• Aucun résultat trouvé

La transfusion Québec-Xuzhou et ses interruptions

CHAPITRE 2: LA PROCURE DES MISSIONS ÉTRANGÈRES DE CHINE:

2.3 Fluctuations, rentabilité et pont Québec-Xuzhou

2.3.3 La transfusion Québec-Xuzhou et ses interruptions

Ravitailler les institutions de l'Église du Xuzhou était la raison d'être principale de la Procure de Chine. Approximativement 10 273 kilomètres et 12 fuseaux horaires séparent les villes de Québec et de Xuzhou. Durant les années 1930 et 1940, la correspondance entre le Canada et la Chine était discontinue et les lettres étaient parfois perdues. Ces dernières étaient généralement acheminées par train vers New York avant d'atteindre l'Asie par bateau ou par avion. Envoyées du Québec, elles parvenaient habituellement aux missionnaires du Xuzhou en un à trois mois. La communication entre les Jésuites du Québec était entretenue grâce à un échange mensuel de nouvelles216.

La Procure de Chine supervisait la livraison de nombreux dons matériels provenant des divers milieux de bienfaiteurs de la mission. Les Jésuites du Québec faisant le voyage Québec-Xuzhou accompagnaient annuellement les boîtes et les mallettes qui contenaient des denrées québécoises, des vêtements canadiens, des objets religieux et du matériel scolaire (catéchismes, dictionnaires, etc.). Ils prenaient le chemin de fer transcontinental vers Vancouver, puis parvenaient jusqu'à Honolulu sur un bateau de l'Empire britannique, faisaient une escale normale au Japon et arrivaient à destination en Chine, à la concession 215 Rosario Renaud, Corr. à Georges Marin, AJC, M-0007, Cl. 6, no. 54 (30 janv., 1932), p. 6.

216 Édouard Goulet, Corr. à Georges Marin, AJC, M-0007, Cl. 6, no. 55 (17 nov., 1932), p. 1. L'organisation du courrier entre les missionnaires, la province jésuite du Bas-Canada et le Saint-Siège était essentielle. Le Pape Alexandre VII prononça l'essentiel des règles à ce sujet. Voir Instructions à l'usage des vicaires apostoliques en partance pour les

royaumes chinois de Tonkin et de Cochinchine (1659), dans Marcel Gérin, « Le gouvernement des missions », Thèse

française, à Zikawei. Quelques pertes étaient parfois constatées après le long voyage, mais l'organisation des envois s'améliorait à chaque tentative pour éviter les frais de franchise en douane et de surcharge217. Les quelques missionnaires qui prenaient des vacances au

Canada accompagnaient des colis, comme ceux du musée d'art chinois, dans la direction inverse. Toutefois, il n'y avait ordinairement qu'un seul voyage international par année vers septembre ou octobre et cette fréquence était peu commode pour ravitailler l'effort apostolique des Jésuites du Québec au Xuzhou218.

Une communication régulière orchestrait les activités missionnaires entre le Canada et la Chine. Alors que le dispendieux service télégraphique transmettait les appels d'urgence et les annonces de décès, le service postal, plus abordable, mais plus lent, était le moyen de correspondance commun. Dès lors que l'adresse des missionnaires du Xuzhou était l'Église St-Joseph au 550 Frelupt Route, à Shanghai, la collaboration des Jésuites français, dont le territoire ecclésiastique de Nankin couvrait la grande ville chinoise, était nécessaire. Le F. Maussier, l'un d'entre eux, supervisait la réception des chèques, des mandats-poste et des colis envoyés par le service postal au nom de la préfecture apostolique de Xuzhou. Il rapportait les pertes à Mgr. Marin et organisait, avec lui, l'acheminement au Xuzhou des fonds de la Procure de Chine. Un Jésuite du Québec voyageait régulièrement à Shanghai afin de récolter le courrier, retirer des montants reçus de l'international et escorter les nouvelles recrues jusqu'au cœur de la mission canadienne-française. Les voyages par le Grand Canal, par les trains chinois et par les routes boueuses étaient parfois dangereux, mais les dons transférés par la Procure de Chine parvenaient normalement en totalité jusqu'à la ville de Xuzhou d'où ils étaient distribués vers les paroisses219.

