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7.3 Analyse des contenus des manuels scolaires

7.3.3 Etapes d’analyse

L’analyse des deux manuels suit huit étapes :

a) situer les manuels dans leur contexte historique et de publication,

b) présenter l’organisation générale des manuels par rapport aux grandes lignes de leur progression,

c) développer une analyse focalisée sur une unité de formation de chaque manuel, d) étudier le déploiement des objets grammaticaux et culturels, dans l’ensemble du

manuel et dans l’unité de formation choisie, e) examiner les genres d’activités proposées,

f) décrire les corpus didactiques : les supports écrits et oraux proposés,

g) étudier les formes sociales de travail qui caractérisent les activités d’apprentissage, h) saisir la spécificité des objets et des activités pour les apprenants d’origine

grecque.

Le manuel « C’est clair !» a été publié en 2003 en Grèce, tandis que le manuel « Ici » l’a été en 2008. Ils sont tous deux relativement actuels et proches du point de vue de la date de publication.

L’un se rapporte à des apprenants migrants qui vivent dans un environnement francophone, qui ont besoin d’apprendre rapidement la langue et de comprendre la culture, l’autre à des apprenants qui n’ont pas souvent la possibilité d’être en contact avec la langue et la culture française.

Nous nous sommes focalisée sur l’unité 5 du manuel « C’est clair ! » et sur l’unité 4 du manuel « Ici » car elles présentent à peu près le même sujet, soit les horaires et les occupations des gens des deux pays. En effet, les thèmes de ces deux unités intéressent les apprenants: pour l’unité 5 du manuel « C’est clair ! 1», il s’agit du collège français, des matières et de l’emploi du temps des élèves tandis que celle de l’unité 4 du manuel « Ici 1»

présente l’emploi du temps non seulement des apprenants mais également des membres d’une famille française typique.

Quant au déploiement des objets grammaticaux et culturels, il est évident que le manuel

« Ici 1» insiste sur cette dimension, car il se rapporte à des migrants qui habitent dans un environnement francophone et qui ont besoin d’apprendre le plus tôt possible la langue française et de comprendre la culture. Autrement dit, le niveau I du manuel « Ici 1 » prépare les apprenants à la certification du niveau A1, tandis que l’ensemble des manuels « C’est clair!», en d’autres mots les trois niveaux, préparent les apprenants en Grèce à la certification A1.

Quant à la grammaire, le manuel « C’est clair !», tout comme le manuel « Ici », nous permet d’identifier l’ensemble des contenus grammaticaux ainsi que l’ordre dans lequel ils sont travaillés. Non seulement nous pouvons lister les contenus et l’ordre de deux manuels mais aussi les activités scolaires, les corpus didactiques (exemples, extraits de textes, etc.) et d’autres supports de travail en classe. Cependant, le manuel « Ici » présente un plus grand nombre d’activités et de supports que le manuel grec. Enfin, nous pouvons observer que, dans le manuel grec, les difficultés de la langue française sont mises en relief et que le traitement éventuel des erreurs est adapté aux apprenants grecs. Le manuel « C’est clair !», élaboré par une équipe franco-grecque et qui s’adresse exclusivement à de jeunes adolescents grecs, débutants complets ou faux débutants, comporte donc une analyse a priori des principales difficultés des apprenants grecs.

Les deux manuels proposent également des contenus culturels. L’analyse nous permet d’identifier non seulement les contenus, les images et les supports, mais aussi le rapport à une culture, plus classique ou plus actuelle (relevant par exemple du domaine de la mode). Le manuel « C’est clair !» présente quelques éléments culturels dans la partie intitulée

