44 San Joaquín 45 San Ramón 46 Santiago 47 Vitacura Talagante 48 El Monte Talagante 49 Isla de Maipo

50 Padre Hurtado 51 Peñaflor 52 Talagante

Source : wikimedia.org (INE, 2014 ; GORE RM, 2014).

Carte Nº4 : Évolution de Santiago 1541 – 2010 (trois périodes d’expansion urbaine)

Source : Observatorio de Ciudades, Pontificia Universidad Católica de Chile, 2011.

La carte Nº4 montre l’expansion urbaine de Santiago et son évolution depuis sa fondation en 1541 jusqu’à l’année 2010. Elle montre ainsi trois périodes d’expansion. Nous verrons postérieurement que cette évolution répond à différents phénomènes tels que la sub-urbanisation et l’éradication de campamentos (baraquements) qui a commencé massivement dans les années 70 sous la dictature de Pinochet.

En outre, la carte Nº5 montre le total de population pour la RM, pour l’année 2002. Les communes avec la croissance de la population résidente la plus élevée entre les recensements de 1992 et 2002, sont Quilicura (207,2%), Puente Alto (95,5%) et Maipú (83,3%). Alors qu’entre les recensements de 2002 et 2012, les communes qui expriment une plus grande augmentation sont celles du nord dans l’AMS (Lampa 98.1%, Quilicura 61.4%, Colina 48.3%), et la commune de Santiago (43.8%) (INE, 2013). Les cartes Nº6 et Nº7 montrent le taux annuel de croissance moyen du nombre des logements à l’AMS, dans les périodes 1992-2002 et 2002-2012.

Carte Nº5 : Région Métropolitaine du Chili. Population totale par commune, année 200227

Source : élaboration propre, selon des données MINVU, 2002.

27 Après une longue révision des données disponibles, il n’a pas été possible de trouver des données de population plus actuelles, désagrégées par communes. La raison est, fondamentalement, la mauvaise qualité du recensement de l’année 2012 effectué pendant le gouvernement de Sebastián Piñera, dans lequel la méthodologie dans divers aspects de la procédure, a été changée.

Carte Nº6 : Communes de l’AMS selon le taux de croissance annuel moyen du nombre de logements, période 1992 – 2002 Source : Figueroa, 2013. Análisis y Conclusiones Resultados Preliminares Censo 2012. CChC.

Carte Nº7 : Communes de l’AMS selon le taux de croissance annuel moyen du nombre de logements, période 2002 – 2012 Source : Figueroa, 2013. Análisis y Conclusiones Resultados Preliminares Censo 2012. CChC.

Pendant les trois dernières périodes inter-recensement (1982-1992, 1992-2002 et 2002-2012), le Chili se caractérise par une diminution du taux de croissance annuel moyen, à la fois de population et des logements. Néanmoins, le pays montre une différence entre la croissance de la population et celle des logements, qui s’explique par la diminution du nombre de personnes par logement : en 2002 un facteur de 3,42 habitants/logements a été estimé, alors qu’en 2012 cette valeur n’est que 2,89 habitants/logements. Cette réduction – reflet des changements démographiques au Chili – marque une tendance à la diminution du nombre des membres des familles (Figueroa, 2013).

Il faut également remarquer l’évolution de la commune de Santiago, qui avait connu un déclin de sa population au cours des 20 dernières années : entre les recensements de 1992 et 2002 la population a connu une baisse de 9,4%, tandis qu’entre les recensements de 2002 et 2012 l'évolution des logements et de la population ont connu une augmentation de 93,0% et de 43,8%, respectivement. Les raisons de cette augmentation sont liées principalement au développement immobilier, à l’encouragement à l’acquisition des logements dans les zones de rénovation urbaine (notamment par des subventions à la classe moyenne), et à des politiques communales de densification (Figueroa, 2013).

Santiago est une ville socialement fragmentée : à la fin des années 90 les groupes des revenus les plus élevés se trouvent seulement dans 6 des 34 communes, tandis que les groupes de revenus les plus bas se localisent dans 20 communes (Rodriguez & Winchester, 2001). Même si les conditions de vie des pauvres ont été énormément améliorées depuis 1990, la localisation spatiale des groupes socioéconomiques, autant que la distribution spatiale de la pauvreté, n’ont pas beaucoup changé. Les niveaux de pauvreté dans les trois communes les plus riches ont été respectivement 0,8%, 1,1% et 1,2% (Providencia, Las Condes, Vitacura) ; alors que les niveaux de pauvreté dans les trois communes les plus pauvres ont atteint 38,4%, 37,1% et 32,7% (Huechuraba, Renca et P.A.C.) (De Mattos, 2002). Les cartes Nº8 et Nº9 montrent cette situation d’amélioration générale dans les niveaux de pauvreté entre les années 1990 et 2006, mais la persistance de sa concentration dans certaines zones de la capitale du Chili. Cette situation est toutefois un peu plus complexe : la carte Nº10 permet de faire une analyse plus précise et les fragments socio-spatiaux apparaissent.

