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Première partie : La société terrorisée

II. L’événementialité de l’attentat-suicide

2.4. Les témoins

Mme Lumbach [sic.] semblait avoir perdu tout intérêt pour sa blessure, ou la détonation qui l’avait conduite jusqu’à sa porte. « Je ne veux plus aller au centre-ville. Je ne veux plus prendre le métro ou entrer dans un immeuble de plus de dix étages. Je crois qu’on va quitter la ville. »

Remy rajusta la serviette sur sa tête ; « Je vais aller nettoyer ça, madame Lumbach.

― J’étais sous la douche, dit-elle comme s’il lui avait posé la question. Quand je suis sous la douche, parfois la pression de l’eau baisse jusqu’à ce qu’il ne reste qu’un mince filet. C’est ce qui s’est passé, environ dix secondes avant… je suis sortie et le téléphone a sonné. C’était ma sœur, elle m’a dit d’allumer la télévision. Elle habite à Wilmington. L’électricité lui a été coupée juste à ce moment. » Ses sourcils se relevèrent. « À Wilmington. J’y comprends plus rien, Brian. »

Remy retira la serviette. “Il faut que j’aille nettoyer ça, madame Lumbach.

― Quand est-ce que les choses vont revenir à la normale ? »1

But Mrs. Lubach seemed to have lost interest in Remy’s head wound, in the bang that had brought her to his door. “I won’t go downtown anymore,” she said, “or on the subway, or to any building taller than ten stories. I think we might leave the city.”

Remy rearranged the towel against his head. “I’m gonna go clean this up, Mrs. Lubach.”

“I was in the shower,” she said, as if he’d asked. “I was in the shower and sometimes the water slows to a trickle, and it did, maybe ten seconds before, and then when I got out, the phone rang, and it was my sister and she told me to turn on the TV. She lives in Wilmington. Her power went out at that precise moment.” Mrs. Lubach’s eyebrow arched. “In Wilmington. I don’t understand any of it, Brian.”

Remy pulled the towel from his head. “I need to go clean this up, Mrs. Lubach.”

“When do you think it will get back to normal?”2

Ce passage se situe au cours de la première scène du roman de Jess Walter. Remy vient de reprendre conscience et trouve sa voisine frappant à sa porte parce qu’elle a entendu un coup de feu. L’objectif de sa visite est de vérifier que tout va bien chez Remy. Mais leur échange dévie très rapidement sur le vécu de Mrs. Lubach par rapport aux attentats du 11 septembre 2001. La blessure de son voisin ne la concerne pas, et commence un dialogue de sourds dans lequel Remy tente de la rassurer sur son état pour pouvoir aller se soigner, mais c’est sur la situation à l’extérieur qu’elle cherche à être rassurée. Elle a besoin de transmettre

1 Walter, Jess. Le Zéro, op. cit., p. 16-17.

son récit de l’événement duquel elle n’a pourtant pas été un témoin oculaire puisque son expérience est médiatisée par la télévision. La mention de la perte d’intérêt de Mrs. Lubach pour la blessure, puis, un peu plus loin, la précision de la part du narrateur sur le fait qu’elle réponde « comme si » (as if) Remy lui avait posé une question insiste sur l’enfermement du personnage dans son expérience traumatique. L’absence d’échange est également renforcée par le fait que les deux seules répliques de Remy se font écho, il répète à sa voisine ce qu’elle n’entend pas. L’absurdité de la scène est basée justement sur le rapport des deux protagonistes à l’événement terroriste. En effet, Remy se trouvait sur place et a été un témoin direct des attentats, alors que Mrs. Lubach explique qu’elle l’a vécu derrière sa télévision. Pourtant, c’est elle qui se pose comme témoin ayant besoin de transmettre sa version de l’histoire, alors que Remy se trouve être l’auditeur silencieux qui accueille cette parole. Le renversement des rôles existe également dans le fait que Remy se retrouve à porter assistance à Mrs. Lubach qui se présente comme une victime ayant besoin d’être réconfortée et d’obtenir une réponse à sa question sur le temps que prendra le retour à la normale, alors que c’est lui qui est blessé à la tête par son arme à feu. L’ambivalence de la situation interroge la fictionnalisation des témoins de l’événement (plus que leur témoignage) en tant que trace de celui-ci, commune à la plupart des œuvres du corpus.