217 Le dernier incident relaté par la correspondance est celui de colis envoyés au début de 1933, perdus pendant près d'un an et retrouvés dans une cave d'une compagnie de transport qui demandait un remboursement pour des frais d'entreposage. Mgr. Marin rédigeait ensuite des recommandations pour améliorer l'efficacité de l'acheminement des dons en nature. Andrien Sansoucy, Corr. à Georges Marin, AJC, M-0007, Cl. 6, no. 61 (6 juin, 1934), p. 1.

218 Les Jésuites souhaitaient établir un accord avec le gouvernement chinois de Nanjing pour ne pas payer de frais de douane, mais ils échouèrent par leur manque de relations officielles avec les membres de l'administration. M. Céteau, Corr. à Rosario Renaud, AJC, M-0007, Cl. 7, no. 64 (22 juin, 1931), pp. 1-2.

219 Georges Marin, Corr. aux PP. Pineau et Renaud, AJC, M-0007, Cl. 4, Corr. III et dossiers personnels des missionnaires, Marin Georges III (17 fév., 1933), pp. 1-2.

L'élévation du Xuzhou au titre de vicariat apostolique le 18 juin 1935 invita les Jésuites du Québec à affirmer l'indépendance de leurs activités face à celles des Jésuites français. Mgr. Côté souhaitait centraliser la communication entre le Québec et le Xuzhou afin que les autorités ecclésiastiques de Nankin ne soient plus au courant de l'état des finances de la mission canadienne-française. L'adresse de correspondance des Jésuites du Québec fut modifiée pour « Catholic Mission, Süchow, Ku., Chine » et le P. Adrien Sansoucy, qui étudiait la finance chinoise depuis deux ans, fut chargé d'organiser une seconde procure en Chine dont il devenait le procureur. Installée au 35 rue Bourgeat, à Shanghai, la procure de Shanghai ouvrit un compte à la banque chinoise Yang King Pang. Le P. Sansoucy se chargeait d'assurer la sécurité des fonds parvenus en Asie en déposant les chèques reçus de la Procure de Chine et en effectuant, si possible, des placements sûrs jusqu'à l'acheminement des montants au Xuzhou. La Procure de Chine et la procure de Shanghai étaient en relation continuelle. Les annonces des envois de l'une étaient suivies par les avis de réception de l'autre220.

Les montants transférés par la Procure de Chine étaient en devise canadienne. Si les banques chinoises pouvaient accepter de manipuler des billets américains, les billets chinois, qui avaient été uniformisés sous le yuan en 1928, animaient la vie économique au Xuzhou. Le taux de change entre le dollar canadien et le yuan chinois était ordinairement très avantageux pour les missionnaires; selon Mgr. Marin, un dollar équivalait au minimum à 3 yuans ou 4 yuans. Comme le coût de la vie était moins élevé en Chine qu'au Canada dans les années 1930, la valeur des montants transférés par la Procure de Chine était plus grande en Chine qu'au Canada. Par contre, elle n'était pourtant pas toujours proportionnelle au taux de change qui fluctuait entre la date du transfert et celle de l'échange des devises. Les réceptions à la hausse par rapport aux estimations étaient toujours appréciées, mais les pertes par rapport aux taux habituels étaient assez fréquentes. Mgr. Marin et le P. Lavoie cherchaient à faire affaire avec une banque ayant des succursales à Québec et à Shanghai pour créer une entente permettant des transactions immédiates au taux de change indiqué, 220 La procure de Shanghai apparaît dans Le Canada ecclésiastique: Catholic Directory of Canada, Montréal, Librairie Beauchemin, 1936, p. 714. Georges Marin, Corr. à Louis Bouchard, AJC, M-0007, Cl. 4, Marin Georges X (21 oct., 1946), p.1.

mais cette institution financière n'existait pas encore. En conséquence, le dollar canadien était parfois échangé en devise américaine avant de l'être à nouveau en yuan. La Banque de Montréal confirmait les transactions et le procureur espérait qu'un taux de change avantageux serait appliqué sur le montant lors de sa réception à Shanghai221.

