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a) Le mystère de l’Incarnation du Fils et le mystère de notre naissance nouvelle en Dieu

Dans le document The DART-Europe E-theses Portal (Page 125-131)

Après la création de l'homme à l'image et à la ressemblance de Dieu vient, nous disent nos Pères dans la foi, sa création nouvelle dans l’Incarnation et la Résurrection du Fils qui infusent en lui sa vérité vivifiante et divinisante226. En révélant pleinement Dieu en

224 H. RAHNER, « Die Gottesgeburt. Die Lehre der Kirchenväter von der Geburt Christi im Herzen des Gläubigen », In Zeitschrift für katholische Theologie, t. 59, 1935, p. 333-418.

225 A. SOLIGNAC, « Naissance divine », In Dictionnaire de spiritualité, Vol. IX, 1982, p. 24.

226 À la suite de la plupart des Pères de l’Église, Nicolas de Cues parle de notre nouvelle naissance dans le Christ qui fait de nous des fils de Dieu et qui révèle en nous le mystère de notre divinisation intérieure et notre christification mystique. Nicolas de Cues déclare dans le Sermon intitulé Le jour de la sanctification :

l'homme et l'homme en Dieu, l'Incarnation du Fils nous révèle à nous-mêmes dans l’humanité de Dieu. La naissance nouvelle de l’homme jaillit du mystère du Dieu incarné qui nous donne de re-naître dans sa vérité divine au sein de notre humanité.

L’Incarnation du Fils réalise en l’homme sa naissance nouvelle en Dieu. Le Fils devenu homme comme nous, nous donne, à partir de son humanité « dans laquelle habite toute la divinité », de devenir fils du Père par l’Esprit Saint. En laissant venir en nous sa vérité, le Verbe incarné laisse luire dans nos cœurs notre vérité filiale qui nous fait voir Dieu intérieurement. C’est par le Verbe incarné qui a posé en nous le mystère vivifiant de la Sainte Trinité que nous sommes sanctifiés, justifiés et déifiés. Eckhart écrit : « De même que nous sommes tous sanctifiés dans le même Esprit survenant en nous, de même par le même Fils nous sommes tous justes et déiformes, nous en qui habite « le Verbe fait chair » dans le Christ qui nous conforme à lui par la grâce et en vertu de qui « nous sommes nommés et sommes (vraiment) fils de Dieu »227.

L’Incarnation du Fils unique est le lieu d’engendrement de l’humanité de l’homme dans l’humanité de Dieu et dans son fond divin. Elle donne à l’homme ce que le Père ne cesse de lui communiquer dans son Fils : sa vie propre. « Pourquoi Dieu s’est-il fait homme ? Pour que je naisse Dieu, le même Dieu, affirme Eckhart »228. L’Incarnation nous révèle notre vérité de fils dans le Fils incarné Jésus-Christ et nous donne de naître continuellement en Dieu dans le mystère de l'Incarnation de son Fils. « L'Incarnation, qui

« Vous pouvez maintenant comprendre comment celui qui se convertit de tout son cœur au Christ par la foi, qui ne cesse alors d’être ce qu’il était, et qui acquiert une nouvelle naissance dans le Christ, si bien qu’il n’y a plus en lui rien d’autre que le Christ, celui-là devient un fils de Dieu dans le Christ, celui-là est alors divinisé, car il obtient la perfection ultime. Et c’est ainsi que vous devez comprendre les paroles de l’Évangile, à savoir que celui qui veut devenir un fils de Dieu doit au préalable renaître dans le Christ, puisque nous avons été appelés à partager en Lui son héritage éternel dès la création du monde. Puisque

« le Verbe s’est fait chair, et il a habité parmi nous » (Jn 1, 14), il s’ensuit donc que nous devons croire à la vérité suivante : si, parmi les Personnes divines, le Fils a assumé la nature humaine, il est encore évident que toi, en tant qu’homme que tu peux acquérir la filiation divine par l’entremise du Christ qui habite en toi » (Nicolas de Cues, Sermons eckhartiens et dionysiens, Paris, Cerf, 1998, p. 102-103; souligné par nous). C’est dans ce cadre que nous pouvons évoquer l’affirmation de Nicolas de Cues qui identifie la filiation divine à la theosis grecque : « Pour parler en résumé, j’affirme que la filiation divine ne signifie rien d’autre que la déification, qui se fit theosis en grec » (Nicolas de Cues, De filiatione Dei, Éd. P.