Testis et superstes sont deux formes latines, sources du concept de « témoin ». Giorgio

Agamben prend appui sur la différence entre ces deux formes pour réfléchir à une éthique du témoignage :

Le latin a deux termes pour désigner le témoin. Le premier, testis, dont vient notre « témoin », signifie à l’origine celui qui se pose en tiers entre deux parties (terstis) dans un procès ou un litige. Le second, superstes, désigne celui qui a vécu quelque chose, a traversé de bout en bout un événement et peut donc en témoigner.1

Le testis n’est pas partie prenante dans l’événement en question, mais possède un rôle d’arbitre neutre, il doit juger de la situation. Alors que le superstes cherche à rendre compte d’un événement qui le concerne en premier lieu, il cherche à lui donner corps, à en témoigner, sans dimension juridique. Proposant ensuite d’observer l’origine grecque du même mot, Agamben en vient au terme de « martyr » qui a acquis une portée religieuse au fil du temps, devenant le « témoin de Dieu », témoin d’une religion. En arabe, la proximité du terme « témoin » avec celui de « martyr » demeure puisqu’ils partagent la même racine «

د ه ش

»

CHA-HA-DA. Le «

ديهش

/ chahîd » est le martyr, «

ةداهش

/ chahâda » signifie à la fois le martyre et le fait d’attester juridiquement de quelque chose, le témoignage ; et «

دهاش

/ châhid » désigne le témoin, à la fois testis et superstes. Ainsi, dans la langue arabe, le martyr possède une dimension passive car il est construit à partir du schème de la forme passive (fa’îl,

ليعف

), alors que le témoin est actif puisqu’au contraire, il est construit à partir du schème de la forme active (fâ’il,

لعاف

).

Quant à Catherine Coquio, elle souligne la difficulté de statuer sur les notions de « témoin » et de « témoignage », insistant sur la densité de ces champs de recherches, et propose de prendre pour point de départ la question d’être en présence d’un événement, mais aussi celle de la mise en mots de l’expérience :

On peut toutefois partir de la définition qu’en a donnée R. Dulong comme « institution naturelle » et « acte éthique » : plus que « transfert d’information », le témoignage est un « récit certifié par la présence à l’événement raconté », qui suppose la présence d’un tiers et d’un lien social et où la certification biographique équivaut à un engagement de la vie qui transforme la personne en « mémoire vivante ». Il faudra ensuite, avant même d’aborder les différents usages et fonctions du témoignage, du droit à la littérature en passant par l’histoire, distinguer deux espèces au sein d’un genre, selon que le témoignage tend à attester une réalité factuelle ou à énoncer voire incarner une

vérité, c’est-à-dire un contenu factuel, sémantique et éthique à la fois.1

Le nœud entre « factuel, sémantique et éthique » se retrouve dans les fictions du

corpus qui travaillent et incarnent cette tension. En effet, l’événement terroriste est représenté

et constitue le contenu factuel. Il est vécu par des personnages qui cherchent à le mettre en mots, c’est le contenu sémantique. Une forme de responsabilité est attribuée aux personnages de témoins face à l’événement et au devoir d’en témoigner puis d’en garder mémoire. Cette responsabilité représente le contenu éthique. D’autre part, Catherine Coquio souligne bien la différence entre testis et superstes chez Giorgio Agamben, comme relevant d’une distinction entre l’univers juridique dans lequel évolue le testis, et celui de l’éthique correspondant davantage au superstes :

[…] testis désignerait d’une part le témoin oculaire extérieur, présent lors d’un acte dont il n’est ni la cible ni la victime, d’autre part le public destinataire nécessaire à tout énoncé testimonial comme à l’enregistrement de la preuve ; superstes serait le témoin survivant, dont le discours cherche lui-même son fondement et sa finalité dans l’extrémité

1 Coquio, Catherine. « À propos d’un nihilisme contemporain : négation, déni, témoignage », L’histoire trouée :

de l’expérience traversée, l’urgence d’exprimer et le besoin de comprendre – compréhension portant alors aussi sur ses propres limites. Ainsi, le statut historiographique et juridique du témoignage, diversement centré sur la preuve factuelle, se distingue de son statut éthique, voire littéraire, axé sur l’expression d’un sens ou d’une vérité dont l’énonciation se découvre en soi inachevable.1

La question du témoignage est liée au point de vue adopté pour rendre compte de l’expérience faite d’un événement, pour participer à la construction de cet événement par sa mise en récit. Pourtant, très rapidement, Giorgio Agamben décèle une aporie dans le témoignage, une lacune. L’étude des témoignages des camps (qui constituent la matière première de son travail) le pousse à interroger la capacité du témoin2 en tant que superstes, à rendre compte de son expérience :

[…] le témoignage vaut ici essentiellement pour ce qui lui manque ; il porte en son cœur cet intémoignable » qui prive les rescapés de toute autorité. Les « vrais » témoins, les « témoins intégraux », sont ceux qui n’ont pas témoigné, et n’auraient pu le faire. Ce sont ceux qui « ont touché le fond », les « musulmans », les engloutis. Les rescapés, pseudo-témoins, parlent à leur place, par délégation – témoignent d’un témoignage manquant.3

