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Deuxième partie : La fiction face à l’événement terroriste

III. Les discours d’autorité : des formules incantatoires

Les discours d’autorité proviennent d’instances qui cherchent à influencer l’individu dans son expérience de l’événement pour peser sur la forme que prendra le récit. Ils sont tous à visée argumentative et relèvent de l’oral. Toutefois, leur efficacité est relativisée par la manière dont les fictions les représentent. En effet, ces discours sont souvent rapportés de manière parcellaire par un personnage qui les accueille, ce qui détruit l’efficacité d’une structure progressive qui se trouve découpée. Ils sont le plus souvent moqués, caricaturés, présentés comme des formules incantatoires vides de sens, dont le pouvoir de persuasion résiderait simplement dans leur martelage ainsi que dans leur sonorité. Les discours émis par les organisateurs des cellules terroristes, tout comme ceux produits par les instances politiques en place sont des discours d’autorité. Les fictions usent des mêmes outils pour les représenter, mais transmettent deux images quelque peu différentes. Les propos des instances gouvernementales sont dénoncés car ils trahissent la fragilisation effective de leur fondement par l’attentat terroriste, ce qui n’est pas le cas de ceux des cellules terroristes. Ceux-ci sont entourés d’une aura mystérieuse, nécessitant la possession de certaines clés pour les comprendre. Leur image est plus mensongère, insidieuse, que faible.

Tous deux ont une fonction de rassemblement et d’endoctrinement. Les discours des politiques cherchent à obtenir l’adhésion de l’opinion publique aux actions qu’ils souhaitent engager et les cellules terroristes doivent motiver leurs troupes pour s’assurer qu’elles iront bien au bout de leur mission. Ils cherchent tous deux à toucher le sentiment d’appartenance de leurs auditeurs à un groupe et jouent sur cette appartenance.

1. Les discours des politiques

Apparus après les premiers commentaires journalistiques sur les attentats du 11 septembre 2001, ils n’en nourrissent pas moins le récit héroïque de l’événement. Le politique

est mis à mal par les actions terroristes dont l’efficacité vient remettre en cause la leur. Ils ont ainsi besoin de retrouver du crédit auprès de la population en adoptant une position ferme et en énonçant un plan d’action. Comme le terrorisme est une forme de guerre, c’est en guerrier que les instances se placent. Cette rhétorique est présente chez Jess Walter au travers des propos du « Boss ». Ce personnage est ainsi désigné par sa fonction, il apparaît très peu dans le roman mais se trouve aux commandes des opérations comme celle que mène Remy en souterrain. À double visage, c’est lui qui décide de l’image que prennent les événements et qui valide le plan d’action réel. C’est un personnage qui se trouve un peu à distance, possédant un certain charisme tout en donnant l’impression d’être un homme de paille. Le lecteur a accès à ses propos à partir des entretiens qu’il mène avec Remy, des interventions télévisées qu’il réalise mais aussi des affiches et slogans exposés dans les bureaux administratifs et dans le Hangar de JFK où sont collectés, triés, analysés et archivés tous les morceaux de papier provenant du site de Ground Zero. Ils sont présentés à la fois comme des vérités incontestables, des programmes idéologiques et des slogans à caractère presque publicitaire. Cette triple dimension crée un côté burlesque qui est renforcé par l’absurdité de certains propos énoncés avec l’usage du registre tragique :

La grande difficulté de la tâche incombant aux Docs en faisait un service essentiel. Le Boss l’avait rappelé devant le Congrès, lors des briefings matinaux et des émissions de prime time. Ses paroles avaient été adoptées par l’administration et répétées en boucle sur les chaînes d’information : Rien n’est plus important

que de récupérer les archives de notre commerce, la preuve de notre place dans ce monde, de la solidité de notre économie, de nos emplois et de nos vies. Si nous ne dressons pas un bilan fondamental de ce que nous avons perdu, si nous ne réunissons pas tous les documents pour qu’ils retrouvent leur place, cela signifie que les forces liguées contre nous ont déjà gagné. Elles ont. Déjà. Gagné.1

