• Aucun résultat trouvé

Français langue étrangère et place et enseignement de la culture cible et de

Le but principal de l’école est la transmission de la culture à travers la langue. Selon Kramsch, si on considère que la langue est une pratique sociale, la culture devient le noyau de l’enseignement. Pour sa part, Porcher (1982) note :

l’enseignement de la civilisation est le lieu d’un étrange paradoxe : chacun s’accorde à prétendre qu’il constitue une partie essentielle de l’enseignement d’une langue, mais très peu de travaux systématiques lui sont consacrés, tant sur le plan de la recherche qu’au niveau de la production pédagogique. Des choses existent certes, dans ces deux domaines, et certaines sont même de remarquable qualité, mais l’on voit bien qu’aucune priorité concrète n’est accordée à ce secteur, chez les didacticiens professionnels (p. 39).

Il n’existe aucun trait de civilisation indépendamment de la langue. Selon Abdallah-Pretceille (1983), « l’inter-relation de la langue et de la culture est désormais considérée comme un point d’ancrage de l’enseignement de toute langue vivante. Il ne s’agit plus de juxtaposition des apprentissages mais de complémentarité (p. 40). La même année Byram (1983), note que « langue et culture devaient être étudiées de concert » (p. 128).

La didactique des langues marque la jonction entre le linguistique et le culturel. Dès la naissance de la didactique des langues, l’enseignement de la culture y a sa place. Au début, elle est abordée sous le terme de civilisation, car c’est surtout l’enseignement de la littérature qui présente un grand intérêt. D’ailleurs, les deux mots sont depuis longtemps synonymes. Il y a un rapport incontestable entre la langue et la culture, un rapport de réciprocité et d’interaction et l’enseignement d’une langue met en cause l’enseignement de la culture qui lui correspond. Nous pensons que d’une part, l’objectif en classe de langue est centré sur l’acquisition du savoir-faire culturel, ce qui permet ainsi le contact et l’intégration sociale dans une nouvelle communauté linguistique et, de l’autre, l’instauration d’une communication interculturelle qui présuppose le contact entre deux cultures indépendantes et différentes et une interaction entre deux cultures qui se constituent par la communication. Le langage est un phénomène comportemental qui se trouve au centre de la vie d’un peuple. La connaissance du vocabulaire d’une langue et des règles de la grammaire n’amène pas à son utilisation correcte si on ne connait pas les règles d’emploi de la langue, autrement dit, si on ne sait pas comment et quand on doit utiliser chaque expression.

Les aspects associés à la notion de ‘civilisation’ ont été pris en considération depuis les débuts de la didactique des langues étrangères. Dans le domaine éducatif, dans une Europe unie, le terme de civilisation n’a cependant plus de place, car le but n’est pas de transmettre et

54

de défendre les valeurs d’une société supérieure mais de communiquer, et surtout de se faire comprendre et de se comprendre (le principe d’altérité).

Quant à l’étude de la culture et à ses objectifs, Byram (1992) formule de façon très claire que « L’étude d’une culture comporte donc deux buts interdépendants : faciliter l’emploi de la langue par les apprenants et les aider à prendre conscience du concept d’‘altérité’ culturelle, de ce que Leach appelle le ‘casse-tête éternel de toute enquête anthropologique’, autrement dit, ‘la question de savoir dans quelle mesure nous nous

ressemblons et dans quelle mesure nous différons les uns des autres’ » (p. 84).

Dans le même sens, Kramsch (1993) affirme que « L’apprentissage de la langue conduit à l’apprentissage culturel car apprendre une langue signifie s’imprégner de la réalité socioculturelle du pays donné, où l’on parle la langue donnée » (p. 8).

Dans cette perspective, l’observation de Calliabetsou (1995) mérite d’être citée: « Dans une Europe plurilingue et polyculturelle, en classe de langue, on ne pourrait plus dissocier l’enseignement d’une culture de l’étude du langage qui en est à la fois l’expression la plus authentique et le meilleur moyen d’investigation » (p. 264). Apprendre une langue signifie apprendre à s’imprégner de la réalité socioculturelle du pays dont on apprend la langue. La connaissance de la culture est très importante même pour la connaissance de la langue bien que la langue soit une pratique sociale.

Des didacticiens comme Laforge (1992) et Lussier (1995) répètent qu’il y a un rapport incontestable entre la langue et la culture, un rapport de réciprocité et d’interaction et que l’enseignement d’une langue met en cause l’enseignement de la culture qui lui correspond.