Le superstes ne peut, de fait, témoigner que par « délégation », car il est revenu de l’expérience de l’événement traumatique, il n’est pas allé au bout de cette expérience, il n’est pas mort. Ainsi, son témoignage porte en lui-même une aporie qui vient justement témoigner de l’impossibilité de témoigner à la place du seul « véritable témoin » que Giorgio Agamben nomme « témoin intégral » : le mort. De cette aporie, de cette présence de l’absence dans l’incapacité du témoignage, Giorgio Agamben développe une posture de témoin encore différente, celle de l’auctor :

Si terstis désigne le témoin en tant qu’il intervient comme tiers dans le litige entre deux sujets, et superstes celui qui a vécu jusqu’au bout une expérience, lui a survécu et peut donc la rapporter à d’autres, auctor désigne le témoin en tant que son témoignage exige toujours que quelque chose – fait, être, parole – lui préexiste, dont la réalité et la force doivent être confirmées ou certifiées. […] Le témoignage est donc toujours un acte d’« auteur », il suppose toujours une dualité essentielle, où l’on intègre et fait valoir une insuffisance, une incapacité.4

L’auteur est ainsi considéré, par le philosophe, comme une sorte de témoin, mais bien particulier, qui nécessite la préexistence d’un matériau, d’une trace, à partir de laquelle il va

1 Ibid., p. 28.

2 Le type de témoignage que Giorgio Agamben choisit de travailler est un cas extrême et ne concerne que les

superstes.

3 Agamben, Giorgio. Ce qui reste d’Auschwitz, op. cit., p. 36.

construire un récit qui exhibera un manque1. Cette absence est d’autant plus inévitable que le récit ne peut s’effectuer que dans une temporalité différente de celle de l’émergence de l’événement. Jacques Derrida insiste sur ce point en ayant recours à la notion de perception, d’une temporalité obligatoirement différente de celle du témoignage :

[…] le témoin non plus n'est pas présent, certes, présentement présent à ce qu'il rappelle, il n'y est pas présent sur le mode de la perception, en tant qu'il témoigne, au moment où il témoigne ; il n'est plus présent, maintenant, à ce à quoi il dit avoir été présent, à ce qu'il dit avoir perçu ; même s'il dit être présent, présentement présent, ici maintenant, par ce qu'on appelle la mémoire, la mémoire articulée à un langage, à son avoir-été présent.2

Si le récit s’effectuait dans l’immédiateté de l’événement, il ne serait plus témoignage puisqu’il ne serait pas adressé à un testis étranger à l’événement, et n’offrirait pas la désubjectivisation permettant d’accueillir l’impossible récit de l’absent. L’éthique du témoignage interrogée par Giorgio Agamben ne se situe pas du côté de la « faute » ou bien de l’attribution d’une « responsabilité » (ce qui relève pour lui du domaine juridique et non éthique), mais elle est dans l’affirmation d’une « désubjectivation » de l’auteur qui accepte de se scinder et d’accueillir une dualité inconciliable :

Sens et non-sens du paradoxe sont à présent tout à fait clairs. Ce qui s’y exprime n’est rien d’autre que la structure intime duelle du témoignage comme acte d’un auctor, comme différence et intégration d’une impossibilité et d’une possibilité de dire, d’un non-homme et d’un non-homme, d’un vivant et d’un parlant. Le sujet du témoignage est constitutivement scindé, il n’a de consistance que dans la déconnexion et l’écart – et pourtant ne s’y réduit pas. C’est bien cela que veut dire « être sujet d’une désubjectivation » : le témoin, le sujet éthique, est ce sujet qui témoigne d’une

désubjectivation. Et le caractère inassignable du témoignage n’est que le prix de cette

scission, de cette intimité indémaillable entre musulman et témoin, impuissance et puissance de dire.3

Nous retrouvons cette dynamique, cette dualité aporétique dans la représentation du témoin dans les fictions de notre corpus, qui, bien que les attentats comme ceux du 11 septembre 2001 n’aient rien à voir avec les enjeux de la Shoah, questionnent également la possibilité du récit à la place des absents, face à un événement dont la nature même réside dans sa déraison.

1 Cette dimension lacunaire permettra de légitimer l’analyse des textes fictionnels par le prisme des théories du dispositif, et viendra justifier la superposition d’un triple dispositif (terroriste, fictionnel, imaginaire) dans les œuvres de notre corpus. Cette étude fera l’objet du chapitre 5.

2 Derrida, Jacques. Poétique et politique du témoignage, Paris : L’herne, 2005, p. 32.

La multiplicité des formes du témoin illustre le besoin de témoigner face à certains événements ou situations traumatiques, mais également révèle l’impossibilité de le faire à la place du « seul vrai » témoin. L’œuvre littéraire n’est plus simplement une forme de témoignage, mais également une sorte d’hommage au témoin véritable.

