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Le rôle du professeur de langue a subi de profonds changements. Nous constatons également un glissement dans la fonction du professeur de langues. L’enseignant a un rôle

« de détenteur d’un savoir et donc d’informateur : il est un intermédiaire entre une culture et une autre. » (Zarate, 1982, p. 31). Le maître doit aider ses élèves à mettre en évidence les repères culturels sans cesse véhiculés par la langue, les médias, la publicité, etc., de sorte qu’ils puissent les interpréter et s’en servir pour mieux connaître le pays dont il enseigne la langue.

Quant à la formation des professeurs, Byram souligne le problème de la compétence du professeur. Il prend en compte un point mis en évidence par Bruner (1966) : « Le premier problème, et le plus évident, consiste à savoir comment construire des programmes que des professeurs ordinaires peuvent enseigner à des étudiants ordinaires, et qui en même temps reflètent clairement les bases ou les principes sous-jacents aux divers champs de recherche » (cité par Byram, 1992, p. 71).

La nature des contenus culturels dans l’enseignement et l’apprentissage des langues étrangères a changé. On n’enseigne plus seulement ‘la culture cultivée’ ou, pour dire autrement, ‘la civilisation’, au sens de la littérature, des hauts faits de la civilisation et de l’histoire mais ‘la culture partagée’ qui comprend la culture de tous les jours, c’est-à-dire les réalités concrètes de la culture-cible comme les événements culturels, les habitudes, les rôles en famille et en société, certains thèmes d’actualité, etc. Ce qui intéresse plus dans la classe de français langue étrangère c’est la culture partagée, courante, ou la culture comportementale autrement dit le savoir-faire culturel qui aide les élèves à apprendre à agir à une situation donnée dans un contexte mais aussi à des situations imprévisibles.

Baumgratz-Gangl (1993) note à propos du rôle du professeur : « Sa fonction culturelle se déplace elle aussi : la transmission d’un héritage culturel (la littérature) en tant qu’objectif de l’enseignement d’une langue vivante s’efface derrière la formation aux relations avec des hommes et des femmes de l’autre société et de l’autre culture, voire des autres sociétés et autres cultures en général » (p. 131).

Dans ce domaine, le rôle de l’enseignant est très important mais aussi assez difficile puisque la plupart des enseignants ont « appris » et non pas « acquis » la langue et la culture françaises.

L’enseignant peut enseigner ce qu’il juge important. C’est à lui de choisir ce qu’il veut enseigner, en tenant compte de l’âge et du degré de maturité de ses élèves. La connaissance des aspects de civilisation dépend du choix fait par le professeur. Aussi, si le professeur le désire, il peut se servir de textes et de documents rassemblés comme point de départ pour examiner plus attentivement certains sujets comme la France et le Marché Commun, ou la francophonie. Mais il ne peut être conseillé ici de diminuer l’étude de la langue au profit d’une étude plus spécialisée de la civilisation. Ainsi, le rôle de l’enseignant consiste à amener

l’élève à faire des comparaisons entre sa propre culture et la culture cible, autrement dit à enseigner le culturel et l’interculturel.

L’efficience de l’enseignement du français langue étrangère est étroitement liée à ses objectifs. L’enseignant doit définir non seulement les objectifs linguistiques mais aussi les objectifs culturels de ses cours. L’objectif de la compréhension d’une culture est de percevoir l’expression de la culture cible à travers les hommes, leurs comportements et leurs habitudes.

Ainsi, le rôle de l’enseignant de F.L.E. est d’une importance primordiale. Il faut que l’enseignant soit un «bon connaisseur» de la langue et de la culture française pour que les jeunes apprenants puissent à leur tour apprendre le français. L’élève qui apprend le français dispose déjà d’un savoir culturel, celui de sa culture d’origine. La rencontre de deux systèmes culturels conduit cependant fréquemment à une friction. C’est pourquoi le rôle de l’enseignant est très important, il aide les élèves non seulement à connaître mais aussi à comprendre la culture cible en se distanciant d’elle. Pourtant, s’il souhaite éveiller la curiosité de ses apprenants concernant la France et la culture française, le moyen le plus simple d’y parvenir consiste certainement à leur faire connaître le peuple français, ses valeurs et son histoire.

