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Remarques finales

B) Approche scientifique

II. PROGRAMME DE RECHERCHE

5.3 Les méthodologies de la recherche

Afin de suivre une méthode ordonnée du type hypothético-déductif, nous avons traversé plusieurs étapes dans la recherche. Ils peuvent se résumer par :

- L‟observation

La première tactique concrète d‟analyse sur le travail de terrain a été l‟observation, d‟abord à l‟extérieur et ensuite à l‟intérieur du musée338.

336 RAVELLI, Louise J. Museum Texts. «Communication Frameworks ». Collection Museum Meanings, Routledge, USA, Canada, 2006, p. 2.

337 La sociologie positive isole l‟objet d‟étude du sujet. Elle conduit à une séparation entre acteur, observateur et savoir. La sociologie réflexive part du principe du dialogue et prend en compte l‟intersubjectivité dans l‟analyse. Le dualisme méthodologique implique une combinaison de ces deux approches. Elle propose par exemple le questionnaire comme méthode de la science positive et l‟étude de cas élargie comme méthode de la science réflexive. Voir CEFAÏ, Daniel. L‟enquête de terrain, La découverte, Paris, 2003. Voir IIIe Partie et Postface. « La renaissance des méthodes qualitatives en sociologie », pp. 309- 464, voir dans le même ouvrage le chapitre « L‟enquête de terrain en sciences sociales », pp. 465-615.

338 « Le chercheur parlera d‟observation par opposition au processus d‟expérimentation. Pour lui, l‟observation sera la phase exploratoire qui débouche sur l‟émission d„une hypothèse… Enfin, et de façon générale, on parlera d‟observation comme d’un résultat. Au sens large, l‟observation sera le résultat codé de l‟acte

a) À l‟extérieur du musée

En principe, nous avons exploré les alentours de chaque musée afin de situer notre observation par rapport au contexte. Cette première approche nous a permis d‟approfondir nos hypothèses et de nous interroger sur la localisation du musée en tant que condition possible pour la construction du sens dans les expositions. En effet, l‟observation du contexte externe de chaque institution nous a conduit à réfléchir sur les dynamiques du positionnement discursif que les musées établissent par rapport à la ville, à l‟État et à la nation. L‟observation sur la place et l‟espace que le musée occupe n‟est pas anodine. Elle permet de s‟interroger sur la place du musée et ses rapports avec les logiques du centre et de périphérie. Cette première observation approximative sur la position physique de l‟institution muséale constitue donc une des premières informations pour situer le contexte de nos études de cas.

- Témoignages

Pendant la phase d‟observation extérieure du musée, nous avons rassemblé des témoignages339. C‟est une technique d‟analyse de terrain qui renvoie à des opinions de surface. Les spécialistes340 expliquent que ceci proportionne les informations directes les plus immédiatement disponibles par rapport au travail de terrain. Nous avons commencé cette quête à l‟extérieur de chaque musée afin de collecter des données sur la perception du public par rapport à l‟institution. Nous avons discuté avec les personnes qui se trouvaient aux alentours du musée, assis sur les bancs publics, dans les jardins ou pelouses, dans les boutiques, boulangeries, bureaux ou magasins qui entourent chaque musée. Les questions que nous avons posées n‟avaient pas la prétention

d‟observer suivi de l‟acte d‟interpréter, ce qui suppose pour le spécialiste ou le chercheur la référence à un cadre théorique (référentiel) ». DE KETELE, Jean-Marie et ROEGIERS, Xavier. Méthodologie du recueil d‟informations. Fondements des

méthodes d‟observation, de questionnaire, d‟interview et d‟étude de documents,

Éditions De Boeck Université, Bruxelles, Belgique, 4e édition, 2009, p. 17. (Souligné en noir dans le texte original).

339 Témoignage : attestation, preuve, affirmation, démonstration, manifestation.

340 KAUFMANN, Jean-claude. L‟entretien compréhensif, éditions Nathan, Paris, 1996, Voir chapitre : « L‟analyse de surface », p. 17.

d‟élucider nos hypothèses principales sur comment se construit le sens dans les expositions, mais elles visaient à collecter des impressions de la population sur la place du musée dans le quartier. Les principales questions qui ont guidé cet interrogatoire informel furent : « Vous connaissez le musée qui se trouve près

d‟ici ? Qu‟est-ce que vous en pensez ? Les réponses nous ont aidé à configurer

une possible perception générale des gens vivant ou travaillant près du musée. Cet exercice nous a aidé à peaufiner nos enquêtes, à supprimer de fausses pistes dans nos protocoles d‟entretiens et à centrer les questions que nous allions poser ensuite aux membres des institutions, ainsi qu‟aux visiteurs.

b) À l‟intérieur du musée

Nous avons observé les dynamiques à l‟intérieur de chaque musée. Dans cette étape de la recherche, nous avons cherché à distinguer les pistes qui pouvaient nous conduire à l‟étude et à la constatation de nos hypothèses. Nous avons pris des notes et nous avons cerné les moments où les comportements se répétaient et où les phénomènes se présentaient d‟une façon similaire. Le temps dédié à cette observation nous a permis de connaître les textes et la mise en scène de l‟exposition à partir de son caractère scriptural. Mais cela ne répondait pas à la question sur la construction du sens. Nous sommes donc passé, à l‟étape suivante : la réalisation des questionnaires et des entretiens.

