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5.1 Les outils pédagogiques utilisés en classe de français langue étrangère

5.1.1 Le manuel

Le manuel scolaire est un ouvrage didactique, qui expose l'essentiel des connaissances relatives à un domaine donné. Les manuels sont des outils pédagogiques utilisés par l’enseignant tout comme des objets d’étude pour l’apprenant. Un manuel scolaire, c’est, à l’évidence, d’abord un livre, c’est-à-dire, d’après l’Académie française, un « assemblage de feuilles imprimées formant un volume ». C’est donc un outil, dont les utilisateurs sont les enseignants et les élèves. C’est enfin un livre rédigé pour un public et des usages précis. Un manuel scolaire correspond à un niveau d’études, suivant un programme. Le manuel est un des instruments qui ont comme fonction de fixer le contenu de l’enseignement dispensé par l’institution scolaire et de faciliter l’appropriation par les élèves de savoirs et de savoir-faire.

Quelle est la place des manuels dans l’enseignement du français langue étrangère ? Le manuel, son cahier d’exercices et surtout son guide pédagogique sont les premiers outils généraux, qui aident l’enseignant à préparer ses cours. Le manuel aide aussi l’élève à étudier, à réaliser des activités, à faire des révisions etc. Ainsi, le livre d’enseignement et sa cassette ou son CD d’accompagnement sont les outils d’apprentissage linguistiques les plus utilisés.

La cassette ou le CD se révèlent être de bons outils pour l’élève car ils permettent d’exercer l’oreille à la musique de la langue. En outre, l’enseignant peut les transporter facilement.

On peut découvrir dans les livres de classe une source particulièrement abondante.

Comment les analyser et que révèlent ces analyses ? Le manuel et son guide pédagogique ont pour fonction d’aider l’enseignant à construire et à programmer son cours, à connaître les instructions officielles. Ils lui apportent des connaissances sur la langue et surtout sur la culture cible, et participent à son autoformation. Il semble difficile de concevoir le manuel parfait. L’heure semble plus au développement de capacités d’analyse et d’usages différenciés chez les maîtres, autrement dit, c’est l’enseignement du professeur qui fait la différence et non le manuel lui-même.

L’objectif assigné à la formation est de véhiculer, présenter, structurer des savoirs, autrement dit, permettre l’acquisition de savoirs et de savoir-faire transposables.

À notre époque, la taille des illustrations augmente et la couleur prend une place importante dans les manuels. L’iconographie vise à susciter l’intérêt de l’élève, facilite sa compréhension et vise à associer ce dernier à l’élaboration du savoir. Le but de la pédagogie est non plus seulement de faire apprendre à l’élève des contenus, mais de lui apprendre à apprendre, c’est-à-dire à s’approprier des méthodes et à acquérir des capacités transférables.

Les objets proposés dans les manuels contemporains d’apprentissage du français langue

étrangère, sont la compréhension orale et écrite et la production orale et écrite, autrement dit les quatre habiletés de base mais aussi, la grammaire et une première présentation de la culture cible. On peut dire qu’il y a une articulation entre eux, car on peut remarquer que le texte ou le dialogue de chaque unité présente les éléments grammaticaux que l’enseignant expliquera ensuite ; la compréhension et la production orales et écrites se rapportent à ces nouveaux éléments. Quant à l’enseignement de la culture cible, elle peut être en relation plus ou moins étroite avec les autres éléments ; selon ce que rapporte Neuner (cité par Byram, 1997), « dans la plupart des manuels contemporains ce contenu (culturel) est subordonné à la progression grammaticale et limité à la représentation implicite du pays étranger dans des textes fabriqués et dans un vocabulaire isolé. En d’autres termes, les aspects socioculturels servent de toile de fond au développement des domaines de la langue et des aptitudes » (p.

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Souvent, les manuels articulent des objets linguistiques, textuels et culturels par l’intermédiaire de textes et autres activités. Les manuels dépendent des courants pédagogiques ; à cause de cela, des changements sont intervenus dans la manière de concevoir des manuels et, par conséquent, dans les outils et pratiques d’enseignement, en raison de l’influence de différents courants pédagogiques sur l’enseignement du français langue étrangère. C’est à cause de ces changements que les manuels de chaque époque donnent la priorité à un de ces objets. Ces manuels ou ces ensembles pédagogiques (appelés parfois improprement méthodes) ne sont, en effet, que des applications particulières d’une ou de plusieurs méthodes qu’ils illustrent ou exemplifient, de manière plus ou moins réussie, plus ou moins orthodoxe. S’ils sont supposés correspondre aux « besoins » des apprenants, manuels et ensembles pédagogiques constituent donc un niveau différent du premier, celui de la méthode, même s’il l’implique. Ce second niveau comprend, d’une part, l’ensemble des éléments constitutifs d’un manuel (dialogues, textes, images, enregistrements, exercices, ...), d’autre part, les normes d’utilisation ou les pratiques de classe préconisées par les auteurs pour la mise en œuvre pédagogique de ces éléments. Ces normes apparaissent dans les consignes, dans les introductions, dans ce qu’on nomme le livre du maître ou le guide pédagogique et elles se réfèrent souvent à la méthode qu’elles appliquent. Un manuel ou un ensemble pédagogique n’est donc qu’un outil mis à la disposition de l’enseignant et des enseignés pour les aider, dans le contexte qui est le leur, à (faire) acquérir la langue étrangère.

