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Chapitre 5 – Une méthodologie qualitative pour saisir un objet complexe

5.6 Les caractéristiques des personnes participantes

Cette section présente l’échantillon et les principales caractéristiques sociodémographiques des personnes participantes et de leur conjoint ou conjointe qui n’ont pas participé s’il y a lieu, et ce, au moment de l’entretien. Selon le type d’informations présentées, il est parfois question de 22 couples ou de 44 personnes (22 hommes et 22 femmes). Se trouve aussi en annexe un tableau proposant quelques caractéristiques présentées par couple (voir annexe 3). Bien qu’afin de respecter l’anonymat et la confidentialité des personnes rencontrées nous y incluons que quelques informations, cette présentation nous apparait tout de même utile étant donné que le contexte dans lequel les personnes participantes construisent et livrent leur récit est au centre de l’approche compréhensive (Paillé et Muchielli, 2013).

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Lieu de résidence et statut d’occupation du logement

La très grande majorité des personnes rencontrées habitent sur l’île de Montréal (15 couples sur 22). Plusieurs quartiers (neuf) sont représentés : Plateau-Mont-Royal, Hochelaga-Maisonneuve, Verdun, Pointe-Saint-Charles, Tétreaultville, Mercier, Pointe-aux-Trembles, Villeray, Rosemont. Quelques couples habitent à l’extérieur de Montréal : deux à Trois-Rivières, deux en Montérégie, un dans une ville des Basses-Laurentides et deux dans des villages de Lanaudière. Comme nous pouvions nous y attendre, la quasi-totalité des personnes rencontrées est locataires de leur logement (20 couples sur 22). Les deux couples propriétaires n’habitent pas l’île de Montréal.

Âge

L’âge des femmes varie de 25 à 48 ans et celui des hommes, de 25 à 53 ans. Les femmes sont donc un peu plus jeunes que les hommes dans l’échantillon (34 ans en moyenne pour les femmes comparativement à 38 ans pour les hommes) de même que dans leur couple (la femme est plus âgée que l’homme dans seulement quatre couples sur 22). Six femmes ont moins de 30 ans, comparativement à deux hommes, et deux femmes ont 40 ans et plus, comparativement à huit hommes.

Statut matrimonial et durée de l’union

Le statut matrimonial n’était pas un critère de sélection pour le recrutement. Dans l’échantillon, on retrouve neuf couples mariés et 13 en union libre. L’échantillon compte aussi des couples dont la durée de vie commune varie de 3 à 31 ans, pour une moyenne de 11 ans. Deux couples seulement se sont formés depuis moins de quatre ans, alors que 10 forment un couple depuis quatre à neuf ans et, enfin, neuf autres, depuis de 10 à 20 ans. Un couple s’est formé il y a plus de 20 ans.

Nombre d’enfants, âge des enfants et enfants d’une relation antérieure

Toutes les personnes rencontrées sont parents d’au moins un enfant. Dans deux cas, il n’y a pas d’enfant commun aux deux conjoints dans le ménage : une participante a un enfant d’une précédente union et attend un enfant issu de sa relation actuelle (enceinte de plus de 8 mois au moment de l’entretien) et les membres d’un couple ont chacun un enfant d’une précédente

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relation. Le nombre d’enfants communs aux deux membres du couple au moment de l’entretien varie d'un à cinq : six couples en ont un, huit en ont deux, trois en ont trois, deux en ont quatre et un en a cinq.

L’âge des enfants varie d’à peine un mois à 22 ans. Toutefois, la majorité des couples ont au moins un enfant en commun de moins de six ans (17 couples). Huit couples ont aussi au moins un enfant en commun âgé entre 6 et 12 ans alors que seulement un couple n’a plus d’enfants d’âge primaire. Au moment de l’entretien, trois couples attendaient un enfant. Enfin, dans cinq cas, au moins un des conjoints a eu un enfant d’une précédente union (que cet enfant vive ou non avec le couple).

