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Remarques finales

A) Aux États-Unis

6. ÉTUDE DE CAS À CHICAGO

6.4 Du musée de communauté au musée national

Avant de s‟appeler le National Museum of Mexican Art (NMMA) ce musée fut connu pendant presque vingt ans comme le Mexican Fine Arts

392 CAMERON Duncan. “Le musée: un temple ou un forum”, dans Vagues, une

anthologie de la nouvelle muséologie, 1er édition 1971, Volume 1, Éditions W.M.E.S, France, 1992, pp. 77- 97.

Center Museum (MFACM393). Sous la pression du Conseil d‟Administration et sur les politiques assimilationnistes des Musées du Parc (Grant Park), le musée mexicain a dû changer son nom. Le musée-centre de la communauté mexicaine est donc devenu un « Musée National Américain ». En effet, afin de garantir la gratuité de l‟entrée, le musée a dû céder au changement nominal. Il a dû renoncer à son affirmation identitaire pour devenir un musée national américain même s‟il continuait à exposer des sujets d‟intérêt pour la communauté locale, c‟est-à-dire des thèmes d‟expositions liés à la culture mexicaine. Le paradoxe était qu‟une institution d‟affirmation identitaire mexicaine dans un territoire américain ne pouvait pas être subventionnée par l‟État américain parce qu‟il n‟est pas possible de raconter et d‟exposer une histoire nationale depuis le point de vue d‟une autre nation, étrangère et différente. Ceci devenait incompatible avec les politiques culturelles nationales américaines qui arrangeaient le problème nominal du musée. Le musée mexicain ne pouvait donc continuer sa démarche institutionnelle et garantir la gratuité aux visiteurs, que s‟il appartenait « complètement » à la nation américaine, c‟est-à-dire seulement en renonçant à s‟affirmer comme un « musée de communauté » et en devenant un «musée national». En effet, nous assistons à une lutte symbolique de deux imaginaires antagonistes où le champ de bataille devient le musée.

L‟histoire de ce musée « mexico- américain » rend compte d‟une lutte de pouvoir face à l‟hégémonie des musées mainstream américains. Le débat se développe autour des régimes de signification, parce que les objets d‟art d‟un musée soit disant « national » racontent et célèbrent l‟histoire nationale du pays voisin, c‟est-à-dire, d‟un autre pays. La bataille sur le changement de nom du musée a été menée et gagnée par les représentants du nationalisme américain qui restituèrent la collection mexicaine aux trésors de la nation américaine. Cela ne veut pas dire que les symboles de la culture mexicaine vont s‟intégrer complètement à l‟imaginaire américain. Cela ne signifie pas que Frida Kahlo soit maintenant Américaine ou que les Aztèques soient devenus patrimoine de

393 En français peut-être traduit comme Musée et Centre des Beaux Arts Mexicains. En 2006, période à laquelle nous avons mené nos enquêtes à Chicago, le nom du musée était Mexican Fine Arts Center Museum (MFACM).

l‟histoire du peuple « à cent pour cent américain394 ». Cela ne veut pas dire que La Fiesta del día de Muertos395 (voir figure 3), folklore traditionnel de l‟imaginaire national mexicain, va devenir plus populaire que la fête de

Halloween, typique aujourd‟hui du folklore américain. En résumé, les trésors

des communautés « ethniques » sont assimilés aux trésors de la nation toute puissante malgré les querelles existante entre les imaginaires voisins qui vivent en constante tension à cause de leurs différences et de leur proximité territoriale. Les trésors et discours culturels des diasporas et des immigrants sont ainsi intégrés malgré les frontières physiques et culturelles.

Figure 3

« Le médiateur Ray Arroyo Di Vicino donne une

explication (en anglais) de la fête des morts ». Salle : « La

Mexicanidad », NMMA, photographie  Cristina Castellano, 2006.

