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Remarques finales

B) Approche scientifique

3. LES ÉTUDES CULTURELLES

3.5 Les études culturelles

Les études culturelles ou cultural studies sont nées en 1964 à l‟Université de Birmingham avec la création du CCCS - Centre des Études Culturelles Contemporaines222 - fondé par Richard Hoggart. Le Centre avait pour objet d‟étudier « les formes, les pratiques et les institutions culturelles et leurs rapports avec la société et le changement social »223. Au Centre, les chercheurs étaient destinés à réfléchir sur la culture contemporaine de la Grande-Bretagne dans les années soixante et particulièrement à penser les formes culturelles des zones périphériques, à caractère industriel, donc ouvrières et peuplées d‟une forte présence d‟immigrants issus des ex-colonies de l‟empire britannique.

221 Par exemple, James Clifford évoque l‟importance de l‟étude de la notion de culture de Raymond Williams. Il souligne la confusion du terme « culture » face à sa signification « haute culture universelle ». Cette dernière a contribué historiquement à la construction injuste des hiérarchies dans les musées. Voir WILLIAMS, Raymond.

Culture and Society. 1780-1950. Penguin books, in association with Chatto & Windus,

Grande Bretagne, 1958, réimpression, 1963.

222 Le CCCS signifie Centre for Contemporary Cultural Studies. (University of

Birmingham, UK).

223 MATTELART, Armand et NEVEU Erik. Cultural Studies‟Stories. La

L‟apparition du CCCS a conduit à l‟émergence d‟une nouvelle discipline de recherche dans le domaine des sciences sociales et humaines. Les principaux auteurs qui ont contribué au développement des études culturelles sont Richard Hoggart, Edward Thompson, Raymond Williams et Stuart Hall224. À Birmingham, les études culturelles portaient sur le contexte de l‟Angleterre et sur les pratiques culturelles qui se sont développées à partir de la mutation profonde d‟un empire en dissolution225 ; notamment les phénomènes post-seconde guerre mondiale avec la décolonisation et les indépendances de la Jamaïque, de l‟Inde et du Pakistan. Tous ces éléments ont posé les bases de la naissance de cette tendance de recherche intéressée par la production, la circulation et la consommation de la culture et par les changements sociaux que cela provoquait à l‟époque.

- La méthode des études culturelles

Dans l‟approche scientifique des études culturelles, il est intéressant de souligner la méthode. Mais que veut dire le mot méthode ?

Depuis sa première définition, celle de la langue et de l‟étymologie, Dominique Weil explique que : « Formé à partir de meta = après, et de odos

= la route ou le voyage, « métodos» apparaît dans les textes avec Platon dans des emplois d‟emblée métaphoriques : marche dialectique, investigation et recherche méthodique, méthode de recherche, ou encore science ou

doctrine226 ». Métodos évoque en effet la figure du pas , du passage, de

marche, de piste suivie, de poursuite. Dans le cas de la méthode d‟une discipline de savoir en sciences humaines et sociales, il ne s‟agit pas seulement de suivre un chemin physique mais un parcours intellectuel. Il s‟agit d‟une marche conceptuelle, d‟un parcours dont la route sera comprise comme une

224 Stuart Hall dirigea le CCCS pendant dix ans à partir de 1968, période considérée comme la plus prolifique du Centre juste avant son expansion dans les années 1980. Voir un bref resumé des quatre auteurs dans MATTELART, A. et NEVEU E. Op.Cit., pp. 44- 47.

225 PAGETTI, Carlo et PALUSCI Oriana. The Shape of a Culture. Il dibattito sulla

cultura inglese dalla Rivoluzone industriale al mondo contemporaneo, Éditorial

Carocci, Roma, 2004, p. 13.

226 WEIL, Dominique. Homme et Sujet. La subjectivité en question dans les sciences

partie structurelle et nécessaire à la production du récit, à la production du savoir / voyage. Si métodos signifie après la route ou après le voyage, il y a aussi cette idée d‟exploration du cheminement et d‟errance dans la recherche dont les connaissances sont obtenues après avoir parcouru ou après avoir suivi une ou plusieurs voies d‟expérience cognitive, intellectuelle ou de terrain. Cette métaphore explique bien le caractère « méthodologique » des études culturelles, parce que depuis le début, les cultural studies ont proposé de suivre une recherche engagée en empruntant un chemin académique concret. Richard Hoggart, Raymond Williams et Stuart Hall ne se sont pas emparés des concepts quelconques. La route de la réflexion culturelle qu‟ils ont tracée passe par les chemins observés avant par Orwell, Eliot, Marx, Gramsci et Althusser entre autres. Par conséquent, la méthode inaugurée par les cultural studies est transdisciplinaire. Elle est fondée sur le caractère migrant de la pensée qui se déplace, qui vit, qui est en mouvement227.