Cartes Nº8 et Nº9 : Ménages en situation de pauvreté (pourcentage en 1990 et 2006) Région Métropolitaine du Chili

Source : MINVU, Observatorio Urbano. http://www.observatoriourbano.cl/ Consulté le 16 janvier 2015. Les couleurs les plus foncées présentent un pourcentage élevé de ménages en situation de pauvreté (les communes qui sont grisées sont des zones urbaines de moins de 5000 habitants selon le recensement de 2002, et pourtant elles ne sont pas prises en compte dans les listes des indicateurs).

Carte Nº10 : Localisation des groupes socioéconomiques au sein de l’Area Metropolitana de Santiago (basée sur des données de l’Institute Nationale de Statistiques chilien, INE, 2002)

Source : Revista Plataforma Urbana, 2009 (Plano Max Zambra, Geo Adimark GFK).

La classification socio-économique au Chili correspond à une stratification sociale qui tient compte de divers critères, notamment le revenu et le niveau de scolarité. Même si l’État chilien utilise les quintiles de revenus, dans la carte nous observons une stratification sociale utilisée aussi par les bureaux d’étude en marketing, qui combinent le revenu, certaines caractéristiques qualitatives, le lieu de résidence et les habitudes de consommation. La carte montre 5 segments : ABC1, C2, C3, D y E.

En bleu foncé : segment ABC1 (10% de la population), des groupes de classe sociale « supérieure » et « moyenne-supérieure » (AB : entrepreneurs, directeurs des grandes entreprises ; C1 : professionnels, entrepreneurs et commerçants)

En bleu clair : segment C2 (20% de la population), regroupé autour des principaux corridors routiers, constitue des zones résidentielles traditionnelles de la classe moyenne (professionnels, cadres de niveau intermédiaire, commerçants, vendeurs)

Segment C3 (blanc ou pas coloré) (25% de la population), des groupes de classe « moyenne-inférieure » (employés publics et privés, enseignants, travailleurs techniques qualifiés, artisans, commerçants inférieurs, vendeurs d'assurance)

En orange : segment D (35%), classe inférieure (ouvriers, travailleurs manuels, employés de niveau inférieur, messagers, concierges, employés des services de propreté)

En rouge : segment E (10% de la population), classe pauvre (travailleurs occasionnels, marchands ambulants, etc.)

Ainsi, la carte Nº10 montre un panorama de la fragmentation sociale urbaine. Nous pouvons facilement observer que les groupes socioéconomiques les plus riches (en couleur bleu foncé) se concentrent vers la zone nord-est de la ville, en se dispersant aussi le long du bord de la cordillère. « Le cône des revenus élevés » se présente dans la forme d’un triangle dont la pointe se localise à proximité du centre de Santiago (notamment la commune de Providencia). En revanche, les groupes socioéconomiques les plus pauvres (en rouge et en orange) se trouvent vers la périphérie, dessinant une espèce « d’arc », vers l’ouest (Orellana 2009, in Yañez et al, 2009).

Cette situation de segmentation sociale se confirme dans le graphique Nº4 qui montre le revenu par habitant selon les communes de la Région Métropolitaine pour l’année 2003. Les communes les plus riches sont une minorité : aux 6 des 34 communes mentionnées précédemment pour la fin des années 90, s’ajoutent seulement deux communes qui connaissent un point d’inflexion en termes de revenus : les communes de San Miguel et Santiago. Les deux situations répondent à des logiques diverses, logique de gentrification et densification (quelques zones de la commune de Santiago) et création de nouveaux pôles de développement immobilier (par exemple, quelques zones de San Miguel).

Graphique Nº4 : Revenu par habitant selon communes de la Région Métropolitaine, année 2003

Source : Agostini, 2010.

Les déficiences de la mise en œuvre du recensement de 2012 au Chili et le retard dans la livraison des résultats, ont empêché d’effectuer de nombreuses études indispensables pour connaître la réalité actuelle des territoires chiliens. Afin d’atténuer cette situation, un groupe de chercheurs a proposé une méthodologie pour estimer le nombre de ménages résidents pour l’année 2012. La carte Nº11 confirme la situation montrée dans la précédente carte Nº10 en termes de fragmentation socio-spatiale et de distribution spatiale des groupes socioéconomiques.