394 Nous avons trouvé cette idée de l‟américanisation à cent pour cent dans le texte de Denis Lacorne, qui explique que : « L‟Américain à cent pour cent est un immigré zélé,

loyal et productif. Il apprend l‟anglais le soir après le travail; il fait tout ce qu‟on attend de lui pour obtenir une naturalisation rapide; il est respectueux des autorités en place, il évite de fréquenter des “Rouges”, des révolutionnaires et autres “suspects”; il se plie à toutes les difficultés du travail industriel, sans se plaindre; il ne fait pas grève par patriotisme et ne réclame pas de hausse de salaire; il oublie tout de son pays d‟origine, de ses ancêtres et de ses traditions pour mieux se fondre dans la nation américaine. En bref, il est l‟homme d‟une seule foi et d‟un seul slogan : America First. « L‟Amérique d‟abord ». Dans Denis Lacorne. La crise de l‟identité américaine. Du melting-pot au multiculturalisme, Fayard, France, 1997, p. 230.

Le contexte du musée

Le NMMA se trouve près de la ligne bleue du métro. Cette ligne relie directement les habitants de Pilsen au centre-ville de Chicago. Le musée est entouré du Harrison Park, où se trouve un terrain de baseball, un square pour l‟épanouissement des enfants et des familles souvent migrantes, ainsi qu‟un grand espace destiné au parking des visiteurs. La proximité du musée avec la voie commerciale et artistique principale de Pilsen, fait de l‟institution un point facilement identifiable par les membres de la communauté. Sur la rue dix-huit et parallèle au musée mexicain, se trouve une institution qui joue un rôle capital pour le musée mexicain. Il s‟agit de l‟école élémentaire Orozco

Community Academy où la plupart des élèves sont d‟origine hispanique Ŕ

mexicaine (voir figure 4).

Figure 4

« École élémentaire « Orozco Community Academy », 18th

street, Pilsen, Chicago, photographie  Cristina

Castellano, 2006.

L‟art est présenté aux enfants dés les murs de cette école. Sur sa façade, sont représentés plusieurs moments de l‟histoire mexicaine en commençant par les modes de vie des peuples anciens et préhispaniques. Nous voyons aussi les figures des héros comme le révolutionnaire Emiliano Zapata, le réformateur Benito Juarez ou le dirigeant du mouvement chicano des années 1970,

l‟agriculteur et syndicaliste César Chavez. Si dans ce quartier, plusieurs murs peints sont l‟œuvre de la communauté d‟artistes immigrés, le style de cette école est singulier en raison de ses mosaïques. Les murs de cette école sont l‟œuvre du muraliste Francisco Mendoza, professeur mexico-américain et habitant de Pilsen. Il a travaillé pendant longtemps en collaboration avec le musée et notamment avec Carlos Tortolero, actuel directeur de cette institution. L‟idée de faire des mosaïques au lieu de murs peints est venue de ce dernier. En effet, la mosaïque résiste mieux à la pluie, au vent et aux intempéries qui dégradent continuellement les œuvres murales : « Les mosaïques supportent le

froid et la chaleur extrêmes et gardent toutes leurs couleurs. De plus, elles ne font jamais l‟objet de vandalisme, elles sont respectées par tous les gangs et

les groupes raciaux et ethniques », explique l‟artiste396. Il affirme que les murs

aux mosaïques de Pilsen gardent leur couleur pendant des années en raison de la bonne qualité de leur fabrication. Elles sont importées du Mexique, numérisées à Guadalajara et fabriquées à Cuernavaca sous l‟expertise des grands-pères artisans qui sont considérés comme les meilleurs de la ville. Luigi, l‟artisan et maître en charge des mosaïques, fut un contemporain de José Clemente Orozco et Juan O‟Gorman, qui ont contribué à la célébrité du muralisme mexicain des années vingt. Néanmoins et malgré l‟intérêt des institutions et des personnalités politiques397 pour cette technique d‟art populaire, à Pilsen il existe peu de murs à mosaïques parce que c‟est un art coûteux et difficile à importer. Les murs qui entourent les rues du musée mexicain et qui vont jusqu‟aux limites des quartiers hispaniques sont donc des murs peints.