Wilpert, 1959, chapitre I; cité dans Nicolas de Cues, Sermons eckhartiens et dionysiens, Op. cit., p. 103).

227 M. ECKHART, Commentaire du Prologue de Jean, nº 120, p. 239.

228 M. ECKHART, Sermon 29, trad. A. de Libera, p. 330. Eckhart prie le Fils incarné dans les sermons 101 et 102 pour qu’il effectue en nous notre naissance en Dieu ainsi : « En cette naissance, que Dieu nous vienne en aide Lui qui maintenant est né homme afin que, pauvres malades, nous soyons en Lui engendrés Dieu » (M. ECKHART, « Sermon 101 », In Sur la naissance de Dieu dans l’âme, Op. cit., p. 62); « Que nous vienne en aide Celui qui es devenu enfant de l’homme pour que nous devenions enfants de Dieu » (M.

ECKHART, « Sermon 102 », In Sur la naissance de Dieu dans l’âme, Op. cit., p. 88).

s'est produite une seule fois à Bethléem, donne lieu à la divinisation qui se réalise, comme l'engendrement du Fils, à chaque moment, en une créature nouvelle. Sans cesse la filiation divine est renouvelée »229. Guerric D’Igny nous dit que la naissance du Fils

« aurait été inutile, s’il n’avait pas aussi été donné; et c’est en vain qu’il serait devenu fils de l’homme, s’il n’avait pas été reçu par les fils des hommes auxquels il devait donner le pouvoir de devenir fils de Dieu »230. Tout ce que Dieu nous a donné dans son Fils unique vise à opérer en nous notre naissance dans sa vie. Guerric D’Igny médite le mystère de la naissance du Fils unique pour nous ainsi : « Vraiment, je le dis, tu es un enfant de miséricorde né pour nous et non pour toi-même. C’est notre avantage et non ton profit que tu as cherché en naissant de nous, puisque tu as daigné naître à seule fin de nous élever par ton abaissement et de nous glorifier par ton humiliation. Vidé toi-même, tu nous as remplis, car tu as transvasé en l’homme toute la plénitude de ta divinité.

Transvasé, mais non mélangé. Et je ne parlerais pas de transvasement de Dieu en l’homme, s’il m’était dit que c’est selon une certaine mesure que l’Esprit a été donné à cet homme-là, si, de toute sa plénitude, Dieu avait retenue quelque chose qu’il n’eût pas répandu en l’homme auquel il s’est uni »231.

Dans leurs discours catéchétiques, leurs homélies, leurs apologies et leurs commentaires scripturaires, les Pères de l’Église nous ont laissé des enseignements d’une profondeur théologique très rare sur le mystère de la filiation divine liée d’une façon organique au mystère de l’Incarnation du Verbe. Le sens initial et final du mystère de l’Incarnation de Dieu consiste, selon eux, à révéler et à effectuer en l’homme sa filiation divine.

L’Incarnation du Fils est la condition de possibilité de l’adoption divine, de la ressemblance avec Dieu, de la régénération par l’Esprit et de la « divinisation ». En elle, nous trouvons l’ultime manifestation du mystère de notre divinisation et de notre

229 M.-A. VANNIER, Noël chez Eckhart et les mystiques rhénans, Paris, Arfuyen, 2005, p. 108.

230 Guerric D’Igny, IIème Sermon pour la nativité, In Sermons I, SC 166, Paris, Cerf, 1970, p. 181.

231 Ibid., p. 189. Guerric D’Igny ajoute en ce même sens : « Grâces soient rendues à ta gratuite et gracieuse nativité, ô fils de l’homme ! Par elle nous avons accès à cette grâce en laquelle nous sommes établis, et nous mettons notre fierté dans l’espérance de la gloire des fils de Dieu. Admirable échange assurément ! Assumant notre chair, tu nous fais don de ta divinité » (Ibidem). « Rappelons-nous toujours en effet que si ce n’était pour nous, il ne serait pas né, - que si ce n’était pas pour nous, il n’aurait pas voulu vivre, - que si ce n’était pour nous, il n’aurait pas mourir : pour lui-même il n’en avait pas besoin. C’était pour que nous aussi, nous renaissions par lui, nous vivions selon lui, nous mourions en lui, - lui qui vit et règne dans tous les siècles des siècles. Amen » (Guerric D’Igny, IIIème Sermon pour la nativité, In Sermons I, SC 166, Paris, Cerf, 1970, p. 201-203) ; souligné par nous.

