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LES « CLASSES A PARIS » : UN DISPOSITIF EXCEPTIONNEL

I.2 Les stages : une entrée dans l’administration

Le premier stage que j’ai réalisé au BVSPVP s’est déroulé uniquement au sein du bureau des « classes à Paris ». Lors de ce stage de trois mois, j’ai pu visiter plusieurs « classes ». Ponctuellement, je me rendais à une séance pour voir comment elle se passait, quelles étaient les réactions des élèves, des enseignants, des intervenants. En revenant, je faisais un compte-rendu écrit à Carole et Claire. Par ailleurs, j’ai pu assister aux rendez-vous de fin d’année entre Carole, Claire et les différents intervenants des projets. Lors de ces rendez-vous un point était fait sur l’année passée et l’année à venir.

Ce premier stage m’a permis d’explorer le versant administratif du dispositif, de rencontrer plusieurs intervenants des « classes à Paris» et de créer des liens avec les acteurs administratifs des « classes». Les relations entre les acteurs étaient globalement cordiales. Autrement dit, il n’y avait pas de tension. La question du budget des « classes » était déjà problématique pour Carole et Claire mais la cheffe de bureau absorbait les demandes de baisse de budget de la hiérarchie et les remarques de Carole et Claire – contre les baisses de budget. De ce fait, ma présence dans le bureau n’a révélé que peu de contradictions entre les acteurs administratifs des « classes à Paris ». En revanche, elle m’a permis de comprendre le fonctionnement administratif du dispositif et de découvrir l’importance de la hiérarchie dans les relations au sein du BVSPVP.

J’ai obtenu très difficilement un second stage au BVSPVP. En effet, après que ma demande de CIFRE ait été refusée (cf. infra) j’ai négocié avec l’adjoint du chef de bureau un stage au BVSPVP. Cependant, le nouveau chef de bureau s’y est opposé. J’ai donc postulé à une offre de stage sur le site de la Ville de Paris pour le BVSPVP mais pour un autre pôle : celui des professeurs de la Ville de Paris (PVP). Ma candidature a été soutenue par l’adjoint au chef de bureau et ce soutien m’a aidée à être retenue. C’est parce qu’il y avait une place de stagiaire disponible que j’ai pu réaliser un second stage au BVSPVP. Le but de ce stage n’était pas de m’immerger à nouveau dans l’administration des « classes à Paris » mais de valider des crédits ECTS nécessaires à la validation de la thèse dans le cadre du parcours doctoral mis en place à l’université Paris I161.

161 J’étais inscrite à Paris I lors de mes deux premières années de thèse. Le changement d’UMR de ma

directrice de thèse a induit mon transfert d’université. A Paris VII, le parcours doctoral ne nécessitait plus de validation de crédits ECTS.

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La première partie de mon stage a été consacrée à la réalisation de tâches de secrétariat et de bureautique pour les Professeurs de la Ville de Paris (PVP) musique du bureau. Dans un second temps, j’ai convaincu le chef de bureau d’un changement de poste, à temps partiel, afin de pouvoir travailler sur les « classes à Paris ». Ce changement de poste a été le résultat de plusieurs événements. D’abord, le chef de bureau a arrêté d’être suspicieux à mon égard. C'est-à-dire qu’il a considéré que je n’étais en stage ni pour mener une enquête, ni pour suivre les instructions de mes collègues PVP mais pour apprendre des choses que je ne connaissais pas bien et que j’acceptais le principe de la hiérarchie. Le changement de chef de bureau a été très mal vécu par la grande majorité de mes collègues PVP. Ils considéraient en effet le nouveau chef trop strict et trop observateur. Ils n’appréciaient pas devoir rendre des comptes quant à leur manière –très opaque- de travailler. Ensuite, j’ai accepté de faire plusieurs traductions (espagnol-français, français-espagnol) pour résoudre un problème de papiers liés à l’agression d’une des employées vacataires du bureau. De ce fait, j’ai passé plus de temps avec le chef de bureau, son adjoint et cette collègue sans jamais en donner les raisons à mes collègues. Ma position dans le bureau a changé aux yeux des PVP. Je suis passée du côté des acteurs face auxquels il convenait d’être méfiant et les relations avec mes collègues, surtout avec ma responsable, se sont tendues. Ce changement de place a contribué à la modification de mes fonctions pendant la deuxième moitié de mon stage. Le changement de perception du chef de bureau à mon égard a été le facteur déclenchant de mon changement de poste de stagiaire.

A partir de ce dernier, j’ai assisté à d’autres « classes » sur le terrain. Par ailleurs, j’ai pu conduire plusieurs entretiens avec Carole et Claire, pour comprendre leur mode de fonctionnement à l’intérieur du bureau et les liens professionnels entre les plusieurs membres du BVSVPVP travaillant sur les « classes à Paris ». Le chef de bureau souhaitait en effet mettre à profit mes qualités de doctorante en anthropologie pour comprendre mieux le fonctionnement des « classes à Paris ». Ce que j’ai accepté de faire. Cependant, contrairement à ce que le chef de bureau voulait, j’ai travaillé en coordination avec Carole et Claire. C'est-à- dire que je leur ai expliqué ce que le chef de bureau attendait, quels aspects du bureau je pensais questionner, si elles étaient d’accord – ce qu’elles étaient. Je leur ai également transmis mon document rédigé pour validation avant de le lui remettre. Il n’était pas concevable pour moi de réaliser ce qui était en fait une enquête au sens plutôt sociologique sans leur en parler, en particulier parce que c’est grâce à elle que mon entrée dans les « classes

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à Paris » a été acceptée mais aussi parce que la démarche anthropologique ne peut être réalisée qu’en collaboration avec des acteurs ayant connaissance de la démarche du chercheur. Ce second stage m’a permis une exploration plus en profondeur du versant administratif des « classes à Paris ». Il a renforcé l’idée selon laquelle, au sein du BVSPVP la hiérarchie est un élément clef de fonctionnement du bureau. Il a par ailleurs mis en évidence le poids décisionnaire du chef de bureau dans la réalisation ou non de mon travail de terrain. Entre les deux stages, il y a eu des changements importants dans les relations entre les membres du BVSPVP. De même, au sein de ce bureau, il y avait bien moins de stagiaires et de rires entre les collègues lors de mon second stage. Le nouveau chef de bureau a induit une nouvelle dynamique au BVSPVP. Sa façon de travailler – très managériale- a été mal acceptée par les membres du bureau : « classes à Paris », classes de découverte, professeurs de la Ville de Paris, et a révélé des tensions entre les acteurs du bureau que je n’avais pas remarquées lors de mon premier stage. Ces deux stages m’ont permis d’entrer dans l’univers administratif du dispositif tout en réalisant une partie du parcours doctoral de mon ancienne université. Plusieurs demandes de financement CIFRE ont également été réalisées auprès du bureau des « classes à Paris ».

Cette recherche doctorale a été conduite sans financement même si j’ai fait une demande de financement par CIFRE auprès de la Ville de Paris.

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