396 Entretien avec l‟artiste Francisco Mendoza. Chicago, le 17 d‟avril 2006.

397 « Maggie Daley, la femme du Maire irlandais de Chicago, était la « marraine » du

projet des murs aux mosaïques. Elle aimait ce genre d‟artisanat et commandait des boîtes de mosaïques pour en offrir à des personnalités comme la princesse Diana et du monde politique. Le cadeau américain était donc plutot mexicain ». Entretien avec

Les murs peints, le patrimoine dans la rue

La tradition des murs peints aux États-Unis est née avec la volonté d‟affirmer une identité culturelle différente de la majorité des Blancs états-uniens. Le mouvement muraliste de la communauté mexicaine migrante a eu lieu dans les années 1970, principalement à San Diego, San Francisco et Los Angeles. C‟est dans ces villes californiennes que le mouvement artistique chicano est né398. En principe, il s‟agissait d‟une pratique culturelle et artistique marginale créée par et pour la communauté minoritaire. Depuis, les artistes de la haute Californie ont conquis les espaces du mainstream de l‟art américain399 et ont développé leurs propres galeries, circuits et marché de l‟art400. Cette tradition de murs peints accompagne les artistes mexicains des États-Unis et se perpétue jusqu‟à nos jours. Si les muralistes mexicains de Chicago suivent la même logique d‟expression identitaire que leurs collègues californiens, ils le font avec des nuances esthétiques et politiques considérables. À la différence du muralisme californien chicano, où l‟engagement social et la protestation sont les motifs de la lutte des artistes401, le muralisme de Pilsen va de la création communautaire à la quête esthétique individuelle ; il va des sujets classiques du muralisme (la révolution, les grèves, le folklore respectueux des symboles mexicains) aux sujets postmodernes d‟influence européenne. Il s‟agit d‟un muralisme qui se nourrit des empreintes locales de la vie quotidienne et des tendances artistiques populaires et mondiales.

Par exemple, nous observons des murs peints qui évoquent les sujets propres au muralisme traditionnel chicano. Avec l‟image de Benito Juarez402,

398 Voir mon article sur “Les querelles de l‟art chicano” dans Thule, Rivista Italiana di

Studi Americanistici, No. 16/17, aprile/ottobre 2004, Centro Studi Americanistici

“Circolo Amerindiano” ARGO, Italie, 2004, pp. 53-66.

399 GASPAR DE ALBA, Alicia. Chicano Art, University of Texas, USA, 1998.

400 ERICKSON M., VILLENEUVE P., KELLER G. Catalogue Chicano Art for Our

Millennium, Arizona, Bilingual Press / Editorial Bilungüe, 2004. Voir aussi CHEECH,

Marin. Chicano Visions: American Painters on the Verge, Bulfinch Press, imprimé en Singapore, USA, 2002.

401 Voir également mon étude sur le muralisme chicano de Californie à Chicago, “Imaginarios fragmentados”, dans La seducción simbólica, Estudios sobre el imaginario, Buenos Aires, Argentine, Prometeo, 2007, pp. 213-233.

402 Benito Juárez est jusqu‟à présent le seul Président mexicain aux origines indiennes (Zapotèque). Il est le fondateur de l‟État moderne mexicain. Il a promulgué les lois de

la tradition de représenter des héros populaires se perpétue (figure 5). Cependant, le mur peint qui a comme titre « Contre la troisième guerre mondiale » (figure 6) révèle la lutte des paysans en grève ayant pour fond la ville de Chicago. Il s‟agit d‟un sujet de tradition et d‟inspiration chicana, mais contextualisé dans le contexte local de Pilsen et de Chicago.

Figure 5

« Lycée Benito Juarez », mur peint, œuvre collective crée par Jaime Longoria et Malu Alberro, exécuté par les artistes Marcos Raya, Sal Vega et Oscar Moya en 1977 et restauré en 1994. Chicago, photographie  Cristina Castellano, 2006.

Figure 6

« Contre la troisième guerre mondiale », mur peint, œuvre collective, artistes de Pilsen, Chicago,

18th Street et Western, photographie 

Cristina Castellano, 2006.