Le premier objectif d’un enseignant, quelle que soit la matière qu’il enseigne, doit être certainement l’enrichissement culturel personnel de ses apprenants. C’est l’enseignant de français langue étrangère qui transmet aux apprenants les valeurs, les savoirs et les savoir-faire qui sont en rapport avec la langue et la culture française. Enseigner une langue étrangère, c’est aussi conduire les apprenants à la rencontre d’une nouvelle culture.

L’enseignement du culturel dans la classe du français langue étrangère se rapporte Aux savoirs : le moyen de devenir le même avec une notion, une idée ou une pensée qui se trouve à l’esprit comme une connaissance organisée.

Aux savoir-apprendre : l’intérêt de l’apprenant à apprendre du nouveau, de l’inconnu et du différent.

Aux savoir-faire : qui aide les élèves à apprendre à agir à une situation donnée

dans un contexte mais aussi à des situations imprévisibles.

L’enseignement de la langue entraîne aussi l’acquisition de la culture. Ainsi, comme Proscoli le dit, pour « un enseignement culturel » il faut « un maître culturel ». Un maître bien formé car « l’évolution parfois très rapide des sociétés exige de l’enseignant un lourd effort de suivi constant » (Puren, p. 65). De plus, toujours selon Proscoli (1999b), « Un enseignant âgé et sans contact avec le pays peut tout autant cultiver une représentation erronée des contenus culturels » (p. 145).

Selon Richterich, le point de départ de l’enseignement / apprentissage serait essentiellement l’analyse des besoins des apprenants. Il faut donc un maître capable d’anticiper les besoins de ses apprenants et qui peut les entraîner à la connaissance de la culture cible. L’enseignant de français langue étrangère doit éveiller la curiosité de ses apprenants et leur faire découvrir que leurs goûts, leurs intérêts et leurs préoccupations sont partagés aussi par les jeunes Français. La connaissance approfondie des pratiques sociales de la culture cible doit faire partie intégrante de l’apprentissage de la langue cible. Le maître doit enrichir les connaissances de ses apprenants et les sensibiliser à la diversité culturelle des

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Français. Il faut garder à l’esprit que l’objectif principal de son cours est d’enseigner la langue française à travers sa culture. Pour arriver à ce point, il doit être lui-même sensibilisé à la culture française. Il doit toujours être lui-même à la recherche de la variété et de la complexité des aspects culturels qu’il fournit à ses élèves. Dans les cours de français langue étrangère, l’enseignant se limite bien souvent à la simple transmission de faits culturels et historiques comme les croyances, les coutumes etc. ou à la connaissance de la culture avec un grand – C – comme l’histoire, la peinture, la sculpture, le cinéma, la musique etc. sans réellement évoquer leur signification et leur importance, tandis que la culture avec un petit – c – qui comprend la culture quotidienne n’a pas de place importante. Mais, « il ne s’agit pas de donner à l’apprenant la compétence culturelle identique à celle du natif » (Simire, 2011, p.

40) car cela ne lui permet pas de comprendre les valeurs et le comportement du peuple français dont il étudie la langue.

Le second objectif de l’enseignant consiste à multiplier les possibilités d’échanges entre les apprenants dans la langue cible. Il doit ensuite les aider à combattre les stéréotypes et les généralités en les confrontant à la richesse d’une réalité toujours dynamique, comme l’est celle de la vie française. Le recours à des supports authentiques et variés fournira des renseignements précieux sur le mode de vie et les comportements conventionnels au sein de la culture cible.