Niveau de scolarité

Les femmes de l’échantillon sont plus nombreuses à avoir un diplôme d’études collégiales (préuniversitaire ou technique) ou une attestation d’études collégiales (DEC ou AEC) que les hommes (12 femmes comparativement à quatre hommes). Elles sont aussi moins nombreuses à n’avoir aucun diplôme (une seule femme comparativement à cinq hommes) ou à détenir seulement un diplôme d’études secondaires (DES) (trois femmes pour 10 hommes). Un nombre semblable de femmes (quatre) que d’hommes (trois) détient un diplôme d’étude professionnelle (DEP). Enfin, une femme détient un diplôme universitaire de premier cycle, mais est retournée aux études au niveau collégial ne trouvant pas d’emploi satisfaisant dans son domaine d’études initial.

Occupations

Les occupations principales des personnes rencontrées sont plutôt variées. Les femmes sont presque aussi nombreuses que les hommes à occuper un emploi ou à avoir un travail autonome (13 femmes contre 14 hommes), et ce, avec diverses conditions de travail. Les postes occupés sont variés : intervenante de nuit dans un groupe communautaire, camionneur courte ou longue distance, technicien en télécommunication, gardien de sécurité, travailleur dans la construction, infirmière auxiliaire, commis de bureau, aide domestique, etc. Certaines personnes déclarent ne pas avoir de travail rémunéré, soit cinq femmes et quatre hommes : les femmes se disent alors « mère à la maison » tandis que les hommes se disent plutôt « sans emploi ». Trois couples sont

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bénéficiaires de l’aide de dernier recours. Certaines personnes ont comme occupation principale les études : c’est le cas de deux femmes et de deux hommes. Enfin, quatre personnes ont aussi un travail informel qu’ils font de façon plus ou moins fréquente ou intensive.

Revenus

Lors du recrutement, il était explicitement indiqué qu’aucune preuve de revenus ne serait demandée. Les renseignements donnés par les personnes participantes à propos de leurs revenus personnels et combinés sont, souvent, approximatifs. Plusieurs raisons expliquent ce manque de précision. Premièrement, étant donné que les revenus d’emploi des couples rencontrés sont dans l’ensemble assez faibles et parfois de sources très variables (travail autonome précaire, oscillation entre emploi et chômage, travail informel, emploi impliquant des pourboires, par exemple), les revenus sont souvent difficiles à déterminer.

Ensuite, les prestations gouvernementales, particulièrement les prestations familiales, font une très grande différence dans le budget des personnes rencontrées, encore davantage pour les femmes à la maison pour qui cela devient « leur revenu ». Ce dernier peut parfois être aussi substantiel que celui de leur conjoint qui occupe un emploi. Certaines personnes incluent spontanément ces montants dans leurs revenus, alors que d’autres ne le font pas. Ensuite, ces montants fluctuent aussi selon les changements de gouvernement et de programmes. Au Québec, les prestations familiales sont offertes tant par le gouvernement fédéral que par le gouvernement provincial, ce qui fait dès le départ deux montants reçus par les femmes. Jusqu’en 2015, le gouvernement fédéral offrait deux montants différents mensuellement. Un des montants (imposable) a été bonifié pour ensuite être aboli quelques mois plus tard, lors de l’élection du gouvernement libéral. Ces changements assez fréquents créent aussi de la confusion chez les parents rencontrés et les empêchent de préciser les montants reçus. Aussi, les prestations familiales fédérales sont versées mensuellement (le 20 de chaque mois) alors que les prestations provinciales le sont tous les trois mois (si les montants sont très élevés, elles sont alors versées mensuellement aussi, mais le premier de chaque mois).

Finalement, même s’il était clair lors du recrutement que l’entretien aborderait les questions d’argent, certaines personnes avaient une certaine gêne à dévoiler leurs revenus exacts. Nous

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n’avons pas insisté, puisqu’au-delà du niveau de revenu exact, nous nous intéressions bien davantage aux arrangements conjugaux en lien avec ces revenus. Une approximation des revenus personnels et familiaux était donc suffisante. Nous présentons dans ce qui suit les revenus individuels déclarés par les femmes et les hommes formant les couples rencontrés, leurs revenus combinés de même que les écarts de revenus entre conjoints, selon les informations disponibles.