génération dans notre vérité filiale, cette génération continuée qui s’effectue dans l’intériorité de la vie qui la reçoit mystiquement.

Saint Irénée voit dans l’Incarnation du Verbe le lieu de notre naissance intérieure en Dieu : « Si le Verbe, écrit-il, s’est fait chair, et si le Fils du Dieu vivant est devenu le fils de l’homme, c’est afin que l’homme, en entrant en société avec le Verbe et recevant le privilège de l’adoption, devienne enfant de Dieu »232. Et il ajoute : « Comment aurions-nous pu en effet avoir part à la filiation adoptive à l’égard de Dieu, si aurions-nous n’avions pas reçu, par le Fils, la communion avec Dieu ? Et comment aurions-nous reçu cette communion avec Dieu, si son Verbe n’était pas entré en communion avec nous en se faisant chair ? C’est d’ailleurs pourquoi il est passé par tous les âges de la vie rendant par là à tous les hommes la communion avec Dieu »233. « Le Verbe de Dieu, Jésus-Christ notre Seigneur, ajoute-t-il, lui qui, à cause de son surabondant amour, s’est fait cela même que nous sommes afin de faire de nous cela même qu’il est »234. Irénée associe le fait de vivre dans le Père à l’Incarnation du Verbe qui nous fait plonger dans l’invisibilité de la vie paternelle grâce à la visibilité du Verbe se faisant chair pour nous. C’est pourquoi par l’Incarnation du Verbe, l’homme est révélé à lui-même comme fils capable de communier à la vie du Père. Tout ce qui est donné à l’homme par le Verbe de Dieu le fait vivre dans la vie du Père qui fait luire en l’homme vivant sa gloire, cette gloire qui ne cesse de luire sur le visage du Verbe incarné, l’unique lieu de toute manifestation et de toute vision de Dieu. En vivant le Père dans le Verbe, l’homme voit Dieu et participe à sa vérité. Le Verbe de Dieu, nous dit Irénée, « fit apparaître l’image dans toute sa vérité, en devenant lui-même cela même qu’était son image, et il rétablit la ressemblance de façon stable, en rendant l’homme pleinement semblable au Père invisible par le moyen du Verbe dorénavant visible »235. Clément d’Alexandrie déclare sur ce même point : « Le

232 Irénée de Lyon, Contre les hérésies, III, XIX, 1. Cette même vérité propre à notre filiation par adoption (υιοθεσία) identique au mystère de notre divinisation, Maxime le Confesseur la formule ainsi : « Dieu, le Verbe de Dieu et Père est devenu Fils de l’homme et homme pour faire dieux et fils de Dieu les hommes » (Maxime le Confesseur, Capita theologica et œconomica, II, 25, PG 90, 1136B; cité dans J.-C. LARCHET, La divinisation de l’homme selon Saint Maxime le Confesseur, Paris, Cerf, 1996, p. 105).

233 Irénée de Lyon, Contre les hérésies, Paris, Cerf, Coll. « Sagesses chrétiennes », 1984, p. 366.

234 Ibid., p. 568; Maxime le Confesseur, dans une affirmation similaire, nous dit : « Parce que Dieu s’est fait homme, l’homme peut devenir Dieu. Il s’élève par des ascensions divines dans la mesure même où Dieu s’est humilié par amour pour les hommes, en assumant, sans changer, le pire de notre condition » (Maxime le Confesseur, Chapitres théologiques et économiques, PG 90, 1165).