The very difficulty of the Doc’s job was what made it so essential, as The Boss had testified before Congress and later on the morning talks and prime-time panels, his words adopted by the administration and repeated every few minutes on cables news: There is nothing

so important as recovering the record of our commerce, the proof of our place in the world, of the resilience of our economy, of our jobs, of our lives. If we do not make a fundamental accounting of what was lost, if we do not gather up the paper and put it all back, then the forces aligned against us have already won. They’ve. Already. Won.2

L’importance cruciale accordée à la collecte des papiers en fait l’enjeu essentiel de l’affrontement, suggérant que la réussite de ce travail permettrait de gagner la guerre contre le

1 Walter, Jess. Le Zéro, op. cit., p. 29.

terrorisme. Ainsi, ce ne sont pas les vies humaines qui sont mises en avant, mais les traces du fonctionnement économique de l’administration. Cette priorité est absurde au regard de l’ampleur de l’événement et contribue à créer le ton ironique du passage. Celui-ci est renforcé par la manière dont les propos du Boss sont introduits avant d’être rapportés tels quels. En effet, la chaîne de transmission ainsi que la mention de la répétition mécanique des propos leur donne du poids mais un poids irrationnel, purement mimétique. Ce sont d’abord les instances décisionnelles qui sont abordées puis le mot d’ordre est transmis à l’administration toute entière qui se charge de la relayer auprès des médias. Ces mots sont alors rapportés et répétés, devenant une sorte de formule incantatoire sans sens précis, mais dont la force réside dans son omniprésence.

Nous retrouvons une représentation similaire dans le roman de Lynne Sharon Schwartz, L’écriture sur le mur, où il n’est plus question d’un Boss mais du « President » dont les propos horripilent le personnage principal, Renata, qui est bibliothécaire et qui se passionne pour le langage. Elle note l’usage fautif de certaines constructions syntaxiques, l’omniprésence de ces discours sur les médias télévisuels ainsi que le non-sens de certains de ces propos.

Une évolution de la narratrice face au discours politique s’observe chez Inaam Kachachi. En effet, elle explique le rôle des discours politiques dans son engagement militaire, dont la répétition effrénée lui a servi pour son dossier de candidature dans lequel elle a retranscrit « la formule martelée par Fox News : il s’agissait d’une mission d’intérêt national. [Elle] était une combattante aspirant à aider son gouvernement, ses concitoyens, son armée, notre armée américaine qui allait là-bas pour abattre Saddam et libérer un peuple qui avait bu l’amertume jusqu’à la lie.1 » Cependant, son expérience en Irak lui fait adopter un autre regard sur le discours politique qui, lui, n’a pas changé. Ce renversement est visible dans le manque de considération qu’elle porte à deux visites officielles qui ont lieu au moment de Noël : celles de Condoleza Rice et de Donald Rumsfeld2. Le discours politique est présenté

1 Kachachi, Inaam. Si je t’oublie, Bagdad, op. cit., p. 20.

"] ... [ اقسإ لمعيس يذلا يكيرملأا انشيج ،يشيجو بيعشو تيموكح ةدعاسلم مدقتأ ة يدنج .ةينطو ةمهم في ةبهاذ نينإ ،"زوين سكوف" املثم لوقأ تنك قاذ بعش ريرتحو مادص ط ،يج هجك ،". رلما ةيكيرملأا ةديفلحا .ص ، 18 . 2 ك نأ نيبرخأ .لصولما في نيزلحا كلام نم ،ديعلا حابص ،لييمإ نيلصو" ةريزو نأ لي بتكو داع ءاسلما في .ة يديلقتلا شبلحا كيد ةبجو مهرطاشت دقو ،نيلازغلا ركسعم روزت يدنو ي ليون اباب .رخآ "زياربروس" في دليفمار لصو ثم .ماركلا رورم دونلجا ىلع ت رمو ة يدركلا ةقطنلما ءامعز عم ءادغلا تلوانت ة يجرالخا لتلا نم هدوجوب انفرع .ليون امام عبت انل ليق .نويزيف .عافدلا ريزو ىري يكل دعصو هعقوم نيانبل ليمز كرت .كانه لىإ دوعصلاب ينجمترملل حمسي نكي لمو .يولعلا قباطلا في طابضلاب عمتجا هنإ مايلأا في .هعم ةروص طاقتلا نم ن كتم :يمامأ ةروصلاب ىهابتي حار ةيلاتلا ...اهلثم ةروص تذخأ تنكل يعم تدعص كنأ ول ـ

comme manipulateur et mensonger. Il relève de la dimension spectaculaire de la représention de l’événement, présente également dans le discours médiatique1.

