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Chapitre 4 – La Psychothérapie

1. Définition d’une psychothérapie

Considérée par Jaspers comme un « traitement par des moyens psychologiques qui s’adresse au psychisme » (Jaspers, 1954), une autre définition marquée par un brin d’ironie est donnée par Raimy (citée par Chiland, 2012, p. 356) :

« La psychothérapie est une technique indéfinie, appliquée à des cas non spécifiques avec des résultats imprédictibles et pour laquelle un training rigoureux est toutefois requis. »

Une définition, très générale, est proposée par Giusti (Giusti et al., 1995) (citée par Chambon et Marie-Cardine, 2003) :

22 Les consultations Souffrance au travail constituent un réseau de praticiens répartis sur toute la France. Ce

réseau formé majoritairement de psychologues, psychiatres et médecins du travail est spécialisé dans la prise en charge de la souffrance au travail.

« La psychothérapie constitue toujours une rencontre entre deux ou plusieurs personnes dans laquelle l’une se définit ou est définie comme ayant besoin d’aide et demande à être soignée ou changée, alors que l’autre possède et est reconnue pour avoir des qualités personnelles déterminées et un corps de connaissance théorique et technique, qu’elle peut utiliser pour aider l’autre à produire un changement » (Giusti, 1995 cité par Chambon et Marie-Cardine, 2003, p. 7)

Le dictionnaire de Doron et Parot propose la définition suivante :

« Méthode de traitements des souffrances psychiques par des moyens essentiellement psychologiques » (Anzieu cité par Doron et Parot, 1991 cité par Borch-Jacobsen, 2008, p. 178).

Tobie Nathan indique que le terme est « ambigu » et que la signification reste « floue » (Nathan, 2000). Dans tous les cas, on peut retenir la notion de demande de prise en charge par des moyens psychologiques pour initier un changement.

De quel changement s’agit-il ? Young (1992) regroupe un certain nombre de « facteurs communs », parmi lesquels les différents thérapeutes seraient amenés à choisir dans leur travail psychothérapeutique :

• D’agir sur la nature de la relation thérapeutique. • D’accroître l’estime de soi.

• D’amener à de nouveaux comportements. • D’agir sur le niveau d’activation émotionnelle.

• D’induire des attentes positives et d’accroître la motivation. • D’amener à un changement des systèmes de signification.

Selon Young, un thérapeute pourrait, en fonction de son école d’appartenance et de sa personnalité, décider de ne pas agir sur certains de ces facteurs.

Dans la langue anglaise, il y a parfois une différence entre conseil (counseling) et thérapie (therapy). Le conseil est parfois considéré comme un travail psychologique essentiellement focalisé sur l’explicite de la demande dans le but de faire acquérir au consulté des savoirs et aptitudes. En revanche, la psychothérapie serait davantage axée sur le travail concernant les

résistances avec le patient, pour les dénouer à l’aide d’une logique différente de celle du sens commun ou de la raison socialisée (Chambon et Marie-Cardine, 2003).

Un thème généralement présent dans les conceptions de la psychothérapie est celle d’un corps de connaissance théorique et technique pour initier un changement psychique. Ainsi, dans la définition de la pratique psychothérapeutique, Huber met en avant la « rigueur scientifique » (Huber, 1993) qui, selon lui, devrait :

• Être basée sur une théorie scientifique de la personnalité et de ses troubles.

• Se fonder sur une théorie scientifique de la modification des troubles et sur un appareil technique éprouvé.

• Présenter des évaluations empiriques de ses effets, positifs et négatifs.

• Porter sur des troubles de comportement ou des états de souffrance considérés comme requérant une intervention.

• Être pratiquée par des personnes formées et compétentes.

La définition de « rigueur scientifique » viserait parfois un objectif éthique, dans la mesure où la pratique de la prise en charge de la souffrance humaine ne devrait être traitée que par des personnes disposant de méthodes empiriquement validées. La rigueur scientifique serait alors susceptible de protéger le consulté contre des « dérives fantaisistes » (Chambon et Marie- Cardine, 2003). Cependant, il s’avère que la définition de la « validité scientifique » reste très disparate. Dans certains cas, une méthode psychothérapeutique scientifiquement valide est assimilée à une démarche fondée sur des faits (Evidence-based), dont l'« efficacité » serait validée par des études expérimentales dites « RCT – Randomized Controlled Trials » (essais contrôlés randomisés). Cependant, l’interaction entre le patient et le praticien, dans le cadre psychothérapeutique, reste très complexe et liée à un contexte spécifique. Par conséquent, la notion d’efficacité d'une technique de psychothérapie spécifique est parfois considérée être dénuée de sens (Sjöqvist, 2009).

La question sur l’importance de la « théorie » dans le cadre psychothérapeutique fait objet de débats. Quelques praticiens, qui représentent certaines formes de thérapies, telles que la

Thérapie interpersonnelle23 (Interpersonal Therapy), mettent parfois l’accent sur le fait de représenter une forme de thérapie « davantage axée sur la pratique que sur la théorie » (Lagerveld et Borgström, 2006). En revanche, l’idée que la psychothérapie est avant tout une théorie qui guide la pratique semble être mise en avant par Tobie Nathan dans une conférence, en 2000. Dans son exposé oral, il souligne le fait que, malgré la revendication d’une pratique, l’âme de la psychothérapie restera toujours une théorie. Ainsi, Nathan semble affirmer qu’un psychothérapeute cultive toujours une pensée qui guide la pratique et dessine sa technique24.

Comment définir le devenir d’une psychothérapie ? Pancheri et Brugnoli (Pancheri et Brugnoli, 1992 cités par Chambon et Marie-Cardine, 2003) déterminent les catégories suivantes :

• Les caractéristiques du patient, notamment ses attentes et sa motivation.

• Les caractéristiques du thérapeute dont sa capacité à instaurer une relation thérapeutique fiable.

• Les caractéristiques de la relation entre le patient et le thérapeute, notamment la confiance du patient envers le thérapeute et l’acceptation par le patient du thérapeute.

La confiance du patient envers le thérapeute serait un élément important sur l’avenir de la relation entre le thérapeute et le consulté. Ce point pourrait être défini sous la notion de « l’alliance thérapeutique » développée dans la partie suivante.