Chaque manuel cède la place à des exercices ou à des activités dont les fonctions sont diverses mais qui supposent tous la médiation de l’enseignant. Les exercices les plus courants sont les exercices d’application, de vérification de la compréhension de la « leçon », alors que les situations de recherche et d’exploration sont moins fréquentes. Généralement, la formulation des consignes se révèle difficile pour les apprenants et c’est à l’enseignant qu’incombe d’expliquer à ses élèves ce qu’il faut faire exactement. Le travail intellectuel impliqué dans l'acte d'enseigner passe donc, entre autres par l'usage des manuels scolaires sur lesquels reposent toute démarche pédagogique et toute approche didactique.

Chaque manuel de français langue étrangère a comme complément un cahier d’exercices, qui comporte de nombreux exercices de compréhension et de production orale et surtout écrite. Ce cahier comporte des exercices que l’élève peut faire seul ou avec l’aide de

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l’enseignant, à l’école ou à la maison. Les cahiers d’exercices aident donc les élèves à mettre en pratique les connaissances acquises par l’intermédiaire des manuels avec l’aide de l’enseignant.

L’enseignement du français langue étrangère est toujours centré sur la parole de l’enseignant, et sur l’utilisation du manuel mais il est également un réservoir d’exercices et d’activités.

Il convient également de se référer à la manière dont les enseignants préparent leurs cours. Le rôle que le manuel scolaire joue dans la planification de l’enseignement est important. Il vise à susciter l’intérêt de l’enfant (notamment grâce à l’iconographie), à faciliter sa compréhension, à l’associer à l’élaboration d’un savoir adapté en fonction des caractéristiques d’âge et de niveau du public visé, ainsi qu’à des savoir-faire dans le but de conforter l’acquisition des savoirs disciplinaires. Alors que les manuels sont conçus en principe pour les élèves, ils sont de fait utilisés comme ressources pour « construire » les cours par un certain nombre de professeurs. Pour les enseignants, le cours structuré, conduit par le maître, est considéré comme prépondérant pour l’apport des savoirs. Les manuels occupent une place secondaire. Ils sont des références fiables quant aux savoirs qui y sont présentés. Ils sont donc des outils précieux pour la préparation des leçons au plan des contenus enseignés et des pistes pédagogiques proposées. De ce fait, ils sont considérés et utilisés principalement comme une aide importante à l’élaboration, la structuration, la programmation des cours, mais aussi demeurent un moyen essentiel pour tenir à jour les connaissances de l’apprenant. Lors de la planification de son enseignement, l’enseignant peut prévoir et faire pratiquer divers types d’activités et d’exercices jugés nécessaires et appropriés avec l’aide du manuel utilisé pour amener les élèves à développer des savoir-faire langagiers et une aptitude à communiquer. « Le manuel est un livre du maître, il tend à devenir aujourd’hui un outil pour le maître. » (Choppin, 1998, p. 27). Les manuels sont donc un instrument de travail essentiel pour le maître. En effet, maîtriser les contenus de savoir (la dimension scientifique), avoir un point de vue clair des conceptions de l’apprentissage que l’on préconise (la dimension pédagogique), rédiger des manuels lisibles et accessibles pour le public visé (la dimension communicative), semblent trois talents importants pour les auteurs de manuels.

Pour le jeune enseignant, apprendre à se servir des manuels permet de gagner du temps et ainsi se libérer pour inventer et mieux penser la mise en place de situations didactiques complexes. Les manuels contiennent un « savoir-faire pédagogique » à reprendre aussi bien qu’à questionner. Le manuel aide aussi l’élève en facilitant le retour, la récapitulation, l’objectivation des savoirs, le repérage. Comment les enseignants choisissent-ils les manuels : quelle est leur démarche et quels sont leurs critères ? Que pensent-ils des manuels ? Comment les utilisent-ils ? Tous les enseignants quels que soient leur âge, leur formation, leur expérience professionnelle, leur culture personnelle, ou leurs options pédagogiques, etc., partagent-ils le même point de vue et les mêmes pratiques ? Et les élèves, comment pèsent-ils sur ces attitudes et comportements professoraux? Gagnent-ils à ce que l’enseignant leur distribue des manuels et à ce qu’il en utilise?

En Grèce, au collège, les enseignants de langues vivantes pouvaient jusqu’à l’année dernière choisir leur support d’enseignement à partir d’une liste de manuels approuvés. Cette liste était approuvée par un groupe d’experts au sein du ministère de l’Éducation, qui évaluait les manuels quant à leur conformité au programme et aux besoins et niveaux des élèves. De nouveaux manuels de cours ont été publiés par le ministère de l’Éducation et des Affaires religieuses il y a deux ans, qui sont utilisés actuellement dans un projet pilote d’une année expérimentale.