235 Irénée de Lyon, Contre les hérésies, Op. cit., p. 618.

Verbe s’est fait homme pour que tu apprennes d’un homme comment l’homme peut devenir Dieu (ανθρωπος γένηtαι θεός) »236. C’est lui qui « nous gratifie de l’héritage paternel, réellement grand et divin et inamissible ; il divinise (θεoποιων) l’homme par un enseignement céleste »237.

Hippolyte nous propose, dans ses Philosophoumena, une excellente synthèse théologique portant sur la filiation divine comprise comme divinisation : « Toi qui, vivant sur cette terre, as connu le roi céleste, tu seras le familier de Dieu et le co-héritier du Christ, n’étant plus soumis, ni aux désirs des passions, ni aux maladies, car tu es devenu dieu (γέγονας γαρ θεός). Toutes les épreuves que tu as endurées étant homme, Dieu te les a envoyées parce que tu es homme; en revanche, tous les biens qui sont naturels à Dieu, Dieu a promis de te les donner quand, engendré à l’immortalité, tu auras été déifié (οταν θεoποιηθης) »238. Saint Athanase d’Alexandrie voit comme tous les autres Pères que le Verbe « s’est lui-même fait homme, pour que nous soyons faits Dieu; et lui-même est rendu visible par son corps, pour que nous ayons une idée du Père invisible »239.

Saint Jean Chrysostome écrit sur le mystère de notre filiation divine qui jaillit du mystère de l'Incarnation : « Il est beaucoup plus difficile, dans notre manière de penser, d’admettre un Dieu fait homme que de supposer que l’homme puisse devenir l’enfant de Dieu. Lors donc que vous entendez que le Fils de Dieu est aussi le Fils de David, le Fils d’Abraham, ne doutez plus que vous-même, enfant d’Adam, ne puissiez devenir l’enfant de Dieu. Non, il ne se serait pas humilié de la sorte sans avoir un but, celui de nous élever. Il est né selon la chair, pour vous faire naître selon l’Esprit; il est né d’une femme, pour que vous ne soyez plus l’enfant d’une femme. Il y a donc en lui deux générations, celle qui le rend semblable à nous et celle qui est supérieure à la nôtre. Naître d’une

236 Clément d’Alexandrie, Protreptique, 1, 8.

237 Protreptique, 11, 114.

238 Hippolyte, X, 34. Hippolyte nous dit de même que le Verbe incarné enveloppe en lui tous ceux qui vivent de sa vie, voulant par là « restaurer tous les fils de Dieu et appelant tous les hommes à former un seul homme parfait; car il n’y a qu’un seul Fils de Dieu, grâce auquel nous aussi, ayant bénéficié de la renaissance par l’Esprit Saint, nous désirons tous parvenir au seul homme parfait et supracéleste » (Hippolyte, De Christo et antichristo, 6, GCS 1 / 2, 1897, p. 6). Hippolyte voit que l’Incarnation du Verbe effectue en l’homme sa naissance nouvelle connectée intérieurement à la naissance éternelle du Verbe dans la vie du Père : « Dis-moi, o bienheureuse Marie, qu’as-tu conçu dans ton sein ? Qui était celui que tu portais dans ton sein virginal ? C’était le Verbe premier-né de Dieu qui, descendu des cieux en toi, venait être pétri en ton sein comme premier-né de l’homme, pour que le premier-né Verbe de Dieu se montrât uni à l’homme comme premier-né » (Hippolyte de Rome, Sur Elcana et Anne, fragm. 2 : GCS I, 2, 121).

239 Athanase D’Alexandrie, De l’Incarnation du Verbe, Paris, Cerf, SC 199, 2000, p. 459.

femme, c’est le propre de notre faible humanité; mais naître de l’Esprit-Saint (…), c’est ce qui dépasse notre nature et ce qui annonce aussi la nouvelle naissance dont cet Esprit doit nous favoriser »240.

Saint Cyrille d’Alexandrie nous dit que notre vérité filiale nous est nécessairement donnée dans le Christ, puisque « c’est par le Christ que nous nous élevons à la dignité surnaturelle et que nous devenons les enfants de Dieu »241. Il insiste sur le fait que nous sommes « engendrés » de Dieu comme frères du Christ par le don de l’Esprit qui nous divinise intérieurement. « La participation à la nature divine achève la création à l’image de Dieu qui caractérise l’homme; elle est assurée en nous par l’Esprit qui nous divinise :

« puisque nous aussi, faits à l’image du Créateur, nous paraissons le mieux préserver cette propriété lorsque, devenus participants de sa divinité par l’Esprit Saint qui habite en nous, nous sommes transformés en la nature divine » »242.

