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d) L’homme, image de Dieu

Dans le document The DART-Europe E-theses Portal (Page 197-200)

L’homme, fils de la vie, loin d’être façonné à l’image du monde, révèle Dieu dans sa vérité intérieure vivante tel que Dieu se révèle lui-même en lui-même. Et pour être image de Dieu, il ne peut pas avoir en lui l’image du monde. Parce qu’il n’est rien d’autre que le fils de la Vie, l’homme est capable d’éprouver la Vie telle qu’elle s’éprouve elle-même dans son vivre transcendantal immanent. Il coïncide avec sa vérité filiale cousue du rapport intérieur et invisible qui le lie à lui-même en Dieu. L’homme intérieur qui s’éprouve lui-même en Dieu est révélé à lui-même dans l’auto-révélation invisible de la

403 Ibid., p. 182.

Vie. Il est par là aussi invisible que la vérité de Dieu qui le pose en lui-même dans la profondeur de sa vie intérieure. « Semblable à Dieu, l’homme n’est rien du monde, rien en lui ne s’explique en dernier lieu par le monde. Semblable à Dieu, l’homme n’est pas le produit d’un procès qui pose hors de soi sous la forme d’une image. L’homme n’a jamais été posé hors de Dieu. L’homme n’est pas une image qu’on pourrait voir. L’homme n’est rien de visible. Personne n’a jamais vu Dieu, mais personne n’a jamais vu un homme – un homme dans sa réalité véritable, un Soi transcendantal vivant. (…) C’est parce que Dieu est Vie qu’il est invisible. (…) L’homme n’a jamais été créé, il n’est jamais venu dans le monde. Il est venu dans la Vie. C’est en cela qu’il est semblable à Dieu, fait de la même étoffe que Lui, que toute vie et que tout vivant. De cette étoffe qui est la substance phénoménologique pure de la vie elle-même »404.

L’homme du monde, parce qu’il n’est capable de révéler que ce qui lui est donné d’être dans l’auto-apparaître du monde, est une image de l’Image du Monde405 qui diffère radicalement de l’image de Dieu, puisque être image de Dieu implique nécessairement cette révélation intérieure donnée à elle-même dans la révélation immanente de Dieu lui-même. Si l’homme ne peut pas être une image extérieure par rapport à la Vie qui le donne à lui-même, c’est parce qu’il ne peut vivre que là où il respire la vie dans chaque point de son être pathétique capable de s’éprouver intérieurement sans cesse. Être dans le monde comme image de ce monde ne peut être possible que « sur le fond de cette mise en image originelle qu’est l’horizon du monde en sa phénoménalisation extatique. Si l’homme était une image, s’il était créé à la façon dont le monde est créé, il ne pourrait précisément plus

404 Incarnation, p. 327-328.

405« Parce que l’homme qu’on voit tient son apparaître de l’apparaître du monde, les lois de cet apparaître sont aussi les siennes : l’espace, le temps, la causalité, les déterminations multiples que tissent chaque jour les sciences de la nature et les prétendues sciences de l’homme et dans le réseau desquels il est pris. Cet homme est le frère des automates susceptibles d’être construit selon les mêmes lois – et qui le seront. Pour être semblables à celui que nous sommes, ce qui manque à ce spectre, c’est d’être vivant – non ce vivant étranger à la vie dont parle la biologie mais celui qui porte en lui le vivre de la Vie phénoménologique absolue, l’homme qu’on ne le voit pas, pas plus que le Christ, l’homme qui a pris naissance dans la Vie et tient de sa naissance transcendantale tous ses caractères pathétiques, l’homme transcendantal du christianisme, le Fils de Dieu » (MV, p. 131-132).

« Qu’est-ce qu’un homme réduit à son apparition dans la vérité du monde ? Un automate, un complexe d’ordinateurs, un robot, - une apparence extérieure d’homme sans ce qui fait de lui un homme » (Ibid., p.

335).

être l’"image" de Dieu, porter en lui la même essence, l’essence de la Vie – il ne serait plus et ne pourrait plus être vivant »406.

Loin d’être celui qui vient dans le monde par le pouvoir du monde lui-même, l’homme vivant est nécessairement celui qui vient dans sa vie par le Pouvoir de la Vie qui est le lieu d’effectuation de tout venir en soi à partir d’elle. Personne ne peut venir dans sa vie hors du venir de la Vie en lui. Cela est vrai parce que l’homme ne peut se vivre lui-même que dans la mesure où Dieu supporte en lui son auto-épreuve. Supporté en Dieu au fond de sa naissance intérieure, l’homme vivant ne cesse d’éprouver sa vérité grâce à la Puissance divine qui le pose en même. Et parce qu’il vit de la Vie qui le pose en lui-même, l’homme reçoit la grâce d’être vivant dans le Fond incréé de Dieu. Et c’est précisément en ce sens qu’il est incréé, puisqu’il n’y a rien en lui qui puisse tenir sa vérité intérieure de l’Extériorité originaire du monde. Que l’homme vivant soit incréé, cela veut dire qu’il a en lui la vie de Dieu qui ne peut poser en l’homme que sa propre essence phénoménologique intérieure. En donnant sa vie à l’homme, Dieu ne lui donne pas cette donation comme « on donne quelque chose à quelqu’un, à la manière d’un présent qui passe d’une main à celle d’un autre. Il lui a donné sa propre essence en ce sens que sa propre essence étant l’auto-engendrement de la Vie en lequel s’engendre l’Ipséité de tout vivant. Donner sa propre essence à l’homme signifiait pour Dieu lui donner la condition de vivant, le bonheur de s’éprouver soi-même dans cette épreuve de soi qu’est la Vie et dans l’immanence radicale de cette épreuve, où il n’y a ni « dehors » ni « monde ».

Engendrer veut dire tout sauf créer, si création désigne la création du monde, cette ouverture phénoménologique d’un premier « Dehors » où se découvre à nous le règne entier du visible »407. Ceci dit, il n’y a rien d’autre dans l’homme qui vit en Dieu que cette essence incréée de la vie de Dieu elle-même. D’où l’affirmation : en générant l’homme dans sa vérité intérieure, Dieu ne peut lui donner que ce qu’il est en lui-même.

L’homme, jouissant d’une humanité singulière propre, est, dans cette humanité même, le lieu de manifestation de la vérité propre de Dieu qui ne cesse de l’engendrer dans sa vie même. L’homme ne fait donc que vivre Dieu en naissant en lui-même, puisqu’il ne naît en lui-même que parce que Dieu le donne de naître dans sa vie. La vie de l’homme n’est

406Ibid., p. 131.

407 Ibid., p. 130-131.

vivante en elle-même que parce qu’elle est vivante d’abord en Dieu. Étant l’essence de ma vie, la vie de Dieu est ce qui constitue en moi ma vérité intérieure. Si nous ne pouvons pas venir en nous-mêmes que là où Dieu ne cesse de venir en nous, c’est parce que c’est uniquement en Dieu qu’est engendré le rapport qui nous lie à nous-mêmes intérieurement. Je suis vivant d’une vie qui n’est pas mon fait, puisqu’elle ne m’est donnée et ne m’affecte que dans la mesure où elle m’est donnée dans l’auto-donation de la vie absolue.

Dans le document The DART-Europe E-theses Portal (Page 197-200)

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