Le discours patriotique et paranoïaque du gouvernement n’est pas directement transcrit dans le roman de Laila Halaby, mais il apparaît dans les actes d’un personnage, Jack Franks, ancien marine, qui soupçonne Jassim de ne pas être celui qu’il prétend. Sur cette suspicion, il l’a déjà signalé au FBI et décide de continuer à le surveiller. Les propos du Président viennent lui donner bonne conscience :

Il avait déjà parlé de lui à son ami du FBI, Samuel. Deux fois. Continuera à le tenir au courant, comme l’avait suggéré Samuel. Il n’avait aucun grief envers Salwa ni Jassim, il sentait juste que quelque chose n’était pas à sa place, n’était pas comme elle devrait être. Nous vivons

dans des temps effrayants, se raisonnait-il. Mon devoir numéro un est d’aider à la protection de mon pays. Le président a insisté sur ce point, il a dit que c’était notre travail d’être en alerte face à des comportements suspects, d’aider la police, d’être les yeux et les oreilles de la communauté. De plus, s’il s’avère que si ce n’est rien, aucun mal n’aura été fait à qui que ce soit. Bon sang, si tu dois vivre dans ce pays, tu dois te soumettre aux règles d’ici.

Jack n’avait pas besoin de voir plus loin que l’action qu’il était en train de mener. Pour la première fois depuis des années, il se sentait investi d’une responsabilité noble et vitale, ce qui le rendait ainsi important et altruiste.

He had already talked to his FBI friend Samuel about him. Twice. Would continue to keep him posted, as Samuel had suggested. He harbored no ill will toward either Salwa or Jassim, just felt that not everything was in its place, was as it should be. These are some scary times we

live in, he reasoned to himself. My number-one duty is to help protect my country. The president said that specifically, that it is our job to be on alert for suspicious behavior, to help the police, to be the eyes and ears of the community. Besides, if it turns out to be nothing, then no harm done to anyone. Dammit, if you’re going to live in this country, you’re going to have to abide by the rules here.

Jack had no need to see beyond the act of what he was doing. For the first time in years he felt armed with a righteous and vital responsibility and therefore important, selfless.2

ـ ...اله ةجاح في تسل Put it in your ass

. ،يج هجك ،" ةيكيرملأا ةديفلحا .ص ، 161 .

« Le jour de Noël, j’ai reçu un e-mail de Mossoul ; c’était Malek le triste qui m’informait que « Condie » venait en visite au camp de Ghuzlani pour partager avec les soldats la traditionnelle dinde. Le soir, il m’a écrit de nouveau pour me dire que finalement, la secrétaire d’État avait dîné avec les commandants des provinces kurdes et que les soldats étaient passés à l’as. Puis, deuxième « surprise », Rumsfeld a débarqué chez nous. Après la mère Noël, le père Noël… Mais nous n’avons appris sa présence que par la télévision. On nous a dit qu’il s’était réuni avec les officiers à l’étage supérieur, où les interprètes n’étaient pas autorisés à se rendre. Un collègue s’est néanmoins débrouillé pour monter – il tenait à voir le ministre de la Défense. Il a réussi à prendre avec lui une photo qu’il s’est employé, les jours suivants, à me mettre fièrement sous le nez.

- Si tu étais venue avec moi, tu aurais pu prendre une photo comme celle-ci…

- Pour en faire quoi ? Put it in your ass… », Kachachi, Inaam. Si je t’oublie, Bagdad, op. cit., p. 181.