« Certains documents (textes authentiques) font appel pour l’apprenant à un ensemble de références socioculturelles ou à une variété de langue particulière» (Bérard, 1991). Ces documents présentent la dimension pragmatique du langage et ses usages sociaux dans une situation précise. Il est préférable d’utiliser des documents authentiques, qui sont créés par les gens du pays cible et qui se rapportent à ces derniers. Ce sont ces documents qui aident à familiariser les apprenants avec la langue cible qu’ils doivent apprendre, comprendre et utiliser.

Les outils, qui peuvent aider l’enseignant à développer la compétence culturelle de ses élèves sont, d’une part, des documents authentiques, des moyens pédagogiques plus modernes et un équipement technique constitué de livres, de textes, de supports tels que documents sonores (chansons etc.), de documents visuels (images, photos, films, etc.), de documents scripto-visuels (publicité, bandes dessinées, etc.), de documents authentiques (bulletins de météo, horaires, fiches de renseignements techniques, etc.), de supports sonores, de la vidéo ou des multimédias (intégration des nouvelles technologies en classe de F.L.E.) ; d’autre part, les thématiques abordées doivent également être originales et actuelles pour capter l’intérêt des apprenants.

La gamme thématique doit être variée et se rapporter par exemple aux habitudes vestimentaires, à l’apparence physique des personnes, à la musique, aux sports, à l’école, aux loisirs, aux rythmes de vie, aux habitudes, aux faits et aux évènements de la vie quotidienne des jeunes, aux publicités, aux moyens de communication, à l’environnement et au monde francophone, en particulier aux jeunes, etc.

Pour accéder aux documents authentiques en particulier aux documents audio, un radiocassette, une télévision ou un ordinateur est nécessaire.

Diverses activités permettent aux apprenants de s’ouvrir à la culture cible, ce qui les aide à avoir une vision des choses plus objective et un esprit plus tolérant, plus ouvert. Pour les aider à devenir autonomes et à se sentir impliqués, il faut les encourager à se servir des outils comme des dictionnaires, des encyclopédies, d’Internet, etc. Ainsi, la culture cible devient un objet d’observation, d’analyse et de réflexion. On peut aussi leur conseiller de regarder certains films pour s’habituer à la langue cible.

Les stratégies d’enseignement et le manque de temps disponible posent souvent problème à l’enseignant. Il doit sélectionner, sans ses sources informatives, des documents qui transmettent des connaissances culturelles pour donner à ses apprenants l’idée la plus exacte possible de la culture du pays cible. Il peut être aidé en cela par le fait d’avoir une

expérience directe.

Les problèmes du manque de temps et de moyens techniques ne permettent pas de présenter la culture cible de manière dynamique et approfondie dans la classe de français langue étrangère. Pourtant, des supports adaptés au niveau de la classe ainsi que des activités variées et originales permettent à l’enseignant de travailler à la fois la compétence linguistique et la compétence culturelle. Il faut introduire l’enseignement de la culture aussi souvent que possible et rendre les apprenants autonomes en les plaçant au centre de l’apprentissage.

Byram soutient que la prise de conscience de la culture, mais aussi de la langue, de la part des apprenants, devrait constituer la pierre angulaire de tout enseignement des langues-cultures.

D’après Gschwind – Holtzer (1981), « La composante culturelle est en fait partout dans les pratiques communicatives même si son existence reste largement inconsciente. Le cadre culturel est intrinsèquement lié au cadre communicatif » (p. 19).

La communication s’appuie sur des échanges verbaux mais aussi non-verbaux, dans des comportements du quotidien, car l’individu, pour dire et se dire, n’utilise pas seulement des mots mais aussi des gestes et des silences, des mimiques qui sont des indices culturels. Tous ces éléments ont besoin d’un codage et d’un décodage. La connaissance de ces comportements culturels non-verbaux fournit aux apprenants la capacité de les appliquer de manière culturellement appropriée, l’interprétation d’un geste ou d’une mimique n’ayant pas la même signification d’une culture à l’autre.

3.5 Développement du savoir culturel et de la conscience interculturelle de l’apprenant