Aujourd‟hui, les murs peints de Pilsen sont considérés comme patrimoine artistique du quartier. Ils sont perçus comme un ensemble important de l‟art communautaire mexicain. Les murs peints portent l‟empreinte de plusieurs muralistes célèbres comme Mario Castillo, Roberto Valadez, Marcos Raya et Hector Duarte parmi d‟autres. En effet, ce quartier, qui était considéré en principe comme purement hispanique, est devenu attractif pour les artistes de tous les horizons en raison de l‟augmentation de la commande qui existait pour la réalisation des murs peints. L‟ambiance culturelle et artistique de Pilsen a changé dans les dernières quarante années en provoquant une hausse des prix des immeubles que les nouveaux migrants ne peuvent pas se permettre de payer. Le phénomène de gentrification403, c‟est-à-dire le déménagement et

de la séparation de l‟Église et l‟État et a résisté à l‟invasion française dont la bataille du 5 mai 1862 est célébrée somptueusement par les Mexicains des États-Unis.

403 BEHRNES, Web. Pilsen gentrification, Viva Pilsen dans Time Out Chicago. (Consulté 02/09)

transformation des quartiers en raison du changement de la côte d‟une zone d‟habitations est une affaire courante aux États-Unis et surtout dans cette partie de la ville de Chicago.

Tourisme culturel ethnique

Le musée mexicain est donc entouré des murs peints qui font la célébrité de Pilsen. Bien que les travaux de conservation s‟avèrent difficiles en raison du manque de financement, plus de cent vingt murs peints se trouvent dans un bon état grâce à l‟entretien bénévole des artistes. En raison de la popularité du quartier, plusieurs visites touristiques sont organisées depuis le centre de Chicago404. Il s‟agit d‟une invitation ouverte à découvrir une culture « différente », c‟est un appel à la découverte des murs peints « en toute sécurité » dont la rhétorique publicitaire annonce une journée dépaysante dans un Mexique tout proche.

L‟aventure organisée405 dans le quartier de Pilsen commence par la porte du musée où les visiteurs sont reçus par un des artistes qui conduit le groupe vers son atelier privé. Pendant le chemin qui conduit du musée à l‟atelier, et toujours à l‟intérieur du bus touristique, les curieux peuvent repérer les murs peints dans les rues du quartier hispanique. Les visiteurs ne vont pas se promener librement dans les rues de ce quartier « dangereux » où les conflits entre gangs peuvent débuter à n‟importe quel moment de la journée ou de la nuit. Il faut comprendre que ce tourisme culturel a comme principale clientèle des hommes et surtout des femmes à la retraite qui cherchent un espace de détente et d‟exotisme à côté de ces voisins mexicains. Après la promenade en bus, la porte de l‟atelier d‟un des artistes s‟ouvre aux visiteurs.

Dans la grande surface de l‟atelier de Marcos Raya (figure 7), nous avons remarqué une « porte cachée» où l‟artiste dissimule ses créations provocatrices et sexuelles. Il s‟agit des collages des femmes nues que l‟artiste combine avec

404 Chicago Neighborhood Tours. « Pilsen & Little Village ». Les tours vers la communauté mexicaine vont de 25 à 30 dollars par personne.

http://www.chicagoneighborhoodtours.com/neighborhood/index.html

405 Nous avons assisté à ce genre des visites organisées entre avril et mai 2006. Le même dispositif de visite continue à se pratiquer actuellement.

des mannequins afin de créer ses installations techno-fetish. Cette salle n‟est pas ouverte au public touriste parce qu‟il s‟agit en général de « dames de bonne conscience406 » susceptibles de ne pas apprécier l‟expérience esthétique promise dans la visite culturelle organisée407. Quand la visite à l‟atelier de l‟artiste se termine, les visiteurs/clients reprennent le bus touristique. Ils vont retourner au musée et découvrir « la mexicanidad »408 à travers l‟exposition permanente du musée.

Figure 7

« Atelier de l‟artiste Marcos Raya », Halsted Street, Pilsen, Chicago, photographie  Cristina Castellano 2006.