1 La question de la société du spectacle sera abordée dans la troisième partie.

Jack se sent personnellement chargé d’une mission de surveillance de la part du président. Le discours politique cherche ainsi à susciter la paranoïa pour obtenir l’adhésion de l’opinion publique aux actions mises en place et utilise notamment l’interpellation individuelle comme outil argumentatif. L’usage du terme « suspicious behavior » a été déjà mentionné lors d’une scène se déroulant dans un grand magasin où Salwa et Jassim faisaient des achats. Une jeune caissière a signalé Jassim à sa supérieure car elle trouvait qu’il avait un « comportement suspect ». L’écart entre le malaise de Jassim dû à sa situation avec Salwa et à l’accident de voiture dans lequel il a été impliqué, et l’image que les autres ont de lui pointe les stéréotypes dont sont pétris les personnages ainsi que l’omniprésence des injonctions politiques sécuritaires.

Les personnages porteurs de ces discours politiques ne sont jamais des personnages principaux de l’intrigue et ne sont pas individualisés dans leur dimension personnelle. En effet, ils ne sont construits que par la fonction qu’ils incarnent et qui justifie les propos qu’ils tiennent. Ils ne semblent être que des marionnettes, des voix et des corps prêtés pour l’occasion, ils ne possèdent aucune consistance. Sur le modèle du « Boss » dans Le Zéro, nous retrouvons le Président de Lynne Sharon Schwartz et de Laila Halaby, ou encore le politique comme instance-personnage chez Don DeLillo. En revanche, le personnage du secrétaire d’État à la sécurité intérieure chez John Updike est construit quelque peu différemment. La parole ne lui est directement donnée que lors de son passage télévisé durant lequel il annonce l’augmentation du degré de dangerosité pour certaines zones et il n’apparaît plus physiquement au cours de l’intrigue. C’est à travers sa secrétaire, belle-sœur du conseiller d’orientation d’Ahmad, que le lecteur a accès à ce personnage à la fois secondaire et primordial puisqu’il jouera un rôle dans l’arrestation d’Ahmad. Curieusement, il n’est pas avant tout présenté à travers la fonction qu’il occupe mais sous l’angle de l’homme fragile qu’il est aux yeux de sa secrétaire qui adopte aussi une posture maternelle vis-à-vis de lui, à défaut de pouvoir incarner l’amante. Ainsi, elle le présente à sa sœur comme un homme surchargé de travail, se dévouant corps et âme au peuple états-unien, subissant une forme de lassitude, de fatigue voire de désespoir par moment. Il ressemble à un petit garçon sur les épaules duquel pèse un poids trop lourd à porter. Cette représentation décrédibilise quelque peu la fonction politique qu’il incarne, l’humanise tout en la fragilisant. Cette posture est tout de même critique lorsqu’on la met en relation avec l’attitude qu’il adopte après son annonce télévisée, témoignant plus de sa préoccupation pour sa cote de popularité et pour ses finances que pour la réelle menace qu’il prône. Le personnage représentant le politique possède

également un peu plus d’épaisseur chez Wajdî al-Ahdal, à travers l’ambassadeur Wilson et le tyran. De fait, ils ne sont pas fragilisés comme chez John Updike, mais sont construits comme des calculateurs, des manipulateurs, des marionnettistes, plus ou moins habiles. Le tyran fonctionne par l’affirmation de son autorité et par le recours à la peur, alors que l’ambassadeur travaille en sous-main, intrigue dans l’ombre pour défendre ses intérêts. Le roman nous donne alors accès à leurs pensées, chose qui ne se produit pas dans le reste du

corpus.