Les études culturelles sont donc transdisciplinaires. Le débat sur les croisements des méthodologies, pour définir à quoi répond exactement une discipline et à quoi elle ne répond pas, n‟est pas nouveau. Aucun chercheur n‟ignore l‟abondance de littérature scientifique pour penser les sujets liés aux problématiques culturelles actuelles. Trouver dans la sphère globale, les frontières nettes parmi les disciplines pour s‟approcher des objets d‟études contemporaines est devenu complexe dans les académies du monde entier. Bien qu‟Edgar Morin228 anticipe les avantages de l‟interdisciplinarité, il reste difficile de légitimer les approches nouvelles qui ne se trouvent pas solidement ancrées sur une grande tradition historique et institutionnelle. La production du savoir, à partir d‟une discipline qui se nourrit de plusieurs emprunts théoriques, semble ainsi dangereux, illégitime et inconsistant. Néanmoins, interdisciplinaires, les études culturelles développent leurs analyses et connaissances sans s‟attacher fidèlement à une seule tradition de la pensée. Le fait de ne pas être localisées dans une discipline spécifique fait des études

227 Cette notion du « déplacement » est fondamentale dans les travaux de Stuart Hall, pour qui l‟intellectuel doit savoir se déplacer parmi les disciplines et dans le temps, en évitant de fixer, c‟est-à-dire en évitant d‟essentialiser les concepts, les problèmes ou les objets d‟analyse.

culturelles la cible de la critique. Celle-ci vient en général des autres disciplines plus conservatrices dans leurs récits de légitimation. Nous pensons ici aux disciplines comme l‟histoire de l‟art, la sociologie ou la philosophie. D‟un côté, aux études culturelles on reproche une absence de cohérence et une sorte de promiscuité dans leur discours ; on réprime ainsi leurs bases théoriques (très françaises), leurs sujets (très populaires), leur style (très coloré), leur langage (très hybride), leurs politiques (très postcoloniales), leur constitution (très multiculturelle)229. Malgré tout, si les études culturelles sont transdisciplinaires, elles n‟abordent pas certains problèmes chers aux autres disciplines qui travaillent aussi sur le champ de la culture. Les études culturelles ont comme problématique centrale la culture et leurs relations avec les faits sociaux, économiques, politiques, discursifs et historiques. Les études culturelles ont établi des approches concrètes et en ont exclu d‟autres telles que l‟approche behavioriste, l‟essentialiste ou le darwinisme culturel. Elles ont développé ainsi, depuis leur début, une méthode combinatoire transversale de concepts et de théories culturelles où l‟encadrement théorique révèle une approche matérialiste de la culture. Les études culturelles émergent donc d‟un matérialisme culturel sans se fermer dans un système clos et sans se proclamer comme les adeptes des méthodologies scientifiques « exactes ». Toutefois, elles portent une solidité propre qu‟elles travaillent en fonction des problématiques d‟une culture concrète. L‟approche transdisciplinaire des études culturelles et les travaux intellectuels qui naissent à partir d‟auteurs britanniques et plus tard à partir d‟auteurs français comme Foucault ou Derrida, ne visent pas à établir une vérité absolue, un chemin unidirectionnel, une piste exacte et définitive. Au contraire, les auteurs des études culturelles vont établir des arguments pour déconstruire les systèmes de représentation et de légitimation de la « vérité ». Au lieu d‟établir des normes, ils cherchent à comprendre les dynamiques interconnectées qui sont à la base, au milieu et à la fin du fonctionnement des phénomènes culturels, politiques, discursives et de pouvoir.