Selon Liljana Skopinskaja, les professeurs des langues étrangères se trouvent entre deux principales définitions de culture. D’une part, ‘la culture cultivée’ (Brooks 1964) ou ‘la culture avec un grand C’ (Stern 1992) ou ‘la culture savante’ (Stempleski et Tomalin 1993), qui comporte l’ensemble des productions artistiques créatives et intellectuelles du perfectionnement humain et, d’autre part, la culture partagée, ou ‘la culture avec un petit c’

(Stern 1992) qui comprend la culture de tous les jours.

L’enseignement et l’apprentissage de la culture correspondent à une tendance, qui est venue répondre à un besoin ardent et prioritaire de la didactique des langues. Nous pouvons dire que les principales causes de son développement sont :

1) l’avènement du fonctionnalisme et de l’approche communicative, qui ont fait de la compétence de communication l’objectif premier. La compétence de communication accorde aussi son intérêt à la composante culturelle.

2) La centration sur l’apprenant, qui est beaucoup plus motivé à rentrer en contact et à connaître les cultures d’aujourd’hui.

3) L’utilisation des documents authentiques.

4) L’orientation de l’apprentissage des langues vers des objectifs plus humanistes.

5) La transmission du patrimoine culturel considéré comme spécifique (notamment des valeurs comme les droits de l’homme, la littérature française, etc.).

6) L’association des pratiques de la langue aux situations et aux pratiques culturelles des différents pays francophones.

Citons les objectifs d’un projet de recherche et d’enseignement, intitulé

« L’enseignement de la civilisation en classe de langue vivante en France et en Grande-Bretagne », entrepris à Paris, à l’Institut National de Recherche Pédagogique sous la responsabilité d’Albane Cain :

1) amener les élèves à relativiser la position de leur système premier vis-à-vis du système étranger ;

2) fournir un apport de connaissances aux élèves à propos du pays dont ils apprennent la langue ;

3) mettre en place une plasticité d’accueil qui rende les élèves capables, tout au moins, de ne pas rejeter des schémas de perception et d’interprétation autres que ceux de la culture-source ;

4) amener les élèves à comprendre le lien entre langue et culture, comportements culturels à la fois verbaux et non-verbaux et la capacité de les appliquer de manière culturellement appropriée.

En s’appuyant sur les postulats les plus récents de la didactique des langues, nous considérons que l’enseignement/apprentissage de la culture se présente aujourd’hui comme un des grands défis de la didactique des langues, tant pour des raisons pédagogiques que pour des raisons plus générales, comme la construction de l’Europe unie. Il est clair que ce sont les savoir-faire culturel et interculturel qui intéressent la didactique actuelle des langues. Dès lors, la nécessité d’une formation adéquate des enseignants dans ce domaine s’impose comme une tâche essentielle à leur enseignement.

L’enseignement du français langue étrangère vise la maîtrise d’un savoir-vivre en France et l’acquisition de connaissances appartenant au fond culturel français ou francophone, autrement dit à la culture française. La notion de culture est souvent abordée de manière implicite dans la classe de français langue étrangère, où, la plupart du temps, l’apprentissage ressemble davantage à une accumulation de connaissances plutôt qu’à un processus d’acquisition continu. Ce qui est plus intéressant dans la classe de français langue étrangère, c’est la culture partagée, courante, ou la culture comportementale, autrement dit le savoir-faire culturel qui aide les élèves à apprendre à agir dans une situation donnée (dans un contexte), mais aussi dans une situation imprévisible. Apprendre une langue signifie donc apprendre à s’imprégner de la réalité socioculturelle du pays dont on apprend la langue.

L’évolution de la didactique des langues et l’apparition de l’approche communicative ont renouvelé l’enseignement / apprentissage de F.L.E. et l’enseignement de la culture française est devenu une nécessité incontestable.

« On ne peut plus dissocier, en classe de langue, l’enseignement d’une culture de l’étude du langage » (Calliabetsou, 1995, p. 264).

Dans notre thèse, la double relation, existant entre langue et grammaire et entre langue et culture, nous intéresse énormément puisque notre objectif est d’examiner la place entre la

56

langue, la grammaire et la culture et leur relation avec les manuels et l’enseignement du FLE en Grèce.