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US States By Population

Chapitre 3. Succès ou échec de l’objectif de réhabilitation ?

2. Le but de la réinsertion est-il condamné ?

La prison incorpore plusieurs buts : dissuader, punir ou encore réinsérer. Cependant, il semblerait que le but de la réinsertion, au vu du fort taux de récidivisme, ne soit pas pleinement atteint. Ainsi, toujours davantage de prisonnières arrivent en prison et nombre d’entre elles recommettent des crimes et/ou délits à leur sortie. La recherche se questionne sur les raisons de cette « non-réinsertion », quels sont les facteurs qui favorisent la récidive chez certaines détenues et si cette récidive entraîne la création progressive d’une population criminelle aux Etats-Unis. La réinsertion concerne la vie post-carcérale, cependant c’est aussi durant le séjour pénitentiaire qu’elle est construite. Il est donc à se demander si les dispositifs mis en place dans les prisons sont suffisants et adaptés au besoin des détenues. Nous procéderons à l’examen des raisons de l’échec de la réinsertion dans les prisons de femmes états-uniennes. Enfin, nous étudierons en quoi la prison stabilise et crée une population criminelle et donc si elle poursuit activement ou non le but de la réhabilitation sociale.

2.1 Pourquoi l’échec de la réhabilitation ?

It's just to say that as a society, we wait until we catch people screwing up, then we punish them, and then we expect them be fixed. The truth is a lot more complicated" (Lerner) (Khan, 2016).

Women’s recidivism rates are similarly troubling to those of men. About one-quarter of women released from prison fail within 6 months (i.e., have an arrest for a new crime), one third fail within a year, and 2/3 fail (68.1%) five years out from release (National

Resource Center on Justice Involved Women, 2016).

La réinsertion aurait échoué selon plusieurs rapports, faits et discours qui y contribuent. Les prisons ne sont pas adaptées et suffisamment équipées pour la réhabilitation, elles ne disposent pas des ressources nécessaires pour « soigner » ou « rééduquer » les citoyens qui commettent d’après le gouvernement, des « crimes nocifs » à la société (Bruinius, 2016). S’opèrerait alors une volonté d’incarcération et de refus d’alternatives au profit du système classique de la prison. Mais la question que la recherche se pose est, est- ce que la prison est un moyen efficace pour réduire les crimes et transformer les criminels si elle contribue à la récidive et à l’exclusion sociale à leur sortie ? La surpopulation au sein de ces prisons explique en partie cet échec. Ainsi, dû à trop de personnes dans des espaces non adaptés pour ce nombre, le personnel est souvent en sous-effectif, les lieux comme les cellules, les douches et/ou les salles de formation n’accommodent pas correctement les détenues et se voient envahies et en surpeuplées. Les places pour de nombreux programmes et certaines formations sont limitées et par conséquent, chaque détenue n’a pas toujours la même égalité des chances devant les services censés conduire à une réinsertion progressive. Les activités sont moins disponibles, le confort se fait plus rare tout comme les soins et l’attente est chose fréquente. Il est aussi nécessaire de rappeler que cette hausse de la répression, est aussi liée à des « nouvelles formes de délinquance comme celle liée à l’usage et au trafic de drogues » (Colombet, 2018, p. 29) ainsi qu’à « l’augmentation de la population parfois formulée par la population » (p. 29).De multiples autres causes entrent aussi en jeu. Premièrement, l’absence de programmes de santé et de professionnels joue aussi un rôle majeur dans cet échec réhabilitatif. Ainsi selon le sondage de Criminal Justice Institute de 2001 (Reviere et Young, 2006), ¼ de la population carcérale n’avait pas de travail ni de programme. Le sondage affirme que bien que la population carcérale soit en large hausse, la participation dans les programmes diminue et rend la réinsertion d’autant plus difficile étant donné le manque de formations et de compétences censées, pourtant, être acquises pendant l’incarcération pour ne plus commettre de crimes dans un but final (p. 62). Certains

témoignages de détenues confirment ne rien avoir appris au sujet de la réinsertion pendant leur incarcération : la prison serait à leurs yeux une perte de temps sans possibilité d’apprentissage et d’amélioration dans le futur (Talvi, 2007) :

Another revealed that she couldn’t wait to go back to “slinging” (dealing drugs) so as to finally be able to support her family again (…) With the exception of one girl I met during an ensuing visit to the King County juvenile detention center, not a single other one of these girls ever said she had learned anything truly healthy or worthwhile that would help her move toward a better future as a result of being incarcerated. The sole exception was a seventeen-year-old girl who had already been locked up, starting at age eleven, no less than twenty times. In this institution, she was a “regular” – absolutely everyone knew her name, and this has become a perverse matter of pride for her (xii).

L’absence de programmes sanitaires pose aussi un réel souci quant à l’état dans lequel ressorte les prisonnières et l’augmentation de conditions précaires favorisées par des maladies physiques et mentales non prises en charge par l’AP. De même, le manque de programmes notamment liés aux addictions avant, pendant et après l’incarcération renforce le récidivisme (Reviere et Young, 2006). Par effet domino, certaines femmes sortiraient avec plus de problèmes d’addiction et donc auraient de grandes chances de replonger et de commettre des actes légaux pour payer leurs consommations.

Stana (2000) compared the 1991 and 1997 BJS surveys and noted that the number of female inmates reportedly under the influence of drugs at the time of committing the offenses increased from 1991 (10 percent) to 1997 (19 percent). The lack of access to drug treatment programs prior to, during, and after incarceration and the continued emphasis on punishing not only those who sell drugs but also those who use drugs offers little solace to those concerned about incarcerated women (p. 62).