229 Appadurai “Diversity and Disciplinary as Cultural Artifacts”, dans James Elkins.

En résumé, les études culturelles fournissent des arguments, des catégories, des lectures de textes et de réflexions pour s‟approcher des problématiques de la culture et des médias. Elles ne fournissent pas des méthodologies dans le sens strict du positivisme, mais des cadres théoriques (theorical and analytical frameworks) pour penser la culture et les représentations230. En effet, plus qu‟une méthode, avec des règles et des paramètres fixes, il s‟agit d‟une science d‟inspiration littéraire et philosophique qui met à disposition des concepts à découvrir, à débattre, à défendre. La méthode des études culturelles invite ainsi à suivre de nouvelles routes pour penser la culture et les sujets qui lui sont proches, comme c‟est le cas du musée et des institutions culturelles.

- L‟internationalisation

L‟analyse de la culture à partir de l‟approche des cultural studies s‟est répandue dans plusieurs universités du monde entier. En effet, l‟internationalisation ou bien l‟exportation/importation de cette méthode transdisciplinaire dans le monde institutionnel des universités n‟a pas arrêté d‟évoluer depuis les années quatre-vingt. Si les culturalistes britanniques étaient un groupe d‟intellectuels concernés par l‟analyse de leur culture contemporaine, ils ont construit les bases conceptuelles pour que d‟autres groupes de chercheurs s‟orientent vers des contextes culturels divers et différents231. Les études culturelles sont aujourd‟hui une tradition de la pensée qui, même si en principe fut littéraire, a adopté sous les thèses de Stuart Hall, un caractère socio-politique. Les cultural studies ont conduit les inquiétudes contemporaines de ses auteurs. Elles ont exploré, dans les faits historiques et

230 « Cultural Studies is a frame within one can consider the translations and

cross-overs across objects of study, such as the relation between a novel and a television programme, or a film and genetic biology, or an airport and professional fashions, or a Latin text on military campings and nineteenth century paintings ». Voir OSWELL,

David. Culture and Society. An Introduction to Cultural Studies, Sage Publication, India, USA, UK, 2006, p. 09.

231 Par exemple, la méthode sémantique historique de Raymond Williams, les analyses du langage de Richard Hoggart ou la révision de termes comme hégémonie, idéologie, représentation, race, genre, classe ou ethnicité, sont des révisions indispensables pour un travail qui se déroule selon la méthode des cultural studies.

sociaux, les réponses aux interrogations d‟ordre culturel et politique, sans différencier les champs et sans diviser les disciplines. Il n‟est donc pas surprenant que ce modèle théorique et leur méthode aient été utilisés dans l‟analyse d‟autres réalités culturelles extérieures232 à l‟Angleterre ou la France233. Ce développement international des cultural studies a beaucoup inquiété Stuart Hall qui était méfiant de l‟internationalisation de la discipline dans les institutions universitaires américaines234. Selon lui, le fait de se trouver dans des conditions économiques profondément confortables pour la réalisation d‟un travail théorique amènerait les chercheurs, qui se revendiquent auteurs en études culturelles, à une sorte d‟adhésion passive des politiques de l‟institution au lieu de manifester un vrai engagement politique et critique du pouvoir et des institutions. Selon Hall, l‟aisance financière risque de conduire à une aisance théorique et cette situation représente un danger pour le projet méthodologique de la discipline235, parce que le travail des cultural studies ne consiste pas à produire des textes, mais à produire une pensée qui ramènerait à :

« […] une pratique critique et culturelle sincère, qui viserait à produire une sorte de travail politique intellectuel organique sans essayer de s‟inscrire dans le métarécit surplombant des savoirs reconnus, au sein

232 Selon Mattelart, nous avons assisté à un développement mondial des études culturelles, phénomène qui n‟aurait pas été possible sans le support financier des institutions, sans le soutien universitaire mais aussi sans le soutien des maisons d‟édition chargés de publier et distribuer les textes correspondant aux études culturelles. MATTELART, Armand et NEVEU Erik. Cultural Studies‟Stories. La

domestication d‟une pensée sauvage, Réseaux n° 80 CENT, France, 1996. p. 28.

233 Ibidem.. « De façon plus essentielle se dessine une nouvelle géographie

académique planétaire, qui couvre la planète – à la seule exception de l‟Afrique noire et arabe et de l‟Europe continentale – d‟un dense réseau de départements d‟études culturelles, de Formose à Sydney en passant par Capetown, Toronto et Bloomington »..