Carte Nº11 : Localisation des groupes socioéconomiques dans l’Area Metropolitana de Santiago, année 2012 (estimation du nombre de ménages résidents)

Pour mieux comprendre cette situation de fragmentation sociale et de concentration des inégalités sociales, il est utile de faire une brève analyse comparative communale de l’Indice de qualité de vie urbaine (ICVU) dans la Région métropolitaine. Cet ICVU mesure les conditions de vie objectives de la population, générées par les activités et les dynamiques de transformation de l'espace urbain déclenchées par les acteurs publics, privés et de la société civile (Orellana, 2014). Les dimensions de l’ICVU sont au nombre de six, chacune construite à partir de divers indicateurs28 et ayant un poids spécifique selon son importance, c’est-à-dire, un pourcentage de pondération (soit 100% en total) :

(i) Conditions de travail (CL) (accès – Indice de vulnérabilité d’emploi – revenus – Indice de vulnérabilité du revenu – formations, développement professionnel – pourcentage de la population qui a reçu une formation pendant la dernière année [2009]) – (pondération 9,4%)

(ii) Ambiance de business (AN) (milieu urbain favorable pour la génération d'investissements privés : taux d’emploi (2009) ; nombre d’établissements d'hébergement touristique pour 10 000 habitants (2009) ; mètres carrés de nouvelles construction approuvées, secteurs industrie, commerce, institutions financières et services pour 10 000 habitants) (pondération 16,5%)

(iii) Conditions socioculturelles (CS) (participation des habitants dans des organisations sociales, niveaux de sécurité – dénonciations de violence domestique– et d'éducation affectant la formation de capital – résultat moyen du test SIMCE de mathématiques, année 2009, pour le 8ème degré d’éducation primaire) – (pondération 17,4%)

(iv) Connectivité et mobilité (CM) (conditions d’infrastructure de connectivité – accès Internet –, mobilité – pourcentage de la population qui met plus de 30 minutes pour se déplacer entre résidence et travail –, et sécurité routière – blessées dans des accidents pour 10 000 habitants, 2009) – (pondération 9,1%)

(v) Santé et environnement (SM) (maladies qui ont une plus grande corrélation avec les conditions environnementales existantes – nombre de personnes qui ont été traitées pour des maladies respiratoires pour 10 000 habitants, 2009 – nombre de personnes qui ont été traitées pour des dépressions pour 10 000 habitants, 2009 – pourcentage de population dans le système de sécurité d’assurance privée (ISAPRE), 2006) – (pondération 18,6%)

(vi) Logement et entourage (VE) (qualité du logement – pourcentage des ménages ayant un logement avec au moins 2 chambres – niveau d’entassement – pourcentage de ménages avec indicateur d’entassement critique (2006) – investissement dans espaces publics – disponibilité du budget municipal par habitant) – (pondération 29,1%).

La Région Métropolitaine, où habite 40% de la population nationale, occupe la cinquième place dans le ranking de l’ICVU (selon l’analyse qui considère les villes métropolitaines). Pour l’année 2014, sur la base des 42 communes de la Région Métropolitaine, seulement 18 d'entre eux atteignent un ICVU supérieure à la moyenne nationale de 46,1%. En plus, 7 d'entre elles sont parmi les 10 communes les mieux classées au niveau national : Las Condes (1), Vitacura (2), Providencia (3) La Reina (4), Lo Barnechea (5), Ñuñoa (6) et Santiago (9). En revanche, 9 des 10 communes le plus mal classées sont également dans la Région Métropolitaine : Quinta Normal (84), Cerro

28 Pour la sélection d'indicateurs ils ont utilisé l’analyse en composantes principales (analyse multivariée) et le jugement des experts de l’équipe interdisciplinaire.

Navia (85), La Pintana (86), San Ramón (87), Lo Prado (88), Renca (89), P.A.C. (90), Lo Espejo (91) et San Joaquín (92) (voir tableau Nº3). Cette situation met en évidence les forts contrastes entre « le cône bleu » et « l’arc orange et rouge » exposées dans la carte Nº10 dont nous avons parlé précédemment.

