• Aucun résultat trouvé

e) Naissance et formation du Logos dans l’âme chez Origène

Dans le document The DART-Europe E-theses Portal (Page 139-142)

La formation du Logos dans l’âme est identique, selon Origène, à la christification mystique et vivante de l’homme vivant. Origène écrit : « En chaque saint se trouve en quelque sorte le Christ et, grâce à ce Christ unique, une multitude de christs vient à l’existence : ils sont ses imitateurs, étant formés selon lui, qui est l’image de Dieu; c’est pourquoi Dieu dit par son prophète : « Ne touchez pas à mes christs » »266.Naître dans le Christ et être informé dans le Christ sont une seule et unique chose mystique, puisque dans les deux cas il y a une naissance de l’homme dans la vérité intérieure du Christ.

L’homme qui devient un avec la révélation intérieure du Christ est capable d’informer dans la foi tous ceux qui désirent naître dans le Christ.

Enfanté par la Parole de Dieu, l’Apôtre Paul est capable d’enfanter dans cette même Parole tous ceux qui l’accueillent dans leur intériorité vivante. Il enfante en ce lieu mystique même où il est enfanté dans le Christ. En déclarant : « Mes petits enfants, vous que j’enfante à nouveau, pour que le Christ soit formé en vous », l’Apôtre nous fait comprendre que l’homme spirituel est capable d’enfanter spirituellement des fils dans le Christ là où il ne cesse d’être lui-même enfanté dans le Christ et comme le Christ. En parlant à plusieurs reprises de cette « christoformation »267, Origène ne fait que méditer

265 M. ECKHART, « Sermon 101 », In Sur la naissance de Dieu dans l’âme, Op. cit., p. 35.

266 Origène, Commentaire sur Saint Jean, VI, 42, t. II, SC, 157, Paris, Cerf, 1970, p. 161.

267 Cette même notion mystique de « christoformation » déjà présente chez Origène a été développée ultérieurement par Nicolas de Cues qui associe la Christoformis à la filius Dei. « Christoformis devient tout simplement, commente Klaus Reinhardt, un synonyme de filius Dei. Celui qui veut devenir fils de Dieu doit se rendre homogène au Christ, dans sa foi et dans sa vie. Le fondement ontologique de l’homogénéité est la nature humaine, que le Fils de Dieu a prise dans l’Incarnation. Prenant cette nature, le Christ s’est d’une certaine façon chargé de tous les hommes, ainsi que Nicolas de Cues le dit à la suite des réflexions

mystiquement la profondeur d’une telle expérience intérieure. Toute « christoformation » est une formation intérieure de l’homme parfait par le Verbe de Dieu. Seuls les hommes parfaits donnent la vie dans la mesure où ils sont engendrés en elle. « Écoutez ce que dit l’Apôtre : « Mes petits enfants, vous que j’enfante à nouveau, pour que le Christ soit formé en vous ». Ils sont donc hommes forts et parfaits, ceux qui enfantent aussitôt qu’ils conçoivent, c’est-à-dire qui font fructifier en œuvres les paroles de la foi qu’ils viennent de concevoir »268. « « Si l’enfant était déjà formé, il donnera vie pour vie ». L’enfant déjà formé, ce peut être la Parole de Dieu au cœur de l’âme qui a déjà reçu la grâce du baptême, ou qui a conçu le verbe de la foi d’une façon plus claire et plus évidente »269. Toute naissance dans la foi rend possible l’agir selon la vie nouvelle qui nous est donnée dans le Christ. En nous formant en lui selon sa vérité intérieure, le Christ nous donne la possibilité de le concevoir en nous dans notre foi intérieure. Et c’est ainsi qu’il nous invite à le concevoir intérieurement en accueillant sa parole270 et à l’enfanter dans les bonnes actions. Cet enfantement qui s’accomplit dans la foi et l’amour ne diffère en rien de l’expérience intérieure vécue par la Vierge Marie et l’Église qui, dans la mesure où elles reçoivent le Verbe divin dans leur intériorité, sont transformées en ce même Verbe.

Laisser le Christ naître en nous, c’est laisser le Christ croître en nous spirituellement et mystiquement comme il a grandi en Marie.

Nous pouvons mentionner, dans ce cadre, l’appel de Cyrille d’Alexandrie qui nous invite à naître dans la foi, « car la foi véritable et sincère nous modèle d’une certaine façon sur Dieu, et l’empreinte de la nature divine est marquée dans nos âmes par la vie dans le Christ; cela tu l’apprendras de la bouche de Paul quand il dit à ceux qui sont revenus au commandement de la Loi, après le divin et céleste Baptême : « Mes petits enfants, que j’enfante à nouveau jusqu’à ce que le Christ soit formé en vous ». C’est que le Christ ne prend forme en nous que par une foi irréprochable et une vie évangélique; « car ce n’est

des Pères de l’Église » (K. REINHARDT, « L’idée de la naissance de Dieu dans l’âme chez Nicolas de Cues et l’influence d’Eckhart », In La naissance de Dieu dans l’âme chez Eckhart et Nicolas de Cues (sous la dir. de M.-A. VANNIER), Paris, Cerf, Coll. « Patrimoines christianisme », 2006, p. 97-98.

268 Origène, Homélies sur l’exode, SC 16, Paris, Cerf, 1947, p. 225; souligné par nous.

269 Ibid., p. 228; souligné par nous.

270 Être engendré dans la Parole de Dieu, c’est accueillir la vérité du Christ qui nous transforme intérieurement en Dieu. « L’Apôtre nous l’enseigne, écrit Origène, dans le passage que nous avons rappelé plus haut : « jusqu’à ce que le Christ soit formé en vous ». Or le Christ est la Parole de Dieu. Paul nous montre donc par là que, au temps qu’il écrivait, la Parole de Dieu n’était pas encore formée en eux » (Ibid., p. 226; souligné par nous).

pas dans la vétusté de la lettre mais dans la nouveauté de l’esprit » que doivent se conduire ceux qui désirent marcher vers Dieu »271. Si notre naissance dans la foi est une naissance qui nous filialise, christifie et spiritualise, c’est parce qu’une telle naissance nous transforme en Dieu, pour que nous soyons vivants en lui dans notre vérité intérieure et notre agir. Une telle naissance intérieure nous divinise dans la mesure où elle imprime notre intériorité par la forme du Verbe et la beauté de Dieu lui-même : « L’homme (…) en qui habite le Logos, écrit Clément d’Alexandrie, ne prend pas toutes sortes d’apparences diverses, il garde la forme du Logos, il prend la ressemblance de Dieu, il est beau, il n’est pas embelli. Il y a une beauté qui est la vraie : c’est Dieu; et cet homme là devient Dieu, parce que Dieu le veut. (…) Mystère manifeste : Dieu est dans l’homme, et l’homme est Dieu »272.

271 Cyrille D’Alexandrie, Lettres festales, (VII-IX), T. II, Paris, Cerf, SC 392, p. 195-197.

272Clément d’Alexandrie, Le Pédagogue, III, 1, SC 158, Paris, Cerf, 1970, p. 15.

IV. Naître dans la Grâce

Dans le document The DART-Europe E-theses Portal (Page 139-142)

Outline

Documents relatifs