234 « Je ne sais pas que dire à propos des cultural studies états-uniennes. Elles me

laissent totalement pantois. Je songe aux luttes qu‟il nous a fallu mener, dans le contexte britannique, pour introduire les cultural studies dans l‟institution, des simagrées qu‟il nous a fallu faire pour y obtenir trois ou quatre strapontins, comparé à l‟institutionnalisation rapide qui s‟est produite aux États-Unis». HALL, Stuart.

« Les Cultural Studies et leurs fondements théoriques », dans Identités et Cultures.

Politiques des Cultural Studies. Éditions Amsterdam, Paris, édition augmentée 2008,

p. 30.

des institutions. Non pas la théorie comme volonté de vérité, mais la théorie comme ensemble de savoirs contestés, localisés, conjoncturels, qui doivent être discutés de manière dialogique ; et également comme pratique qui réfléchit encore et toujours sur son intervention dans un monde où elle pourrait changer

les choses, où elle aurait quelque effet236 ».

Nous pouvons affirmer avec Stuart Hall, que la préoccupation principale est une mise en pratique d‟un laxisme théorique qui pourrait renvoyer vers un relativisme méthodologique237. David Morley explique ce phénomène dans sa formule: theory travels better238. Paradoxalement, si ce qui voyage le mieux

c‟est la théorie, avec l‟internationalisation de la méthodologie culturaliste, chaque groupe de recherche a développé la possibilité d‟aborder des questions particulières, et des objets de recherche qui coïncidaient avec les inquiétudes de chaque contexte. Notre étude sur la construction du sens dans les expositions muséales est en correspondance avec cette logique parce que nous sommes intéressés à l‟étude de la représentation des cultures minoritaires au sein des cultures dominantes (les Mexicains aux États-Unis) ; mais aussi à l‟usage négocié d‟un terme postcolonial comme celui du “métissage” dans un contexte de construction de l‟identité européenne. En effet, nous avons trouvé dans le musée, l‟espace idéal pour la compréhension approfondie des représentations et

236 Ibidem, p. 32.

237 Comme souligne François Cusset : « Tandis que les Anglais abordent la ou les

culture(s) comme un prolongement du champ de bataille social, leurs collègues américains –de formation plus souvent littéraire que sociologique ou historique – s‟attachent davantage à l‟essor de la pop culture de masse comme entité nouvelle, dont les enjeux de lutte sociale les intéressent moins que l‟invention des codes spécifiques et la « créativité » des récepteurs. C‟est qu‟un changement de génération intellectuelle a eu lieu aux États-Unis ». CUSSET, François. French Theory,

“Foucault, Derrida, Deleuze & Cie et les mutations de la vie intellectuelle aux Etats Unis”, éditions La Découverte, Paris, 2003, p. 146.

238 Eric Neveau ajoute : « Ce qui franchit le mieux le processus de traduction, ce sont

les énoncés théoriques, alors que les objets et biens culturels propres au monde britannique qui servent d‟appui à cette théorie sont souvent inconnus ou incompris de lecteurs étrangers, d‟où le double écueil de théories devenant «abstraites», et d‟univers de biens culturels dont la mention n‟est éclairante que pour les familiers du pays d‟origine des œuvres ». NEVEAU, Eric. « Aux origines des cultural studies », La

Vie des idées, 11 février 2010, p.3. ISSN : 2105-3030. URL : http://www.laviedesidees.fr/Aux-origines-des-cultural-studies.html

des discours dans leur contexte. D‟ailleurs, si nous révisons les textes qui servent de base aux études culturelles, des articles ou des extraits des livres qui sont reproduits dans les si célèbres readers ou anthologies des études culturelles, nous verrons souvent des extraits des textes de Richard Hoggart, de Raymond Williams et de Stuart Hall accompagnés de textes de Louis Althusser, de Michel Foucault, de Jacques Derrida, de Roland Barthes, de Jean Baudrillard, de Michel de Certeau, de Pierre Bourdieu et d‟autres auteurs « moins connus » comme Tony Bennett, Judith Butler, John Fiske, Paul Gilroy, Ian Gordon, David Morley et beaucoup d‟autres239.