- Les entretiens

Les entretiens341 que nous avons réalisés ont été dirigés vers les responsables des institutions. Nous avons recueilli des informations directes avec les membres directifs des musées et avec les commissaires des expositions. Les commissaires restent en effet notre source principale pour

341 « Un enquêteur est quelqu‟un qui veut savoir, et qui veut savoir d‟une façon tout à fait responsable… Le passage par l‟entretien, une fois qu‟il est décidé, est donc un outil nécessaire qui doit fonctionner ; l‟entretien est choisi comme outil légitime et, comme tel, imposé à l‟interviewé ». MARMOZ, Louis. L‟entretien de recherche dans

les sciences humaines et sociales. L‟Harmattan, France, 2001, chapitre « L‟entretien

comprendre comment se produit le sens dans une exposition muséale. Les entretiens individuels que nous avons réalisés avec chacun des responsables d‟expositions ont eu lieu dans leurs espaces respectifs de travail. Nous avons réalisé des entretiens avec Cesáreo Moreno, Elena Gonzales et Gabriel Villa pour les expositions du Musée National d‟Art Mexicain de Chicago (2006) ; et avec Serge Gruzinski pour l‟exposition du musée Quai Branly (2009). Il faut ajouter qu‟aux entretiens octroyés par ce dernier, s‟ajoute le suivi de son séminaire de recherche (2007-2009), moment auquel le professeur évoquait le déroulement de la production de l‟exposition. En France, nous avons pu suivre le projet depuis le début de sa conception jusqu'à la fin de sa réalisation.

- Questions et questionnaires

Les questions, questionnaires et dispositifs de réactions écrites que nous avons réalisés et analysés ont été principalement dirigés vers les visiteurs. Ils représentent une première approche pour connaître la réaction du public face à la production du sens conduite par l‟institution. Après la visite de l‟exposition, et toujours en fonction des contextes, nous avons demandé aux visiteurs de répondre soit à des questions (dans le cas de Chicago), soit à un questionnaire (dans le cas de Paris). Le mode d‟administration du questionnaire a été direct. Le format des questions a été mixte342. Nous avons utilisé d‟abord les questions fermées puis les questions ouvertes. En principe, nos questions permettaient de s‟interroger sur la lecture de l‟exposition. Ensuite, nous avons appliqué un dispositif d‟expression et des questions ouvertes afin de connaître la façon par laquelle le public s‟approprie des contenus de l‟exposition. La réalisation de ces dispositifs tant à Chicago qu‟en France, cherchait à savoir comment les visiteurs construisent le sens dans les expositions à partir de leurs propres lectures et à partir de leurs propres appartenances, codes et expériences

342 « Les questions mixtes s‟apparentent aux questions fermées parce qu‟elles sont accompagnées d‟une liste de modalités de réponse. Elles sont également partiellement ouvertes, car la dernière modalité invite la personne interrogée à apporter des précisions en toute liberté. Les questions mixtes peuvent éventuellement être utilisées quand on souhaite détecter d‟éventuels problèmes d‟interprétations ou recueillir des précisions supplémentaires ». FENNETEAU, Hervé. Enquête : entretien et

culturelles. Nous sommes restés attentifs à la pertinence des questions par rapport à nos hypothèses, nous avons veillé à ce que les questions soient bien comprises par les visiteurs en évitant de guider leurs réponses. Enfin, une fois le dispositif d‟enquête terminé, et pour être certains de la fiabilité des réponses récoltées, nous avons dialogué ouvertement avec les visiteurs. Nous avons également étudié les réactions et les discours343 des visiteurs344. Ce type d‟analyse a révélé des résultats sur comment se répercute le sujet d‟expositions chez les visiteurs et comment l‟expérience de la visite se croise avec les structures de sentiment d‟une communauté donnée. En effet, grâce au dispositif d‟enquêtes, entretiens et questionnaires effectués sur le terrain d‟étude, nous avons obtenu des informations capitales. C‟est à partir de l‟analyse des données et de l‟évaluation des réponses, que nous avons pu établir nos interprétations. Afin de comprendre les possibles phénomènes propres à chaque étude de cas, nous avons donc classifié les réponses dans des tableaux et graphiques. Elles sont accessibles dans le corps de cette étude ainsi que dans les annexes de cette thèse.