C’est un peu aux enseignants de trouver des occasions pour que les élèves puissent se motiver. On peut utiliser le même manuel différemment selon les moments, les classes et les différentes phases d’apprentissage : compréhension, mémorisation, application, transfert. Le manuel scolaire est destiné à deux grands types d’utilisateurs, les maîtres et les élèves, qui y recherchent la satisfaction de besoins différents. C’est donc un outil polyvalent, outil d’enseignement pour les uns, outil d’apprentissage pour les autres. Les enseignants considèrent-ils le manuel plutôt comme un outil d’enseignement, servant de médiateur entre eux et les élèves, ou plutôt comme un outil d’apprentissage, servant de médiateur entre le savoir et les élèves ? Le manuel fournit aux enseignants les éléments leur permettant de prévoir, de planifier, voire de réguler les enseignements : le manuel est un « guide » pour l’enseignant, mais il est surtout un outil destiné en priorité aux élèves. Il présente des contenus selon les niveaux d’enseignement. Pour l’enseignant, le manuel constitue alors un auxiliaire d’enseignement fondé sur les produits d’une transposition didactique d’une part, sur des démarches pédagogiques précises d’autre part (récapitulation, révisions).

Selon Dolz (2006), le manuel est un outil au service de l’enseignement et, comme produit pour favoriser le déroulement des apprentissages, constitue un élément essentiel de l’acte d’enseignement / apprentissage.

En suivant la conception de Vygotski, l’action d’enseignement se modifie profondément en fonction des caractéristiques des moyens choisis. Comme l’affirme Bain (1993), « le manuel est un enjeu, disputé par les divers partenaires de la situation pédagogique. C’est certes un moyen d’enseignement mais aussi un instrument de contrôle de la situation didactique » (p. 35). Sans moyens d’enseignement, l’interaction entre l’enseignant, les élèves et les objets d’étude semble difficile. S’il est vrai que « le manuel ne peut pas remplacer le maître » (Develay, 1993), on peut dire, inversement, que la tâche de l’enseignant devient très difficile sans outils de travail appropriés.

Comment concilier exposition des savoirs, exercices et documents ? Quelle place est faite aux manuels dans les classes et quelles sont les démarches d’enseignement ? Pour de nombreux enseignants, le manuel est envisagé comme un outil de formation, paradoxal, toujours riche et toujours incomplet. Il n’est qu’un support parmi d’autres du cours de français langue étrangère. Son efficacité relative, comme pour tout outil, dépend autant de la manière dont on l’utilise que de ses qualités propres. Il y a toujours plusieurs manières d’utiliser un même manuel, quelle que soit la précision des consignes. Car ces manières ou

«lectures » pédagogiques du manuel ne dépendent pas que de ce qui s’y trouve consigné.

Elles dépendent également de la conception qu’enseignant et élèves se font, consciemment ou non, d’une langue, de leur attitude par rapport à la langue de départ et la langue d’arrivée, des

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représentations qu’ils se font de ces langues, de leurs connaissances et préjugés sur ce que doit ou peut être l’enseignement et l’apprentissage d’une langue, de leur tempérament et personnalité, des interrelations qui s’instaurent entre eux, de l’institution dans laquelle ils travaillent, de leurs besoins et désirs, de l’image qu’ils se font d’eux-mêmes, des autres et du monde. Ce qui se passe concrètement dans les classes, quand on y utilise un manuel, est important. La réussite ou l’échec d’une classe de langue sont donc liés à la manière dont enseignant et enseignés intègrent ou n’intègrent pas les trois niveaux que nous avons distingués : ce qu’ils font dans leur classe, ce que propose le manuel et les options que celui-ci présuppose. Le livre est une correspondance entre imaginaire et réalité. La pédagogie contemporaine est fondée sur l'usage de documents authentiques même si l’usage de certains manuels de français langue étrangère aide à l'apprentissage de la langue.

Tableau 2 : Les fonctions du manuel

Les manuels sont les outils centraux de l’enseignement/apprentissage du français langue étrangère. Chaque travailleur a besoin des outils appropriés pour réaliser sa tâche.

Ainsi, les textes manuscrits, le tableau noir, les textes et les documents imprimés, les cartes et les tableaux muraux, les documents audiovisuels, les logiciels éducatifs, constituent autant d’outils auxquels un enseignant peut, en théorie sinon en pratique, désormais recourir. Ils jouent un rôle concurrentiel ou complémentaire. Leur interaction a fortement influé sur la conception du manuel. Des annales, des aide-mémoire, des dictionnaires, des « petits classiques » (livres contenant des textes littéraires, accompagnés de notes pédagogiques...) », multiplient les recueils d’exercices en complément des manuels proprement scolaires.