«Civilisation » de chaque unité. Quant au manuel « Ici », il présente davantage d’éléments culturels et d’éléments (comme les prénoms français, les noms des rues, manger bio, le commerce équitable, les collectionneurs, etc.) qui introduisent les apprenants d’une manière plus détaillée dans la culture cible. Aussi faut-il mentionner que le manuel « Ici » ne réserve pas la présentation de la culture cible seulement aux deux parties intitulées « vivre en français» et « à lire à dire », qui se rapportent à la culture et à la civilisation françaises, mais présente également des éléments de culture dans d’autres parties du manuel. Dans la partie

«analyser et pratiquer » de l’unité 3, on apprend comment ouvrir un compte bancaire et, dans cette même partie de l’unité 4, on est informé du déroulement d’une journée d’une famille en France. Dans la partie intitulée « communiquer » de l’unité 5, l’apprenant prend connaissance de la place du Capitole à Toulouse ; dans la partie intitulée « découvrir » de l’unité 6, il est mis au courant des fêtes françaises et, dans la partie intitulée « analyser et pratiquer », de la symbolique des couleurs, etc.

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Les genres d’activités proposées par les deux manuels, même si elles se ressemblent assez, ne sont pas les mêmes, ni les supports utilisés.

Quant à la forme sociale de travail, la grande majorité des activités du manuel « C’est clair !» sont individuelles et un petit nombre d’entre elles demandent une collaboration de la part de deux apprenants. Il s’agit surtout de petits dialogues que chaque apprenant doit exercer avec l’un de ses camarades. Le manuel « Ici » présente, au contraire, de nombreuses activités qu’il faut faire par groupes de deux, ou par groupes plus nombreux, en misant sur les interactions.

Grâce à une première étape d’analyse de contenu des manuels, nous cherchons à saisir les caractéristiques de cet outil de travail qui fournit des indications sur les formes d’apprentissage des contenus grammaticaux et culturels proposées ainsi que sur les formes d’orientation du travail des enseignants.

Le deuxième outil : l’analyse des pratiques des enseignants Chapitre VIII.

par des questionnaires

Le but initial de cette thèse était d’analyser les pratiques des enseignants associées aux manuels. Nous désirons examiner si leurs pratiques ont pour fonction d’agir sur les capacités des apprenants et si elles constituent l’objet réel de leur travail. Nous considérons que le cœur de l’enseignement consiste à guider l’attention des apprenants sur l’objet enseigné, qui occupe une place prépondérante dans le cadre didactique. D’après Schneuwly et Dolz (2009),

« enseigner consiste à transformer des modes de penser, de parler et d’agir à l’aide d’outils sémiotiques. Il s’agit d’un travail qui a la même structure que tout travail. Il a un objet : des modes de penser, de parler, d’agir ; il a un moyen ou outil ; des signes ou systèmes sémiotiques ; il a un produit : des modes transformés » (p. 31).

Pourtant, comment peut-on étudier les pratiques des enseignants ?

Il y a deux possibilités, soit recueillir indirectement des informations sur le dire des enseignants, soit recueillir des données effectives.

Dans le cadre de notre recherche les deux étapes sont : 1) les questionnaires,

2) une analyse de cas par la pratique d’une enseignante.

Nous avons décidé d’utiliser les questionnaires comme première étape du recueil d’informations sur les pratiques ; en effet il était plus facile de récolter et d’analyser les questionnaires remplis par les enseignants qui ont participé à notre recherche que de les suivre dans leur enseignement pour analyser leurs pratiques dans la classe. Mais ce sont surtout les difficultés d’autorisation des autorités grecques pour enregistrer les pratiques enseignantes qui nous ont obligée à renoncer à notre projet initial. Nous avons toutefois réussi à enregistrer en audio la pratique d’une enseignante de français langue étrangère d’une école publique que nous présentons de manière détaillée comme une analyse de cas.