Une première transaction internationale de la Procure de Chine fut conclue vers Shanghai suite à la création de la préfecture apostolique de Xuzhou le 23 juin 1931. Quatre transferts par année administrative lors des 15 novembre, 15 septembre, 15 février et 15 mai étaient convenus entre le P. Lavoie et Mgr. Marin. L'attaque du Japon sur Shanghai en 1932 empêcha momentanément le respect de la convention. Les montants pour l'Église du Xuzhou furent retenus puisque la Banque de Montréal refusa de prendre la responsabilité sur les fonds à destination de la Chine. Des grèves des débardeurs à New York retardèrent aussi la réception des chèques au Xuzhou en 1946222.

Bien qu'il était possible pour les bienfaiteurs canadiens-français d'envoyer eux- mêmes leurs dons au Xuzhou par le courrier postal, la Procure de Chine administrait presque la totalité des montants destinés à la mission chinoise. Plus de 9 970$ canadiens auraient été envoyés par l'institution au Xuzhou avant août 1932223. L'annexe D démontre

que les montants transférés variaient ensuite considérablement. La moyenne annuellement transigée entre août 1932 et août 1939 s'élève à 19 672$, ce qui représente 40,7% des revenus de la Procure de Chine pour la même période. Une sévère diminution des valeurs des envois (8921$) liée aux frais de déménagement du musée d'art chinois sur Grande- Allée (23 920$ de dépenses) figure en 1934-1935. La presque totalité de l'avoir de la Procure de Chine (33 360$) fut envoyée au Xuzhou suivant les annonces de l'avancée de 221 La monnaie en lingots fut supprimée par le gouvernement de Nanjing en 1928. La devise monétaire chinoise, le yuan, fut unifiée. La centralisation monétaire fut complétée au niveau du crédit. La Banque centrale de Chine et la Banque agricole de Chine furent créées pour faire face à la crise économique. Des billets étaient émis de Nanjing. Marie-Claire Bergère, L'âge d'or de la bourgeoisie chinoise, 1911-1937, Paris, Flammarion, 1986, p. 291. Georges Marin, Corr. à J.-Louis Lavoie, AJC, M-0007, Cl. 4, Marin Georges III (12 mai, 1933), p. 1. Mgr. Marin exprima, par exemple, sa déception lors d'un change moins avantageux en 1933: « Par traite sur Banque de Montréal, 15 mai: [yuans] 7187.70. i.e. $1891.5 canad. Je ne comprends pas. Le F. Maussier me dit que vous avez envoyé un chèque pour $1891.50 canad. qui a donné [yuans] 6439,15. Je suppose que le 15 mai j'aurais pu avoir au-delà de [yuans] 7000. En réalité je n'ai eu que [yuans] 6400. » Georges Marin, Corr. à J.-Louis Lavoie, AJC, M-0007, Cl. 4, Marin Georges III (12 juin, 1933), p. 1. J. F. Parkinson, Canadian War Economics, op. cit., p. 5-6.

222 Georges Marin, Corr. à Louis Bouchard, AJC, M-0007, Cl. 4, Marin Georges X (21 oct., 1946), p.1.

l'armée japonaise en sol chinois en 1937. Les Jésuites du Québec cherchèrent ainsi à éviter une pénurie résultant d'une coupure des communications comme celle qui avait été provoquée en 1932 suite à l'attaque japonaise sur Shanghai224.

Suite au 7 juillet 1937, date du déclenchement de la guerre sino-japonaise, la région du Xuzhou fut isolée pendant quelques mois puisque les chèques et les lettres acheminés entre le Québec et le Xuzhou étaient contrôlés aux douanes. La situation s'aggrava durant l'été 1941 alors que l'armée japonaise qui occupait le Xuzhou bloqua les transferts des banques américaines, canadiennes et européennes des Alliés. Reconnaissant que l'envoi de gros montants vers la Chine continentale était peu sécuritaire, le P. Lavoie minimisait le risque de perte en épargnant dans des placements et en investissant dans des projets immobiliers et en bourse. Jamais autant de dons n'avaient encore été destinés à ces postes budgétaires. Alors que 107 138$ était dépensé pour couvrir les frais d'achats de bâtiments, de déménagements et de réparations entre août 1938 et août 1945, 241 277$ était placé en actions, en prêts et en obligations en prévision de la fin de la guerre. Une timide somme cumulée de 66 036$ était transférée par la Procure de Chine à l'Église du Xuzhou pendant les sept années de la guerre sino-japonaise. Or, une grande partie de ce montant était versée durant les premières années du conflit. En conséquence, le financement canadien-français de la mission était dérisoire entre 1941 et 1945225.

