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e) La naissance et l'enfance transcendantale originaire comprises au sein d’une phénoménologie de la vie

Dans le document The DART-Europe E-theses Portal (Page 122-125)

Toute méditation mystique centrée sur l’enfance divine et humaine rejoint de près les méditations phénoménologiques portant sur l’enfance transcendantale originaire identique à ce qui constitue en nous la vie révélée à elle-même dans son fond pulsionnel primordial. Ce qui naît en nous, c'est l'enfant transcendantal, c'est-à-dire la simplicité de la vie dans son jaillissement fontal même. L'enfant est celui qui manifeste la vie qui ne

219 Ibid., p. 59.

220 Ibid., p. 51.

221 Ibid., p. 79.

cesse de naître en lui au cœur de sa force pulsionnelle primordiale. En naissant dans la vie, nous laissons naître en nous dans le silence ce qui est enfance dans sa puissance constamment intensifiée. Parce qu’elle est enfance primordiale, la vie absolue ne fait qu’enfanter dans sa générosité et sa simplicité notre enfance transcendantale. Ne pas cesser de naître enfant, c'est laisser naître à la fois l'intensité et la nouveauté dans la pureté, donc dans la générosité et la simplicité premières de la vie.

Au cœur même de l'enfance transcendantale222 originaire précédant toute enfance empirique, le nouveau-né se rapporte à lui-même pathétiquement dans la vie avant toute saisie de soi hors de soi. Son auto-épreuve primordiale est la seule connaissance qu'il a de lui-même. L’enfant transcendantal, parce qu’il est, avant tout, cette épreuve auto-impressionnelle de soi, est capable de se sentir lui-même selon une évidence originaire absolue identique à ce savoir pratique de sa chair vivante précédant tout éveil à soi au niveau de la conscience éveillée et le liant immédiatement à cet espace communautaire et charnel impliquant tout ce qui fait l’effectivité de son univers affectif vivant. C’est au sein d’une telle épreuve auto-affective pure que la vie transcendantale se révèle à elle-même dans toute sa nudité, là où elle est et, d’une façon originaire, le lieu phénoménologique de sa propre naissance transcendantale continuelle.

Dans la vie pro-fonde, ce qui naît et vit, c'est l'enfant transcendantal. C'est pourquoi ce qui demeure dans l’éternité du Simple ne peut demeurer hors du sentir le plus simple, de l'affectivité la plus pure223, de la proximité immédiate et de la relation la plus profonde.

L'enfant transcendantal est le phénoménologue de la naissance par excellence, puisqu'il n'a pour lui d'autre jouissance et souffrance que sa vie qui lui est donnée. C'est en ce sens que nous pouvons dire qu'à lui est déjà donnée depuis toujours la connaissance de la vie.

Notre naissance au monde ne peut être effective que dans la mesure où elle se trouve constamment connectée à cette naissance continuelle dans l'enfance de la vie, puisque

222 Pour plus d’approfondissement Cf. E. HUSSERL, « L’enfant. La première Einfühlung (juillet 1935) », trad. N. DEPRAZ, In Alter 1/1993, p. 265-269. Husserl définit dans ces quelques pages ce que peut être l’enfant originaire (Urkind) considéré comme le lieu d’une affection primordiale précédant toute possibilité d’éprouver l’éveil au niveau de la conscience auto-réflexive. Nous signalons de même l’importance de l’article écrit par R. Kühn traitant des questions relatives à l’animalité, la sexualité et « l’enfant originaire » qui ne peuvent être comprises pleinement qu’au sein d’une phénoménologie de la vie radicale (R. KÜHN,

« Animalität, Sexualität und « Urkind » », In Alter 3/1995, p. 345-381).

223 Lorsqu'un enfant sourit, il sourit parce qu'il sourit. Il n'y a rien derrière son sourire que son désir de sourire. C'est pourquoi ses expressions n'ont d'autre vérité que ses propres impressions. La simplicité dans l'unité règne sur l'unité de sa vie au-delà de toute hypocrisie.

dans notre auto-épreuve comme enfants nous rejoignons immédiatement le cœur de la source vivante qui ne cesse de venir en elle-même dans la fraîcheur de son premier jaillissement.

Ajoutons à cela que c'est dans la profondeur de l'enfance transcendantale que se révèle la vérité de la passibilité de chaque vivant à la vie absolue. L'enfant ne choisit pas de naître.

La décision de naître ne dépend aucunement de sa volonté et de sa liberté. Il est celui qui se reçoit lui-même dans la puissance de la vie qui le donne à lui-même dans son auto-donation propre. L'enfant est la personne privilégiée qui nous invite à méditer la naissance dans sa plus grande vérité. Il est celui qui joue le jeu sans pourquoi de sa vie.

Étant ce grand phénoménologue joueur de la naissance, il est apte à s'abandonner complètement à l'unique épreuve de sa vie dans la nudité et la simplicité de son essence.

III. Les sources patristiques de "la naissance de Dieu dans l’âme"

« Comme l’ont bien montré les études approfondies de Hugo Rahner224, la mystique de la

« naissance du Verbe de Dieu dans le cœur ou l’âme des croyants » (Gottesgeburt ou Logosmystik) s’enracine dans une théologie du baptême et une ecclésiologie qui remontent aux écrits johanniques et pauliniens et sont déjà exploitées par des auteurs chrétiens dès la fin du deuxième siècle. (…) Les textes johanniques et pauliniens sur la filiation adoptive, la « nouvelle naissance » par l’eau et l’Esprit, l’incorporation des fidèles au Christ ont évidemment inspiré la réflexion des Pères »225.

En puisant son sens ultime à la source scripturaire, la théologie patristique révèle de plus près la puissance mystique et pratique de la vérité enfouie dans les Écritures saintes. En méditant les Écritures saintes, les Pères ont développé une pensée spirituelle et mystique portant sur le mystère de la naissance intérieure de l’homme en Dieu et la naissance intérieure de Dieu en l’homme. Une telle naissance dont les modalités et les manifestations singulières sont plurielles condense en elle la vérité d’un unique mystère qui vit dans l’intériorité la plus profonde de Dieu et de l’homme.

a) Le mystère de l’Incarnation du Fils et le mystère de notre

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