Les études culturelles forment ainsi un « corpus théorique » serré dont les auteurs ne sont pas forcément tous d‟accord entre eux, mais les textes qui sont discutés permettent d‟établir des problématiques communes, un dialogue et un débat qui donne comme résultat un travail théorique précis par rapport aux problématiques actuelles. Il faut souligner donc, que les fondements des études culturelles ne sont pas seulement britanniques. L‟analyse de François Cusset dans son texte French Theory240, explique les répercutions des auteurs français

dans les études culturelles des universités américaines. Son texte permet aussi de comprendre les usages de la théorique française et son développement mondial. Toutefois, nous constatons grâce à son explication géoépistémique, qu‟il n‟y a pas en France un retour approfondi par rapport au débat culturaliste anglo-américain. Le nombre de scientifiques qui s‟intéressent par les problématiques des études culturelles britanniques, n‟est pas large en France. Nous devons la première présentation introductive de cultural studies à Armand Mattelart et Erik Neveu241. Quelques anthologies et traductions ont été réalisées grâce au travail de petites maisons d‟édition comme « Les praires

239 RYAN, Michael (Ed.). Cultural Studies. An Anthology, Blackwell Publishing, USA, UK, Australia, 2008.

240 L‟importance de cette étude, à notre égard, est l‟explication sur l‟impact que a suivi le marxisme (post-marxisme) dans le milieu universitaire mondial. L‟auteur nous livre ainsi, une cartographie qui explique les positions et les frontières entre les diverses approches des laboratoires et des institutions au niveau global. CUSSET, François.

French theory, “Foucault, Derrida, Deleuze & Cie et les mutations de la vie

intellectuelle aux États-Unis”, éditions La Découverte, Paris, 2003.

241 MATTELART, Armand et NEVEU, Erik. Introduction aux cultural studies, La découverte, coll. Repères, Paris, 2003.

ordinaires » qui ont traduit une anthologie des textes de Raymond Williams242, ou bien les éditions Amsterdam concernant la traduction des textes de Stuart Hall et Judith Buttler243. Le premier grand colloque public, - hors des circuits académiques - sur les études culturelles en France a été organisé par la Bibliothèque Publique d‟Information du Centre Georges Pompidou en mars 2009. Le sujet fût présenté comme une introduction : « Cultural Studies.

Gènese, objets, traductions ». Dans la présentation du Colloque, un des

responsables, Philippe Charrier a expliqué que l‟idée d‟une telle rencontre est venue à partir de l‟expérience d‟un colloque consacré au féminisme et au genre dont les problématiques correspondaient aussi à l‟exposition consacrée aux femmes par le centre Georges Pompidou244. C‟est paradoxal. En Angleterre, le féminisme a été développé comme discipline à partir des cultural studies. En France, c‟est le féminisme qui ouvre la porte aux études culturelles. Les responsables du Centre Georges Pompidou ont organisé ce colloque parce qu‟ils voulaient « ouvrir un débat contemporain », ils cherchaient à continuer dans la voie de la pensée contemporaine, celle qui était propre aux luttes et exigences des féministes. Ils n‟ont pas oublié de signaler qu‟en France, il existe une résistance par rapport aux études culturelles :

« Traditionnellement en France, ce type d‟approche transversale, transdisciplinaire, ne rentre pas facilement dans nos catégories mentales ou académiques ou peut- être devrais je dire culturelles. En effet, ce courant de recherche est né en Angleterre dans les années soixante et a ouvert de nombreuses

autres voies de recherche245 ».

242 WILLIAMS, Raymond. Culture & Matérialisme, traduit de l‟anglais par Nicolas Calvé et Étienne Dobenesque, Les praires ordinaires et Lux Éditeur, Paris, France, 2009.

243 Voir par exemple HALL Stuart. Identités et Cultures. Op.Cit., Voir aussi BUTLER, Judith. Défaire le Genre, Tr. Maxime Cervulle, Éditions Amsterdam, Paris, 2006.

244 MORINEAU, Camille et BAJAC, Quentin. Catalogue Elles@centrepompidou : artistes femmes dans la collection du Musée national d'art moderne, Centre Pompidou, France, 2009.

245 CHARRIER, Philippe. Actes du Colloque « Cultural Studies, objets, genèse, traductions », Ouverture du Colloque organisé le 20 mars 2009 par la Bpi