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US States By Population

1.3. Généralisation du modèle carcéral féminin US

Un dernier point à relever est l’expansion de cette population carcérale et la globalisation du modèle carcéral féminin états-unien dans le reste du monde (Davis et Dent, 2001) :

If I were to try to summarize my impressions of prison visits all over the world, and most of them have been to women's prisons, including three jails which I visited involuntarily, I would have to say that they are uncannily similar(p. 1237).

Le modèle carcéral féminin actuel n’est plus cantonné aux États-Unis et se propage dans le reste du monde à travers des réseaux et des liens politico-capitalistes. En effet, malgré le nombre important de femmes prisonnières par rapport à d’autres pays et les méthodes utilisées souvent jugées injustes et cruelles par nombre d’ONG, le système carcéral

américain pour les femmes s’exporte, s’importe et témoigne d’une mondialisation croissante, forte et parfois uniforme d’une société internationale de plus en plus capitaliste. Davis et Dent (2001) signalent une ressemblance forte entre les prisons de femmes états- uniennes et celles du reste du monde qu’elles ont pu visiter à travers leurs études sur le bien- être des prisonnières et l’abolition des prisons. Un processus international opère et suit des normes étatiques, capitalistes et disciplinaires similaires. Le système carcéral américain et ses modes opérants se mondialisent et s’exportent : « new models of imprisonment developed in the United States - such as the supermax (super maximum security facility) - travel around the world today » (Davis, 2001, 1237), les supermaximum facilities31 (les centres de correction de securité maximale) sont les prisons de haute sécurité américaine qui peuvent isoler jusqu’à 23 heures par jour chaque prisonnière jugée comme dangereuse ou bien sévèrement réprimée face à un délit commis en prison, dans sa cellule sans lui permettre d’en sortir. La prison n’apparaît non plus comme un outil de justice « réhabilitateur » social mais comme un produit à vendre et à consommer. Cette logique consumériste s’inscrit dans un développement fort et global d’une économie capitaliste puissante et mondiale. La prison, serait alors devenu un bien comme un autre jouant un rôle dans l’économie actuelle du pays et d’entreprises (multi-)nationales. Le complexe de la prison industrielle (Davis) grandit et démontre une croissance fulgurante aussi bien dans les prisons d’hommes que de femmes : « Private correctional facilities were a $4.8 billion industry in 2014, with profits of $629 million, according to market research firm IBISWorld » (Independent Lens, 2017). Combiné à de puissants pouvoirs politiques, certains auteurs et auteures estiment que ce nouveau complexe devient une force politique, sociale et économique qui rapporte au grand patronat en exploitant les plus démunis (femmes et hommes afro-américains aux États-Unis par exemple). Voici un dessin satirique d’Eric Spitler du complexe industrio-carcéral contemporain illustrant ces pensées contemporaines :

31Segregated Housing Unit/Administrative segregation (adseg) – An isolated living area within a prison used to separate an individual from the general prison population for punitive or security purposes. Also known as solitary confinement, and colloquially referred to as “the hole” (Levi et Waldman, 2017, p.233).

Figure 11 : Caricature du « complexe industrio-carcéral » par Eric Spitler32

Aussi, le fait que le modèle féminin s’exporte autant que le modèle masculin démontre une acceptation et une banalisation de l’incarcération féminine aux États-Unis et dans le reste du monde. Les femmes ont fait leur entrée dans l’incarcération américaine et mondiale font partie intégrale du paysage pénitentiaire. Les modèles capitalistes33 et économiques féminins s’exportent et s’échangent entre les différents pays comme l’Australie et les Etats-Unis :

Don't you remember how stunned we were when we learned a company headquartered in Nashville, Tennessee (the Corrections Corporation of America) owns and operates the largest women's prison in Australia? (Davis, 2001, 1237)

Ces femmes criminelles qui ne se comportent pas totalement comme « des femmes de la société traditionnelles » semblent en partie exclues du reste de la société américaine en raison de leur déviance et de leur résistance à certaines normes. Pourtant, ces femmes, selon des chercheurs et activistes, ont le droit de réclamer leur existence, leur expérience et de dénoncer un système qui n’a pas été conçu pour elles et qui n’est toujours pas suffisamment adapté à leurs besoins spécifiques (comme les besoins gynéco-médicaux, les grossesses, l’omniprésence de surveillants hommes, la perte de droits parentaux, l’androcentrisme, etc). Il est donc d’abord nécessaire de comprendre et d’analyser en profondeur le fonctionnement

32 Mericle, consulté le 27/06/2018, http://www.impactpress.com/articles/febmar01/prisonind020301.html 33 Capitalisme : • Statut juridique d'une société humaine caractérisée par la propriété privée des moyens de production et leur mise en œuvre par des travailleurs qui n'en sont pas propriétaires.

• Système de production dont les fondements sont l'entreprise privée et la liberté du marché. • Système économique dont les traits essentiels sont l'importance des capitaux techniques et la domination du capital financier.

• Dans la terminologie marxiste, régime politique, économique et social dont la loi fondamentale est la recherche systématique de la plus-value, grâce à l'exploitation des travailleurs, par les détenteurs des moyens de production, en vue de la transformation d'une fraction importante de cette plus-value en capital additionnel, source de nouvelle plus-value (Larousse, consulté le 10/07/2018).

et les problèmes relatifs à ces prisons de femmes américains, problèmes et principes qui, parfois donnent lieu à des rébellions contre le système carcéral américain.

2 Réappropriation d’arguments féministes vers une incarcération de

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