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pour les soignants et les soignés

4.2 Définition de sept thèmes d’analyse à partir de la lecture des romans

4.2.1 Présentation des auteurs et des livres

4.2.1.6 Marie Didier

4.2.1.6.1 Biographie12

Marie Didier est née Alger en 1939. Elle ne connaîtra pratiquement pas son père, capitaine dans l’armée française qui meurt en 1940. Elle est élevée par sa mère institutrice. Elle débute sa carrière de médecin gynécologue à l’hôpital Mustapha en Algérie. Elle exerce ensuite dans les bidonvilles, auprès des populations gitanes, puis ensuite à Toulouse, avec une activité mixte, hospitalière et libérale. Très sensible à la misère humaine, elle utilise l’écriture pour faire son introspection et améliorer sa relation avec ses patients. Ses sources d’inspiration sont variées avec une constante cependant, la préoccupation des plus malheureux. Parmi ses œuvres, citons

Contre-visite (1988), La mise à l’écart (1992), La vie de Jeanne (2000), La bouilloire russe

The Citadel (novel). In: Wikipedia [Internet]. 2019 [cité 9 sept 2019]. Disponible sur:

https://en.wikipedia.org/w/index.php?title=The_Citadel_(novel)&oldid=902241144

12 Tirée de : Marie Didier (auteur de Dans la nuit de Bicêtre) - Babelio [Internet]. [cité 9 sept 2019]. Disponible sur:

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(2002). Son livre La nuit de Bicêtre (2006) obtient le prix Jean Bernard, décerné par l’Académie de médecine.

4.2.1.6.2 Contre-visite

Résumé13 : La contre-visite du Docteur Marie Didier, ce n'est pas la vérification d'un médecin ultra-scrupuleux ou d'un major soupçonneux. La journée de « visite » a été longue et parfois dure entre l'hôpital, le cabinet de banlieue, le dispensaire, le bidonville où vivent les gitans. Elle se demande toujours si elle a su comprendre la souffrance, atténuer la tristesse d'être seul, le malheur d'être deux et de ne plus s'aimer. Ce n'est pas une « superwoman » en blanc, et quand elle rentre le soir, comme n'importe quel médecin, elle arrive souvent fatiguée. Alors, avec et contre sa lassitude, Marie Didier ouvre ce cahier d'une contre-visite intérieure. Elle fait comparaître avec ironie et douceur les visages rencontrés pendant la journée, les Français moyens qui ont si peu de moyens, les Algériens qui en ont encore moins, les familles tsiganes chassées par la police, les vieilles gens trop solitaires. Elle écoute à nouveau leurs confidences déchirantes ou parfois cocasses, leurs aveux surprenants ou leurs plaintes inattendues. Elle fait comparaître aussi sans indulgence le docteur Marie Didier pour regarder se défaire l'image reconnue du médecin dévoué et sans faille, pour accueillir la force, la lumière dont certains de ses patients sauront lui faire don sans même qu'ils le sachent, pour chercher avec eux et pour eux, avec elle et pour elle, le geste exact. A-t-elle su écouter ? A-t-elle su répondre ? Oui, sans doute. Parce que ce journal des jours ordinaires de la vie, des gens ordinaires est un livre pas ordinaire. Un livre éclairé d'une lumière juste, celle de la compassion sans misérabilisme, de l'observation sans voyeurisme et de l'intelligence du cœur.

Description du type de l’ouvrage : Cet ouvrage se rapproche plus de l’autobiographie et du

journal intime que de la fiction romanesque.

4.2.1.7 Céline

4.2.1.7.1 Biographie14

Louis Ferdinand Destouches (1894–1961), dit Céline, est né et mort en région parisienne. C’est un médecin et écrivain qui a vécu les deux guerres mondiales. Il est notamment célèbre pour

13 Tiré de : Contre-visite - Blanche - GALLIMARD - Site Gallimard [Internet]. [cité 9 sept 2019]. Disponible sur: http://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Blanche/Contre-visite

14 Tirée de : Louis-Ferdinand Céline. In: Wikipédia [Internet]. 2019 [cité 9 sept 2019]. Disponible sur:

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son roman Voyage au bout de la nuit, très autobiographique, publié en 1932 et prix Renaudot (il manque de peu le prix Goncourt). Ce livre a créé une double révélation :