Revenu individuel

Si nous considérons le revenu individuel comprenant les revenus d’emploi, de prestations d’assurance-emploi et de prêts et bourses46, 12 femmes et 10 hommes ont des revenus annuels

inférieurs à 20 000 $ (excluant les prestations familiales). La moitié des femmes qui ont un revenu annuel inférieur à 20 000 $ déclarent être « mère à la maison » et n’ont donc aucun revenu lié à un emploi ou aux études. C’est pour ces cinq femmes particulièrement que les montants des allocations familiales ont un impact majeur. Les prestations familiales sont importantes à deux titres pour elles : il s’agit du seul revenu à « leur nom » et le montant est généralement très substantiel. Toutefois, il est fonction des revenus gagnés par leur conjoint durant l’année fiscale précédente.

Dans trois couples, les conjoints ont aussi un revenu dit individuel de moins de 20 000 $/année puisqu’ils sont bénéficiaires de l’aide sociale. Il est important de noter ici que les versements mensuels reçus de l’aide de dernier recours sont au Québec au nom des deux conjoints. Un seul montant est donc versé pour le couple. Par ailleurs, neuf femmes et dix hommes ont des revenus annuels compris entre 20 000 $ et 39 999 $. Une femme a un revenu annuel d’un peu plus de 40 000 $ et un homme a un revenu annuel un peu au-dessus de 50 000 $. Certaines des personnes vivent donc avec un revenu individuel très faible et d’autres, avec un revenu un peu plus élevé.

Revenu combiné

46 Les montants présentés ici excluent les prestations familiales reçues par les femmes. Contrairement aux prestations d’assurance-emploi ou de prêts et bourses (dans une moindre mesure), les montants pour les enfants sont calculés en fonction des revenus du ménage. Dans le cas des couples rencontrés, ces montants sont généralement élevés considérant la faiblesse des revenus globaux du ménage.

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Suivant la difficulté à connaître le revenu individuel de façon précise pour chaque personne participante (et son conjoint ou sa conjointe), il en est de même pour le revenu combiné. Deux couples ont un revenu combiné de plus d’une cinquantaine de milliers de dollars, malgré le critère du revenu lors du recrutement. Dans un des cas, les trois enfants du couple sont maintenant presque adultes et la conjointe a repris un emploi à temps plein quelques mois avant l’entretien, ce qui n’était pas le cas lorsque les enfants étaient plus jeunes. Leur récit permet de voir les modifications au fil du temps, de même que ce qui perdure malgré les changements d’emploi, avec la hausse des revenus de la conjointe et les enfants qui vieillissent. L’autre couple a aussi vécu des fluctuations de revenus, qui ont parfois été même plus élevés qu’au moment de l’entretien, mais qui ont aussi été plus faibles à d’autres moments. Ces deux cas demeurent des exceptions dans notre échantillon et nous permettent de mettre en lumière les fluctuations de revenus que ces couples vivent en fonction de divers moments de leur relation. De fait, quatre couples ont un revenu combiné annuel en deçà de 20 000 $, neuf, entre 20 000 $ et 39 999 $, et sept entre 40 000 $ et un peu plus de 50 0000 $. Enfin, le choix d’utiliser le terme « couples à revenus modestes » permet d’indiquer que les personnes participantes à notre étude ont des revenus qui sont plus ou moins faibles selon les cas.

Écarts de revenus

Dans six couples, les femmes ont un revenu plus élevé que celui de leur conjoint. Parmi ces couples, une femme gagne 100 % des revenus du ménage et cinq gagnent entre 60 % et 70 % du revenu combiné du couple. Au contraire, les femmes ont un revenu plus faible que leur conjoint dans neuf cas. Parmi eux, cinq femmes n’ont aucun revenu et quatre gagnent entre 15 % (un cas) et 40 % du revenu combiné du couple.

Dans trois couples, les revenus des deux conjoints sont très semblables. Notons que les trois couples bénéficiaires de l’aide sociale de même que le couple qui a une petite entreprise ne sont pas inclus ici puisque les revenus de ces couples sont plus difficilement assignables à l’un ou à l’autre conjoint.

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