8 Le questionnaire

Le questionnaire est un outil d’enquête qui permet de recueillir des informations à partir du discours des professionnels. Les données recueillies fournissent des informations sur les pratiques déclarées. De ce point de vue, le traitement des informations mérite l’adoption d’un point de vue critique puisque nous n’observons pas directement les pratiques, mais que nous nous basons sur le dire des enseignants à propos de leur activité. La formulation des questions vise le recueil des informations qui nous intéressent et qui pourront ultérieurement être vérifiées par d’autres moyens. Les analyses du discours de l’enseignant peuvent être réalisées par une démarche compréhensive cherchant à saisir la vision que les enseignants ont de leurs propres pratiques. À ce propos, nous pouvons non seulement identifier les pratiques

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déclarées, mais aussi les représentations et les valeurs attribuées à ces pratiques par les professeurs de français en Grèce.

L’enquête par questionnaire est un instrument de prise d’information basée sur l’analyse des réponses à une série de questions posées. Cette technique présente des avantages. Elle peut notamment constituer un raccourci précieux quand l’observation directe s’avère impossible, trop coûteuse ou trop longue.

Elle est susceptible de fournir des informations crédibles, pour autant que soient prises certaines précautions. En outre l’observation peut souvent ne pas être suffisante, il convient aussi de savoir comment les sujets pensent, ce qu’ils disent de leurs actions.

Au cours des étapes d’une enquête par questionnaire (confection, passation, codage, exploitation), les principes de la mise en œuvre d’une problématique et les règles techniques du questionnaire doivent être respectés. Une question doit être aussi parfaite que possible et l’idéal est de recueillir des réponses aussi fidèles que possibles qui peuvent servir d’indicateur à une notion que l’enquêteur veut approcher. Une enquête bien construite suppose donc un savoir préalable considérable. Une enquête bien interprétée repose sur un schéma d’intelligibilité solide, construit à partir de modèles théoriques variés.

L’élaboration d’une enquête ressemble à une série ininterrompue d’allers et retours entre la réflexion théorique sur l’objet étudié et le terrain.

Construire un questionnaire, c’est donc se demander ce que l’on recherche, c’est poser toutes les questions nécessaires pour obtenir l’information que l’on recherche. La longueur d’un questionnaire est en fait liée à l’hypothèse, aux questions posées. C’est peut-être la règle de base. Plus les hypothèses et les questions sont vagues, plus il y aura de questions.

L’enquête par questionnaire est un moyen pratique pour collecter rapidement des informations. Elle implique des objectifs clairs, une méthodologie et une organisation rigoureuses, une planification précise et, bien sûr, des investissements parfois importants en temps. Ce type d'enquête est un outil d’observation qui permet de quantifier et de comparer l’information. Le questionnaire peut permettre également un traitement quantitatif des réponses. Des statistiques descriptives peuvent nous aider à analyser la fréquence et la distribution des réponses.

En ce qui concerne les contenus de l’enseignement, le questionnaire permet de recueillir les pratiques déclarées, les opinions, les attitudes en regard d’un objet de recherche.

L’enquête par questionnaire consiste à :

1) choisir un échantillon de personnes à questionner ;

2) définir le type de questions à poser : questions fermées, ouvertes, etc. ; 3) structurer le questionnaire ;

4) déterminer comment on exercera l’enquête (par courrier, sur internet, etc.) ; 5) réaliser l’enquête : choix du temps de sa réalisation, des interviewers, etc. ; 6) organiser la saisie et traiter les résultats : tris à plat, tris croisés, moyennes.

Parmi les avantages du questionnaire, nous mentionnerons les informations quantifiées et fiables. Les questionnaires sont utiles pour mesurer le changement et faire des comparaisons entre différentes opinions. Ils permettent de travailler sur un "modèle réduit"

de la population cible.

Les enquêtes combinent souvent deux formes de questionnaire, avec une dominante de questions fermées et quelques questions ouvertes, plus riches mais aussi plus difficiles à traiter. La première forme présente l’avantage de permettre un traitement rapide et facile.

Parmi les inconvénients de l’usage du questionnaire comme outil, nous rapportons celui du temps de réalisation qui excède souvent une durée moyenne et l’importance du travail de l’enquêteur.