- dans la manière d’écrire, en introduisant pour la première fois le langage parlé dans la littérature ;

- dans la façon de penser, en remettant en cause le nationalisme et ses conséquences guerrières désastreuses, ce que nul à son époque n’avait encore songé à critiquer. Céline interrompt ses études secondaires pour s’engager volontaire à 18 ans dans l’armée française en 1912, puis est confronté aux horreurs de la première guerre mondiale, ce qui le rendra profondément pacifiste et pessimiste. Décoré de la Croix de guerre en 1914, il est réformé. Puis il s’en va travailler dans des plantations au Cameroun. Après la guerre, Céline se fixe à Rennes, termine ses études secondaires, se marie en 1919 avec la fille d’un « patron », fait des études de médecine avec une formation accélérée (due à sa qualité d’ancien soldat), soutient une thèse sur la vie et l’œuvre de Philippe Ignace Semmelweis, puis devient médecin généraliste en 1924. Il est alors embauché à Genève par la fondation Rockefeller, ce qui l’amène à voyager en Afrique et aux États-Unis en compagnie d’autres médecins. Puis il exerce la médecine dans un dispensaire à Bezons à Argenteuil, dans la banlieue parisienne. C’est donc un médecin principalement intéressé par l’hygiène et la médecine sociale. En 1926 il rencontre à Genève une danseuse américaine qui sera le grand amour de sa vie. C’est toute cette partie de sa vie que Céline relate dans Le voyage. En 1936 Céline publie le roman Mort à crédit, récit inspiré de son enfance. Pendant la deuxième guerre mondiale, Céline affiche un antisémitisme virulent, et il collabore avec l’ennemi. À la fin de la guerre, il suit l’armée allemande en déroute. Il s’installe dans le château de Sigmaringen avec le dernier carré des pétainistes et dignitaires du régime de Vichy, ce qu’il relate dans son troisième roman D’un château l’autre.

En 1958 il est condamné par contumace à l’indignité nationale pour collaboration. Puis il est amnistié en 1951.

4.2.1.7.2 Voyage au bout de la nuit

Résumé15 : Lorsque le jeune Ferdinand Bardamu s’engage dans l’armée, il participe à la Grande guerre, et il côtoie ses horreurs. Il y perd ses illusions patriotiques, en même temps que son innocence et son héroïsme. Ils font place au pacifisme et à un profond pessimisme. En Afrique, où le colonialisme lui montre une autre forme d’atrocité, Bardamu s’insurge contre cette

15 Tiré de : Voyage au bout de la nuit - Louis-Ferdinand Céline [Internet]. Babelio. [cité 9 sept 2019]. Disponible sur: https://www.babelio.com/livres/Celine-Voyage-au-bout-de-la-nuit/1636

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exploitation de l’homme par l’homme. En Amérique (États-Unis) où il se rend ensuite, il voit que le capitalisme dépourvu de lois sociales conduit à la misère des plus faibles. Mais Bardamu refuse toute morale et survit comme il peut, entre son travail à la chaîne et son amour pour Molly, généreuse prostituée. De retour en France, il s’installe comme médecin dans la banlieue parisienne, au Rancy (commune imaginaire). Bardamu se dévoue pour ses malades. Au fil de son voyage, il prend conscience de la misère humaine et s’en indigne, cynique et sombre comme la nuit.

Description du type de l’ouvrage : Il s’agit à la fois d’un récit à fort caractère autobiographique,

et d’un roman où domine un profond pessimisme et fatalisme sur la nature humaine. Comme dans le livre de Reverzy Le Passage, le médecin se trouve parfois confronté à des cas désespérés auxquels il ne peut rien. Cette impuissance est sans doute une composante du pessimisme commun au Passage et au Voyage. Pessimisme tranquille et détaché dans le premier, mais amer et violent dans le deuxième. Pour Céline, chacun erre dans sa nuit, seul et sans possibilité de soulager ses peines : « Autant pas se faire d’illusions, les gens n’ont rien à se dire, ils ne se

parlent que de leurs peines à chacun, c’est entendu […] Et puis à se vanter entre-temps qu’on y est arrivé à se débarrasser de sa peine, mais tout le monde sait bien n’est-ce pas que c’est pas vrai du tout et qu’on l’a bel et bien gardée entièrement pour soi » (p. 292).