En plus, dans le tableau Nº3 il est possible d’examiner un extrait des résultats supérieurs et inférieurs du total de 93 communes analysées au niveau national, en termes de l’Indice général, ainsi que de ses 6 dimensions. Les conclusions les plus évidentes sont, d’abord, que l’ambiance de business, les conditions socioculturelles, la santé et l’environnement, sont des dimensions plus favorables pour 6 communes de la RM, qui en plus occupent les premières 6 places dans le classement ou ranking de l’ICVU : Las Condes, Providencia, Vitacura, La Reina, Lo Barnechea, Ñuñoa. En contraste, pour les 9 des 10 communes le plus mal classées au niveau national, 7 d’entre elles présentent les conditions de connectivité et mobilité, ainsi que de santé et d’environnement, les moins favorables. Le tableau Nº4 montre que la situation est plus grave : pour les 9 communes de la RM qui ont les plus mauvais ICVU, 6 d’entre elles ont les résultats les plus bas au niveau national dans toutes les dimensions. Cette observation est inquiétante si nous ajoutons que dans les communes qui présentent les ICVU en dessous de la moyenne nationale, réside plus du 58% de la population de la RM (Orellana, 2011). La carte Nº12 montre les résultats géo-référencies.

Tableaux Nº3 et Nº4 : Classement communal de l’ICVU 2014 : extrait des résultats supérieurs et inférieurs du total de 93 communes analysées au niveau national (tableau Nº3 selon le classement et tableau Nº4 selon le pourcentage) (*)

(*) CL : conditions de travail ; AN : ambiance de business ; CS : conditions socioculturelles ; CM : connectivité et mobilité ; SM : santé et environnement ; VE : logement et entourage.

Tableau Nº4

Carte Nº12 : Indice de Qualité de Vie Urbaine (ICVU). Région Métropolitaine du Chili, année 2014

Moyenne nationale : 46,1%

En ce qui concerne les services publics, Santiago a, en générale, une bonne couverture d’infrastructure de base et de services. Les déficiences se manifestent dans la qualité des services fournis aux groupes à faible revenu. Selon Rodriguez et Winchester (2001), le service d'enseignement primaire est celui qui illustre le mieux cette situation : toutes les municipalités du pays administrent un système d'enseignement gratuit qui est utilisé par les groupes à faible revenu29. Malheureusement, à cause du manque de ressources, la qualité du service est très faible. Par conséquence, au lieu de réduire les différences sociales, le service d'enseignement les maintient et les renforcent.

La qualité du service varie selon le sous-système d’enseignement : les écoles municipales, les écoles privées subventionnées, et les écoles privées non subventionnées, qui s’adressent à divers groupes socio-économiques selon leur capacité de paiement. Les résultats de l’épreuve SIMCE montrent cette réalité. Le SIMCE est un système de mesure de la qualité de l'éducation, une épreuve appliquée depuis 1988 dans tout le pays, tous les deux ans, aux quatrième et huitième grades du service d'enseignement primaire et au deuxième degré du secondaire. Les résultats montrent que les écoles municipales obtiennent les évaluations les plus basses. L’expression territoriale de cette inégalité est éloquente, car les meilleurs résultats se concentrent dans les communes les plus riches (Vitacura, Las Condes et Providencia). Les tableaux suivants résument ces observations.

Tableau N°5 : Moyennes des résultats de l’épreuve SIMCE : nationales, régionales et selon le sous-système d’enseignement dans la Région métropolitaine, année 2004

Thématiques des épreuves

Comprendre la nature Comprendre la société Mathématiques Langue et communication Écoles municipales R.M. 250 244 248 245 Écoles privées subventionnées R.M. 261 255 260 256

Écoles privées non subventionnées R.M.

311 297 314 303

Moyenne pays 256 251 253 251

Moyenne R.M. 266 258 262 264

Source : ministère de l’Éducation du Chili, 2004.

29 Le système d’enseignement primaire est un cycle de base de huit ans dit « Education générale de base » (Educación General Básica). En 1997 la couverture du service d’enseignement primaire a été 95,47% du total des enfants d’âge scolaire.

Tableau N°6 : Résultats de l’épreuve SIMCE, année 2009. Pourcentages des écoles présentant un rendement scolaire élevé, moyen et bas, selon les communes les plus aisées et les plus pauvres

Rendement scolaire (%) Pourcentage des écoles rendement scolaire élevé Pourcentage des écoles rendement scolaire moyen Pourcentage des écoles rendement scolaire bas Quantité total d’écoles par commune Communes les plus aisées Vitacura 85% 15% 0% 20 Las Condes 55,2% 34,5% 10,3% 58 Providencia 69,2% 28,2% 2,6% 39 Communes les plus pauvres Renca 2,9% 60% 37,1% 35 Pedro Aguirre Cerda 3% 60,6% 36,4% 33 Huechuraba 11,8% 52,9% 35,3% 17

Source : Élaboration propre. Données du Ministère d’éducation du Chili 2009.

En matière d’indicateurs d’emploi, le taux de chômage par commune dans la RM est en rapport avec les autres indicateurs : les taux de chômage les plus bas se trouvent dans les communes du « cône » des communes plus aisées, ayant aussi le meilleur niveau d’enseignement

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