Une fois de retour au musée, les visiteurs sont censés lire et découvrir la culture et à l‟art mexicain par eux-mêmes et sans l‟aide d‟aucune médiation. Le musée ne compte pas d‟audio-guide. À la sortie de la visite de l‟exposition se trouve la boutique du musée où les visiteurs peuvent acheter de l‟artisanat mexicain, des miroirs, des têtes de morts, des tissus, des nappes, des bijoux, ainsi que de la littérature. Par contre, le catalogue de l‟exposition n‟est pas en

406 C‟est l‟opinion de l‟artiste.

407 Cette porte déguisée dans la visite organisée nous rappelle l‟étude de R. Hoggart autour de la lecture des romans populaires où les lectrices ne veulent pas « avoir » de mauvaises expériences par rapport aux contenus ou des surprises chocantes à la fin des romans (Voir l‟étude sur Richard Hoggart dans l‟annexe A de cette thèse).

vente. Le musée ne l‟a pas édité parce que d‟après le directeur du musée, Carlos Tortolero, le catalogue ne se vend pas :

« Les gens regardent les catalogues dans la boutique du musée, mais ils ne les achètent pas. Les gens ne lisent pas les catalogues, ils sont destinés aux bibliothèques et fondations ou bien ils sont achetés par les gens comme vous, les chercheurs, autrement les catalogues terminent souvent comme objet décoratif

dans la table du salon409».

Par contre, la boutique de ce musée propose des livres de recettes et des produits culinaires comme les sauces piquantes, desserts ou galettes. Enfin, la visite culturelle se poursuit par une promenade éloignée du « dangereux quartier mexicain ». Les visiteurs sont dirigés vers un des quartiers voisins, celui de l‟Université d‟Illinois de Chicago, où ils sont reçus pour déjeuner « un repas mexicain ». Les margaritas (cocktail à la tequila) les attendent. La visite finit en effet, dans un des restaurants de la zone où il n‟y a plus du tout de résidents Mexicains.

L‟assujettissement de l‟autonomie créative des artistes

Nous avons vu jusqu‟ici, un aperçu général du contexte du musée et de la visite organisée d‟un public extérieur au quartier. Mais que se passe-t-il avec les artistes résidents de Pilsen, quelle est leur relation avec le musée et les expositions que nous avons analysées ?

Depuis les années soixante, le quartier de Pilsen a accueilli plusieurs artistes et la notoriété du quartier a attiré de nouveaux créateurs venus de tous les coins de Chicago ainsi que de tous les états du Mexique. La participation active des artistes est devenue capitale pour la communauté de ce quartier. Les artistes et muralistes n‟exposent pas seulement dans les bibliothèques, écoles et lycées publics, ils ne participent pas seulement aux activités du musée, mais ils collaborent également avec les espaces privés destinés à la circulation et la

409 « The catalogues are only used like table-books », Carlos Tortolero, Directeur du

consommation de l‟art. C‟est le cas des endroits proches du musée où se réunissent les artistes et intellectuels du quartier comme la galerie Prospectus, la Casa Aztlán, la Casa de la Cultura Mestizarte, le Jumping Bean, le Teatro

Luna, le Café Efebos et le Café Mestizo.

Figure 8

« Benito Juarez et la publicité de Coca-Cola », Mur peint sur une épicerie, Pilsen Chicago, photographie  Cristina

Castellano 2006.

La communauté artistique s‟est emparée également d‟endroits inattendus pour l‟expression artistique comme les blanchisseries et les stations de métro, et la pratique des murs peints est tellement populaire que les artistes reçoivent des commandes des magasins du quartier comme les épiceries, les restaurants et autres espaces destinés au commerce (figure 8). Cette pratique contribue au caractère pictural où l‟esthétique du quartier est signée en mexicain. Malgré tout, et même si tout fait penser que l‟activité des murs peints est une activité de création et d‟affirmation culturelle de la part des artistes, l‟incorporation des symboles et des signes propres « à l‟identité mexicaine » est une affaire obligée, disons forcée. En effet, dans un contexte comme celui de Pilsen, l‟autonomie des artistes est assujettie aux attentes publiques et privées qui espèrent à priori un certain type de représentations où

doit s‟exprimer la « voix » particulière d‟un peuple, d‟une communauté fixe et figée.

Il est vrai que le tourisme culturel ethnique et les commandes privées et publiques fournissent du travail aux artistes de Pilsen de plus en plus nombreux, mais derrière les commandes privées et publiques de magasins, bureaux particuliers, écoles, bibliothèques et musées, se cache une réalité peu visible. Les artistes deviennent des artisans du sens. Tout indique qu‟ils doivent