Dès l'annonce de la reprise des communications entre le Canada et la Chine suite à la capitulation de l'Empire du Japon le 15 août 1945, le procureur procéda à la vente de la plupart des actions et obligations de la Procure de Chine et retira de nombreux placements. Une partie des profits servit à payer des dettes de guerre alors que l'autre fut envoyée à la procure de Shanghai. Puisque l'institution recevait aussi de nombreux dons, ainsi que des contributions financières de plus en plus grandes de la part de la province jésuite du Bas- Canada qui répondait à l'entente de 1939, les montants transférés au Xuzhou gonflaient 224 Philippe Côté, Corr. à J.-Louis Lavoie, AJC, M-0007, Cl. 2, Côté Philippe II (24 mai, 1937), p. 1. Rapport financier

de la Procure des Missions de Chine, AJC, M-0007, boîte 28, chemise 1 (1932-1937).

225 J.-Louis Lavoie, Corr. au sup. provincial Émile Papillon, AJC, M-0007, Cl. 3, Lavoie Joseph-Louis III (17 avril, 1939), p. 1. Rapport financier de la Procure des Missions de Chine, AJC, M-0007, boîte 28, chemise 1 (1937-1945).

considérablement. Les états financiers annuels de l'institution rapportent des envois inhabituels au Xuzhou de 227 392$ en 1945-1946 et de 259 816$ en 1946-1947. Des montants substantiels de 170 982,25$ et de 163 739$ étaient également acheminés en Asie entre août 1947 et août 1949, puis la progression des troupes communistes en Chine motiva à nouveau une diminution de la valeur transigée vers le Xuzhou226.

Finalement, la Procure de Chine contribuait pour plus de 1,1 million de dollars canadiens à la consolidation de l'Église du Xuzhou de juin 1931 à août 1950. Par contre, 82,6% de cette somme était envoyé après 1945. Des frais de franchise en douane et de surcharge, ainsi que de nombreux transferts sur des taux de change désavantageux causaient des pertes sur une partie des montants acheminés pendant la crise économique. La guerre sino-japonaise retardait, par la suite, les transactions des grosses sommes. Plusieurs étaient réinvesties au Canada ou conservées à la Banque de Montréal avant d'être envoyées en masse au Xuzhou entre 1945 et 1949. L'armée nipponne s'était retirée de la région chinoise. Cependant, la guerre civile qui opposait le gouvernement de Nanjing et le Parti communiste chinois désorganisaient le réseau de transport et de communication de Chine. Des montants canadiens-français, qui étaient considérés comme du financement pour la Ligue de Marie, étaient aussi interceptés227.

***

Financer la mission chinoise des Jésuites du Québec était la vocation principale de la Procure des Missions Étrangères de Chine. Les recettes de l'institution variaient au gré de 226 Rapport financier de la Procure des Missions de Chine, AJC, M-0007, boîte 28, chemise 1 (1945-1947 et 1948-1950). Louis Bouchard, « Mémoire sur les activités et la situation de la Procure des Missions de Chine », AJC, M-0007, Cl. 8, no. 1 (15 sept., 1948), pp. 1-2. Voir en annexe D les sommes transférées vers le Xuzhou par la Procure de Chine d'août 1932 à août 1950.

