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Chapitre 3 – La recherche, prévention et prise en charge de la santé mentale en Suède

5. Découvertes scientifiques récentes

5.3. La réhabilitation

Malgré l’abondance de publications scientifiques concernant la santé au travail, il y aurait très peu d’études portant sur les méthodes thérapeutiques favorisant le retour au travail (Vingård, 2015).

En termes de facteurs permettant de favoriser le retour au travail, le gouvernement se penche sur le sujet et mène une enquête dont les résultats sont publiés sous forme de rapport (SOU 2011). En se basant sur les résultats de l’étude, le rapport fait part de différents facteurs susceptibles de favoriser le retour au travail. Il s’agirait des éléments suivants :

• Le changement de style de vie avec un niveau d’équilibre entre l’activité et le repos. • La conduite des techniques de gestion de stress.

• La conduite des thérapies centrées à la fois sur le travail et la gestion du stress.

• La réhabilitation centrée sur le retour au travail, axée sur l’adaptation au poste de travail.

En termes de méthodes psychothérapeutiques susceptibles de favoriser le retour au travail, les méta-analyses ne permettent pas de mettre en valeur la préconisation d’une démarche spécifique. En effet, une revue de la littérature portant sur un ensemble de recherches réalisées entre 1990 et 2008 confirme le manque d’études permettant de préconiser une thérapie spécifique pour les personnes qui souffrent de troubles psychiques (Holm et al., 2010). Ces résultats sont en contradiction avec les recommandations des instances publiques suédoises qui préconisent les TCC et les thérapies interpersonnelles dans le cadre de la réhabilitation.

Ainsi, il apparait que ces préconisations ne peuvent se référer aux données scientifiques (SOU 2011:15).

Au sujet des TCC, certaines recherches pointent le fait qu’elles permettraient de faire diminuer le taux d’absence chez les personnes qui ne seraient pas encore en arrêt-maladie au moment où la thérapie serait entamée (Hägglund et al., 2012 ; ISF-rapport 2014). Cependant, l’effet favorable de la thérapie n’est plus visible pour les patients déjà en arrêt au moment où la thérapie commence. De plus, une prise en charge multimodale serait sans effet notoire si les mesures ne démarraient pas avant les 2 premiers mois de l’arrêt-maladie du patient (Bush et al., 2011). Alors, la prise en charge multimodale pourrait favoriser le retour au travail pour des personnes qui souffrent de troubles somatiques (notamment douleurs lombaires), elle n’aurait aucun effet pour les personnes avec des troubles psychiques (Aronsson et Lundberg, 2015). D’autres méta-analyses portant sur la Garantie de réhabilitation concluent que les thérapies comportementales et cognitives peuvent favoriser le bien-être psychique du patient. En revanche, elles ne permettent pas de favoriser le retour au travail (Ställdal et Allebeck, 2015).

Certaines recherches conduites aux Pays-Bas seraient les seules permettant d’indiquer un effet positif des TCC sur le retour au travail (il s’agit de personnes qui souffrent de troubles psychiatriques - Common Mental Disorders) (Vingård et al., 2015). Une des recherches se centre sur deux types différents de TCC, dont une thérapie dite « classique » et une seconde forme spécifiquement conçue pour favoriser le retour au travail (Blauner et al., 2012). La recherche conclut que les deux formes de thérapie sont susceptibles de favoriser le retour au travail du patient. Elle souligne l’importance d’impliquer l’employeur dans le processus de retour au travail. Enfin, elle soutient la portée d’accentuer la thérapie sur des exercices spécifiquement orientés sur les situations professionnelles.

Cependant, d’autres méta-analyses, aux Pays-Bas, sont en contradiction avec les résultats affirmés ci-dessus. Alors qu’elles concluent que les TCC et l’exercice physique permettent de prévenir l’angoisse, l’anxiété et la dépression du patient, elles n’auraient aucun effet sur le retour au travail. Par ailleurs, d’autres données affirment que les mesures psychothérapiques ne seraient ni plus ni moins efficaces que les simples exercices physiques (Vermeulen et al., 2013). Enfin, une autre méta-analyse, basée sur plus de 3 000 articles, n’arrive pas à conclure que les TCC auraient des effets sur le retour au travail des salariés qui souffrent de

symptômes psychiques liés au stress (Arends et al., 2012).

Il en ressort que la littérature scientifique contient très peu d’études comparatives concernant les différentes techniques psychothérapeutiques. Une recherche conduite en Suède se penche sur des patients atteints par différentes formes de pathologies liées au stress. L’étude cherche à comparer l’effet des deux formes de thérapie de groupe, à savoir une prise en charge d'inspiration psychodynamique ou une prise en charge par des TCC (Sandahl et al., 2011). L’étude conclut que les deux formes de thérapie produisent un effet positif sur l’état des patients. En revanche, il ne semblerait pas y avoir de différence entre les deux formes de thérapie. Enfin, les sujets du troisième groupe de contrôle, qui ne subissent aucun traitement, auraient également des effets positifs sans avoir subi de traitement.

Pour conclure, les recherches dans le domaine de la prévention et de la prise en charge de la souffrance au travail mettent l’accent sur l’importance d’inclure l’employeur dans le processus de réhabilitation. Elles soulignent le fait qu’une prise en charge psychothérapeutique ainsi qu’une hygiène de vie impliquant l’activité physique et le repos sont favorables dans la prévention des symptômes psychiques. En revanche, elles ne sont pas en mesure de préconiser une forme de thérapie spécifique susceptible de favoriser le retour au travail.

Malgré ces lacunes de la recherche sur des mesures de réhabilitation, les pouvoirs publics mettent en place un paysage réglementaire quant aux préconisations spécifiques concernant des mesures favorisant le retour au travail.