Dans cette multiplicité des formes du témoignage, Derrida s’interroge sur les spécificités du témoignage par rapport à d’autres actes langagiers, et fait de la présence à soi la clé d’un pacte, d’un serment, d’un engagement que le locuteur passe avec son destinataire. L’objet de son témoignage est toujours quelque chose dont il a été en présence. Il fait état d’une relation particulière tissée entre ce dont il témoigne et lui-même. Un témoin, c’est donc « […] quelqu'un dont l'expérience, en principe singulière et irremplaçable […] vient attester, justement, que quelque « chose » lui a été présent.1 » La co-présence du témoin à l’objet de son témoignage est une des caractéristiques de ce type d’acte langagier, qui s’effectue pourtant dans l’après-coup, signifiant l’impossibilité de témoigner directement : l’événement est toujours déjà passé, le témoin enclenche un processus mémoriel dans lequel il tente de rendre présent l’objet de son témoignage, aux yeux de ses propres témoins.

Beaucoup de personnages du corpus sont construits comme des témoins, voire des témoins de témoins. Ils sont testis au sens de Giorgio Agamben chaque fois qu’ils sont représentés face aux médias ou à toutes sortes d’écrans, mais aussi lorsqu’ils sont présentés comme auditeurs silencieux des récits des personnages secondaires. Remy, le personnage principal du roman de Jess Walter, est policier. Il est entré dans les tours du World Trade Center avant leur effondrement. Présenté officiellement comme un héros mis à la retraite, il est en réalité chargé d’une mission « top secrète » : statuer sur la mort de March Selios, employée au World Trade Center aperçue quittant le bâtiment quelques minutes avant l’attentat. Au cours de son enquête, il s’avère que les témoins qu’il interroge lui apportent moins d’informations sur la disparue que sur leur propre vécu de l’événement. Remy apparaît alors comme le réceptacle de leur récit, un testis. De plus, il représente la désubjectivisation à son extrême puisque sa mémoire se réinitialise régulièrement et qu’il est, la plupart du temps, spectateur de sa propre vie.

Lianne, dans le roman de Don DeLillo, est également dans cette posture de testis lors des ateliers d’écriture qu’elle mène : elle ne raconte pas sa propre expérience, mais se trouve là pour écouter celle des autres. De plus, un autre personnage souligne l’importance de ces

récits, pour Lianne. Elle en a un besoin presque urgent, comme s’ils venaient incarner son propre récit qu’elle ne parvient pas à faire.

Chez Yasmina Khadra, Amine part également en quête de témoins pour chercher à comprendre comment sa femme a pu perpétrer un attentat-suicide à son insu. Il rencontre diverses personnes et les écoute, mais il refuse de se transformer en auctor, car les arguments avancés par les activistes palestiniens sont irrecevables pour le médecin qu’il est, il choisit de ne pas prêter sa voix aux autres. Ce que font, au contraire, des personnages comme Zeina ou bien Yachine. Zeina, la narratrice de Si je t’oublie Bagdad, découvre l’attentat terroriste par la télévision, comme elle découvrira l’affaire des tortures d’Abou Ghraïb également par ce média. Son métier de traductrice fait d’elle un témoin de témoin qui accueille la parole des autres et la retransmet. Yachine, le narrateur des Étoiles de Sidi Moumen, accueille en lui les récits de ses camarades car c’est sa voix qui nous les transmet, tout en symbolisant le « témoin intégral » puisque le récit s’organise en prosopopée. Refusant le titre de « martyr », il est pourtant à la fois témoin et victime de l’embrigadement orchestré par les membres du Garage. Ces témoignages recueillis par des personnages centraux ne se transforment pas en archives car, si l’on suit Paul Ricœur, le passage à l’écrit est nécessaire pour qu’il y ait enregistrement, consignation du témoignage. Le récit demeurant à un niveau interpersonnel, il n’acquiert aucune dimension juridique ni historiographique ici. Ils sont relégués au statut de traces de la réalisation de l’événement.

Cette posture de témoin qui mêle testis et auctor parfois, n’est possible que par la passivité dans laquelle sont pris les personnages, passivité qui les présente comme réceptacle idéal de la parole des autres. En effet, qu’il s’agisse de Remy, d’Amine, de Lianne, de Yachine ou encore de Zeina, ils sont tous impuissants et inactifs. Ils sont passifs face aux images (Remy reste bouche bée, Zeina est paralysée devant les images de l’attentat et prisonnière de son indignation devant celles d’Abou Ghraïb), ils se trouvent dans l’incapacité de changer les choses (Lianne n’a pas pu retenir Keith qui la quitte une nouvelle fois, Yachine n’intervient pas dans le monde des vivants et voit l’histoire se répéter, Amine voit sa nièce s’engager sur le même chemin que sa femme et meurt alors qu’il cherche à l’en dissuader, Zeina ne parvient pas à se faire accepter pour ce qu’elle est par sa famille irakienne), et