A number of residential drug treatment programs depend on food stamps and cash assistance to feed and house women and children in treatment programs. Rukaiyah Adams, David Onek, and Alissa Riker (1998) reported that a survey of fourteen residential treatment programs in California indicated that 69 percent of the programs’ food expenses were covered by food stamps. Without this support, the programs would have a difficult time surviving. It is believed that this is the case beyond California. Unfortunately, the releases who are most in need of access to these programs will be ineligible due to their drug convictions. As a result, these offenders are at high risk of both relapse and participation in crimes aimed at supporting their illegal drug use (GAO 2001).

Mitford fait part de sa visite dans une prison de Washington D.C. et se demande si les rues sont plus sûres avec ces femmes enfermées sans soutien pour leur addiction, aide psychologique et formation professionnelle (Talvi, 2007, p. 2). La prison ne serait pas un endroit sain, au contraire elle rendrait malade (mode de vie, alimentation grasse et peu nutritive, retard/absence de prise en charge médicale) et amènerait à la suppression d’aides à la sortie (Reviere et Young, 2006).

Theodore Hammett, Cheryl Roberts, and Sofia Kennedy (2001) noted that ex-offenders are not eligible for Medicaid, SSI, or the AIDS Drug Assistance Program (ADAP). Laura Maruschak (2004) reported that at the end of 2002, there were 19,297 male inmates and 2,053 female inmates in state prisons who were HIV-positive (see Chapter 7). Upon their return to the community, they would not be eligible to receive free medications through ADAP. Hammett, Roberts, and Kennedy (2001) go on to say that few releases have health insurance through a family member. Futhermore, since most do not have jobs upon their release, they do not have health insurance through an employer (p. 171).

Deuxièmement, l’éloignement avec les proches et la famille peut créer des problèmes et des insécurités chez les détenues et rendre plus difficile la réinsertion. Reviere et Young (2006) soutiennent le développement des liens avec la famille et notamment avec les enfants (environ 80% des détenues sont mères) en raison des effets bénéfiques que cela apporte comme le maintien de la famille, le futur et le comportement de l’enfant, le récidivisme en baisse etc. Aussi, le processus d’isolement de la prison et notamment les prisons supermax semblent avoir un effet conséquent sur un récidivisme certain (Talvi, 2007). A travers les recherches de la Commission on Safety and Abuse in America’s Prisons en 2006, on soulève la mauvaise influence des cellules d’isolement sur les détenues en montrant que 64% des prisonnières directement relâchées après l’isolement récidivent contre 41% qui sont en prisons non isolées (Talvi, 2007, p. 142).

Enfin, la recherche s’intéresse aux discours et aux rapports de force qui conduiraient au récidivisme et à l’absence de réintégration des prisonnières (68.1% des prisonnières récidivent dans les cinq ans qui suivent la sortie de prison, National Resource Center on

Justice Involved Women, 2016). « Plus de deux tiers des femmes détenues dans les prisons

américaines sont récidivistes (Wilson, Anderson, 1997) » (Lévy, 2000, p. 76). La réinsertion de ces femmes semble peu probable dans de nombreux cas quand on se penche sur les chiffres de la population carcérale contemporaine : « The female prison population grew by 832% from 1977 to 2007 (the male prison population grew 416% during the same period; West & Sabol, 2010) » (O’Brien et Ortega, 2015, p. 142). Un autre facteur possible d’échec partiel de réintégration sociétale serait l’approche androcentrique et discriminatoire pendant l’incarcération des femmes qui ne conduit pas à la reconnaissance et à l’évaluation de leurs besoins spécifiques comme le manque de traitement pour les addictions, la violence domestique et sexuelle, la discrimination sur l’orientation sexuelle et/ou genrée etc. (Levi et Waldman, 2017, pp. 16-17). Selon ce point de vue, le gouvernement n’encadre pas suffisamment les problèmes des femmes et à cause de cette absence de résolution, la réintégration sociale peut être très difficile à cause des traumatismes passés ainsi que de la violence de l’expérience carcérale : « One can begin to see how women who have endured

such painful indignities have little chance of successfully reintegrating into society » (Smith, 2008, p. 256).Pour résoudre ce problème et ce manque de compréhension envers l’histoire personnelle des détenues, il faudrait, apporter certaines solutions pour ces femmes, comme celles victimes d’abus et de dépendances via des programmes d’écoute, de thérapie, ne pas ignorer les aspects de leur histoire ni négliger les abus sexuels et physiques qu’elles dénoncent : une thérapie transversale pour réhabiliter ces femmes dans la « société libre » (Reviere et Young, 2006, p. 73). Ces problèmes reflètent une approche androcentrique de la réhabilitation et de l’incarcération des femmes, qui ne prennent pas en compte les spécificités sexuées de cette population.

On the one hand, as jurisdictions around the nation have been trying to design new programs to reduce jail populations – diversion programs for nonviolent offenders, drug treatment, educational options – virtually all of these programs were designed for the vast majority of prisoners: men (Bruinius, 2016).

Alors que les détenus se battent « pour « revenir dans une société qui ne semblait jamais avoir besoin d’eux » (Alexander, 2016), il parait important d’analyser les causes de cet échec de réinsertion ainsi que les raisons pour cette incarcération de masse afin de penser à la reconstruction d’une nouvelle société : « Penser la sortie du continuum carcéral nécessite aussi de déconstruire et d’intervenir sur les mécanismes politiques et institutionnels qui participent à sa production » (Bony, 2016, p. 108).

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