227 Les états financiers partiels de la Procure de Chine (1929-1932) notent une somme transigée vers la Chine d'au moins 9 970$. Les états financiers annuels de la Procure de Chine (1932-1947 et 1948-1950) compilent des montants d'une valeur totale de 979 126,55$. Selon le P. Bouchard, un montant de 170 982,25$ aurait été transféré au Xuzhou par l'institution lors de l'année administrative 1947-1948. La Procure de Chine aurait donc transféré un total final d'approximativement 1 150 108,8$ canadiens entre 1929 et août 1950. De cette somme, 950 411,75$ aurait était envoyé par la Procure de Chine à la procure de Shanghai entre août 1945 et août 1950. Rapport financier

de la Procure des Missions de Chine, AJC, M-0007, boîte 28, chemise 1 (1929-1932) [Partiel]. Rapport financier de la Procure des Missions de Chine, AJC, M-0007, boîte 28, chemise 1 (1932-1947 et 1948-1950). Louis Bouchard,

« Mémoire sur les activités et la situation de la Procure des Missions de Chine », AJC, M-0007, Cl. 8, no. 1 (15 sept., 1948), pp. 1-2.

la générosité des bienfaiteurs canadiens-français dont les moyens étaient ébranlés par la crise économique. Le P. Lavoie, qui était assisté par un large réseau de collègues jésuites, d'amis et de bienfaiteurs, réussissait à capter la conscience missionnaire canadienne- française et à la rediriger vers le projet collectif qu'était la mission de Xuzhou. La conversion de la région chinoise était publicisée au Canada via les projets de la Compagnie de Jésus. La Chine était dévoilée dans ses plus beaux récits lors de conférences privées et d'événements à grands impacts populaires, puis elle était étalée dans ses plus belles formes lors d'expositions missionnaires temporaires qui devenaient permanentes dans un musée d'art chinois pour lequel le P. Lavoie investissait largement. Les mœurs des Chinois étaient finement expliquées dans la revue missionnaire Le Brigand qui atteignait un lectorat toujours plus large. Alors que plusieurs bénévoles s'impliquaient pour sauver les âmes de leurs confrères catholiques asiatiques, le projet de Xuzhou était connu jusqu'aux derniers coins de la province du Québec via les messes qui étaient dites au nom de la Chine. La publicité de la Procure de Chine permettait de récolter de nombreux dons dont la majorité était transigée à l'Église du Xuzhou via la procure de Shanghai.

De l'entente de 1939 à celle de 1947, la province jésuite du Bas-Canada s'impliquait de plus en plus dans le financement de la mission de Xuzhou. Au Canada, elle prit légalement possession de la Procure de Chine, de son musée et de sa revue Le Brigand. En Chine, elle accepta la charge de financer une, puis deux institutions d'enseignement. La coopération du territoire ecclésiastique de Xuzhou et de la province jésuite du Bas-Canada justifiait la réorganisation administrative des dons reçus à la Procure de Chine. Une seconde caisse gérée au Xuzhou par un supérieur régulier recevait près de la moitié du financement transféré par l'institution. Les pourcentages des assignations des dons aux deux collaborateurs confirment la vocation enseignante de la Compagnie de Jésus, mais ils répondaient peu aux directives du Concile de Shanghai. Alors que la province jésuite du Bas-Canada s'impliquait dans seulement deux collèges avec près de la moitié du financement de la mission, le territoire ecclésiastique devait payer les frais des nombreuses autres œuvres de la mission avec un montant d'une valeur presque équivalente.

La collaboration grandissante de la province jésuite du Bas-Canada dans le financement canadien-français des activités des Jésuites du Québec en Chine permit peut- être la survie de l'Église du Xuzhou face à la crise économique et à la guerre, mais elle retarda l'observation des instructions pontificales qui privilégiaient le transfert des responsabilités de la mission chinoise à un clergé chinois formé au Xuzhou. La stratégie orchestrée par les Jésuites du Québec pour échapper à une fiscalité inconfortable menait à une plus grande dépendance financière de l'Église du Xuzhou face à l'Église canadienne- française qui priait, œuvrait et donnait pour la mission de Chine. Puisque le Saint-Siège considérait qu'un clergé chinois était plus apte à guider une Église chinoise vers son autonomie, quel contexte au Xuzhou pouvait justifier un appel à une plus grande participation d'une Église étrangère plutôt qu'à celle d'un clergé chinois?