L’absence prédominante de consistance des personnages politiques va à l’encontre de ce que remarque Christian Salmon sur la pratique du storytelling dans la politique états-unienne depuis Reagan1. Selon lui, l’efficacité d’un discours politique ne repose plus sur la pertinence du programme énoncé, ni sur les éléments de rhétorique utilisés, mais sur la qualité de l’histoire racontée2. George W. Bush a été élu en 2001 sur son histoire individuelle, marquée par son combat contre son alcoolisme, et sa réélection de 2004 doit beaucoup à sa posture de sauveur des États-Unis face au terrorisme, que ses conseillers « spin doctors » ont construite en orchestrant des histoires individuelles du 11 septembre 2001 :

Selon Evan Cornog, « le 11 septembre a mis en avant un nouveau grand récit, et Bush et son équipe ont su adroitement capter cette nouvelle ligne narrative [storyline], de la même manière qu’en 2000 ils avaient construit une campagne victorieuse à partir de la modeste histoire personnelle du candidat. Le thème de la souffrance et de la rédemption a été central dans les deux cas. Dans la vie de Bush, l’histoire de sa lutte victorieuse contre l’alcool a rendu sympathique une figure qui aurait pu aisément être perçue comme celle d’un enfant gâté […] De même, le drame du 11 septembre a permis à Bush de mettre en avant un récit manichéen de la lutte entre le bien et le mal ».3

Cette mise en scène d’histoires n’est pas représentée dans les fictions du corpus, qui justement exposent le vide qui se cache derrière, en fragmentant les propos des politiques et en les filtrant par le biais d’un personnage. En revanche, la mention de Fox News dans le

1 Salmon, Christian. Storytelling, la machine à fabriquer des histoires et à formater les esprits, Paris : La Découverte, 2007.

2 « La capacité à structurer une vision politique non pas avec des arguments rationnels, mais en racontant des histoires, est devenue la clé de la conquête du pouvoir et de son exercice dans des sociétés hypermédiatisées, parcourues par des flux continuels de rumeurs, de fausses nouvelles, de manipulations. Ce n’est plus la

pertinence qui donne à la parole publique son efficacité, mais la plausibilité, la capacité à emporter l’adhésion, à

séduire, à tromper […]. Le succès d’une candidature ne dépend plus de la cohérence d’un programme économique et de la pertinence des solutions proposées, ni même d’une vision lucide des enjeux géostratégiques ou écologiques, mais de la capacité à mobiliser en sa faveur des grands courants d’audience et d’adhésion… Si l’art du roman constituait une forme d’énonciation paradoxale de la vérité qu’Aragon définissait comme un « mentir vrai », les spin doctors pratiquent le storytelling comme un art de la tromperie absolue, un « mentir faux » si l’on peut dire, une forme nouvelle de désinformation. », Ibid., p. 137.

3 Ibid., p. 139. Salmon cite Evan Cornog, The Power and the Story. How the Crafted Presidential Narrative has

Determined Political Success from George Washington to George W. Bush, New York : Penguin Press, 2004,

roman d’Inaam Kachachi comme biais d’information de Zeina sur l’affaire d’Abou Ghraïb, participe à la dénonciation de cette forme de discours politique, puisque cette chaîne est connue pour être fondée sur le principe du storytelling au détriment de l’authenticité de l’information qu’elle traite1. La mention de ce média ne crée pas seulement un effet de réel, elle laisse sous-entendre au lecteur que l’affaire d’Abou Ghraïb est une histoire bien ficelée, présentée de manière à susciter des émotions tranchées chez les téléspectateurs, ce que les échanges véhéments entre les collègues de Zeina traduisent.

Christian Salmon insiste également sur la dimension religieuse de la stratégie de communication de George W. Bush, qui ne vise pas le caractère pragmatique de ses auditeurs mais leur foi. Cette dimension religieuse favorise le storytelling, qui est un peu plus visible dans la représentation des discours des cellules terroristes, reposant principalement sur une thématique et une rhétorique religieuses.

2. Les discours des cellules terroristes

Face aux discours des instances politiques, les romans proposent d’entendre ceux des cellules terroristes, travaillant surtout en amont de l’événement. Poursuivant le même objectif, elles utilisent également une forme de diabolisation de l’ennemi, puisant leur justification principalement dans les textes religieux. Alors que le gouvernement cherche à éveiller la haine de l’autre présenté comme dangereux et agressif, les cellules terroristes passent avant tout par la pitié en présentant des vidéos d’enfants perdant leur vie à cause des agissements de l’ennemi, ou bien en insistant sur l’oppression que celui-ci opère sur des populations