Parce que le Verbe de Dieu habite en nous par l’Esprit, « nous sommes élevés à la dignité de l’adoption, ayant en nous le Fils lui-même auquel nous sommes conformes par la participation de son Esprit »243. Une telle vérité, nous l’expérimentons surtout lorsque nous recevons les sacrements du Baptême et de l’Eucharistie qui opèrent en nous d’une façon progressive le processus de notre divinisation spirituelle.

Saint Augustin définit la filiation adoptive de l’homme comme le fruit gracieux de l’Incarnation du Fils. « Par une condescendance admirable, le Fils de Dieu, son Unique selon la nature, est devenu Fils de l’homme, afin que nous, qui sommes fils de l’homme par nature, nous devenions fils de Dieu par grâce »244. Seul le devenir homme de Dieu rend les hommes capables de participer à la divinité et de devenir un avec la tête du corps mystique. « Nous sommes membres de cette tête. Impossible de la couper. Si elle est dans

240 Jean Chrysostome, Commentaire sur l’Évangile de saint Matthieu, Homélie II, 2.

241 Cyrille d’Alexandrie, Commentaire sur l’Évangile de saint Jean, I, 12, I.1. « Le Fils est venu, (…), il s’est fait homme pour ramener notre être en lui d’abord, comme le premier d’entre nous, à une naissance et une vie saintes, merveilleuses, vraiment extraordinaires. Le premier donc, il devint un être engendré de par l’Esprit-Saint – selon la chair, s’entend -, pour que la grâce pût parvenir jusqu’à nous comme par une route et que nous accédions ainsi à une renaissance spirituelle « non pas du sang, ni d’un vouloir de chair, ni d’un vouloir d’homme, mais de Dieu » par l’Esprit, et à une conformité en esprit avec le véritable Fils par nature » (Cyrille d’Alexandrie, Deux dialogues christologiques, SC 97, Paris, Cerf, 1964, p. 335; souligné par nous. Cyrille ajoute dans ce même contexte que le Christ « est descendu jusqu’à nous à cette fin de nous élever jusqu’à la dignité divine qui est la sienne » (Ibidem; souligné par nous).

242 Cyrille d’Alexandrie, Thesaurus 13, 225 C; cité dans B. MEUNIER, Le Christ de Cyrille d’Alexandrie, Paris, Beauchesne, 1997, p. 164.

243 Cyrille d’Alexandrie, Thesaurus 23, PG 75, 571 cd.

244 Augustin, Cité de Dieu, XXI, 15.

la gloire pour toujours, les membres y sont aussi pour toujours, afin que le Christ soit intact pour toujours »245. « Étant Dieu avec le Père par qui nous avons été faits, il est devenu un de nous, afin que nous puissions être le corps de cette tête »246. Nous ne pouvons pas vivre hors de la vie du Christ qui nous constitue intérieurement et qui nous donne d’être ce qu’il est lui-même en lui-même.

Grégoire de Nazianze résume toute la vocation du chrétien qui vit le Christ et naît en Dieu ainsi : « Il faut que je sois enseveli avec le Christ, que je ressuscite avec lui, que j’hérite avec lui du ciel, que je devienne fils de Dieu, que je devienne Dieu (…). Voilà ce qu’est pour nous le grand mystère, voilà ce qu’est pour nous le Dieu incarné, devenu pauvre pour nous. Il est venu relever la chair, sauver son image, réparer l’homme. Il est venu pour nous faire parfaitement un en lui. (…) Il n’y a plus que la divine image que nous portons tous en nous, selon laquelle nous avons été créés, qu’il faut former et imprimer en nous, si fort qu’elle suffise à nous faire connaître. Il faut donc nous donner tout au Christ. Alors nous serons tous déiformes, parce que nous possèderons en nous-mêmes Dieu tout entier et Dieu seul. Telle est la perfection à laquelle nous tendons »247.

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